Reconversion

[lalili]

Autre remarque: le changement radical de début de carrière: quand je suis sortie de la feue Ecole Normale, j'avais 21 ans, j'étais a peu près correctement armée pour afronter une classe et comme tous mes collègues, j'étais seule dans la vie, sans enfant, avec une vie à faire. Vous, vous avez tous déjà votre vie, vous avez plus de 25 ans, des enfants, des crédits de maison.... Mes premiers postes, en milieu très rural, n'étaient pas de tout repos: plus de 30 gamins, 3 niveaux, voire 4 avecl es gamins en grande difficulté, pas d'ordi; pas de photocopieur (si si c'est vrai...!) bref des conditions minimalistes. Et ce que vous racontez, les soirées passées à bosser, le manque de temps, la fatigue, les coups de blues.... tout ça nous l'avons vécu. je ne sais pas ce qui fait que nous n'avons jamais envisagé de quitter l'Education Nationale... Peut être parce que passés ces premières années difficiles, nous avons un peu laché la pression, vécu sur notre expérience et relativisé les exigences ministérielles (eux passent, nous, nous restons...)

Dernière remarque: je pense que les enfants ont changé et les parents encore plus. D'ailleurs, bizarrement, plus l'école est dévalorisée socialement (les discours se multiplient qui annoncent fièrement "j'ai réussi dans la vie sans réussir à l'école..." grrr), plus les exigences des parents augmentent en direction des enseignants.

Je n'ai pas de conseil à vous donner. Les temps ont changé, la formation moribonde, des enfants zappeurs, une pression croissante, une suspicion de budgetivore qui gangrène toutes les strates de l'administration jusqu'aux collectivités locales.

Elle est bien là la différence je crois: nous, sortant de PE2 ne nous sentons pas du tout armés pour affronter une classe... Souvenirs de PE2: des cours durant lesquels nous, débutants, devions échanger sur nos pratiques (mais nous étions sans expérience! Donc inutile...) ou encore des enseignants nous dictant de très bons modèles de séquences, pour avoir un exemple du déroulement idéal, avant de conclure à la fin: "bien sûr, on ne fait pas cela dans les milieux difficiles"! Et à la question "que fait-on alors dans une classe difficile?"... jamais de réponse...

Sans parler des "visites" qui n'étaient que des occasions de pointer ce qui n'allait pas, sans apporter de solutions (pas de réelles solutions en tout cas! Des discours idéaux non applicables oui...), sans nous encourager, juste nous dévaloriser. Un jour, après qu'une conseillère m'ait dit tout ce qui n'était pas bien, j'ai eu le malheur de demander "qu'aurais-je dû faire?" et j'ai eu comme réponse "AH! Je ne vais pas faire votre travail à votre place" avec un air outré! Vu aussi des collègues qui ont fait l'erreur de demander de l'aide à un moment donné: une pression bien pire, jamais lâchés ensuite, toujours dévalorisés...

C'est un métier dans lequel on est effectivement seuls: seuls face à nos doutes (fait-on bien les choses?), face à nos élèves, face aux parents et à la hiérarchie. Mais il vaut peut-être encore mieux rester seuls...

J'apporte en tout cas tout mon soutien aux pauvres PES qui sont lâchés en classe à temps plein directement! (Nous au moins, nous avions une semaine pour préparer une journée de stage filé... ). La formation avait besoin d'être modifiée mais certainement pas comme ça...

[coquelicotdesiles]

Personnellement, je compte prendre une dispo l'année prochaine quoi qu'il arrive, mais je ne sais pas comment faire : dans l'idéal, je souhaite reprendre mes études, donc je demanderais une dispo pour ce motif, mais je ne suis pas sûre d'avoir le concours que je vise. Et puis si on me la refuse, je fais quoi? Est-ce qu'on peut changer le motif de dispo une fois celle-ci obtenue sans qu'on nous oblige à reprendre le travail?

Je ne veux plus enseigner, je suis à bout, j'ai même envie de demander une dispo là, tout de suite...

pareil pour moi, j'en suis même à me demander si je ne vais pas carrément démissionner pour me sortir plus vite de là...

[Carolirotte]

Juste une idée au hasard. Tu peux peut-être essayer ce que j'ai fait cette année : un mi-temps annualisé en essayant pourquoi pas de te grouper avec quelqu'un qui a une maternelle ou même un poste de brigade (pour éviter les pb liés au cycle 3). Ce ne sera que 6 mois et tu auras 7 mois pour toi pour soit préparer un concours, soit relativiser, tout en restant payée à mi-temps. Selon les départements, ils sont accordés assez facilement (plus que les dispos). Dans mon cas, ça n'a pas vraiment résolu le problème puisque maintenant j'ai encore moins envie de reprendre. Mais en même temps, je me dis que la fin de l'année va aller vite... et je compte bien repartir... Ca me permet de ne pas perdre mon poste, de garder un petit revenu et de ne pas trop me déconnecter de la réalité en revenant.

Bon courage...

[nono25]

Mais ils acceptent les mi-temps annualisés pour reprise d'études ? C'est une excuse valable... Pareil, je pense donner ma démission si on me refuse la dispo...

[chach31]

tu n'es peut-être pas obligée de dire que c'est pour reprendre tes études...

[Carolirotte]

On ne demande aucune raison ou justification quand tu demandes un mi-temps annualisé sur autorisation.

Je pense qu'un problème peut se poser si c'est pour travailler (et donc avoir un salaire) mais pour des études, je ne vois pas pourquoi ils te le refuseraient !

[baya31400]

Bonjour à toutes et merci d'avoir ouvert ce post !

Je me reconnais hélas moi aussi dans beaucoup de témoignages que je viens de lire. J'ai 27 ans, une petite fille de 9 mois et demi et je suis PE T4. Je n'ai pas travaillé l'an dernier en raison d'une grossesse à risque et j'ai donc repris en septembre 2011. J'appréhendais un peu la reprise et effectivement depuis septembre je ne prends plus de plaisir à enseigner. Je n'ai jamais su vers quel métier me tourner : j'ai un bac +4 en sciences du langage et j'ai passé le CRPE car ma filière ne m'offrait pas beaucoup d'autres possibilités... Par chance je l'ai eu du 1°coup et me suis donc retrouvée enseignante. J'ai toujours dit que je ne ferai pas ce métier toute ma vie et me réorienterai un jour mais je ne pensais tout de même pas l'envisager si tôt. Je me suis lancée dans cette voie car j'aime les enfants, j'étais une très bonne élève à l'école et j'ai surtout vu les avantages de la profession : la sécurité de l'emploi, les vacances scolaires et un salaire au dessus du smic en début de carrière. Je me suis dit à la rentrée que j'allais me remettre doucement "dans le bain" mais j'ai de moins en moins envie, j'ai des plaques rouges sur la peau liées au stress et je commence à déprimer (j'ai fondu en larmes devant mes collègues lundi matin sans raison particulière). Je me sens de plus en plus mal à l'idée d'aller au travail et je doute de plus en plus. Bref, je me sens perdue ! Et je songe donc à une reconversion.

J'ai pensé au métier d'orthophoniste mais j'ignore s'il existe des passerelles car je ne peux me permettre de rester sans salaire (j'ai moi aussi un crédit immobilier à rembourser et mon conjoint ne roule pas sur l'or). Je ne peux pas non plus me permettre de prendre un congé parental ou un temps partiel. Vous l'aurez compris, je me sens vraiment dans l'impasse et cette idée de reconversion me hante de plus en plus. J'appréhende donc chaque journée en classe car je n'ai absolument pas envie d'y aller.

[minusbis]

Bonjour à tous,

Vos témoignages me rassurent un peu car le malaise que je ressens n'est pas si étrange...Je vois que je ne suis pas du tout la seule à me sentir mal dans ce métier. Je suis T2 comme plusieurs et je souffre d'une anxiété très importante (voire "invalidante") liée au travail. Je suis d'une nature anxieuse mais là ça devient compliquée! La situation m'échappe car je ne contrôle pas mon anxiété (le médecin m'a arrêtée quelques jours, donné des anxyolitiques...) alors que je ne suis pas dans une situation difficile... Je remplace dans une classe de maternelle depuis plusieurs semaines déjà, et je me sens patauger quand même... En maternelle je me sens visiblement un peu paumée, et en cycle 3 je serais un peu plus à l'aise mais j'ai quelques difficultés d'autorité et c'est vraiment un boulot monstrueux, j'y passais ma vie l'an dernier... Voilà pourquoi j'ai du mal à me projeter et je me demande si je suis vraiment faite pour ce métier. Peut-on l'exercer en étant si anxieux? Est-ce que ça s'arrange avec le temps? Je pense à une reconversion, une mise en disponibilité, un temps partiel... bref je cherche une solution...mais comment faire financièrement? J'aimerais bien être mise dès maintenant en temps partiel, le temps de me recentrer, mais je doute que ce soit possible. L'un d'entre vous l'a-t-il déjà fait?

Bon courage à vous!

[minusbis]

Baya31400,

Pas facile de savoir comment se reconvertir et dans quoi. J'ai également lorgné du côté d'orthophoniste, cela m'intéresse aussi car la relation à l'autre est plus individuelle. Je crois que la relation au grand groupe me déplait dans notre travail, on n'a pas le temps de s'intéresser à chacun, c'est dommage. Malheureusement il n'y a apparemment pas de passerelle possible . L'école est accessible sur concours et dure 4 ans (sans salaire). J'ai regardé pour éducateur spécialisé aussi, pas de passerelle. Par contre dans certaines écoles on peut le faire en alternance avec une petite rémunération (sur 4 ans au lieu de 3 je crois) mais seulement dans certaines écoles, pas dans ma région.... Bref, mes recherches ne sont pas concluantes pour le moment.

Si quelqu'un a des infos...

[coquelicotdesiles]

Malheureusement comme le dit Minusbis, pas de passerelle, je me suis renseignée aussi.

Je pense qu'il n'y a que deux solutions :

- reprendre des études et accepter l'idée de ne pas avoir de salaire pendant quelques années, ce qui est difficile pour pas mal d'entre nous à cause des enfants, des crédits, sauf en ayant un conjoint qui gagne bien sa vie, ce qui n'est pas mon cas non plus

- passer des concours de la fonction publique et demander un détachement : un salaire qui tombe tous les mois, mais se résigner à refaire une année si on n'obtient pas le concours.

Bref, ce n'est pas évident, rien n'est fait pour nous faciliter la tâche, mais on ne peut pas tout avoir malheureusement.

[severuspomfresh]

Bonjour à tous/tes !

J'apporte ma petite pierre à votre édifice.

J'ai 30 ans, je suis PE depuis 2005 et je ne me suis jamais sentie épanouie dans ce métier (j'ai passé le concours parce qu'avec une licence de Lettres Modernes, il n'est pas facile de faire quelque chose...). J'ai été arrêtée en mai dernier pendant 1 mois. J'avais des CE1/CE2, donc je me suis dit que si je changeais de niveau ça irait peut-être mieux, je suis donc passée en MS/GS à la rentrée. Mais pas du tout, je ne supportais plus de me retrouver face à 29 gamins, à faire la police, donner des règles que les parents ne donnent pas...bref, j'ai craqué et je suis en congé longue maladie pour 6 mois (jusqu'en mars), je ne veux absolument pas y retourner, je vais demander une prolongation de mon congé. Pour l'année prochaine, j'ai fait une demande de poste adapté tout en sachant qu'il y en a peu d'accordés. Du coup, je réfléchis à ce que je vais faire si je demande une disponibilité, l'idée de créer une entreprise me trotte dans la tête, mais retourner à l'école, non non et non !

[coquelicotdesiles]

Qu'est-ce qu'un poste adapté ?

Bon courage à toi Severuspomfresh, je suis en arrêt aussi, il se termine demain mais je n'ai plus la force d'y aller... mais je ne pense pas que mon médecin me prolongera mon arrêt