Méthode de lecture CP

[Archilecture]

J'ai demandé un spécimen de "A l'école des albums" cette année, parce que j'ai bien envie de travailler sur "Le loup qui voulait changer de couleur"; le manuel est effectivement plutôt sympa; je vais aller acheter un cahier d'exercices pour voir les exercices proposés un peu plus en détail.

Pour en revenir à notre sujet, si vous trouvez que la phrase "Dans la classe, il y a des filles et des garçons" est trop périlleuse (perso, j'utilise aussi ce genre de phrases et, comme Cyrille1, je travaille essentiellement le sens de la lecture, la prise d'indices, la segmentation etc...), quel type de phrases proposez-vous en début d'année alors?

Chez moi, le sens de la lecture n'est pas spécialement travaillé (ça vient assez naturellement, en le faisant), on ne travaille pas la "prise d'indices" (les indices, c'est pour une enquête, or quand on lit on ne fait pas une enquête, on est 100 % sûr de ce qu'on lit - j'utilise la notion de "prise d'indices" pour l'implicite, certainement pas pour la lecture), la segmentation en mots est travaillée essentiellement à l'oral ou plus tard dans l'année à l'écrit.

La première phrase de trois méthodes, pour comparer :

Bulle : Tata Sara a un rat.

Ecrire et lire au CP : Tu as vu le chat ? Il chasse.

Bien lire et aimer lire : Lola a lu.

[Sapotille]

Petite anecdote qui m'a bien fait réfléchir une année le jour de la rentrée.

Je distribue le livre de lecture aux CP en leur recommandant de le feuilleter pendant que je distribuais les livres scolaires aux CE1 et aux CE2;

Après une vingtaine de minutes, je reviens vers les CP et je trouve un petit bouchon qui pleurait à chaudes larmes sur son livre ouvert à la dernière page toute mouillée et gondolée.

Je suis consternée et même un peu affolée...

Alors il m'explique interrompu par de gros sanglots en me montrant le livre dont le texte à lire occupait cette fameuse dernière page toute mouillée de larmes :

"regarde, là, tout ce qui est écrit ...

Et moi, je ne sais pas lire !!!"

J'ai été très heureuse de tourner les pages pour revenir à la première toute couverte d'un dessin magnifique (de quoi faire des inférences pendant 10 mn, d'ailleurs) avec comme personnage principal "un chaton" qu'une fillette appelle en lui présentant une écuelle de lait avec un seul et unique mot : "mimi" .

J'étais très heureuse de pouvoir rassurer ce petit...

[carovolvic]

Pour trouver de quoi occuper les rapides, et peut-être aussi des idées pour toute ta classe de CP :

http://zaubette.eklablog.com/les-chats-a-la-maniere-de-rosina-wachtmeister-a90085551

Là, tu as des "copie et dessine", ou des tableaux d'encodage ou des .... merveilles, il suffit de fouiller !

http://www.sanleane.fr/

Pareil, fouille et choisis ...

http://www.ruedesinstits.com/page_copines_lectures_CP.htm

Là, tu trouveras des textes de lecture avec exercices qui peuvent être faits en autonomie.

[emapi]

J'ai demandé un spécimen de "A l'école des albums" cette année, parce que j'ai bien envie de travailler sur "Le loup qui voulait changer de couleur"; le manuel est effectivement plutôt sympa; je vais aller acheter un cahier d'exercices pour voir les exercices proposés un peu plus en détail.

Pour en revenir à notre sujet, si vous trouvez que la phrase "Dans la classe, il y a des filles et des garçons" est trop périlleuse (perso, j'utilise aussi ce genre de phrases et, comme Cyrille1, je travaille essentiellement le sens de la lecture, la prise d'indices, la segmentation etc...), quel type de phrases proposez-vous en début d'année alors?

Chez moi, le sens de la lecture n'est pas spécialement travaillé (ça vient assez naturellement, en le faisant), on ne travaille pas la "prise d'indices" (les indices, c'est pour une enquête, or quand on lit on ne fait pas une enquête, on est 100 % sûr de ce qu'on lit - j'utilise la notion de "prise d'indices" pour l'implicite, certainement pas pour la lecture), la segmentation en mots est travaillée essentiellement à l'oral ou plus tard dans l'année à l'écrit.

La première phrase de trois méthodes, pour comparer :

Bulle : Tata Sara a un rat.

Ecrire et lire au CP : Tu as vu le chat ? Il chasse.

Bien lire et aimer lire : Lola a lu.

Oui, merci, je sais bien, mais il me semble qu'on parle d'apprenants et non d'experts; donc si tu n'utilises pas le terme "prise d'indices" pour la lecture, désolée mais moi je le fais; cela te heurte vraisemblablement mais c'est pour moi une composante de l'apprentissage tel que je l'envisage.

[Archilecture]

???

Je ne comprends pas bien ta phrase. Je pense que quand on lit on ne prend pas d'indices, qu'on soit apprenant ou expert. Quand on lit un texte écrit dans un système alphabétique, on décode un message et on active la zone du langage dans notre cerveau. La "prise d'indices", si prise d'indices il y a, peut être sur l'interprétation de ce qu'on a lu, pas sur la lecture elle-même.

Ce n'est pas une question de me heurter, c'est une question de définition de ce qu'est lire. Lire, ce n'est pas résoudre un problème par tâtonnement, c'est précis. Chaque groupe de lettres forme un mot et un seul, sauf jeu de mots !

Quand il y a écrit "Tata Sara a un rat.", on ne peut pas lire "Tatie Martine a une souris", même si d'éventuels indices nous donnent envie de le faire !

[emapi]

J'entends bien mais quand un enfant est confronté pour la première fois au mot "toujours" par exemple, et qu'il n'a pas encore étudié le "ou", et qu'il te dit: cette syllabe c'est "tou" parce que c'est comme dans NafissaTOU, pour moi il prend un indice qui lui permet de construire son apprentissage, il fait une inférence avec quelque chose qu'il a vu ailleurs et qu'il n'a pourtant pas encore étudié. Et vraisemblablement c'est là que nos avis divergent: tu me dis: "lire ce n'est pas résoudre un problème par tâtonnement" et moi je te dis "mais apprendre à lire ça peut l'être".

[Archilecture]

Effectivement, ce genre de chose peut arriver. Mais si on attend que ça survienne, c'est quelque chose qui fait perdre du temps et qui est assez inefficace. Il est beaucoup plus efficace de montrer que dans "toujours" il y a deux fois "ou" et que ça s'écrit "ou". Mais on peut très bien introduire ça en écrivant "Nafissatou", c'est même une assez bonne idée, et ensuite le reprendre dans "toujours", "matou"... si on fait ce travail de manière systématique, et qu'ensuite on enchaîne sur "fou", "roux", "mou", lourd" et je ne sais quoi encore, on aura appris le son "ou" !

C'est comme ça que fonctionnent les méthodes dites "analytiques-synthétiques", comme Ecrire et lire au CP justement. Alors que dans des méthodes purement synthétiques, on part de la lettre pour aller à la syllabe.

Je n'ai aucun problème avec cette manière de faire, ça me semble même tout à fait pertinent.

Ce qui ne l'est pas, c'est de balancer "J'ai toujours aimé les pommes et les poires" à des pauvres mômes qui n'auront pour tout bagage que quelques prénoms, quelques jours de la semaine et quelques autres indices épars...

Un mot avec un son inconnu ? Bien sûr, pourquoi pas, au contraire. Une phrase pleine de mots inconnus et non déchiffrables ? Surtout pas. Ca me semble une position raisonnable.

[Sapotille]

emapi, te souviens-tu comment tu as appris à lire quand tu étais au CP ?

Juste une autre anecdote ...

Je donnais des cours de soutien en français à un gamin de 10 ans, en été, et un jour son petit frère de plus de 5 ans me demande si je pourrais aussi le faire travailler.

Je m'enquière de ce qu'il a fait à l'école avec sa maîtresse de GS et je continue sur la même lancée...

Il connait les voyelles, pas mal de consonnes et je lui présente des petites phrases composées de mots qu'il peut déchiffrer et nous continuons, séance après séance à étudier de nouveaux sons.

Le jour de la rentrée au CP, le gamin me montre tout fier un grand classeur dans lequel se trouve une grande feuille et il me "lit"

"Aujourd'hui, c'est la rentrée. J'ai retrouvé mon école, mes copains et ma maîtresse."

Il referme son classeur, le range et me dit :

"Bon, ben, on continue à apprendre à lire, hein ?"

[david57720]

La prise d'indices est indispensable dans l'apprentissage de la lecture et c'est même une demande de notre ministère:

Très rapidement, les élèves doivent apprendre à prendre appui sur l’ordre

et les variations des mots ainsi que sur les indices textuels (ponctuation,

majuscule, paragraphe, renvoi à la ligne...) pour comprendre. (Lire au CP, 2010, MEN)

Pour faire des élèves qui comprennent ce qu'ils lisent, on ne doit pas mettre de côté cette partie.

[k-rolette]

La prise d'indices est indispensable dans l'apprentissage de la lecture et c'est même une demande de notre ministère:

Très rapidement, les élèves doivent apprendre à prendre appui sur l’ordre

et les variations des mots ainsi que sur les indices textuels (ponctuation,

majuscule, paragraphe, renvoi à la ligne...) pour comprendre. (Lire au CP, 2010, MEN)

Pour faire des élèves qui comprennent ce qu'ils lisent, on ne doit pas mettre de côté cette partie.

Je fonctionne comme Archilecture, et cela ne m'empêche pas de travailler toutes ces composantes. Plus le capital de sons est conséquent, et mieux l'enfant peut prendre des "indices" pour lire une syllabe dans un mot qui n'a pas été étudiée, souvent en en cherchant le sens de la phrase dans le contexte, et en fonctionnant par analogie (répertoire de prénoms, titres de poèmes ou que sais-je encore).

Pour avoir testé les deux méthodes, dire d'emblée o et u font le son ou comme dans Nafissatou, puis faire lire et écrire des syllabes et des mots qui contiennent le son, ça va plus vite et on perd moins de gamins en route. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?! On dégage ainsi du temps pour apprendre à comprendre une phrase, un texte, un dialogue, un poème, un documentaire... CQFD

[david57720]

Tu ne fonctionnes pas comme Archilecture car elle ne travaille pas la prise d'indices!!!

[k-rolette]

Si si : la prise d'indices pour déchiffrer n'est pas une méthode d'apprentissage pour moi.

Cela n'intervient qu'extrêmement ponctuellement, et ce sont souvent les élèves déchiffreurs, voire déjà lecteurs, qui le font remarquer.

Dans ma classe, on lit ce qu'on sait écrire, et vice versa.

D'ailleurs, quand j'apprenais à lire, écrire et parler le russe, je ne me souviens pas avoir fonctionné par "prises d'indices" pour déchiffrer et comprendre une phrase, en entourant ce que j'aurais su lire.