Education à la sexualité au cycle 3, peut-on refuser...

[carrie62]

Bonjour,

Voilà, dans la programmation de deux classes de CM2 où j'assure un remplacement, il y a la partie Reproduction de l'Homme et éducation à la sexualité. Comme la titulaire risque de prolonger jusqu'aux grandes vacances (c'est bien partie pour!!!) et que je risque de voir ma demande de changement de remplacement refusée, je poste ce message pour savoir si je peux refuser d'enseigner ces notions...

En effet, les élèves de ces deux classes sont plutôt du genre "agités" et pas du tout matures (même s'ils pensent être des caïds au vu des propos tenus). Ces séances risquent de dégénérer car elles seront faites en groupe-classe. Les parents risquent de me tomber dessus. En effet, ils croient que leurs enfants sont des anges et que je suis la méchante enseignante et en plus incompétente. Donc, tout propos déformé par les élèves me sera reproché!!! J'ai déjà abordé ces notions avec mes anciennes classes mais le contexte était différent...

Ce qui est marrant est qu'une infirmière scolaire va venir faire 5 séances de 1h sur la prevention du tabagisme dans une des deux classes mais que rien n'est fait pour l'éducation sexuelle.

Merci d'avance pour vos réponses.

[Timis]

Le problème c'est que c'est au programme, et que donc c'est obligatoire à traiter au cycle 3 et en général ça se fait en CM2. Surtout que ça peut faire beaucoup de bien à certains élèves pour qui ce sujet est tabou à l'approche de l'adolescence.

Maintenant vu le contexte (je suppose que tu remplaces une TRS?) si tu en parles au titulaire de la classe peut être qu'il acceptera de le faire lui vu que c'est une notion très délicate.

Si les titulaires ne veulent pas, à ta place, je mettrai cette notion en toute fin de progression… et "oh c'est balo je n'ai pas eu le temps de traiter cette séquence"

[Goëllette]

Et pourquoi ne demandes-tu pas à l'infirmière scolaire de venir faire des interventions sur le sujet à la place de deux ou trois des séquences sur le tabac ?

(Et tu te proposes pour faire les autres sur le tabac.)

[Lena]

Le problème c'est que c'est au programme, et que donc c'est obligatoire à traiter au cycle 3 et en général ça se fait en CM2. Surtout que ça peut faire beaucoup de bien à certains élèves pour qui ce sujet est tabou à l'approche de l'adolescence.

Maintenant vu le contexte (je suppose que tu remplaces une TRS?) si tu en parles au titulaire de la classe peut être qu'il acceptera de le faire lui vu que c'est une notion très délicate.

Si les titulaires ne veulent pas, à ta place, je mettrai cette notion en toute fin de progression… et "oh c'est balo je n'ai pas eu le temps de traiter cette séquence"

pile poil pareil.

(conseil donné à une PES l'an dernier, par une IMF de son école)

Pourrais-tu inciter les directeurs à anticiper ce point du programme pour l'année prochaine, en "réservant" la venue une infirmière ou une sage-femme?

Aucun de mes enfants (2 fournées) n'a traité ce sujet à l'école primaire avec la personne assurant la décharge du directeur;

1ère fournée, vues les relations groupe-adulte, il valait mieux éviter

2ème fournée: groupe-classe chaud-bouillant depuis leur PS .. prudence imposée

[ccelia]

Bonjour,

je comprends, et c'est une solution que de repousser et de ne pas avoir le temps.

Mais es-tu sure que ça ne les intéressera pas ? Pour le coup, même une classe difficile c'est un sujet qui les captive

D'autant plus s'ils croient tout savoir, souvent ils ont des idées reçues qu'il est important de corriger car je ne sais pas quand/si c'est revu au collège.

Mais après pour les parents...

[lilie2fr]

Perso, c'est une notion que je fais chaque année et en particulier avec les classes difficiles car souvent ce sont ceux qui en ont le plus besoin pour leur avenir. Par contre, je suis alors encore plus sévère sur tout débordement pour que ceux qui souhaitent écouter puissent le faire (plus une ou deux remarques sur le fait que ceux qui rient ou se moquent sont souvent ceux qui sont le plus mal à l'aise, ce qui est vrai). Mais bon j'enseigne depuis quelques temps. (par contre pour le coup de l'infirmière scolaire, faudrait qu'il y en ait une ET que cela rentre dans ses attributions)

[ptitelolo]

Je fais aussi partie de ceux qui pensent que c'est important, même avec une classe difficile. Ça va au delà du savoir "scolaire".

Cette année, je pense demander à une sage-femme si elle peut intervenir dans ma classe, et si elle ne peut / veut pas je m'en occuperai...

[Timis]

Je pense que c'est très important aussi. MAIS là vu la situation décrite ça me parait pas à carrie62 de le faire si elle est là un jour par semaine, et qu'elle veut quitter son remplacement (ce qui me fait supposer qu'elle ne doit pas être très soutenue par ses collègues si les relations avec les parents et les enfants sont aussi difficiles, mais je me plante peut être).

En tout cas je maintiens qu'à sa place, bien que convaincue que ça serait dommage pour les enfants de ne pas avoir cette séquence, si j'ai bien compris qu'elle est là un jour par semaine et avec des élèves et des relations collègues et parents compliquées, je zapperai.

[fleurdecorail]

Dans ma classe aussi, je le fais. Je trouve cette séquence importante Et les élèves tres motivés !

Mais j'ai croisé beaucoup de collègues qui n'abordaient pas du tout ce sujet ... et aussi beaucoup de collègues qui faisaient très peu de sciences !

Tu as donc deux solutions :

- Faire carrément une autre séquence de sciences qui n'a pas été vue en cycle 3 ( l'energie par ex est souvent vue en cm2 et est une notion cruciale pour comprendre le monde dans lequel nous vivons et peut être mise en lien avec le développement durable ).

Du coup, tu respectes les programmes et TU décides... mais alors laisse tomber la culpabilisation car tu peux justifier ta decision.

- Tu décides de te plier à la programmation du titulaire. Tu commences par la reproduction des plantes, en observant des fleurs et en dessinant des schémas qui donnent déjà un peu de vocabulaire qui resservira par la suite. Tu vois comment ça se passe.

Si ça te parait gérable, tu enchaînes surla reproduction des animaux :ovipare / vivipare. Apprentissage puis évaluation.

Quand tu commences à parler des mammifères, on y est. Tu peux parler des changements du corps à l'adolescence, en lien avec l'hygiene, le sommeil... et si tu te sens le courage et l'envie et que ca les intéresse... tu leur mets le contrat en main pour la reproduction. Je ne sais pas s'il y a un " C' est pas sorcier" sur le sujet, mais ça peut etre aussi un bon moyen d'approche.

Il faut faire attention :les élèves de cet âge ont l'air de savoir beaucoup de choses sur le sujet et parfois, c'est trash... mais c'est tabou dans de nombreuses familles et ils ont beaucoup d'idées reçues et fausses sur ce sujet.

Quelle que soit ta décision, sache que les remplaçants que j'ai rencontrés... font très souvent exactemente

[fleurdecorail]

exactement ce qu'ils veulent !!!

[oOYaYaOo]

Je pense qu'il faut le faire pour tous les arguments avancés ci-dessus, en revanche pourquoi ne pas demander de l'aide à un CPC ?

Ils sont là pour ça il me semble...

Ils peuvent faire de la co-intervention et assurer laclasse avec toi.

En plus ils te couvrent en cas de retour brutal des parents...

[André Jorge]

si j'ai bien compris qu'elle est là un jour par semaine et avec des élèves et des relations collègues et parents compliquées, je zapperai.

J'ajouterais qu'il est également préférable d'avoir prévenu les parents en début d'année, pendant la réunion de rentrée par exemple, (en tous cas avant toute séance d'éducation sexuelle) que ce sujet est au programme et doit être traité : cela permet d'informer les parents du contenu et des objectifs des apprentissages dans ce domaine, et de leur faire prendre conscience de son importance.

A la Réunion, l'éducation sexuelle est une priorité académique (mais il me semble que c'est le cas dans les autres académies également ?) : le taux de mère mineures est 7 fois supérieur à celui de la métropole et il y a 2 fois plus d'IVG qu'en métropole.

Le sujet ne se limite pas aux rapports sexuels. Il s'agit également d'apporter une réponse à des questions de santé publique : grossesses précoces, infections sexuellement transmissibles, problématiques concernant les relations entre garçons et filles,...

Les enfants ont des conception erronées concernant la sexualité. Par exemple, certaines croient qu'elles ne peuvent pas tomber enceinte s'il s'agit du premier rapport. D'autres pensent que la menthe permet de de protéger d'une grossesse non désirée, etc.

Bref, il y a réellement un travail de prévention à faire...