Argon Posté(e) 14 novembre 2015 Posté(e) 14 novembre 2015 La dernière de Thierry Mandon, le secrétaire d'Etat à la recherche : pour « favoriser l'insertion professionnelle des docteurs », le MEN va organiser dès 2017 un concours d’agrégation réservé aux titulaires d’un doctorat. « Cette nouvelle voie de recrutement concernera jusqu’à 15 % des postes. Le concours portera notamment sur la recherche. Ces néoagrégés pourront poursuivre leur carrière comme enseignants de lycée ou en premier cycle universitaire.» Bref : un accès au plus prestigieux des corps enseignants... sur critères sans rapport avec la capacité à enseigner. Chapeau bas. Ca ne change pas grand chose pour les PE, mais j'imagine 1/ que les collègues "simplement" agrégés qui espéraient des postes de PRAG à la fac pourront attendre longtemps ; et 2/ que les jeunes docteurs qui espéraient un poste de maître de conférence devront se "contenter" de ces postes de PRAG appelés à se multiplier, avec double service d'enseignement (192h/an pour un MCF, censé faire de la recherche pour 50% de son service ; 384 h/an pour un PRAG, sans recherche a priori.) Cela dit, vu le niveau actuel du bac, la secondarisation accélérée des premiers cycles universitaire (ou au moins de la première année) n'est pas forcément une absurdité. Mais il y a manière et manière...
cchampagne Posté(e) 14 novembre 2015 Posté(e) 14 novembre 2015 Et bien moi, quand j'ai eu terminé mon doctorat, il y a bien des années, j'aurai bien aimé avoir cette possibilité ! Je vais peut-être m'y remettre ... je blague, aucune chance après 20 ans de ce1 ou ce2 ...
Argon Posté(e) 14 novembre 2015 Auteur Posté(e) 14 novembre 2015 Et bien moi, quand j'ai eu terminé mon doctorat, il y a bien des années, j'aurai bien aimé avoir cette possibilité ! Je vais peut-être m'y remettre ... je blague, aucune chance après 20 ans de ce1 ou ce2 ... Qui t'empêchait de passer l'agrégation "normale" (l'archéo-agreg, par opposition aux "néo-agrégés" de Mandon ?). Les épreuves d'ordre pédagogique — la leçon — n'auraient sans doute pas été un problème majeur : la suite a prouvé que tu avais les qualités pédagogiques requises. Ce qui me pose un problème, ce n'est évidemment pas la reconversion des docteurs dans l'enseignement : l'école comme le secondaire ont tout à gagner à intégrer des gens disposant d'une expérience de la recherche (... ou de l'entreprise, ou du sport de haut niveau, ou...) aussi riche, en plus d'être de bons enseignants. Mon problème, c'est l'idée d'une agreg au rabais, fondée sur des compétences sans rapport avec l'enseignement ; et, même dans la discipline considérée, pas toujours aussi larges que celles qu'on attend d'un agrégé (plus pointues, assurément ; mais là encore, ce n'est pas forcément ce qu'on attend d'un enseignant !).
ColdTurkey Posté(e) 14 novembre 2015 Posté(e) 14 novembre 2015 Je crois que tout cela vient du fait que nos élites bien pensantes croient qu'il suffit de connaître un sujet pour pouvoir l'enseigner. Cela me rappelle une anecdote contée par une collègue d'une classe de Perf (oui, ce n'est pas tout neuf...) Un maman d'élève était venue la voir pour discuter de l'avenir de sa fille. Au bout d'un moment, la maman lui a dit que la petite voulait devenir institutrice. Devant le regard étonné de la maîtresse, elle continua : "pas maîtresse dans une classe normale, mais maîtresse comme vous !" Cette petite remarque était tendre dans la bouche de cette maman qui, à aucun moment, n'avait conscience que la dite maîtresse était spécialisée. Je pense que ce n'est pas le cas dans la tête de nos bien-pensants...
Polythene Pam Posté(e) 14 novembre 2015 Posté(e) 14 novembre 2015 Ceci montre une fois encore, l'ignorance crasse de nos élites au sujet de la chose pédagogique : comment alors s'étonner que le commun des mortels ait un avis sur les contenus d'enseignement, sur les méthodes pédagogiques, lorsque les décideurs pensent que la science infuse suffit à transmettre des savoirs et à accompagner des citoyens en devenir..... Les évènements dramatiques de ces dernières heures montrent une fois encore, à travers les évènements et les commentaires des uns et des autres, à quel point l'éducation et la culture sont indispensables à l'espèce humaine. Mais les pédagogues, ceux qui accompagnent les enfants, ne sont pas formés correctement pour cette si essentielle mission. Les dirigeants de ce monde portent une immense responsabilité dans ce délitement, ce désastre, ces drames qui touchent le cœur de la République.
Byza31 Posté(e) 14 novembre 2015 Posté(e) 14 novembre 2015 L'autre problème posé par cette mesure, c'est que dans de nombreuses disciplines, pour espérer avoir un contrat doctoral, il faut déjà avoir l'agrégation (les textes disent "un concours de l'enseignement", dans les faits, avec le seul CAPES c'est compliqué et le CRPE ne fait même pas partie des cases à cocher sur le formulaire).
Argon Posté(e) 14 novembre 2015 Auteur Posté(e) 14 novembre 2015 Le 14/11/2015 à 23:27, Byza31 a dit : L'autre problème posé par cette mesure, c'est que dans de nombreuses disciplines, pour espérer avoir un contrat doctoral, il faut déjà avoir l'agrégation Ca, ce n'est pas du tout un problème. C'est même un grand classique : traditionnellement, des tas d'élèves de Normale Sup passent l'agreg, puis font leur thèse avant d'aller enseigner en lycée ou en prépa. Personnellement, je serais même partisan d'imposer ce genre de parcours : d'une part, cela éviterait que la chute généralisée du niveau des diplômes ne contamine définitivement les doctorats (eh oui... celui d'entrée en thèse suit mécaniquement le niveau de sortie de M2 !), et la multiplication des jeunes docteurs ne connaissant rien à rien ; d'autre part, tout le monde n'est pas fait pour la recherche, et même des jeunes gens par ailleurs très brillants peuvent s'apercevoir un peu tard que ce n'était pas leur voie. Avec une agreg en poche, ils pourraient au moins se replier à coup sûr vers des positions préparées à l'avance...
Byza31 Posté(e) 14 novembre 2015 Posté(e) 14 novembre 2015 L'autre problème posé par cette mesure, c'est que dans de nombreuses disciplines, pour espérer avoir un contrat doctoral, il faut déjà avoir l'agrégation Ca, ce n'est pas du tout un problème. C'est même un grand classique : traditionnellement, des tas d'élèves de Normale Sup passent l'agreg, puis font leur thèse avant d'aller enseigner en lycée ou en prépa. Personnellement, je serais même partisan d'imposer ce genre de parcours : d'une part, cela éviterait que la chute généralisée du niveau des diplômes ne contamine définitivement les doctorats (eh oui... celui d'entrée en thèse suit mécaniquement le niveau de sortie de M2 !), et d'éviter la multiplication des jeunes docteurs ne connaissant rien à rien ; d'autre part, tout le monde n'est pas fait pour la recherche, et même des jeunes gens par ailleurs très brillants peuvent s'apercevoir un peu tard que ce n'était pas leur voie. Avec une agreg en poche, ils pourraient au moins se replier à coup sûr vers des positions préparées à l'avance... Je me suis mal exprimée : en parlant de problème, je voulais signaler que cette mesure ne va toucher que peu de personnes, étant donné que les doctorants (en sciences humaines) sont déjà agrégés. Je ne suis pas rigoureusement contre ce que tu proposes (et qui est déjà appliqué), mais j'apprecierais davantage de souplesse (par exemple, pouvoir espérer obtenir un contrat doctoral avec le CRPE, vu que j'ai déjà ma porte de sortie). L'autre problème posé par cette mesure, c'est que dans de nombreuses disciplines, pour espérer avoir un contrat doctoral, il faut déjà avoir l'agrégation Ca, ce n'est pas du tout un problème. C'est même un grand classique : traditionnellement, des tas d'élèves de Normale Sup passent l'agreg, puis font leur thèse avant d'aller enseigner en lycée ou en prépa. Personnellement, je serais même partisan d'imposer ce genre de parcours : d'une part, cela éviterait que la chute généralisée du niveau des diplômes ne contamine définitivement les doctorats (eh oui... celui d'entrée en thèse suit mécaniquement le niveau de sortie de M2 !), et d'éviter la multiplication des jeunes docteurs ne connaissant rien à rien ; d'autre part, tout le monde n'est pas fait pour la recherche, et même des jeunes gens par ailleurs très brillants peuvent s'apercevoir un peu tard que ce n'était pas leur voie. Avec une agreg en poche, ils pourraient au moins se replier à coup sûr vers des positions préparées à l'avance... Je me suis mal exprimée : en parlant de problème, je voulais signaler que cette mesure ne va toucher que peu de personnes, étant donné que les doctorants (en sciences humaines) sont déjà agrégés. Je ne suis pas rigoureusement contre ce que tu proposes (et qui est déjà appliqué), mais j'apprecierais davantage de souplesse (par exemple, pouvoir espérer obtenir un contrat doctoral avec le CRPE, vu que j'ai déjà ma porte de sortie).
cchampagne Posté(e) 15 novembre 2015 Posté(e) 15 novembre 2015 Et bien moi, quand j'ai eu terminé mon doctorat, il y a bien des années, j'aurai bien aimé avoir cette possibilité ! Je vais peut-être m'y remettre ... je blague, aucune chance après 20 ans de ce1 ou ce2 ... Qui t'empêchait de passer l'agrégation "normale" (l'archéo-agreg, par opposition aux "néo-agrégés" de Mandon ?). Les épreuves d'ordre pédagogique — la leçon — n'auraient sans doute pas été un problème majeur : la suite a prouvé que tu avais les qualités pédagogiques requises. Ce qui me pose un problème, ce n'est évidemment pas la reconversion des docteurs dans l'enseignement : l'école comme le secondaire ont tout à gagner à intégrer des gens disposant d'une expérience de la recherche (... ou de l'entreprise, ou du sport de haut niveau, ou...) aussi riche, en plus d'être de bons enseignants. Mon problème, c'est l'idée d'une agreg au rabais, fondée sur des compétences sans rapport avec l'enseignement ; et, même dans la discipline considérée, pas toujours aussi larges que celles qu'on attend d'un agrégé (plus pointues, assurément ; mais là encore, ce n'est pas forcément ce qu'on attend d'un enseignant !). Après quatre ans dans un domaine ultra pointu (très loin du programme d'une agreg de physique) et pas de préparation à l'agrégation dans ma fac de province, mariée avec des enfants, je me suis essoufflée. Sans doute pas faite pour la recherche, pas de poste et une pression insoutenable. Alors j'ai choisi la facilité, le concours d'instit. Mais ça, ce n'est que mon parcours.
valou1978 Posté(e) 15 novembre 2015 Posté(e) 15 novembre 2015 Après quatre ans dans un domaine ultra pointu (très loin du programme d'une agreg de physique) et pas de préparation à l'agrégation dans ma fac de province, mariée avec des enfants, je me suis essoufflée. Sans doute pas faite pour la recherche, pas de poste et une pression insoutenable. Alors j'ai choisi la facilité, le concours d'instit. Mais ça, ce n'est que mon parcours. J'ai un parcours similaire et on est relativement nombreux dans ce cas
Byza31 Posté(e) 16 novembre 2015 Posté(e) 16 novembre 2015 Je ne suis pas sûre que ce dispositif changerait grand chose pour vous... Il ne s'agit pas d'un passe droit pour être agrégé, mais d'un nouveau concours - auquel vous aviez déjà accès, au demeurant. Il est indiqué que la recherche sera prise en compte : vous serez donc en concurrence avec des personnes qui, depuis leur thèse, ont continué à publier, à participer à des colloques... Dans ces conditions, l'agreg interne me semble largement plus accessible pour un PE, même docteur.
valou1978 Posté(e) 16 novembre 2015 Posté(e) 16 novembre 2015 Je ne suis pas sûre que ce dispositif changerait grand chose pour vous... Il ne s'agit pas d'un passe droit pour être agrégé, mais d'un nouveau concours - auquel vous aviez déjà accès, au demeurant. Il est indiqué que la recherche sera prise en compte : vous serez donc en concurrence avec des personnes qui, depuis leur thèse, ont continué à publier, à participer à des colloques... Dans ces conditions, l'agreg interne me semble largement plus accessible pour un PE, même docteur. C'est clair, il n'empêche que j'aurais aimé qu'il existe à mon époque, car dans certains domaines, après une thèse et plusieurs années de post-doc, passer une agrégation peut être compliqué, et pas à cause de la pédagogie. Dans les domaines que je connais à savoir les sciences dites "dures" (maths, physique, chimie, bio), c'est une bonne chose pour les doctorants et les post-docs qui songent à l'enseignement primaire ou secondaire. Il y a un nombre de postes ridicule (recherche et enseignement supérieur) par rapport au nombre de candidats et que passé un certain âge, avec un bac+8 (voire d'autres diplômes en plus), plusieurs années d'expérience en labo, souvent à l'étranger, une vie de famille à construire, c'est très dur d'enchaîner CDD sur CDD, toujours mal payés (parfois de travail à temps plein payé à temps partiel), parfois même ne comptant pas pour la retraite (même si ça a évolué) avec beaucoup de pression des supérieurs car on vous rappelle constamment qu'il y a plein de gens prêts à accepter votre contrat si vous refusez et de touts façons si vos résultats ne suivent pas, on trouvera quelqu'un d'autre (donc on en compte pas ses heures, on ne prend pas toutes ses vacances, on vient parfois travailler le week-end). Donc oui, valoriser ces travaux de recherche pour passer la barrière de l'admissibilité est une bonne chose, ces gens ont fait la preuve de leurs connaissances théoriques et de leurs capacités universitaires et puisque de toutes façons, ils passeront à oral qui évaluera quand même leur potentiel pédagogique. Et oui, de manière générale (même si ce n'est pas une vérité absolue) un docteur qui a réussi à passer un concours de l'enseignement a tout de même plus sa place devant des lycéens ou des étudiants en début d'université que devant des élèves de maternelle.
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