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L'agrégation par la recherche


Argon

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dans certains domaines, après une thèse et plusieurs années de post-doc, passer une agrégation peut être compliqué, et pas à cause de la pédagogie.

Dans pratiquement tous les domaines, je pense. Trois ans, c'est déjà long. Au-delà, après un post-doc, il devient extrêmement difficile de réapprendre à bachoter comme un étudiant de prépa agreg, pour apprendre des tas de trucs dont on n'a parfois qu'une idée assez vague, en-dehors de sa spécialité pointue.

C'est bien pour cela (et parce que des bases généralistes solides sont toujours utiles, même dans un cadre de recherche pointue) qu'on recommande partout de passer l'agreg avant la thèse !

Donc oui, valoriser ces travaux de recherche pour passer la barrière de l'admissibilité est une bonne chose, ces gens ont fait la preuve de leurs connaissances théoriques et de leurs capacités universitaires

C'est encore relativement vrai dans les sciences dures, mais ce n'est plus une généralité. Et c'est dramatique.

Et oui, de manière générale (même si ce n'est pas une vérité absolue) un docteur qui a réussi à passer un concours de l'enseignement a tout de même plus sa place devant des lycéens ou des étudiants en début d'université que devant des élèves de maternelle.

Là encore, ça n'a rien de général. Qu'un docteur en physique ait des choses à apprendre à des étudiants de L1 scientifiques, c'est évident. Pour autant :

1/ Il n'est absolument pas évident qu'il n'en ait pas autant, ou plus, à apporter à des élèves de maternelle. En fait, je suis même tenté de penser le contraire : de très jeunes enfants en contact avec des maîtres ayant bien intégré l'esprit et la méthode scientifique ont toutes les chances de développer un rapport sain à la science, et certains d'entre eux deviendront des scientifiques brillants ; alors que la plupart des étudiants de L1 sont déjà irrécupérables (ceux qui ont de vraies dispositions pour les sciences sont souvent dans d'autres filières, plus prestigieuses) ;

et 2/ un docteur en linguistique des batraciens moldaves a probablement sa place dans un cours de M2 de linguistique des batraciens moldaves, préparant à toujours plus de doctorats en linguistique des batraciens moldaves ; mais je ne suis pas sûr qu'il soit forcément à sa place devant des L1.

Il y a un nombre de postes ridicule (recherche et enseignement supérieur) par rapport au nombre de candidats

C'est encore une autre question : le nombre de doctorats a explosé dans les dix ou quinze dernières années.

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Je ne suis pas sûre que ce dispositif changerait grand chose pour vous... Il ne s'agit pas d'un passe droit pour être agrégé, mais d'un nouveau concours - auquel vous aviez déjà accès, au demeurant. Il est indiqué que la recherche sera prise en compte : vous serez donc en concurrence avec des personnes qui, depuis leur thèse, ont continué à publier, à participer à des colloques... Dans ces conditions, l'agreg interne me semble largement plus accessible pour un PE, même docteur.

C'est clair, il n'empêche que j'aurais aimé qu'il existe à mon époque, car dans certains domaines, après une thèse et plusieurs années de post-doc, passer une agrégation peut être compliqué, et pas à cause de la pédagogie.

Dans les domaines que je connais à savoir les sciences dites "dures" (maths, physique, chimie, bio), c'est une bonne chose pour les doctorants et les post-docs qui songent à l'enseignement primaire ou secondaire.

Il y a un nombre de postes ridicule (recherche et enseignement supérieur) par rapport au nombre de candidats et que passé un certain âge, avec un bac+8 (voire d'autres diplômes en plus), plusieurs années d'expérience en labo, souvent à l'étranger, une vie de famille à construire, c'est très dur d'enchaîner CDD sur CDD, toujours mal payés (parfois de travail à temps plein payé à temps partiel), parfois même ne comptant pas pour la retraite (même si ça a évolué) avec beaucoup de pression des supérieurs car on vous rappelle constamment qu'il y a plein de gens prêts à accepter votre contrat si vous refusez et de touts façons si vos résultats ne suivent pas, on trouvera quelqu'un d'autre (donc on en compte pas ses heures, on ne prend pas toutes ses vacances, on vient parfois travailler le week-end).

Donc oui, valoriser ces travaux de recherche pour passer la barrière de l'admissibilité est une bonne chose, ces gens ont fait la preuve de leurs connaissances théoriques et de leurs capacités universitaires et puisque de toutes façons, ils passeront à oral qui évaluera quand même leur potentiel pédagogique.

Et oui, de manière générale (même si ce n'est pas une vérité absolue) un docteur qui a réussi à passer un concours de l'enseignement a tout de même plus sa place devant des lycéens ou des étudiants en début d'université que devant des élèves de maternelle.

+1000

J'ai vécu un enfer en thèse. Après un parcours universitaire sans problème, des bourses et des mentions : la boule au ventre, le stress des résultats, le harcèlement de mon directeur, le contrat d'ATER que j'ai dû partagé avec un salaire moindre ... je m'en suis rendu malade et mon mari m'a dit:"sauve-toi, fais ce qu'il te plait". J'ai fui à toutes jambes et depuis 20 ans j'enseigne avec plaisir même si au début, il a fallu ravaler mon ego. Et même les inspecteurs, je les reçois avec plaisir, je suis blindée !!

Maintenant, si à l'époque, j'avais eu la possbilité de repasser cette agrèg spéciale, j'aurais sans doute tenté. Quant à la faire avant, c'était risqué avec une perte de temps en cas d'échec. Une seule doctorante l'avait, elle étair prag, faisait sa thèse mais avait au moins 35 ans.

Maintenant, pour me faire plaisir, je donne des cours de math et de cp niveau lycée.

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dans certains domaines, après une thèse et plusieurs années de post-doc, passer une agrégation peut être compliqué, et pas à cause de la pédagogie.

Dans pratiquement tous les domaines, je pense. Trois ans, c'est déjà long. Au-delà, après un post-doc, il devient extrêmement difficile de réapprendre à bachoter comme un étudiant de prépa agreg, pour apprendre des tas de trucs dont on n'a parfois qu'une idée assez vague, en-dehors de sa spécialité pointue.

C'est bien pour cela (et parce que des bases généralistes solides sont toujours utiles, même dans un cadre de recherche pointue) qu'on recommande partout de passer l'agreg avant la thèse !

Donc oui, valoriser ces travaux de recherche pour passer la barrière de l'admissibilité est une bonne chose, ces gens ont fait la preuve de leurs connaissances théoriques et de leurs capacités universitaires

C'est encore relativement vrai dans les sciences dures, mais ce n'est plus une généralité. Et c'est dramatique.

Et oui, de manière générale (même si ce n'est pas une vérité absolue) un docteur qui a réussi à passer un concours de l'enseignement a tout de même plus sa place devant des lycéens ou des étudiants en début d'université que devant des élèves de maternelle.

Là encore, ça n'a rien de général. Qu'un docteur en physique ait des choses à apprendre à des étudiants de L1 scientifiques, c'est évident. Pour autant :

1/ Il n'est absolument pas évident qu'il n'en ait pas autant, ou plus, à apporter à des élèves de maternelle. En fait, je suis même tenté de penser le contraire : de très jeunes enfants en contact avec des maîtres ayant bien intégré l'esprit et la méthode scientifique ont toutes les chances de développer un rapport sain à la science, et certains d'entre eux deviendront des scientifiques brillants ; alors que la plupart des étudiants de L1 sont déjà irrécupérables (ceux qui ont de vraies dispositions pour les sciences sont souvent dans d'autres filières, plus prestigieuses) ;

et 2/ un docteur en linguistique des batraciens moldaves a probablement sa place dans un cours de M2 de linguistique des batraciens moldaves, préparant à toujours plus de doctorats en linguistique des batraciens moldaves ; mais je ne suis pas sûr qu'il soit forcément à sa place devant des L1.

Il y a un nombre de postes ridicule (recherche et enseignement supérieur) par rapport au nombre de candidats

C'est encore une autre question : le nombre de doctorats a explosé dans les dix ou quinze dernières années.

J'ai eu une réunion pour l'orientation post-bac d'une de mes filles. Effectivement le doctorat, qui restait quand même assez exceptionnel il y a 20 ans, semble être une voie normale aujourd'hui : doctorat de sciences, de cinéma, d'urbanisme, etc ... Ca va faire comme le bac, dévaluation du diplôme.

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"Bref : un accès au plus prestigieux des corps enseignants... sur critères sans rapport avec la capacité à enseigner. Chapeau bas."

Pendant mes années de thèse, j'ai eu un contrat de moniteur d'enseignement supérieur puis j'ai été ATER. J'ai assuré les TD et TP jusqu'en maitrise en chimie et en informatique. J'étais donc tout à fait capable d'enseigner à cette époque.

Par contre, ces années d'enseignement (4 ans) n'ont pas été pris en compte dans mon ancienneté en tant que PE. Je ne trouve pas cela juste.

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Perso, ma première motivation a été le fait que le concours soit académique. Pas envie à 30 ans passé, avec un enfant, de vivre séparée de ma famille. C'était un risque trop grand avec capes et agrégé.

Accessoirement, dans ma spécialité, physique-chimie, la grosse majorité du concours, c'etait la physique et je ne le sentais vraiment pas...

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Pendant mes années de thèse, j'ai eu un contrat de moniteur d'enseignement supérieur puis j'ai été ATER. J'ai assuré les TD et TP jusqu'en maitrise en chimie et en informatique. J'étais donc tout à fait capable d'enseigner à cette époque.

Je ne dis pas autre chose. L'expérience d'enseignement dans le supérieur n'est pas la même que dans le secondaire, mais elle n'est pas négligeable pour autant. Une filière spécifique d'agrégation, concours d'enseignement, sur critères d'enseignement adaptés, me semblerait tout à fait bienvenue. Mais le ministre dit clairement : « Le concours portera notamment sur la recherche. » Ca n'a rien à voir !

J'ai vécu un enfer en thèse. (...) Quant à la faire avant, c'était risqué avec une perte de temps en cas d'échec.

Je vois comme une contradiction. Ne pas passer l'agreg avant, c'était, selon ton propre terme, risquer "l'enfer" — et la boule au ventre, et des CDD foireux, et une "perte de temps" bien supérieure, et une mutation à l'autre bout du pays avec un mari et un gosse (ce qui est plus souvent un problème à 30 ans qu'à 23 ou 24...), etc.

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Ben si j'avais su avant que ma thèse virerait au cauchemar, j'aurais fait l'agreg ou une ecole d'ingénieur mais je n'avais pas de boule de cristal ...

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Ben si j'avais su avant que ma thèse virerait au cauchemar, j'aurais fait l'agreg ou une ecole d'ingénieur mais je n'avais pas de boule de cristal ...

C'est bien pour cela (et parce que des bases généralistes solides sont toujours utiles, même dans un cadre de recherche pointue) qu'on recommande partout de passer l'agreg avant la thèse !

Faute de boule de cristal, les recommandations de l'institution, et des anciens, ne sont pas toujours malveillantes...

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Je n'ai jamais eu aucune recommandation de cette sorte des profs, des thésards, de l'institution ... Enfin, bref, j'ai tort, je suis une gourde qui n'a pas su. J'ai bien compris le message !

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Enfin, bref, j'ai tort, je suis une gourde qui n'a pas su. J'ai bien compris le message !

Non. Pour ce que tu en dis, il me semble simplement que tu as payé (trop !) cher, comme beaucoup (trop !) d'autres thésards, un péché d'arrogance juvénile comme on en a tous commis.

Le cas semble même assez courant pour que le Secrétaire d'Etat à la recherche envisage de nouvelles solutions pour ces jeunes docteurs, et ça me semble, comme à toi, une très bonne idée. La question — la mienne, en tout cas — était : cette voie de sortie doit-elle s'appeler "agrégation", au risque de dénaturer ce concours d'enseignement très particulier ? Pour moi, la réponse reste non.

Je n'ai jamais eu aucune recommandation de cette sorte des profs, des thésards, de l'institution ...

J'ai quand même un peu de mal à le croire. Tu n'as pas dû demander conseil très fort...

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