Goëllette Posté(e) 3 décembre 2015 Posté(e) 3 décembre 2015 . Ca doit être une sacrée énergie vos classes. Dans des écoles plus grosses, ça peut être l'usine. Mais c'est sans doute plus facile aussi de se répartir les élèves compliqués. Il est clair qu'une autre des difficultés d'enseigner dans le rural (qui peut être aussi un avantage), surtout pour les nouveaux, c'est que les "cohortes" restent dans la même classe de la PS au CM2 ou presque.
cchampagne Posté(e) 3 décembre 2015 Posté(e) 3 décembre 2015 J'ai enseigné deux ans dans une classe unique (CP/CE/CM) dans une école privée au fin fond de nulle part. J'ai pris ce poste en sortant du CFP car "on" m'avait promis la place que je voulais au bout de deux ans (parole tenue mais il a fallu que je me rappelle au bon souvenir !). Ben comme les autres : des heures de préparation, des livres d'une autre époque (presque 50 ans pour les livres de lecture), pas d'ordinateurs, 20 km minimum pour une sortie et des élèves pas très favorisés. Heureusement 2 collègues de mat très sympas. avantages ou pas : peu de réunion, peu de concertation. Inspecteur et conseiller péda sympas car compréhensifs. c'est quand même pendant ces 2 ans où j'ai vu le plus de misère : famille avec mère internée en hopital psy et enfants complètement traumatisés, famille avec père en prison pour avoir tiré sur un voisin. Et quelques années plus tard, j'ai appris que le dur de la classe avait tué son père qui battait sa mère. J'ai quand même de bons souvenirs car on formait vraiment une sorte de "famille" avec les gosses.
HappyPomme Posté(e) 4 décembre 2015 Posté(e) 4 décembre 2015 J'ai enseigné deux ans dans une classe unique (CP/CE/CM) dans une école privée au fin fond de nulle part. J'ai pris ce poste en sortant du CFP car "on" m'avait promis la place que je voulais au bout de deux ans (parole tenue mais il a fallu que je me rappelle au bon souvenir !). Ben comme les autres : des heures de préparation, des livres d'une autre époque (presque 50 ans pour les livres de lecture), pas d'ordinateurs, 20 km minimum pour une sortie et des élèves pas très favorisés. Heureusement 2 collègues de mat très sympas. avantages ou pas : peu de réunion, peu de concertation. Inspecteur et conseiller péda sympas car compréhensifs. c'est quand même pendant ces 2 ans où j'ai vu le plus de misère : famille avec mère internée en hopital psy et enfants complètement traumatisés, famille avec père en prison pour avoir tiré sur un voisin. Et quelques années plus tard, j'ai appris que le dur de la classe avait tué son père qui battait sa mère. J'ai quand même de bons souvenirs car on formait vraiment une sorte de "famille" avec les gosses. Ca, malheureusement, je pense que c'est le propre de ce métier, campagne ou ville : on est témoin de la misère humaine, sociale... Dans ma grosse ville, j'en ai vu aussi des situations dramatiques comme celles-là..
fantomex Posté(e) 4 décembre 2015 Posté(e) 4 décembre 2015 j' ai grandi dans le rural et depuis plus de 15 ans j'y enseigne. Dans le coin où je suis c'est un peu le quart monde et la misère sociale se répand accrue par la construction de logement à bas loyers malheureusement loin de tout bassin d'emploi... Les classes multi niveaux sont la norme, déjà compliquées à la base elles sont alors d'autant plus difficiles. Le rased n'existe presque pas. Certaines années ma classe cp ce1 ressemblent plus à du cp ce1 clis et à plus de 20 élèves bien sûr. Les élèves super pénibles ou super en difficulté on peut les garder très longtemps. J'en suis ainsi à ma 3 ième année avec un élève maintenant à mi temps en hôpital du jour, tout en accueillant enfant du voyage, enfant victime de refus de clis alors que chance pour lui cette année là il y avait de la place. Je peine donc à voir des avantages à mon multi niveau loin de tout .
Goëllette Posté(e) 5 décembre 2015 Posté(e) 5 décembre 2015 C'est ça : il y a rural et rural. Et dans ton cas, tu "n'as que" un double niveau. Bien souvent, c'est au mieux un cours triple et parfois un cours quintuple, avec des effectifs s'approchant de 25. Mais ton exemple est parlant pour ce qui est de l'intérêt de conserver ces écoles : tes parents d'élèves utilisent quotidiennement leur voiture pour se rendre au travail et les élèves viennent en car, donc à part l'argument de faire vivre le village, y en a-t-il un autre qui justifie de conserver ton école ? Tes élèves pourraient très bien être scolarisés dans un plus gros village proche, leurs parents les y déposant en allant travailler ou le bus faisant un autre circuit. (Je précise que je n'écris pas cela parce que je le souhaite mais juste pour étayer le sujet sur l'intérêt de l'école rurale.)
Goëllette Posté(e) 5 décembre 2015 Posté(e) 5 décembre 2015 Elles ont les moyens, les communes de votre coin ! Au moins, ça a permis d'améliorer le quotidien des collègues de ces villages ! Je connais plutôt des écoles rurales vieillottes avec des locaux inadaptés à la pédagogie actuelle(parfois même pas de cour de récréation) , des budgets riquiquis, des Maires intrusifs et donneurs de leçons, avec lesquels il faut en permanence s'affirmer pour faire respecter les lois ...
ratatouille Posté(e) 6 décembre 2015 Posté(e) 6 décembre 2015 J'ai travaillé en grande ville, en banlieue aisée de la même grande ville, en petite ville et en campagne. Actuellement -et le plus longtemps possible, je l'espère- je suis sur une petite école de trois classes (une classe c1, une c2 et une c3) en milieu rural. Mes enfants le sont également. Je préfère de très loin travailler en école rurale, et pense sincèrement que leurs disparition engendre bien autre chose que la simple perte d'une école. D'ailleurs, quand vous imaginez une école rurale, vous avez l'image d'un truc sympa qui vient en tête. Sympa parce que petit et plus apaisé qu'un gros groupe scolaire. Je vais faire court (car j'ai peu de temps tout de suite), mais je voulais vraiment réagir immédiatement. Ce que j'aime dans les écoles rurales : - bien souvent, il n'y a pas de sonneries...et il en découle une énorme liberté pédagogique et une grande adaptation aux rythmes des enfants. Ainsi, je me permets de sortir en récréation à plus ou moins 10 minutes près. Ce qui permet d'abréger un travail fastidieux ou inefficace ou au contraire de terminer ce qui est en cours et qui fonctionne. - Les locaux sont petits : on ne perds pas de temps à monter / descendre des escaliers qui engendre en plus parfois du chahut. - Les cours multiples, j'adore : je connais mes élèves. Les grands connaissent le fonctionnement de la classe, et dès le début de l'année, ça roule. Je connais les parents. Idem, le lien de confiance n'est pas à rétablir chaque années, surtout quand on a par la suite le frères/ la sœur d'un élève. - les réunions, les accords entre collègues se prennent plus facilement ( dans une grosse équipe, ce sont souvent un peu toujours les mêmes, cuex qui ont de l'assurance, du bagou, qui imposent plus ou moins leurs idées. Dans une petite équipe (si on s'entend bien, bien sûr, on se dit les choses plus facilement). - J'ai les clefs de l'école et de ma classe, il n'y a pas d'alarmes... donc je viens absolument quand je veux à l'école. Et puis comme c'est souvent le cas, plus la structure est petite (état, école, entreprise, ...) moins il y a de tensions. Les récréations dans les petites structures se passent quand même souvent mieux que dans les grosses. Il y a moins d'enfants, moins d'interactions. Et puis souvent, ils se connaissent tous en dehors de l'école. -Quant à la question des moyens, j'ai toujours trouvé que les écoles de grosses villes étaient moins bien pourvues que les petits villages (à part exception de mairies qui s'en fichent totalement). - Goëlette, moi, une école de village qui ferme, ça me peine vraiment. Pour toutes ces spécificités. Voilà ce qui me vient en vitesse. Il y a bien entendu aussi des aspects négatifs. Je viendrai compléter plus tard. 1
doubleR Posté(e) 6 décembre 2015 Posté(e) 6 décembre 2015 J'ai travaillé en grande ville, en banlieue aisée de la même grande ville, en petite ville et en campagne. Actuellement -et le plus longtemps possible, je l'espère- je suis sur une petite école de trois classes (une classe c1, une c2 et une c3) en milieu rural. Mes enfants le sont également. Je préfère de très loin travailler en école rurale, et pense sincèrement que leurs disparition engendre bien autre chose que la simple perte d'une école. D'ailleurs, quand vous imaginez une école rurale, vous avez l'image d'un truc sympa qui vient en tête. Sympa parce que petit et plus apaisé qu'un gros groupe scolaire. Je vais faire court (car j'ai peu de temps tout de suite), mais je voulais vraiment réagir immédiatement. Ce que j'aime dans les écoles rurales : - bien souvent, il n'y a pas de sonneries...et il en découle une énorme liberté pédagogique et une grande adaptation aux rythmes des enfants. exactement, sur l'EDT c'est 10h30 en fait on sort plutôt vers 10h40 voir 45, le temps de bien finir, de ranger de lire une histoire. Ca nous laisse env 1h encore pour les maths après la récré. - Les locaux sont petits : on ne perd pas de temps à monter / descendre des escaliers qui engendre en plus parfois du chahut. oui, ici 2 classes, une salle de motricité, avec ma collègue on met tout le matériel en commun, (arts pla, ou mat scolaire), les élèves ne perdent jamais leurs vetements, ils ont chacun un porte manteau et un espace pour leur bouteille .. on peut sortir dans la cour par la salle de motricité (donc le couloir de la classe) ou par la porte donnant sur la cour, je peux laisser 1 ou 2 élèves qqes mn dans la classe pour finir un truc, je les surveille depuis la cour par la fenêtre ! je peux demander à un élève d'aller chercher un truc dans la réserve du couloir ou du papier à la photocopieuse. On fait nos projets ensemble, le CC on les fait qd on veut, le temps qu'on veut. - Les cours multiples, j'adore : je connais mes élèves. Les grands connaissent le fonctionnement de la classe, et dès le début de l'année, ça roule. Je connais les parents. Idem, le lien de confiance n'est pas à rétablir chaque années, surtout quand on a par la suite le frères/ la sœur d'un élève. Tout pareil, pas besoin de faire l'appel à la rentrée ils savent avec quel maitresse ils seront, ya pas trop le choix !! On connait tous les élèves en particulier leur niveau scolaire avant de les avoir (ma collègue me parle de ses CP tous les jours), je sais exactement ce qu'elle fait en DDM etc .. On connait tous les parents. - les réunions, les accords entre collègues se prennent plus facilement ( dans une grosse équipe, ce sont souvent un peu toujours les mêmes, ceux qui ont de l'assurance, du bagou, qui imposent plus ou moins leurs idées. Dans une petite équipe (si on s'entend bien, bien sûr, on se dit les choses plus facilement). Oui et si on veut changé une date ca ne pose pas trop de souci pour en trouver une autre, vu qu'en tout sur le RPI on est 6 , on s'invite 2 fois par an chez l'une ou l'autre (dernier repas en date , mardi dernier) - J'ai les clefs de l'école et de ma classe, il n'y a pas d'alarmes... donc je viens absolument quand je veux à l'école. pareil +1 avec tout !!
ratatouille Posté(e) 6 décembre 2015 Posté(e) 6 décembre 2015 Hé bien, double R,on est très souvent d'accord toutes les deux. Je crois qu'on a un peu le même mode de vie.
Goëllette Posté(e) 6 décembre 2015 Posté(e) 6 décembre 2015 Mais je n'ai pas écrit que JE souhaitais la fermeture des petites écoles. J'ai juste essayé de balayer tous les angles du problème. Par contre, quand, comme pour plusieurs cas que je connais : - les locaux sont pourris - le matériel est inadapté, donc qu'il n'est pas possible de réellement faire le programme - les relations avec la mairie sont difficiles - les enseignants y sont toujours nommés d'office - ... Dans la mesure où maintenant, les parents prennent leur voiture quotidiennement et qu'il y a des transports scolaires pour emmener les élèves dans une école plus grande et adaptée ailleurs, je pense qu'il est préférable de fermer ces écoles car une école ne doit pas être uniquement l'animation d'un village.
doubleR Posté(e) 6 décembre 2015 Posté(e) 6 décembre 2015 Mais je n'ai pas écrit que JE souhaitais la fermeture des petites écoles. J'ai juste essayé de balayer tous les angles du problème. Par contre, quand, comme pour plusieurs cas que je connais : - les locaux sont pourris : pas chez nous, bâtiments en dur, classes repeintes, fenêtres double vitrage, là on vient d'avoir 15 nelles chaises. - le matériel est inadapté, donc qu'il n'est pas possible de réellement faire le programme : pas ici, on achète ce qu'on veut, photocopies a volonté - les relations avec la mairie sont difficiles : non plus, on voit la maire très régulièrement, on se tutoie et on se fait la base, la responsable du sivos est tout aussi dispo et fait tout pour nous - les enseignants y sont toujours nommés d'office : comment ca ? je ne comprends pas. dans mon département il y a plus d'école rurale que d'école de villes Dans la mesure où maintenant, les parents prennent leur voiture quotidiennement et qu'il y a des transports scolaires pour emmener les élèves dans une école plus grande et adaptée ailleurs, je pense qu'il est préférable de fermer ces écoles car une école ne doit pas être uniquement l'animation d'un village. non il n'y a pas de transport vers la ville la plus proche qui est à 14km, le temps que le car ratisse les 3 communes et aillent dans la ville la plus proche il lui faudrait 1h 15 au moins. Et ya pas la place dans cette ville, et aucun intérêt pour les élèves.
ratatouille Posté(e) 6 décembre 2015 Posté(e) 6 décembre 2015 Goélette, je rejoins double R. Ta réalité n'est pas la mienne. Tu écris " - les locaux sont pourris. J'ai bien tourné sur les écoles pendant plusieurs années (compléments de 1/4 temps ou 1/2 temps. J'ai testé de nombreuses écoles à l'année). J'ai, à une exception près, toujours trouvée que j'étais mieux lotie à la campagne qu'en ville, sauf en ce qui concerne les salles de sport, bien sûr. Mais mes locaux sont agréables, on a plein de matériel et on est pas nombreux à les utiliser. Exemple très concret: je dispose de 4 ordis rien que pour ma classe. Quand j'étais sur de plus grosses écoles, on avait parfois des salles d'informatiques donc plus d'ordinateurs, mais au final, il fallait s'inscrire sur un planning, faire avec les projets ou les priorités des autres classes et surtout se déplacer. Là, j'ai mes ordis dans ma classe, et je m'en sers au quotidien. Idem pour l'art plastique : j'ai plein de matériel. En grande école, on a aussi, mais quand c'est commun, la gestion est plus délicate. - le matériel est inadapté, donc qu'il n'est pas possible de réellement faire le programme : euh... à part pour le sport, vraiment, je n'ai jamais vécu cela. Et le sport, justement, hé bien on le fait autrement et c'est très bien aussi. Par exemple, chez moi, on fait régulièrement des sorties à ski au départ de l'école, ou des randos en forêt... ça fait autant rêver qu'un bon cycle gymnastique, non? - les relations avec la mairie sont difficiles.. là aussi, j'ai souvent trouvé les relations plus simples car plus directes. Je sors de ma classe et j'entre dans la mairie. C'est plus simple, même si je ne m'entends pas avec le maire, pour discuter. - les enseignants y sont toujours nommés d'office ?????? Comme quoi, on ne peut pas généraliser. Par chez moi, les postes convoités sont ceux des villages de hauteur. Gamins sympas, effectifs réduits, tranquillité du fait de la distance par rapport à l'inspection... - ... Dans la mesure où maintenant, les parents prennent leur voiture quotidiennement et qu'il y a des transports scolaires pour emmener les élèves dans une école plus grande et adaptée ailleurs, je pense qu'il est préférable de fermer ces écoles car une école ne doit pas être uniquement l'animation d'un village." Cette réflexion n'est pas la mienne, et elle me heurte. C'est une véritable responsabilité de politique de faire en sorte que notre territoire demeure vivant, et que l'option voiture ne soit pas prépondérante. Les villages par chez moi sont vivants : il y a des associations, des fêtes de village, des amicales de pompiers... Et l'école s'inscrit dans tout cela. Bien entendu, qu'une école, c'est de la vie!!! La plupart des gens trouvent charmants les paysages français avec les villages, leurs clochers, leurs collines. Ils recherchent cela lorsqu'ils sont en vacances (moi même, je vais rarement passer mes congés dans les zones commerciales des abords de grandes villes)...mais pour que cela existe, il faut aussi que l'on maintienne la vie sur place. Tu enlèves une école d'un village, et les jeunes couples ne s'y installent plus. Les nounous se font moins nombreuses. Encore moins de couple qui travaillent. Et peu à peu, des villages meurent car d'autres villages qui ont conservé leur école grossissent à leur dépend. Bien entendu, les gens se déplacent en voiture. Mais qui va choisir de s'installer loin d'une école en envisageant sérieusement d’amener et de rechercher chaque jour ses enfants à l'école distante de qq kilomètres ?
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