Muter en Guadeloupe

[HappyPomme]

J'ai demandé l'an dernier, mais pas eu. Je viens d'Ile-de-France... donc ça ne facilite pas la tâche ahah. Mais quand j'ai vu cette année que bon nombre ont pu partir avec un petit barème, ça fait rêver

Tu partirais de quel département ?

[velotaffeur]

T2 seulement et sans rapprochement de conjoint...

Je viens d'un dpt déficitaire, donc ça ne va pas être simple en Champagne ardenne.

[HappyPomme]

il y a 1 minute, velotaffeur a dit :

T2 seulement et sans rapprochement de conjoint...

Je viens d'un dpt déficitaire, donc ça ne va pas être simple en Champagne ardenne.

Ca, c'est moi cette année... mais je ne sors pas du bon département ^^

Les barèmes nationaux ont été relativement bas cette année pour aller en Guadeloupe, tu as quand même tes chances avec un rapprochement de conjoint.

[Rénatan94]

il y a 27 minutes, coccinutella a dit :

Oui, ce sont les conditions matérielles surtout, selon lui (je précise, car cela peut changer selon les gens) les moyens ne sont pas les mêmes. 

Il est tombé dans une école avec des élèves difficiles; 

Après, il a décidé de muter sur un coup de tête après avoir passé seulement 15 jours là bas. donc il ne connaissait pas vraiment le lieu. 

Un autre truc, il est homo, et là-bas, beaucoup de gens sont homophobes, malheureusement ....

Bonjour, 

J'arrive un peu comme un cheveu sur la soupe (Pomme ) étant native de là-bas et ayant fait toute ma scolarité primaire en Guadeloupe (en revanche dans les îles autour, je n'ai pas trop idée de la manière dont ç se passe). ça vaut ce que ça vaut (j'ai quitté l'école primaire en 1990 ... Je pense que ça a dû changer depuis...). Mes parents travaillent, eux, toujours au collège là-bas. 

Ce que j'ai mis en gras est plutôt vrai. Les moyens sont différents (il ne faudra pas s'attendre à avoir un TBI, une salle informatique dernier cri, etc...). Comme le matériel scolaire coûte très cher et que les écoles n'ont pas un budget suffisant par rapport au montant des dépenses, en général ce sont les familles qui fournissent cahiers, parfois même les manuels ou les fichiers. ça peut coincer dans certains milieux "difficiles". Après, ce n'est pas le "tiers-monde" non plus et le niveau n'est pas plus bas qu'ici...

Certains quartiers sont effectivement (très) difficiles (un peu comme certains quartiers du 93... mais à plus petite échelle du coup ça paraît "pire"), avec beaucoup d'enfants ne parlant pas (bien) français (aussi, si on veut aller vivre/travailler là-bas, notamment dans certains quartiers difficiles, mieux vaut parler un peu créole ou au moins le comprendre. Après ce n'est pas indispensable, puisque l'enseignement est en français)

Quant à l'homophobie, ça évolue lentement là-bas (il faut dire que culturellement parlant, c'est essentiellement un département où beaucoup de familles sont catholiques, ou en tout cas croyantes... ceci "expliquant" peut-être cela? ). Je pense que l'homosexualité est aujourd'hui de mieux en mieux acceptée, même si, comme dans certains endroits en France métropolitaine aussi, on trouve quelques homophobes. 

En revanche, en tant qu'enseignant là-bas on vit BIEN MIEUX qu'en France avec le salaire qu'on nous verse (40% de plus... Et franchement, si vous consommez "local", vous ne dépenserez pas 40% de plus qu'ici, notamment en Région Parisienne pour faire vos courses!!!). Beaucoup d'arbres fruitiers sont en accès libres, les gens sont plutôt généreux en ce qui concerne la nourriture, donc si vous réussissez à vous intégrer, à connaître du monde on vous donnera régulièrement des fruits/légumes "du jardin", voire même parfois de la viande ou du poisson. En tout cas, là-bas vous ne mourrez pas de faim, il y aura toujours une main tendue de ce côté!

Et puis... mer ou rivière à proximité pour des loisirs (gratuits) notamment avec les enfants, pas de frais de chauffage, pas d'achats de manteaux... Au final, le calcul peut être gagnant. 

Alors certes, c'est une autre façon de vivre et d'enseigner, on aimera (ou pas ... faudrait y aller plus de 15 jours déjà pour voir), il y a des coins difficiles et des coins tranquille (comme partout, donc mieux vaut se renseigner avant de choisir son école!) mais ceux qui sont partis de là où je suis (94) pour aller là-bas ne sont jamais revenus. 

[Rénatan94]

il y a 44 minutes, PommeD'Api a dit :

 

J'ai entendu aussi que, souvent, le niveau est plus faible. Pourquoi ? je ne sais pas. Est-ce une vérité générale ? je ne pense pas. Je me demande jusqu'à quel point l'apprentissage du français est rendu plus compliqué avec le créole. Est-ce qu'il y a un lien d'ailleurs ou pas ? Il faudrait que des collègues des DOMTOM (ou DROMCOM on devrait dire maintenant) viennent nous donner leur regard sans doute bien plus justes que le nôtre.

Petite, je n'avais pas le droit de parler créole à la maison car longtemps "on" a cru que ça pouvait empêcher de bien parler le français... Et puis ça a changé, car on s'est bien rendu compte que l'un n'influait pas sur l'autre. Les enfants là-bas naissent naturellement "bilingues". Après, il n'y a pas en Guadeloupe que des natifs de Guadeloupe. Il y a les haïtiens, les dominicains dont le français n'est pas la langue natale... Alors oui, pour ceux-là c'est un peu difficile. 

Je ne pense pas que le niveau soit plus bas. ça dépend des écoles. Comme ici...

[HappyPomme]

Ben voilà, t'as réussi à me faire rêver (enfin, à confirmer ce rêve plutôt ^^).

J'y pensais à cette question d'intégration. Ce n'est pas aux guadeloupéens à s'habituer à toi, mais toi à t'adapter à la culture locale, au rythme local. Après, ça se fait tout seul.

Je m'interrogeais pour le bilinguisme français/créole car c'est un créole "français" (je crois même qu'il doit y avoir des spécificités entre le créole guadeloupéen, martiniquais, réunionnais). On ne se pose pas vraiment la question quand un enfant est bilingue français/anglais par exemple, ce n'est pas "proche". Enfin, tu vois ce que je veux dire ? Bref, c'est l'aspect "proche mais différent" qui me faisait me questionner sur les difficultés d'apprentissage, notamment de l'écrit.

[Rénatan94]

il y a 17 minutes, PommeD'Api a dit :

Ben voilà, t'as réussi à me faire rêver (enfin, à confirmer ce rêve plutôt ^^).

J'y pensais à cette question d'intégration. Ce n'est pas aux guadeloupéens à s'habituer à toi, mais toi à t'adapter à la culture locale, au rythme local. Après, ça se fait tout seul.

Je m'interrogeais pour le bilinguisme français/créole car c'est un créole "français" (je crois même qu'il doit y avoir des spécificités entre le créole guadeloupéen, martiniquais, réunionnais). On ne se pose pas vraiment la question quand un enfant est bilingue français/anglais par exemple, ce n'est pas "proche". Enfin, tu vois ce que je veux dire ? Bref, c'est l'aspect "proche mais différent" qui me faisait me questionner sur les difficultés d'apprentissage, notamment de l'écrit.

Il est vrai qu'en plus de l'accent, le français là-bas est un peu "créolisé", mais bon, c'est une langue orale (on commence à l'écrire aujourd'hui mais à la base c'est une langue parlée) donc ça n'influe pas sur l'écriture de la langue (grammaire, orthographe...)

[velotaffeur]

Merci Rénatan pour tes réponses très constructives ! 

Ce n'est pas l'argent qui m'inquiète, c'est plutôt cette différence culturelle qui est certes enrichissante mais probablement déstabilisante dans le cadre de notre profession.

Quand on explique des choses, quand on vit 6h par jour avec des élèves, il y a bcp d'implicites culturels, il doit falloir un certain temps d'adaptation. Les parents doivent également être méfiants vis à vis d'un métro fraichement arrivé.

Si ma compagne concrétise son projet de boulot, ce sera probablement autour de St-François, c'est très métro là bas mais ça doit être très difficile d'y obtenir un poste je suppose.

Nous avons un enfant en bas âge, je pense que pour lui, grandir là bas ce serait top.

Après, j'ai eu des contacts avec des métros installés là bas qui j'y étais en vacances, je les ai trouvés soit très replié sur eux-mêmes, limite à vivre en autarcie (!), soit très fêtard et dépensier, tout le temps dehors à picoler et absorber des substances qui modifient les perceptions si vous voyez de quoi je parle, bref des comportements un peu extrêmes et pas très sains. 

Bref bcp d'hésitations, j'ai l'impression que, contrairement à une mut inter métropole où il est assez facile de s'adapter partout, c'est un peu tout l'un ou tout l'autre, la cata ou le pied total ! 

 

[coccinutella]

J'ai une copine qui est partie en Martinique, elle a vraiment fait l'effort de s'intégrer (en sortant, en prenant des cours de créole et de danse) et elle adore et se sent super bien !!

[Nao]

J'ai habité 4 ans dans un DOM, j'y ai passé mon concours et j'y ai été formée sur ma T1. Comprendre le créole me parait essentiel, le parler un peu aussi mais sans plus (et puis je le parlais avec un accent minable, ça faisait rire tout le monde). Il faut faire l'effort de s'intégrer, de s'intéresser à culture locale, à l'histoire des gens (l'esclavage a laissé des traces indélébiles je trouve dans certaines communautés). J'ai fait en sorte de me tenir éloignée du milieu exclusivement métro, car effectivement on tourne vite en vase clos dans une ambiance qui peut devenir malsaine. Les métros fraichement débarqués me faisaient rire jaune car beaucoup arrivaient avec des idées préconçues limite colonialistes qui me faisaient honte. Bon, au bout de quelques mois ils se calmaient bien vite. Je précise que j'ai bossé là bas en tant que secrétaire de direction intérimaire, poste rude au départ mais je ne travaillais qu'avec des créoles. Donc pas le choix, en quelques semaines j'ai compris puis parlé péi.

 

On vivait plus que bien mais dans un appart limite spartiate : sommiers, planches et tréteaux, planche de surf, frigo, gazinière, épicétou. Pas de clim, ni dans le logement ni dans la voiture. On mangeait essentiellement local : très peu de produits laitiers, de viande, pas mal de poissons et de volaille, du riz à tous les repas même au petit déj. D'ailleurs on a gardé ces habitudes. Sans mes 15 kg de riz par mois j'ai l'impression que mon garde manger est vide. Sans ma pâte piment aussi, tiens. Quand je trouve MA marque dans un magasin chinois ici, j'en ai les larmes aux yeux.

 

J'en suis partie car j'en avais marre des bouchons routiers (1 heure de route pour faire 7 km), parce que le chikungunya sévissait grave dans mon quartier et que j'étais enceinte, et mes beaux parents avaient de graves problèmes.

 

Aujourd'hui on veut y retourner, on veut que nos filles connaissent un milieu tolérant pour toutes les religions, les couleurs de peau et de cheveux, des gosses voilées ou pas, ça ne posait pas de problèmes là bas, je veux qu'elles connaissent l'esprit de famille même quand t'es pas de la famille, les fêtes de Noël à crever de chaud à la plage, les cyclones où tu te demandes si la tôle de ton toit va te tomber sur la tronche, les destinations à proximité dont tu rêvais en feuilletant ton bouquin de géographie au collège.

 

La bonification indiciaire, c'est rien du tout à côté de tout ça.

 

 

 

[toupinette]

C'est vrai que pour la vie de tous les jours....on vit très bien !

Pour le travail c'est beaucoup plus difficile, surtout au début,(Velotaffeur, j'ai répondu à ton mail )

Mais

"un milieu tolérant pour toutes les religions " ...tu rêves ! pour ça c'est comme ailleurs, il ne faut pas généraliser. Il y a des gens tolérants et d'autres pas du tout.Il suffit de voir comment certains indiens sont considérés par les catholiques pratiquants...

" les couleurs de peau et de cheveux, des gosses voilées ou pas, ça ne posait pas de problèmes là bas " ...et le racisme envers les Haïtiens, dominiquais ou dominicains ? il est très fort aussi, c'est vrai ça ne dépend pas de la couleur mais des cultures différentes. Dans mon école des mamans ont refusé que leurs enfants mangent les gâteaux faits par des Haïtiennes...

" l'esprit de famille même quand t'es pas de la famille " , encore pareil, ne pas généraliser. Quand l'esprit de famille, c'est faire avancer les enfants à grands coups de pieds , les oublier systématiquement tous les soirs à l'école ...on n' aime pas les enfants de la même façon.

Tout ça pour dire que c'est très enrichissant de travailler ici, on y fait de belles rencontres mais ce n'est pas le paradis malgré les destinations rêvées, il y a comme partout des bons et des mauvais côtés.

[HappyPomme]

Ca me fait penser qu'il y a aussi des "tensions" entre Guadeloupéens et Saintois. Les premiers trouvant les autres hautains et racistes, les seconds pensant que les guadeloupéens sont des voleurs et voyous.

C'est un truc qui m'a marquée, ça. Je ne sais pas d'où viennent ces tensions mais, même en métropole (mais sur place aussi), je les ai ressenties en discutant avec une collègue AVS guadeloupéenne alors que je disais simplement que je partais en vacances aux Saintes