André Jorge Posté(e) 19 juin 2017 Posté(e) 19 juin 2017 Bonjour. Que pensez-vous de cet ouvrage "Prévenir la violence par la discussion à visée philosophique" ? A télécharger à cette adresse : http://www.yapaka.be/livre/livre-prevenir-la-violence-par-la-discussion-a-visee-philosophique Citation Les incivilités, les violences, le harcèlement entre enfants dès le plus jeune âge sont signalés par nombre d’éducateurs. Ces chocs du « vivre ensemble » traduisent une fragilisation du lien social et du processus de socialisation. L’exigence de repenser la fonction éducative et les nouvelles conditions de celle-ci, de même que la posture des adultes, est au coeur des débats. Le présent ouvrage ouvre sur une piste éducative : celle d’engager avec les enfants dès 4 ans des échanges sous forme de discussions à visée démocratique et philosophique (DVDP). Discuter, c’est suspendre le passage à l’acte corporel ou verbal ; c’est se donner le temps de la réflexion. Expérimenter un espace organisé par des règles démocratiques, aller au-devant de la diversité des points de vue, apprendre la distinction entre croire et savoir, aider les enfants à mieux se connaître et à mieux comprendre autrui sont autant de voies ouvertes par la DVDP, autant d’alternatives à la violence.
Argon Posté(e) 19 juin 2017 Posté(e) 19 juin 2017 Je découvre... Au survol, sur le principe, la démarche semble intéressante. Il est sans doute malheureux que l'école récupère une mission éducative de plus, et doive maintenant suppléer les discussions qui ont apparemment de moins en moins lieu dans les familles pour que les gamins aient une chance d'apprendre à écouter les autres, mais ce n'est ni le premier, ni sans doute le dernier transfert de compétence de ce genre... Reste à savoir si la démarche proposée est vraiment opératoire. Je soupçonne que, comme souvent, ça marchera très bien avec un PE maîtrisant bien ce genre de techniques de modération — mais que, mal mené, ça peut rapidement devenir contre-productif... Cela dit, en ce cas, c'est "juste" un problème de formation... Je suis un peu plus réservé sur la forme. Pourquoi diable parler de "philosophie" et de "démocratie" ? Ce n'est ni l'un, ni l'autre. La philosophie, c'est d'abord "penser contre soi-même", selon la définition de Platon (qui s'y connaissait un peu...). Or c'est presque le contraire qui est visé ici : il s'agit de faire émerger des idées consensuelles (la violence, c'est mal ! l'égalité, c'est bien !), à charge pour le maître, a priori plus costaud sur le plan rhétorique et dialectique, de disqualifier les intuitions politiquement incorrectes. Je suis presque tenté de suggérer que, avant de qualifier des enseignants à modérer ce type de discussion "philosophique" en classe, il faudrait leur demander de soutenir publiquement, dans une discussion authentiquement philosophique avec des pairs, des positions contraires aux leurs ("la raison du plus fort est toujours la meilleure" ; "l'esclavage est une nécessité morale"...) ; c'est là qu'on verrait qui est prêt à penser contre lui-même, et qui se contente de propager la pensée dominante... De même, la démocratie s'accommode mal d'une modération par une autorité extérieure au "peuple" (au petit peuple des élèves de la classe, en l'occurrence). Qui peut croire une seconde que, si le groupe décide démocratiquement — et même ultramajoritairement — de se doter de lois nouvelles, ou même simplement de proclamer, pour ce que cela vaut, une position hétérodoxe ("seuls les garçons/les blancs/les stars du hand-spinner ont le droit de parler en classe"), la soi-disant démocratie ne sera pas instantanément abolie au profit de la bonne vieille autocratie professorale ? Ce que propose le livre, pour ce que j'en ai compris, c'est une adaptation française et une simplification de la "procédure parlementaire" qu'aiment employer les anglo-saxons dans leurs réunions publiques ("town meetings") : procédures de demande et d'attribution de parole, modération par une "chairperson", etc. Si tout le monde en maîtrise les règles et si la modération n'est pas biaisée, c'est effectivement un bel outil démocratique. Mais si le jeu est faussé, comme ici avec un maître manipulateur promouvant ses propres objectifs, éventuellement contre ceux de l'assemblée (et même si ces objectifs, pédagogiques, sont par ailleurs parfaitement louables et bienveillants), c'est au contraire une parodie de démocratie, et un apprentissage de la dépossession de la citoyenneté, et de l'acceptation de la substitution de l'apparence de la démocratie à sa réalité.
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