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Mme Simone Veil est décédée.


Moustache

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Oui il y a la "femme humaniste" dont la Loi sur l'avortement demeurera une avancée majeure et la "femme libérale" plus critiquable...

 

 

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il y a 53 minutes, nonau a dit :

Oui il y a la "femme humaniste" dont la Loi sur l'avortement demeurera une avancée majeure et la "femme libérale" plus critiquable...

Être une femme libérale tu sais c'est pas si facile.

Une journaliste expliquait hier sur France 5 que son caractère l'avait peut-être empêchée d'avoir une carrière politique encore plus riche car il l'aurait isolée et privée de soutiens.

 

Modifié par prof désécol
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Il y a 7 heures, prof désécol a dit :

Être une femme libérale tu sais c'est pas si facile.

Une journaliste expliquait hier sur France 5 que son caractère l'avait peut-être empêchée d'avoir une carrière politique encore plus riche car il l'aurait isolée et privée de soutiens.

 

Elle n'en a que plus de mérite selon moi. Suivre ses principes moraux, éthiques, en ne se soumettant pas à l'opportunisme ambiant dans le milieu politique.... Je trouve que c'est admirable.

je ne vous raconte pas la déprime à la maison depuis la triste nouvelle....

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Simone Veil ? Non, Gisèle Halimi !

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Bernard GENSANE

Dans la nuit du 28 au 29 Novembre 1974, 284 députés contre 189 adoptent la loi autorisant l’IVG. Parmi ces députés, 55 UDR sur les 174, 26 centristes sur 52, 105 socialistes sur 106, 74 communistes. Pour défendre cette loi, Simone Veil, ministre de la Santé, va subir pendant deux jours les pires insultes racistes et sexistes. La saisine du Conseil constitutionnel par Jean Foyer, une des plus grossières incarnations de la réaction française de l’époque qui déclara lors du débat : « Le vice des riches ne doit pas devenir le vice des pauvres », n’aboutit pas.

Dans les années qui précédèrent ce vote historique, le combat pour le droit à l’avortement avait été mené par diverses personnalités et mouvements : entre autres Simone de Beauvoir, le prix Nobel de médecine Jacques Monod, Choisir. Mais sans Simone Veil, magistrate, grande bourgeoise de droite qui prendrait – avec énormément de courage assurément – le train en marche.

Á l’actif de la magistrate Simone Veil, l’organisation de transferts vers la France, pendant la guerre d’Algérie, de prisonnières algériennes soumises à des violences sexuelles. Á son passif, elle empêcha l’ORTF (elle était membre de son conseil d’administration) d’acheter en 1971 le film Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophüls, qu’elle jugeait « partisan ». On le sait, ce film de quatre heures montrait que la population française n’avait pas été aussi résistante que la vulgate gaulliste l’avait seriné pendant 25 ans.

En 1971, pendant que Simone Veil est secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature, l’avocate Gisèle Halimi, qui s’est précédemment illustrée dans la défense de militants algériens, signe le Manifeste des 343 femmes qui déclarent avoir avorté et réclament le droit à l’accès aux moyens anticonceptionnels et à l’avortement.

La même année, aux côtés de Simone de Beauvoir et du biologiste Jean Rostand, elle fonde le mouvement féministe Choisir la cause des femmes et milite en faveur de la dépénalisation de l’avortement. Elle prend la présidence de cette association à la mort de Simone de Beauvoir.

Au procès de Bobigny, en 1972, elle défend une mère qui avait aidé sa fille mineure à avorter après un viol. Deux mots sur les circonstances de ce viol car elles nous disent beaucoup sur la France de l’époque. À l’automne 1971, Marie-Claire Chevalier, âgée de 16 ans, est violée par un garçon fréquentant le même lycée qu’elle. Marie-Claire tombe enceinte. Sa mère, employée à la RATP, élève seule ses trois enfants. La mère de la jeune fille se renseigne alors sur le prix d’un avortement clandestin pratiqué, en cachette, par certains médecins : 4500 francs. La mère de Marie-Claire ne gagne que 1500 francs par mois. Elle décide donc de faire appel à une « faiseuse d’anges » qui, pour 1200 francs, se chargera du travail. L’avorteuse introduit une gaine de fil électrique dans le vagin de Marie-Claire. Trois semaines plus tard, la jeune fille est conduite aux urgences : une infection s’est déclarée. Les médecins qui la soignent se contentent de la « gronder » sans lui lancer des noms d’oiseaux. En rentrant chez elle, l’adolescente croise son violeur et lui raconte qu’elle s’est débarrassée de l’enfant. Quelque temps plus tard, le garçon est arrêté pour vol dans une voiture. Il négocie la bienveillance des policiers en échange de la dénonciation de l’avortement de Marie-Claire.

Marie-Claire passe en jugement à Bobigny. Gisèle Halimi veut faire de ce procès un cas de jurisprudence, comme Badinter le fera au même moment, pour la peine de mort, dans sa plaidoirie au procès de Bontemps. La plaidoirie de l’avocate est traversée par la lutte des classes :

« C’est toujours la même classe, celle des femmes pauvres, vulnérables économiquement et socialement, cette classe des sans-argent et des sans-relations qui est frappée.

Voilà vingt ans que je plaide, Messieurs, et je pose chaque fois la question et j’autorise le tribunal à m’interrompre s’il peut me contredire. Je n’ai encore jamais plaidé pour la femme d’un haut commis de l’État, ou pour la femme d’un médecin célèbre, ou d’un grand avocat, ou d’un P-DG de société, ou pour la maîtresse de ces mêmes messieurs.

Je pose la question. Cela s’est-il trouvé dans cette enceinte de justice ou ailleurs ? Vous condamnez toujours les mêmes. Ce que nous avons fait, nous, la défense, et ce que le tribunal peut faire, ce que chaque homme conscient de la discrimination qui frappe les mêmes femmes peut faire, c’est se livrer à un sondage très simple. Prenez des jugements de condamnation pour avortement, prenez les tribunaux de France que vous voudrez, les années que vous voudrez, prenez cent femmes condamnées et faites une coupe socio-économique : vous retrouverez toujours les mêmes résultats :

- 26 femmes sont sans profession, mais de milieu modeste, des « ménagères » ;
- 35 sont employées de bureau (secrétaires-dactylos) : au niveau du secrétariat de direction, déjà, on a plus d’argent, on a des relations, on a celles du patron, un téléphone ;
- 15 employées de commerce et de l’artisanat (des vendeuses, des coiffeuses) ;
- 16 de l’enseignement primaire, agents techniques, institutrices, laborantines ;
- 5 ouvrières ;
- 3 étudiantes.

Simone de Beauvoir vous l’a très bien expliqué. On fabrique à la femme un destin : un destin biologique, un destin auquel aucune d’entre nous ne peut ou n’a le droit d’échapper. Notre destin à toutes, ici, c’est la maternité. Un homme se définit, existe, se réalise, par son travail, par sa création, par l’insertion qu’il a dans le monde social. Une femme, elle, ne se définit que par l’homme qu’elle a épousé et les enfants qu’elle a eus.

Telle est l’idéologie de ce système que nous récusons.

Savez-vous, Messieurs, que les rédacteurs du Code civil, dans leur préambule, avaient écrit ceci et c’est tout le destin de la femme : « La femme est donnée à l’homme pour qu’elle fasse des enfants… Elle est donc sa propriété comme l’arbre à fruits est celle du jardinier. » Certes, le Code civil a changé, et nous nous en réjouissons. Mais il est un point fondamental, absolument fondamental sur lequel la femme reste opprimée, et il faut, ce soir, que vous fassiez l’effort de nous comprendre. »

Lors des débats de 1974 à l’Assemblée nationale, certains hommes politiques de droite se montrèrent abjects. Un député lança à Simone Veil qu’elle voulait brûler des fœtus dans des fours crématoires. Il s’en excusa le lendemain auprès de la ministre, expliquant qu’il ne savait pas qu’elle avait été elle-même déportée. Comme si cela changeait quoi que ce soit à sa scandaleuse accusation !

Tout sucre, Bernard Debré s’est lancé dans un vibrant hommage posthume à Simone Veil, oubliant peut-être que son père, l’inénarrable Michel, hostile à la loi Veil, à la Réunion dont il était l’élu, pour les petits Blancs. Il préconisait en effet la limitation des familles pour les Noirs et les métis.

Dans un monde d’hommes fous, on aura toujours besoin d’humanistes comme Gisèle Halimi. Et aussi de juristes comme Simone Veil. Mais l’histoire qui se fait précèdera toujours le droit.

Bernard Gensane

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Un éclairage d'Emmanuelle Devos qui a incarné Simone Veil à l'écran :

http://www.lefigaro.fr/cinema/2017/06/30/03002-20170630ARTFIG00208-simone-veil-quand-emmanuelle-devos-l-incarnait-a-l-ecran.php

Citation

[...] Au sein du gouvernement, elle était gênée par l'attitude de Françoise Giroud, qui voulait porter la loi dans un esprit très MLF (Mouvement de libération des femmes), féministe et libertaire, «mon corps est à moi et je fais ce que je veux». Ce n'était pas la position de Simone Veil, qui n'avait rien d'une militante féministe et portait la réflexion sur le plan moral et médical: les avortements clandestins causaient des morts, les jeunes filles étaient souvent victimes du cynisme masculin. Simone Veil cherchait honnêtement à défendre la dignité des personnes. Elle y avait déjà travaillé dans les prisons.

 

 

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  • 5 semaines plus tard...

http://www.rtl.fr/actu/politique/yes-la-meuf-est-dead-quand-sibeth-n-diaye-confirme-la-mort-de-simone-veil-7789575131

LREM toujours aussi élégante...

Interrogée par texto par un journaliste souhaitant se faire confirmer le décès de Simone Veil, Sibeth Ndiaye, la responsable de la communication de l'Élysée aurait répondu : "Yes, la meuf est dead".

 

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Il y a 1 heure, Clem Entine a dit :

"Yes, la meuf est dead".

si on évoque Simone Veil, on a juste envie de casser la figure de la personne qui dit ça...MAIS dans quel monde sommes-nous si on sort des propos privés sur la place publique?

C'est comme les crevures qui osent dire que Coluche était raciste, homophobe, xénophobe...

Ces paroles sont nulles mais si on ressort les mots dits dans un contexte privé, on peut finir tous finir sur l'échafaud.

Elle aurait répondu à un journaliste qui demandait confirmation de l'info auprès de l'Elysée, elle aurait répondu en tant que porte parole, nous ne sommes pas tout à fait dans le cadre d'une discussion privée... enfin, si j'ai bien lu...*

Pas trop compris ce que Coluche venait faire dans cette discussion...

* Edit : source "le canard enchainé", ce que certains appellent "la presse de caniveau" :D

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