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Posté(e)
Il y a 1 heure, cambra34 a dit :

 

 

 

Je vous trouve bien moins prudents que l'auteur de l'étude en question.

De nombreux travaux, réalisés dans des contextes géographiques et pédagogiques différents ont cherché à comparer l’efficacité des classes à plusieurs cours [...] Les résultats de ces travaux ne permettent pas de se prononcer sur la question, tant les conclusions varient selon les contextes géographiques ; on ne peut pas, sur la base de ces recherches, conduire à privilégier systématiquement un mode d’organisation plutôt qu’un autre (Leroy-Audouin, Suchaut, 2007b). La diversité des contextes des pays apparait être un obstacle majeur à la comparaison car les systèmes éducatifs peuvent fonctionner de manière très différente ; le même concept de «classe à plusieurs cours » peut même renvoyer à des organisations pédagogiques totalement opposées, notamment en termes de répartition du temps d’enseignement (Mingat, Suchaut, 2000). Ce sont donc essentiellement les travaux français qui retiendront notre attention ici même si l’on constate aussi au niveau national une diversité des effets pédagogiques qui renvoie à deux tendances.

 

Il y a donc des spécificités françaises mentionnées dans l'étude :

" Dans le contexte français,

- la mise en place de classes à plusieurs cours ne relève presque jamais d’un choix délibéré des équipes pédagogiques dans les écoles [...] ce contexte pédagogique est alors davantage subi par les enseignants que choisi,

- des parents qui sont nombreux à redouter que leurs enfants fréquentent une classe à cours double ou multiple (Leroy-Audouin, Suchaut, 2005)

- les classes à cours multiple sont le plus souvent attribuées aux maîtres les plus jeunes qui sont en général les derniers nommés dans l’école (Leroy-Audouin, Suchaut, 2005, 2007a) [ce qui, par ailleurs, ne relève que de la "tradition et ne respecte pas les textes officiels concernant la répartition des élèves. C'est au directeur de choisir après avis du conseil des maîtres et pas au plus vieux de choisir en premier. Le bon sens voudrait que les plus jeunes soient "protégés"].

Quand on voit qu'une étude magistrale à grande échelle met à terre la querelle des méthodes de lecture par la mise en évidence de l'absence d'un effet méthode mais en révélant un formidable effet maître, on peut sans trop prendre de risques faire le pari avant même de lire la partie "résultats" de l'étude de Suchaut qu'un cours double le plus souvent subi et confié par tradition aux enseignants les moins expérimentés [enseignants qui devront également faire face à l'anxiété des parents] sera défavorable aux élèves. Pour autant, mesure-t-on un effet "cours double" ou encore une fois un effet maître ?

Quand on aborde la partie résultats :

Il apparait que seule la configuration « cours double » constitue un contexte moins favorable aux progressions que la configuration « cours simple ». L’effet est toutefois modeste (coefficient de -1,61) et surtout peu significatif (au seuil de 10% seulement).

Dans bien des sciences, le seul de 10% n'est pas accepté comme significatif du tout.

Les résultats ne prêtent pas à confusion car les classes de CP associées à un cours supérieur constituent un contexte clairement défavorable aux progressions des élèves ; l’effet sur les acquisitions est plus important (-2,6 points) et nettement significatif (au seuil de 1%). Ce n’est pas le cas pour les autres situations (CP avec section inférieure ou CP avec plus de deux autres sections).

Ne serait-ce pas lié la "sacralisation" de l'année de CP dans le système éducatif français et à toutes les attentes que tous les acteurs placent en elle ?

Il apparaît nettement qu’un élève qui fréquenterait deux années de suite un cours double au CP et au CE1 aurait des progressions très inférieures à celles d’un élève ayant été scolarisés pendant ces mêmes années dans des classes à cours simple. [...] ce qui signifie clairement que les élèves les plus fragiles sur le plan des acquisitions sont plus sensibles à la structure des classes. Là encore, les élèves faibles qui fréquenteraient deux années consécutives un cours double seraient nettement pénalisés. [...] Toujours selon le discours des acteurs, les cours double CP-CE1 ne sont pas considérés comme un contexte facile à gérer sur le plan pédagogique, les directeurs d’école disent préférer une association de cours non consécutifs (Leroy-Audouin, Suchaut, 2005, 2007a).

Il est aussi possible de rapprocher ces résultats sur les classes à cours double de ceux produits dans des recherches antérieures même si, comme nous l’avons évoqué auparavant, certains résultats demandent à être interprétés avec précaution. Nous nous limiterons donc à exposer les tendances qui se dégagent de travaux portant sur les classes à cours double (avec deux niveaux consécutifs) qui ne sont pas implantées systématiquement dans les zones rurales.

 

Tiens, pourquoi faudrait-il mettre de côté les cours multiples implantés en zones rurales ?

Les travaux réalisés sur l’école rurale (Leroy-Audouin, Mingat, 1995) ont mis en évidence les effets positifs et conjoints d’une forte optimisation du temps d’enseignement (ce qui signifie concrètement que les élèves ne sont jamais inoccupés) et un degré de prise en charge des élèves élevé (peu d’autonomie accordée aux élèves dans les activités scolaires).

Sur ces deux aspects, gestion du temps d’enseignement et interactions entre pairs, les classes faisant intervenir un grand nombre de cours et donc, de grands écarts d’âge entre élèves, peuvent alors devenir un contexte d’apprentissage pertinent, ce qui pourrait aussi expliquer les résultats positifs sur l’école rurale portant sur les classes uniques.

 

Il est pour quand le statut particulier (et le salaire qui va avec) de "professeur des écoles en cours multiples en école rurale"  ?

 

Enfin les auteurs concluent leur texte avec mesure :

Il semblerait en premier lieu que les classes à cours double soient porteuses d’efficacité à l’école maternelle, à la fois pour la moyenne et la grande section. Par ailleurs, les élèves de CP qui fréquentent une classe dans laquelle sont présents des élèves de grande section ne progressent pas moins bien qu’en cours simple.

On rappellera également les conditions et les facteurs qui peuvent contribuer à réduire, voir éliminer les risques potentiels de la scolarisation en cours double CP-CE1:

[...] iii) planifier et organiser les activités pédagogiques avec rigueur pour chacune des deux sections en présence.

iv) ne pas attribuer une classe à cours double à un enseignant peu expérimenté.

Comme toujours sur ce type de question de politique éducative, il est difficile d’apporter une réponse unique, les résultats des recherches étant fortement dépendants du contexte dans lequel ils sont produits.

 

Finalement, à la fin de ces 18 pages, j'arrive à lire qu'il il y aurait visiblement un effet négatif des cours doubles au cycle 2 (rien au cycle 1 et au cycle 3), mais surtout en CP-CE1 en dehors de l'école rurale,  quand ce double niveau est subi et offert comme cadeau de bienvenue à l'enseignant le moins expérimenté (= celui qui ne planifie et n'organise pas les activités pédagogiques avec rigueur pour chacune des deux sections).

Peut-être qu'en changeant un tout petit peu les mentalités lors des répartitions en zone urbaine, cet effet disparaîtrait 😛

Je conclue par un "Vive l'école rurale !"

"C'est au directeur de choisir après avis du conseil des maîtres et pas au plus vieux de choisir en premier. Le bon sens voudrait que les plus jeunes soient "protégés"]". Oui mais après avis favorable du conseil des maîtres, ceux-ci ayant un droit de veto

 Je viens de subir 3 années de suite des changements intempestifs (pendant les grandes vacances, nouveaux inscrits prétextés à chaque fois, la ficelle est grosse !) de répartition non décidés en conseil de maître, ce qui faisait que j'avais :
. Je viens de subir 3 années de suite des changements intempestifs (pendant les grandes vacances, nouveaux inscrits prétextés à chaque fois, la ficelle est grosse !) de répartition non décidés en conseil de maître, ce qui faisait que j'avais :


1. Une classe aussi chargée que les collègues en cours simple ("25, c'est pareil pour tout le monde" !)

2. Tous les élèves très difficiles (dont personne d'autre n'aurait voulu)

3. Un cours double encore plus difficile à gérer. Cette année la surprise a été de me proposer une classe avec quasiment que des garçons alors que la collègue avait toutes les filles du CE1 ! On a changé parce que j'ai rué dans les brancards à la rentrée.

D'autre part, ta lecture me semble biaisée car Suchaut prend des réserves quant à la méthode statistique utilisée par les études précédentes. Méthode qu'il a lui améliorée et les résultats sont fiables pour les CP-CE1 car c'est une des combinaisons les plus représentées statistiquement.

Pour autant, si c'est contre nature, on ne va pas continuer de le faire parce que toi, dans ta classe, ça marche. En milieu rural, je l'ai vu bien fonctionner. Moi, je suis en milieu urbain avec des élèves naturellement très bavards et bruyants. POINT. Au bout de trois ans, je maîtrise parfaitement la problématique de l'autonomie et peux t'affirmer que dans ma classe à 25, il n'y en a aucune. POINT.

Je cite ta citation : nettement significatif (au seuil de 1%) DONC C'EST FIABLE.

Posté(e)
il y a 20 minutes, phnad a dit :

Oui mais après avis favorable du conseil des maîtres, ceux-ci ayant un droit de veto

Dans tes rêves 😎 ! décret de l'ours ! "le directeur répartit après avis du CM" rien de plus !

Le CM propose et le directeur dispose.

Posté(e) (modifié)
il y a 47 minutes, phnad a dit :

"C'est au directeur de choisir après avis du conseil des maîtres et pas au plus vieux de choisir en premier. Le bon sens voudrait que les plus jeunes soient "protégés"]". Oui mais après avis favorable du conseil des maîtres, ceux-ci ayant un droit de veto

 

Ben non, à moins qu'un nouveau texte ne soit passé et que je ne l'ai pas lu

après avis du conseil des maitres   le directeur arrête le service .....

Décret n° 2002-1164 du 13 septembre 2002 modifiant le décret n° 89-122 du 24 février 1989 relatif aux directeurs d'école

 
NOR : MENE1428315C
circulaire n° 2014-163 du 1-12-2014
MENESR - DGESCO B3-3

un avis n'est ni un veto , ni une obligation

Modifié par Pepettebond
mot exact et numéro de texte
Posté(e)

OK possible. je vérifie mon texte et je reviens avec. La mémoire est peu fiable, surtout la mienne. Mais les années de galère, je les ai bien eues et je ne suis pas prêt de les oublier !

Posté(e)
Il y a 3 heures, cambra34 a dit :

 

Je vous trouve bien moins prudents que l'auteur de l'étude en question.

Finalement, à la fin de ces 18 pages, j'arrive à lire qu'il il y aurait visiblement un effet négatif des cours doubles au cycle 2 (rien au cycle 1 et au cycle 3), mais surtout en CP-CE1 en dehors de l'école rurale,  quand ce double niveau est subi et offert comme cadeau de bienvenue à l'enseignant le moins expérimenté (= celui qui ne planifie et n'organise pas les activités pédagogiques avec rigueur pour chacune des deux sections).

Peut-être qu'en changeant un tout petit peu les mentalités lors des répartitions en zone urbaine, cet effet disparaîtrait 😛

Je conclue par un "Vive l'école rurale !" 

Ce n'est pas une question de prudence , je le vis au quotidien depuis des années. CP CE1 avec tous les élèves, en rural défavorisé à parfois 25.

Je ne vois pas à quel moment, Suchaut exclut l'école rurale de son discours et de ses conclusions (de toute façon là ou je suis une grande partie des élèves vient de familles "chassées" des villes et attirées par la faiblesse des loyers). J'ai l impression qu'au contraire il a essayé de tenir compte  de toutes les écoles et j'aime assez son dernier petit schéma page 16.  

 
 

Posté(e)
Il y a 2 heures, phnad a dit :

OK possible. je vérifie mon texte et je reviens avec. La mémoire est peu fiable, surtout la mienne. Mais les années de galère, je les ai bien eues et je ne suis pas prêt de les oublier !

http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=84362

Après avis du conseil des maîtres, le directeur répartit les élèves en classes et groupes et arrête le service de tous les enseignants nommés à l'école. Dans le cadre du projet d'école, il organise les éventuels échanges de service ainsi que le service des enseignants relevant du dispositif Plus de maîtres que de classes.

Rien n'est contre nature, la nature est amorale. 😉

Posté(e)
Citation

Jean-Michel Blanquer publie un nouveau livre, sur « l’École de la confiance »

Dans son nouveau livre, "l'Ecole de la confiance", le ministre de l'Education nationale veut "offrir le meilleur aux enfants en dépassant les clivages". Il fait aussi longuement la promotion de ses réformes, de la maternelle au lycée.

http://www.vousnousils.fr/2018/05/16/jean-michel-blanquer-publie-un-nouveau-livre-sur-lecole-de-la-confiance-614386

 

Citation

Dans son chapitre intitulé « faire confiance aux professeurs et à tous les personnels », Jean-Michel Blanquer écrit vouloir « renforcer la formation initiale des professeurs », mais aussi « prérecruter pour mieux former », développer la formation continue, « améliorer la rémunération des professeurs », et inciter les chefs d’établissement à « épauler » ces derniers.

Ayez confiance.

 

Posté(e)
il y a une heure, fantomex a dit :

Ce n'est pas une question de prudence , je le vis au quotidien depuis des années. CP CE1 avec tous les élèves, en rural défavorisé à parfois 25.

Je ne vois pas à quel moment, Suchaut exclut l'école rurale de son discours et de ses conclusions (de toute façon là ou je suis une grande partie des élèves vient de familles "chassées" des villes et attirées par la faiblesse des loyers). J'ai l impression qu'au contraire il a essayé de tenir compte  de toutes les écoles et j'aime assez son dernier petit schéma page 16.  

 
 

Tout à fait ! +1 Ce schéma est très clair. CP-CM1 bien mieux que CP-CE1 ! Tous les collègues qui peuvent comparer le disent...

Posté(e)

Combien d'années a-t-il eu un CP-CE1 ou un CP-CM1 en responsabilité ce charmant monsieur pour en arriver à ces conclusions ?

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Posté(e)
Il y a 21 heures, Goëllette a dit :

Combien d'années a-t-il eu un CP-CE1 ou un CP-CM1 en responsabilité ce charmant monsieur pour en arriver à ces conclusions ?

Eh bien, il s'appuie sur une étude statistique menée sur toutes les classes de la Côte d'Or. Et comme il est statisticien, il est sans doute moins "pédagogue". Cela dit, il connait bien notre domaine puisque les recoupements opérés éclairent beaucoup de questions que nous nous posons au quotidien. Vous devriez le lire, ce ne sont que 18 pages et c'est beaucoup moins dogmatique que les 130 pages de M. Blanquer, qui dans sa circulaire sur le calcul (mental) ne cite même pas l'étape du calcul réfléchi et parle uniquement de calcul en ligne. Des propos aussi simplistes sont dangereux !

Posté(e)

Vidéo en forme d'autosatisfecit sans intérêt, sauf si vous avez toujours rêvé de voir un ministre de l’Éducation nationale courir en chaussures de ville et cravate dans un gymnase (à 2'19) :

 

Posté(e)

Merci pour ce moment !

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