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L'utilisation du vidéoprojecteur en classe : que des avantages ou aussi des inconvénients ?


Nînien

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Il y a 2 heures, éowin a dit :

comme dit plus haut les enfants sont fortement exposés aux écrans à la maison, inutile que l’école en rajoute.

 

Il fut un temps où le rôle de l'Ecole de la République était de compenser les manques de la maison. Maintenant, l'école moderne les accentue bien souvent. 

Ce n'est pas valable que pour le TNI, il y a aussi l'accès à la Culture en général où on se restreint à ne proposer à nos élèves que ce qu'ils écoutent et voient déjà : les chanteurs de la Starvoice, des dessins animés de WD, ... au lieu de (au moins en même temps) les ouvrir à la musique, le théâtre, la littérature classiques, la visite de musées, ...

Ainsi, on accentue la différence entre les enfants de milieu intellectuel aisé et les autres, qui devient un gouffre.

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Je ne m'attendais pas à un tel engouement pour le sujet.

Nous sommes d'accord, il n'est pas question de ne plus utiliser le vidéoprojecteur, outil très utile dans de nombreuses situations.

Depuis mon entrée dans le métier, j'abuse de cet outil. Je distribue une leçon, je la projette. Je distribue un texte, je le projette. J'ai essayé de faire sans en fin de semaine, sauf pour projeter des documents en couleur en géographie et EMC.

J'ai trouvé ma classe plus attentive (évidemment, cela ne veut rien dire, mais me donne envie de persister). Les élèves étaient réellement concentrés sur leur document.

Sans parler du gain de temps d'enseignement à ne plus devoir aller chercher le document dans le bon dossier, attendre que le vidéoprojecteur s'allume, etc.

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Il y a 4 heures, sosogirafe a dit :

Pourriez-vous expliciter? Ce point m'intéresse. 

Merci

Je vais essayer.

 

Michel Desmurget essaie de démontrer dans son livre que les jeux vidéos abrutissent nos têtes blondes et les rendent de plus en plus violent. Sauf que ça ne tient pas la route: nos sociétés sont de moins en moins violentes, on ne jette plus les chrétiens aux lions, on n'écartèle plus les voleurs sur la place publique. Et, dans le sport de haut niveau, Norbert Elias considère qu'il y a une rupture entre des pratiques anciennes très violentes et le sport moderne réglementé. Je prends le cas d'un sport que je connais bien: le rugby. Sport très violent s'il en est, cependant depuis 20 ans  ce sport s'est doté de multiples systèmes de contrôle de la violence. Il y a 20 ans, le XV de France a obtenu sa plus éclatante victoire contre les All Blacks lors d'une demie-finale de coupe du monde d'anthologie. Sauf que, c'est de notoriété publique, les joueurs français ont obtenu cette victoire (entre autres) en faisant de multiples fourchettes et autres pinçage de testicules sur leurs adversaires dans les rucks. Aujourd'hui, avec l'arbitrage vidéo et les caméras HD très précises, de tels comportements sont devenus quasiment impossible, sous peine de se voir attribuer un carton rouge. De là à dire que c'est pour ça que depuis, on ne se prend que des raclées face aux All Blacks, je laisse chacun en juger :D

Toujours est-il que l'argumentaire de Desmurget est pour le moins curieux: les écrans rendraient de plus en plus violents et agressifs, alors même que l'évolution de la société va en sens inverse de ça: la société est de moins en moins violente. Je reprends mon exemple sur Bogart et les années 40/50. A l'époque, c'était admissible (voir même conseillé) que le chef de famille dérouille de temps en temps sa femme et ses gosses, car "une petite baffe, ça fait pas de mal ça remet les idées en place". Pourtant, le seul écran accessible alors était l'écran du cinéma.

Aujourd'hui, on s'est doté de tout un appareil judiciaire pour interdire de telles pratiques (et fort heureusement). Il y a encore du chemin à faire mais on est dans le bon sens de la marche. Et pourtant, les écrans ont envahi nos vies. Peut-on donc conclure, comme le fait Desmurget, que la multiplication des écrans va faire exploser la violence? Les faits sont têtus, et les faits lui donne tort, ce n'est pas du tout ce à quoi on assiste. Sauf que Desmurget, dans sa malhonnêteté intellectuelle, se garde bien de le dire, car cela va à l'encontre de sa thèse (les écrans sont dangereux). Pour le lecteur inattentif, ça passe peut-être comme du petit lait.

 

Enfin, sur la "violence" des ados et enfants à l'école. Dans les années 60, les professeurs disposaient de moyens coercitifs et dissuasifs envers leurs élèves. Même bien au-delà des années 60, je me souviens de mon maître de CP qui, dans le milieu des années 80, dans un petit village de Franche-Comté, avait pris l'élève le plus pénible de la classe et lui avait mis une fessée déculottée, devant toute la classe. Ce maître était aussi le maire du village, il avait la double casquette. Aucun parent n'y a rien trouvé à redire, à l'époque, c'était les us et coutumes. Aujourd'hui, le maître qui voudrait faire de même dans sa classe serait en garde à vue le soir même et démis de ses fonctions sur-le-champ.

Entendons-nous bien: c'est une bonne chose que les châtiments corporels aient été bannis de l'école, je ne prône pas un retour en arrière. Cependant, vu que les gamins ne sont pas des idiots, vu qu'il n'y a plus cette épée de Damoclès plantée au-dessus de leurs têtes, certain(e)s ont bien compris qu'ils pouvaient aller assez loin dans leurs bêtises, provocations et insolences, sans s'attirer une réponse "musclée, physique et virile" de la part de leurs professeurs (réponse qui ne tourneraient pas à l'avantage des gamins, la "puissance" d'un adulte leur étant supérieure).

Voilà, j'espère avoir été plus clair :)

 

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Le mien est branché en permanence ou presque. 

Entre les économies de papier car tous mes exercices, toutes mes leçons sont projetés, le gain de temps pour expliquer où il faut écrire et sur quelle ligne, quelle marge...les livres interactifs des manuels avec la même page que celle de l'élève...En HG, avec Explorer l'histoire on a des vidéos, des jeux interactifs, ... c'est une autre façon de travailler.

Quand j'ai commencé à enseigner, je retraçais la carte des invasions barbares à la main au tableau...maintenant on écrit dessus directement.

 

MAIS : ça fait de la chaleur, ça fait un peu de bruit aussi, ça peut tomber en panne régulièrement avec la poussière de la craie, l'ampoule à changer (pas les nouveaux),

 

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Le 08/02/2020 à 13:58, clerissalak a dit :

Si tu compares avec le moyen âge oui, si tu compares avec il y a 30 ou 40 ans,  non.... plus d'agressions violentes,  plus de vols avec violence...

Ça fait un petit moment qu'il n'y a plus châtiments corporels (Je n'ai jamais connu ça ) et pourtant les enfants n'auraient "compris" que maintenant qu'ils pouvaient être insolents ? 

Je suis assez sceptique sur ton analyse mais ce n'est pas une critique hein, chacun son point de vue :)

En effet nos points de vue sont opposés. Car je pars du postulat qu'aujourd'hui la société est moins violente qu'il y a 40 ans, c'est un fait. La criminalité n'est pas éradiquée, on est d'accord (et ne le sera sans doute jamais). Pour autant, la société dans son ensemble, est moins violente. Aujourd'hui, un Harvey Weinstein, un Roman Polansky ou un prêtre Preynat peut toujours émerger, cependant j'ai la conviction qu'aujourd'hui il serait arrêté bien plus vite que dans les années 70. La parole des victimes se libère de plus en plus et la Justice s'occupera de ces cas violents en les écartant de la société bien plus rapidement, j'ai la faiblesse de le penser. Alors que Polansky lui est toujours libre, car la société fermait les yeux sur la violence dont il faisait preuve, à son époque. Et c'est bien parce que les violences sont devenues de moins en moins acceptables aujourd'hui qu'un ultra puissant comme Weinstein est sur le point de tomber.

Et je ne reviens pas sur le sport de haut niveau qui se dote de plus en plus de moyens de contrôle de la violence. Il suffit de regarder un match de hockey sur glace, de boxe, de rugby voir même de football d'il y a 30 ans, avec un match aujourd'hui: la différence saute aux yeux (quelqu'un comme Neymar, qui tombe au moindre contact adverse, ne serait jamais parvenu au sommet il y a 30 ans dans le foot).

Même chose pour les femmes battues. Et pour les châtiments corporels des parents envers les enfants. Nos sociétés sont en train de se doter de l'appareil législatif pour éradiquer ça. Ce n'est pas une conviction personnelle, c'est un fait. Il y a 40 ans, celui qui se vantait de cogner sa femme et ses gosses, on lui tapait amicalement dans le dos en lui disant "T'as raison ça lui a remis les idées en place". Aujourd'hui, ce genre de comportements est devenu insupportable (à juste titre).

Autre exemple: les jeux vidéos. Quand j'étais minot, c'était la période de l'Atari2600, mon père en avait une à la maison. A l'époque, il n'y avait pas "d'encadrement" sur les jeux, le système PEGI n'existait pas. Et du coup il y avait certains jeux pornographiques (comme Cluster's Revenge) qui était en vente libre, sans avertissement. Aujourd'hui, le système PEGI 3, 7, 12, 16, et 18 indique clairement à quel tranche d'âge le jeu est destiné (avec de plus des pictogrammes indiquant si le jeu est violent, grossier, effrayant ou à caractère sexuel). Ce média, utilisant un écran, s'est doté d'un système de contrôle de la violence par rapport à il y a 30 ans. Il suffit d'être un parent attentif et soucieux de l'équilibre de son enfant (par exemple nos élèves ne devraient pas pouvoir jouer à Fortnite car ce jeu est PEGI 12...si les parents laissent jouer leurs enfants ma foi, ce n'est pas la faute du média en lui-même, qui s'est doté d'un système clair de contrôle de la violence...le coupable est à chercher ailleurs. Mais les gens préféreront blâmer un écran, c'est beaucoup plus facile que de regarder et d'accepter leurs propres carences éducatives).

Alors, j'entends bien que pour toi la société est plus violente aujourd'hui qu'il y a 40 ans. Dans ce cas je demande à ce qu'on me le prouve, alors que j’observe la tendance inverse.

Donc, on en conclut quoi sur la corrélation entre écrans et violences? La thèse de Desmurget ne colle pas avec les faits. Son livre est un écrit de "vulgarisation scientifique" auprès du grand public, mais ce n'est absolument pas une publication scientifique. La différence est de taille, il faut garder son esprit critique quand on commence à lire ce genre d'ouvrage destiné au plus grand nombre. Il ne m'a absolument pas convaincu; sa mauvaise foi à charge contre les écrans a même tendance à nuire à son propos, car il se peut que certaines de ses conclusions soient tout à fait valables, mais comme elles sont décrédibilisées par la méthode et par les faits, je suis circonspect sur l'ensemble de ses conclusions.

 

PS: concernant les châtiments corporels à l'école, il n'ont jamais empêché un enfant d'être insolent ou provoquant, je suis d'accord avec toi, ça c'est ancré dans la Nature humaine donc ça sera toujours présent. Ce que j'ai dit, c'est qu'avant, la réponse plus "rapide et virile" apportée à cela faisait que ceux qui s'y essayaient une fois ou 2 finissaient par rentrer dans le rang bien plus vite et n’entraînaient pas un groupe derrière eux. Je suis contre ce genre de réponse "éducative", simplement il faut alors accepter le fait "qu'avant on ne voyaient pas ça", et que les plus malins et rebelles aient bien compris qu'ils pouvaient se permettre d'aller assez loin.

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D'année en année, le  niveau des élèves de petite section baisse. Je le vois avec mes élèves, ça fait des années que j'ai la même classe. Depuis une dizaine d'années,  ils ne savent pas tenir un crayon ni faire un coloriage sans faire un trou dans la feuille, n'ont jamais vu un puzzle ni de la pâte à modeler, ne savent pas se servir d'une paire de ciseaux ni faire une tour avec des kappla ou des cubes. Même la cuillère est tenue "à l'américaine", les 4 doigts autour du manche et dès qu'on leur demande de faire un exercice physique qui nécessite un peu d'endurance, ils chouinent parce qu'ils sont fatigués. Et je ne parle pas de la pauvreté de leur vocabulaire. A ce propos,  j'ai même constaté que les "club des 5" avaient été réécrits avec tous les verbes au présent. Alors oui, je suis persuadé que les écrans sont responsables, non pas en temps que tel mais parce que les parents les utilisent comme une nounou pour que les mômes arrêtent de les emmerder et qu'il est beaucoup plus simple de les coller devant un portable avec un jeu que de vraiment passer du temps avec. 

Après, la violence, c'est un autre problème. Aux USA, les armes ont toujours été en vente quasi libre, chez eux c'est constitutionnel mais le flingage à tout va a bien progressé ces dernières années. En France, la société est devenue non pas moins violente mais plus procédurière. Dès que quelqu'un a une quelconque raison de se plaindre, hop, on attaque, on sait jamais, y'a peut-être des sous à gagner. On ne peut plus remonter les bretelles de son gamin quand il fait une crise en public, mais mettre des lycéens à genoux les mains sur la tête, ça, on peut. Les footeux tombent par terre dès qu'on les touche mais les adeptes du MMA ne font pas semblant quand ils se tapent sur la gueule. Et je ne parle pas des combats dans les cités.

Tu peux douter de la légitimité de Desmurget, n'empêche que son constat est vrai. C'est une tendance générale. 

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Il y a 23 heures, éowin a dit :

Oh je lutte ! 😉

Nous écoutons beaucoup de musique (jazz classique traditionnelle) , avons par petits bouts regardé 2 ballets et là j’attaque l’opéra ( chant et musique très importants pour moi), et puis la peinture, modelage ( terre), divers médiums, photo. Toutes sortes de textes en littérature. Bref ce que j’aime .

 

C'est bien ! J'essaie même ce que je n'aime pas, pour les ouvrir encore plus.

Mais c'est de plus en plus rare. J'ai une collègue qui, comme seules activités de musique, a fait "beugler" ses élèves tout l'an dernier avec des chansons à la mode au langage douteux, que ce soit en Français ou en Anglais. Peut-être bien dans un centre aéré mais très limite dans une école, par un enseignant.

Peu à peu, le coloriage de mandalas ou le Pixel Art prennent la place sur la peinture, l'utilisation de l'encre devenant exceptionnelle, les sorties se résumant désormais au cinéma pour voir un film à la mode ou parc d'attraction.

 

Sinon, statistiquement 2019 a été l'année la plus violente en France depuis des lustres ...

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Il y a 8 heures, bdisse a dit :

Alors oui, je suis persuadé que les écrans sont responsables, non pas en temps que tel mais parce que les parents les utilisent comme une nounou pour que les mômes arrêtent de les emmerder et qu'il est beaucoup plus simple de les coller devant un portable avec un jeu que de vraiment passer du temps avec. 

Je trouve ta condamnation un peu rapide. Je trouve que jeter l'anathème sur les parents, qui chercheraient à tout prix à se débarrasser de leurs enfants, c'est éluder complètement le contexte.

Chez nous, on s'est précipité avec appétit sur la première tablette dès la sortie de l'Ipad en 2010. On avait un nourrisson et un enfant qui allait entrer en maternelle sous peu.

Comme on partageait tout, on a laissé l'accès libre aux enfants à ce nouveau joujou technologique. On a cherché des jeux adaptés à leur âge et on s'est extasiés de leurs prouesses. Qu'ils soient capables de se débrouiller seuls sur écran, on appelait ça "autonomie" et quand notre nourrisson, quelques mois plus tard, a su mettre un jeu en route toute seule alors qu'elle ne disait pas "maman", cela nous faisait rire. Avec le recul, on pleurerait plutôt.

Je pense que les premières sirènes sur le danger des écrans se sont faites entendre vers 2013/2014. En tous cas, c'est là qu'on a commencé à mettre des limites à nos enfants. 3 ans de guerre, surtout avec l'aîné, qui cherchait toujours à grapiller un peu de temps sur ses jeux. On a fini par comprendre qu'il était addict et on a supprimé les écrans (pour les enfants) du lundi au vendredi en 2016. Il y a seulement 4 ans.

Nous sommes pourtant très soucieux du bien-grandir de nos enfants, nous sommes bien informés et avons tous deux un bac +5. Alors j'imagine que ce cheminement au sujet des écrans puisse être plus long pour pas mal de parents. Mais ça viendra. Alors si les écrans sont les seuls responsables de la baisse de niveau actuelle en maternelle, cela ne devrait pas tarder à remonter.

Par contre, j'ai l'intuition que ce n'est pas la seule cause. 

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10 hours ago, javanaise said:

Je trouve que jeter l'anathème sur les parents, qui chercheraient à tout prix à se débarrasser de leurs enfants, c'est éluder complètement le contexte.

Ils ne cherchent pas à se débarrasser de leurs enfants, ils se débarrassent du volet éducation. Ici, on fait la sortie à la porte de la classe et il y a des parents, homo itineris, qui donnent leur portable dès la porte franchie et tu vois le petit bout qui marche, les yeux rivés sur le machin. Pas un mot échangé, rien. Une pitié. Et le pire, c'est que c'est de plus en plus fréquent.

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il y a 33 minutes, bdisse a dit :

Ils ne cherchent pas à se débarrasser de leurs enfants, ils se débarrassent du volet éducation. Ici, on fait la sortie à la porte de la classe et il y a des parents, homo itineris, qui donnent leur portable dès la porte franchie et tu vois le petit bout qui marche, les yeux rivés sur le machin. Pas un mot échangé, rien. Une pitié. Et le pire, c'est que c'est de plus en plus fréquent.

Pareil, sans oublier le sachet de chips ou de bonbons ...

J'ai récemment vu sur Rembobina une émission datant des années 80 et qui traitait justement des méfaits de l'addiction aux écrans.

Ce n'est donc pas une nouveauté, et les parents qui en prennent conscience et reviennent en arrière sont très minoritaires, y compris chez les enseignants, qui en sont pourtant les témoins quotidiens.

Addiction qui va généralement de pair avec déficit de communication avec les parents et prépondérance de la société de consommation : grignotage au lieu de repas autour d'une table, après-midis passés dans les galeries marchandes ou les parcs d'attraction à la place des musées, théâtres ou dans la nature, ... C'est un tout.

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Le 09/02/2020 à 00:22, bdisse a dit :

D'année en année, le  niveau des élèves de petite section baisse. Je le vois avec mes élèves, ça fait des années que j'ai la même classe. Depuis une dizaine d'années,  ils ne savent pas tenir un crayon ni faire un coloriage sans faire un trou dans la feuille, n'ont jamais vu un puzzle ni de la pâte à modeler, ne savent pas se servir d'une paire de ciseaux ni faire une tour avec des kappla ou des cubes. Même la cuillère est tenue "à l'américaine", les 4 doigts autour du manche et dès qu'on leur demande de faire un exercice physique qui nécessite un peu d'endurance, ils chouinent parce qu'ils sont fatigués. Et je ne parle pas de la pauvreté de leur vocabulaire. A ce propos,  j'ai même constaté que les "club des 5" avaient été réécrits avec tous les verbes au présent. Alors oui, je suis persuadé que les écrans sont responsables, non pas en temps que tel mais parce que les parents les utilisent comme une nounou pour que les mômes arrêtent de les emmerder et qu'il est beaucoup plus simple de les coller devant un portable avec un jeu que de vraiment passer du temps avec. 

Je ne doute pas de ton constat sur le niveau de classe. Simplement, tu tires des conclusions hâtives: pour toi, les écrans sont responsables. Simplement, au-delà de ta conviction personnelle, cela reste à démontrer scientifiquement parlant (ce que le livre de Desmurget ne fait pas car, comme nous l'avons vu, seul l'enrobage est pseudo-scientifique, mais ses méthodes elles, ne le sont pas). Il peut y avoir des tas d'autres raisons à cette baisse constatée: les vies de plus en plus speed, stressantes et stressées des parents, qui n'arrivent plus à prendre le temps d'éduquer correctement; la paupérisation des classes moyennes; la lutte des classes qui fait que les riches deviennent de plus en plus riche et les pauvres de plus en plus pauvres, 50% de la richesse mondiale est détenue par 1% de la population, ça, c'est un fait (les élites, qui sont prêtes à tout pour conserver leur hégémonie et n'ont donc aucun intérêt à ce que le niveau général augmente, bien au contraire), et sans doute d'autres raisons qui ne me viennent pas à l'esprit. 

Alors, si ça se trouve, ce sont ces raisons. Ou c'est les écrans. Ou c'est un mélange de tout cela. Néanmoins, cela reste à prouver. Affirmer aujourd'hui que c'est la faute des écrans, c'est péremptoire, ça ne repose que sur la conviction intime (celle de Desmurget, entre autre, dès son introduction on sait que son regard ne sera pas neutre mais fortement orienté par ses idées préconçues...ceci est à la science ce que Christophe Maë est à la musique :D oui oui celle-là, elle est gratuite).

Il n'en demeure pas moins que le chapitre 5 intitulé : réussite scolaire : attention danger est intéressant à plus d'un titre. On passera pudiquement sur la pantalonnade fabiusienne du plan Informatique pour tous, modèle de gabegie et d’incompétence qu’on pouvait croire indépassable, mais qui a depuis été égalé par diverses facéties comme la délivrance des cartes grises via ANTS (et son robot fou qui envoie des dizaines de messages à 2 heures du matin), ou le logiciel Louvois. Passons donc. Il faut croire que le PS commençait déjà, à peine au pouvoir, à prendre l’eau puisque le Pol Pot de la Chalosse, ci-devant président du Conseil général, ne trouvait rien de mieux, avec l’argent des malheureux contribuables, que de doter (une première en France) l’ensemble des collégiens landais (classes de 4e et de 3e) d’ordinateurs portables, au nom de la pensée magique toujours d’actualité malgré la catastrophe désormais irréfutable : on a donc eu droit au comblement de la fracture numérique, à l’accès de tous au savoir, aux nécessaires révolutions pédagogiques, à l’adaptation au monde nouveau…etc, bref à toutes les fariboles habituelles. En parallèle, les collèges étaient tous câblés et équipés de tableaux numériques dits interactifs, le tout coûtant un bras à un manchot.
Résultat des courses : soyons honnêtes, l’immense baisse de niveau n’a pas été immédiate. Si on a très vite pu constater que les ordinateurs étaient utilisés exclusivement pour jouer, envoyer des messages, voire filmer quelques ébats (je parle ici d’utilisation dans l’enceinte scolaire du secondaire), il a fallu attendre environ 4 ou 5 ans pour avoir une idée assez précise des dégâts : déficit lexical, difficultés de lecture, incompréhension de textes (souvent des contresens), voire de consignes simples, indigence culturelle, comportements agressifs, difficultés (voire impossibilité) d’attention et de concentration, endormissements en plein cours. Il est assez facile de relier ces faits à l’introduction de l’ordinateur puisqu’à l’époque, les smartphones n’existaient pas et que les jeux vidéo en étaient à l’âge de pierre.

Simplement, vu que ce constat n'a pas été immédiat, que doit-on en conclure? Que le numérique, bien qu'étant une des causes, n'est pas la seule. Et sans doute pas la cause la plus importante (sinon la baisse aurait été immédiate). Alors pourquoi est-ce que l'écran cristallise quasiment à lui seul toutes les critiques? A mon sens, c'est parce que cela est plus commode et pratique de projeter sur lui tous les défauts, ça nous évite de nous regarder dans une glace pour voir nos propres errements et trouver comment les corriger (ça prendrait trop de temps, c'est trop fatigant et l'ego en prend un coup). Donc, les écrans c'est dangereux, voilà ouf, sauvé. Il s'en est fallu de peu qu'on ne se remette en question.

 

Je te rejoins sur ton dernier point: ce ne sont pas les écrans en tant que tels qui sont nuisibles, mais l'utilisation abusive (voir le détournement) qui est est fait par certains. Et je trouve cela curieux de tirer sur le messager plutôt que sur le message, d'accuser un outil neutre pour masquer nos propres manquements. C'est l'être humain qui est défaillant, pas l'outil. Ça me fait penser au nucléaire: on peut l'utiliser pour sauver des vies en médecine, ou éradiquer bon nombre d'être humains avec la bombe H. Le nucléaire n'est ni bon ni mauvais en soit, c'est notre utilisation qui fait basculer la balance d'un côté ou de l'autre. Une utilisation abusive et excessive, quelque soit le domaine, apportera toujours des nuisances (le sport c'est bien, trop de sport c'est moins bien). Pour les écrans comme pour tout, c'est une question de bon sens et de raison gardée.

 

Citation

Après, la violence, c'est un autre problème. Aux USA, les armes ont toujours été en vente quasi libre, chez eux c'est constitutionnel mais le flingage à tout va a bien progressé ces dernières années. En France, la société est devenue non pas moins violente mais plus procédurière. Dès que quelqu'un a une quelconque raison de se plaindre, hop, on attaque, on sait jamais, y'a peut-être des sous à gagner. On ne peut plus remonter les bretelles de son gamin quand il fait une crise en public, mais mettre des lycéens à genoux les mains sur la tête, ça, on peut. Les footeux tombent par terre dès qu'on les touche mais les adeptes du MMA ne font pas semblant quand ils se tapent sur la gueule. Et je ne parle pas des combats dans les cités.

Tu exagères un peu. Bien sûr qu'on peut toujours remonter les bretelles de son gamin en public, c'est juste les châtiments corporels (humiliants et violents) qui sont de moins en moins bien vue. En revanche, la violence Régalienne à laquelle tu fais allusion est un vrai vrai problème de société aujourd'hui, une réponse devra être apportée rapidement à ce problème, sinon la révolte couve.

Après, le fait que l'on devienne plus procédurier (tu as raison, ce serait idiot de le nier) n'est pas incompatible avec le fait que l'on devienne moins violent. Aujourd'hui, on va de moins en moins vers la violence envers les femmes (au travail notamment, la main aux fesses franchouillarde des années 70 est proscrite de nos jours...c'est peut-être procédurier mais le résultat est un système de contrôle de la violence faites aux femmes, pour amener le curseur le plus bas possible). Idem pour les violences sexuelles de l'Eglise envers les enfants. Ça existera sans doute encore un temps, mais ça ne sera plus tu comme il y a 40 ans. Et pour le coup, on ne peut pas dire que c'est "parce qu'on ne sait jamais, y'a peut-être des sous à gagner", les finances de l'Eglise ne sont plus ce qu'elles étaient. Où s'arrête la procédure où commence la violence?

Quant aux MMA, il faudra que je vérifie mais je suis prêt à parier que, à l'instar de tous les autres sports violents, ils se sont dotés de processus de régulation de la violence (à vérifier). Ceci dit, le MMA es un sport de niche, contrairement à l'opium du peuple qu'est le football. Donc, le fait que la violence dans le football s'est abaissée depuis 40 ans touche un bien bien bien plus grand nombre de personnes. Il faut se souvenir du coup de boule de Zidane en finale de la coupe du monde, inacceptable et pourtant accepté par beaucoup, parce que c'était Zidane...Alors que pas plus tard que la semaine dernière, un de nos champions en titre, Kyllian M'Bappé, s'est fait descendre par les médias, l'accusant de caprices de diva, tout ça parce qu'il a boudé et montré son mécontentement à son entraîneur quand ce dernier l'a sorti à 20 minutes de la fin lors du match du PSG contre Montpellier. Donc oui, de 2006 à 2020, on a grandement abaissé le curseur de la "violence ordinaire" que l'on accepte de voir lors d'un match. En 2006 Zidane aurait gueulé contre Domenech personne n'aurait relevé, déjà qu'on lui pardonne son coup de boule :D

Citation

Tu peux douter de la légitimité de Desmurget, n'empêche que son constat est vrai. C'est une tendance générale. 

Et bien non, c'est clairement là qu'on n'est pas d'accord: son constat est faux. Bon, passons sur le constat de la violence, je ne t'ai pas convaincu, et prenons d'autres maux qu'il décrit dans son livre.  Je reprends un de mes posts:  la dernière partie du bouquin suinte la moraline et le prêchi-prêcha anti-alcool et anti-tabac avec lesquels j'ai toujours eu beaucoup de mal. Je me méfie comme de la peste des gens qui ne boivent jamais et qui sont fanatiquement anti-alcool. Michel Desmurget n'affiche pas explicitement cette position, mais on sent, en lisant entre les lignes, qu'il n'en est pas loin. Et puis surtout son homélie ne tient pas la route. La consommation d'alcool et de tabac baisse depuis des années, on peut difficilement dire le contraire. Accuser les jeux vidéo et la télé de favoriser des "addictions" en baisse constante est un peu curieux. La consommation desdits produits était bien supérieure dans les années 40 et 50 où le temps passé devant les écrans était limité au seul cinéma. Bogart y fume certes beaucoup mais est-ce qu'il fume parce qu'à l'époque tout le monde le fait ou est-ce tout le monde fume parce Bogart le fait? Donc? Que doit-on en déduire sur son constat? Desmurget est prêt à faire passer des vessies pour des lanternes, juste pour convaincre que c'est lui qui a raison. Et tant pis au passage pour la Science et ses points de pondérations, tant que le but est atteint (à savoir faire rentrer dans le crâne de ses lecteurs, à coup de burin, que les écrans sont nocifs, c'est une évidence ma bonne dame!)

Autre remarque un peu spécieuse, je l'avoue: où un type qui passe 8 heures ou plus par jour sur son écran va-t-il trouver le temps de picoler et/ou de fumer, activités qui en outre vont avoir un impact très négatif sur ses performances de gamer?

De plus, et c'est là toute la beauté ironique de Desmurget, son bouquin est disponible en format kindle, donc à lire sur un écran. Pourquoi n'a-t-il pas demandé à son éditeur d'interdire le format dématérialisé (tous les livres ne sont pas disponibles en format kindle, loin s'en faut!), c'eût été la logique vu la thèse qu'il défend, et de ne le sortir qu'en papier? La réponse paraît évidente: interdire le format dématérialisé, c'est se couper d'une bonne partie des ventes de nos jours, et donc diminuer mécaniquement les royalties qu'il touche pour chaque vente. Et ça, Desmurget ne l'a pas voulu, clairement, c'est un fait. 

Dans le même ordre d'idées, Desmurget nous livre un long paragraphe sur la nocivité du jeu vidéo et appuie son argumentaire en faisant fréquemment et exclusivement référence à UNE étude où l'on a observé des personnes "jouer de façon excessive à Mario Bros". Peut mieux faire, il faudrait que cette étude soit répétable (et répétée) X fois et en double aveugle pour être scientifiquement valide. Mais peu importe la Science et ses preuves, tant que ça sert sa thèse. Desmurget émet des jugements à l'emporte-pièce, jugements basés sur des postulats erronés. Intellectuellement, c'est fâcheux tout de même.

Dernier point (un peu subversif de ma part je l'avoue): un ouvrage qui se retrouve quasiment en tête des ventes essais/documents est forcément suspect quand on connaît le degré d'abrutissement de la population, même celle qui lit. Eh oui, je fais de l'élitisme et j'assume.

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Le 09/02/2020 à 20:14, Goëllette a dit :

Pareil, sans oublier le sachet de chips ou de bonbons ...

J'ai récemment vu sur Rembobina une émission datant des années 80 et qui traitait justement des méfaits de l'addiction aux écrans.

Ce qui prouve donc que c'est une "chasse aux sorcières" depuis 40 ans. Et pourtant, soyons honnêtes, quand ici on parle entre nous de la nocivité des écrans, on ne parle pas de la générations des 80's (j'en suis!) mais de la génération des 2010, au mieux celle des 2000 (le fameux "le niveau général baisse d'années en années c'était mieux avant"). Ce qui me fait dire que c'est avant tout un conflit générationnel. Conflit vieux comme le monde, vu que ça fait 5000 ans que l'espèce humaine se le traîne avec la génération suivante et joue ce refrain (revoir au besoin les citations des écrits de Platon, Socrate, Hésiode etc).

Le 09/02/2020 à 20:14, Goëllette a dit :

Ce n'est donc pas une nouveauté, et les parents qui en prennent conscience et reviennent en arrière sont très minoritaires, y compris chez les enseignants, qui en sont pourtant les témoins quotidiens.

J'ai du mal à saisir. Tu fais allusion à quoi?

Le 09/02/2020 à 20:14, Goëllette a dit :

Addiction qui va généralement de pair avec déficit de communication avec les parents et prépondérance de la société de consommation : grignotage au lieu de repas autour d'une table, après-midis passés dans les galeries marchandes ou les parcs d'attraction à la place des musées, théâtres ou dans la nature, ... C'est un tout.

En effet. En fait il ne faut pas inverser causes et conséquences. Une des causes, c'est le déficit de communications que tu décris. Une des conséquences de nos jours: addictions aux écrans. Il y a 50 ans, ce déficit de communication existait, les conséquences c'est que les gamins étaient livrés à eux-mêmes dehors (au lieu d'être livré à eux même derrière un écran), et pouvaient faire potentiellement des conneries.

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