Soutien67 Posté(e) 3 avril 2020 Posté(e) 3 avril 2020 ... Bonjour !... Je suis tombé sur ce témoignage ce matin : « Si le virus provoque une telle déstructuration de notre société, c’est qu’il y avait déjà un souci, celui de la déstructuration du service public mené par les politiques depuis des années ». Professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris 8 (Saint Denis), Stéphane Bonnery questionne la continuité pédagogique tant vantée par le ministre. Il l’accuse de profiter de la crise actuelle pour faire passer en force ses réformes. « Concernant le bac, j’accuse nommément Blanquer de faire exprès de jouer la montre. Plus le temps passe, plus il aura l’occasion de dire qu’il n’y pas d’autres solutions que le contrôle continu. Contrôle continu qu’il a en tête depuis bien longtemps et qu’il faut tout faire pour éviter car il amplifierait les inégalités ». Source complète : http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/03/27032020Article637208917391281172.aspx Cela fait des années que nos gouvernants (de tous bords...) cherchent à détruire notre école (Fermeture des IME/IMpro, disparition des RASED, fermeture des écoles rurales, disparition des remplaçants, classes surchargées...) sous prétexte d'économie... J'ai démissionné de l'EN il y a déjà 15 ans alors que j'avais déjà fait cet amer constat : notre école n'est plus égalitaire et n'offre donc plus les mêmes chances à toutes et tous. Depuis, je constate que cela s'accélère... L'école n'est-t-elle pas le pilier fondamental de notre société ?... J'espère que les Hussards noirs de la République sortiront de leurs tombes pour nous confier le flambeau et défendre ainsi notre école... alors que la situation risque d'empirer à l'issue de cette crise sanitaire... Cette soit-disant "continuité pédagogique" ne renforce-t-elle pas les dysfonctionnements de l'école ?... Entre ceux qui ont accès à un ordi, ceux dont les parents ont le temps de suivre leurs "travaux", ceux qui ne vivent pas à 10 dans un petit appartement... ... ... Que constatez-vous par rapport au suivi de vos élèves ? C'est du 100% ? Ou bien seul celles et ceux qui de toute façon réussiront, répondent à vos attentes ?... Gardez le moral !... Vous êtes formidables !... Et bon confinement !... 😉 ...
Poloetpan Posté(e) 3 avril 2020 Posté(e) 3 avril 2020 il y a une heure, Soutien67 a dit : Cette soit-disant "continuité pédagogique" ne renforce-t-elle pas les dysfonctionnements de l'école ? Donc la solution c'est de rien faire jusqu'à la reprise des cours ? La situation est inédite, aucune réponse n'est parfaite mais la continuité mise en place permet de garder un lien et de ne pas perdre trop de temps dans les apprentissages. 1
rhâââ Posté(e) 3 avril 2020 Posté(e) 3 avril 2020 Je pense que cette rupture pédagogique ne changera pas les performances des élèves sur le long terme. Dans ma classe je constate plusieurs choses : - certains élèves en rupture ou en très grande difficulté (pathologique) restent en rupture ou en très grande difficulté, et ne communiquent pas beaucoup. Les parents sont dépassés par les difficultés, tout comme je peux l'être, moi aussi, en classe... - beaucoup d'élèves fragiles trouvent un rythme qui leur convient, un accompagnement plus individuel - quelques élèves fragiles sont perdus, mais en classe c'était un peu pareil... - les bosseurs bossent - les relations avec les parents sont... complètement chamboulées. Pour la première fois de ma carrière (15 ans en milieux difficiles) je me sens soutenue et remerciée, et mon travail semble vraiment reconnu. Alors pour une fois, et même si c'est indigne d'un bon enseignant, je ne boude pas mon plaisir de travailler avec des parents et des enfants qui sont vraiment motivés et qui l'expriment. Pour les autres, cela reste difficile malgré les relances. Mais que faire ? Quant aux difficultés de connexion, presque tout le monde a un smartphone aujourd'hui (tout le monde dans ma classe), je ne donne presque rien à imprimer (tout en précisant que ce n'est pas indispensable), et je me suis calée au maximum sur les habitudes de classe pour que les élèves, à défaut de leurs parents, sachent ce qu'ils doivent faire. C'est très routinier, mais très clair pour eux, et peu restent en dehors des clous (pas plus qu'en classe, voire moins car ils sont plus fliqués !). Pas de solution miracle, chacun fait ce qu'il peut... 5 1 3
nonau Posté(e) 3 avril 2020 Posté(e) 3 avril 2020 il y a une heure, Poloetpan a dit : Donc la solution c'est de rien faire jusqu'à la reprise des cours ? La situation est inédite, aucune réponse n'est parfaite mais la continuité mise en place permet de garder un lien et de ne pas perdre trop de temps dans les apprentissages. Perdre du temps? Comment peux tu mettre en place de nouvelles notion à distance?
Soutien67 Posté(e) 3 avril 2020 Auteur Posté(e) 3 avril 2020 Bien évidemment, mon propos n'est pas "de ne rien faire"... Bien au contraire !!!... Et encore une fois je salue tous les efforts entrepris par tous les enseignants... Et les témoignages sur ce forum en sont d'ailleurs la preuve s'il en fallait une... Et je suis encore plus heureux de lire qu'il y a même quelque part du positif dans l'établissement de liens nouveaux entre les enseignants et les familles... Ce sur quoi je m'interroge, c'est sur la suite... Et plus particulièrement sur la responsabilité de ceux qui nous gouvernent... Je suis devenu instit car je croyais en une école réductrice des inégalités (sociales), une école permettant la réussite de toutes et tous... Devenu Directeur, j'ai réalisé qu'en fait ce sont les communes qui décident des budgets, et donc que notre école soit-disant "nationale" n'en avait que le nom... Cela fait des années qu'on nous parle de "fracture numérique"... J'entends dire qu'ici ou là, les écoliers sont équipés de tablettes ou même d'ordis... qu'il y aurait des classes où on trouverait des TBI... Des écoles "pilotes" ?... Mais notre école n'a-t-elle pas la vocation d'être "nationale" ?... Devra-t-on encore attendre 10 ans avant que TOUS les écoliers ne soient pourvus de ces moyens élémentaires ?... Cela aurait rendu bien des services à tout le monde aujourd'hui si seulement... Je viens de lire la suite de mon article précité : http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/03/23032020Article637205439981695522.aspx (Et même si l'on vient de me dire que ce "café pédagogique" était partial, je partage cet avis.) 😉
rhâââ Posté(e) 3 avril 2020 Posté(e) 3 avril 2020 Dans mon commentaire j'ai utilisé le terme de rupture pédagogique...
Rapas Posté(e) 3 avril 2020 Posté(e) 3 avril 2020 Je n'aurai pas dit mieux que rhâââ... Juste : je ne trouve pas "indigne d'un bon enseignant" de prendre un peu de plaisir quand on contacte un élève qui était impatient de t'avoir au téléphone pour travailler un peu et pour s'évader un peu aussi. Et tant pis pour ceux qui ne répondent pas...
rhâââ Posté(e) 3 avril 2020 Posté(e) 3 avril 2020 Par "indigne d'un bon enseignant" j'entends juste le fait qu'en classe, on passe tellement, tellement, tellement de temps à essayer de raccrocher les décrocheurs qu'on passe à côté de ces bons moments que je retrouve actuellement. Et aujourd'hui, j'en éprouve un plaisir un peu coupable.
natoo Posté(e) 4 avril 2020 Posté(e) 4 avril 2020 Je bosse dans une commune assez tranquille avec un public mixte. Chez nous, on a constaté que nos "petites familles" se ont bien appropriés les outils mis en place et communiquent de manière très régulière, c'est assez rassurant. Après pour les familles trop en décalage avec l'école, c'est moins facile, mais on a des nouvelles de la très grosse majorité des élèves. Ceux qui manquent d'avantage à l'appel chez nous, ce sont les cadres sup. Ils sont connectés aux outils, on a des moyens de le savoir, en revanche pas un retour, même pas de dire tout le monde est en bonne santé chez nous.
Clap Posté(e) 5 avril 2020 Posté(e) 5 avril 2020 (modifié) Même constat que Rhâââ et Blanche. Je peux joindre tous mes élèves. J'ai créé une boîte mail spécialement dédiée à la classe, et j'envoie sur les mails des parents une fiche "journalière". Je poste ces envois sur l'espace de ma classe créé sur le blog de l'école afin d'avoir une sauvegarde en cas d'effacement intempestif. Par ailleurs, je téléphone à toutes les familles et ceux-ci ont mon numéro. Il se trouve que j'ai moins à craindre que mes collègues féminines, beaucoup moins prédatrices que les mâles que nous sommes. Les parents m'envoient des photos du travail de leur enfant sur ce mail, ce qui me permet de l'afficher en aperçu et de commenter le travail envoyé. Quand je détecte un problème que la famille ne surmontera pas, je téléphone et donne un cours particulier sur la notion en question. C'est vrai que c'est pas évident avec les frères et soeurs qui crient autour, mais c'est beaucoup plus facile pour moi que pour la grande soeur qui les a en charge et prépare en même temps son bac... Les parents s'investissent. Certains sont d'une aide précieuse, d'autres ne peuvent pas aider autant, mais en envoyant le travail de leur enfant il crée ce lien indispensable pour aider un enfant à assimiler une nouvelle notion. Malheureusement, certains n'osent pas me contacter ( voire refusent le contact ?). Peut-être ont-ils peur que je les gronde, les punissent ? ^^ Je soupçonne une maman d'essayer de faire cavalier seul, de penser que l'école a créé les difficultés de son enfant, et qu'elle se débrouillera mieux toute seule. Comment lui jeter la pierre après toutes les réformes que nous avons subies ? J'espère que les prochains ministères réfléchirons à la rupture pédagogique qu'ils ont créé en faisant d'outils pédagogiques pour acquérir une notion la notion elle-même, et à la défiance de ces familles qui ne comprennent pas pourquoi ce que l'on enseigne aujourd'hui est si différent de ce qu'ils ont appris. Comment en est-on arrivé à parler d'indices morphosyntaxiques, d'inférences, d'hypothèses, de connecteurs dès le ce1 ...? Comment réagir quand une élève analysant la nature des mots d'une phrase va indiquer adjectif pour le mot chaque alors que c'est un déterminant et qu'elle tient sa réponse du dictionnaire...? Il va être nécessaire de repenser la différence entre savoir et moyen de l'acquérir, de continuité pédagogique entre les parents et leurs enfants, entre notre enseignement et les repères que sont les dictionnaires, les sites en lignes, etc. Je "milite" depuis longtemps pour un manuel gratuit créé par l'éducation national et accessible à tous. Je milite aussi pour la liberté pédagogique. Cela ne m'empêcherait pas de construire mes propres séquences en choisissant la démarche qui me paraît la plus efficace, mais je trouve néfaste de débaptiser des notions. Ok pour déterminant, mot ou groupe de mots pouvant être remplacé par un article, mais en désaccord avec la suppression de qualificatif pour éviter la rupture avec les référents sur lesquels les parents et les enfants doivent s'appuyer. L'enseignement ne doit pas devenir la chasse gardée des enseignants. Modifié 5 avril 2020 par Clap répétition : référent, se référer
chableu Posté(e) 5 avril 2020 Posté(e) 5 avril 2020 Il y a 2 heures, Clap a dit : Il se trouve que j'ai moins à craindre que mes collègues féminines, beaucoup moins prédatrices que les mâles que nous sommes. ? Il y a 2 heures, Clap a dit : 'espère que les prochains ministères réfléchirons à la rupture pédagogique qu'ils ont créé en faisant d'outils pédagogiques pour acquérir une notion la notion elle-même, ? C'est dimanche...pour mes neurones aussi...je ne comprends pas ton propos.
Clap Posté(e) 5 avril 2020 Posté(e) 5 avril 2020 oups, g pas compris pourquoi j'arrivais pas à répondre et du coup ça a reposté. Pour les neurones, pas de soucis, j'ai toujours eu ce défaut. Nombre de mes collègues féminines ont été harcelées par des parents avec des propositions très appuyées et pour tout dire indécentes. Je n'ose pas imaginer si elles avaient donné leur 06 ou le tel de leur domicile. Et je ne sais plus qui chantait : un homme qui va de femme en femme on appelle ça un Don Juan, une femme on appelle ça tu sais comment... Pour "J'espère que les prochains ministères réfléchirons à la rupture pédagogique qu'ils ont créé en faisant d'outils pédagogiques pour acquérir une notion la notion elle-même" Par exemple, les compléments de phrases sont redevenus des compléments de verbe et des compléments circonstanciels. Pour mettre en relief le fait qu'il est possible dans certains cas de déplacer les compléments circonstanciels, beaucoup en sont venus à les qualifier de compléments de phrase. Cela pouvait paraître sécurisant, donner l'impression que c'était plus compréhensible, mais on n'était plus dans la méthode que dans le "savoir". Et je pense à ce titre que durant des années nous avons confondu méthode et "savoir", du moins comme on peut le retrouver dans des ouvrages accessibles à tous. Par ailleurs, les déterminants regroupent un grand nombre de classes de mots appelés auparavant adjectifs (numéraux, démonstratifs, possessifs, indéfinis, etc.), il est à mon avis bénéfique qu'il y ait eu une simplification avec les déterminants à condition de garder le lien entre ce que nous enseignons et les ouvrages référents. En nommant les adjectifs qualificatifs des adjectifs, nous détruisons le lien avec les ouvrages de référence. Des exemples dans d'autres matières existent mais c'est en grammaire qu'ils foisonnent. Ce n'est pas parce que la grammaire sert avant tout à mieux comprendre et à mieux se faire comprendre que nous devons éliminer ces repères. Ainsi pour les compléments de phrases auxquels sont attachés un grand nombre de collègues, ce système a aussi ses limites. Mon père habite un pavillon à Vincennes. Mon père habite un pavillon. Mon père habite à Vincennes. Un ami que je n'avais pas vu depuis 20 ans m'a appelé la semaine dernière. Échangeons la place des deux compléments de temps, je doute que le sens ne soit grandement changé. Complément de proposition alors ? Oui, certes, et comment préciser de quelle proposition on parle ?
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