PigeonVoyageur Posté(e) 11 août 2020 Posté(e) 11 août 2020 Merci beaucoup @Lady Oscar ! Cela me donne une idée et réfléchir dessus pour proposer aux collègues.
maryl Posté(e) 11 août 2020 Posté(e) 11 août 2020 Il y a 5 heures, maverick_2010 a dit : C'est intéressant, j'oubliais qu'ils peuvent avoir beaucoup de questionnements sur des choses qui ne nous paraissent pas forcément très complexes à nous adultes, mais qui eux les dépassent ou les intriguent bien plus. Et je me demandais précisément si la notion de plaisir comptait parmi leurs préoccupations, ils semblent être aussi conceptuels que factuels dans leurs intérêts au final, intéressés par le monde autour d'eux autant que par leur propre corps. As-tu des exemples du genre d'images dont ils ont déjà parlé? A quels genres de contenus ils ont déjà été exposés? De tête non je n'ai pas d'exemples. J'avoue que j'oublie vite leurs questions et ne leur demande nous d'expliciter ce qu'ils ont vu. Il y a encore quelques têtes innocentes autant leur laisser encore quelques mois... Pour rebondir sur ce que disait @rose45 sur son village, je pense que le lieu où les élèves vivent joue beaucoup ainsi que leur milieu scolaire (peut être encore plus que le milieu familial). J'exerce dans une ville moyenne de plus en plus difficile, violente avec de la drogue quasiment en vente libre devant les collèges et lycées. En quelques année, la précarité a augmenté et les familles CSP+ partent dans les villages. Nos élèves sont à l'image de la ville...de plus en plus violents, en souffrance et ado de plus en plus tôt psychologiquement et physiologiquement. Les filles réglées en cm2 ne sont pas rares et de plus en plus de garçons commencent leur puberté tôt. Évidemment que le lieu de vie n'est pas là seule raison. Les quelques élèves qui viennent de villages environnant s'adaptent assez vite et ne restent pas bisounours (rien de péjoratif) longtemps. Nos élèves sont souvent laissés seuls ou avec les grands frères/sœurs, l'effet "bande" émerge assez tôt. Les parents travaillent souvent loin et/ou sont démunis. Et donc sont soit dans la rue, soit devant la télé, soit devant internet. Les quelques élèves plus suivis sont souvent informés par les parents qui essaient de leur inculquer des valeurs. Cela se retrouve dans les résultats scolaires mais aussi dans leur perception de la vie et donc de la sexualité. Les quelques "innocents" à la sortie du cm2 ne le seront plus au collège. Ces élèves sont donc mûrs très tôt malheureusement pour eux. Leur temps d'enfance est de plus en plus réduit. A titre personnel et parce que j'ai eu la chance d'avoir des parents ouverts sur le sujet, je trouve important d'accompagner les enfants sur leur sexualité dès le plus jeune âge. Mes enfants ont ainsi été informés par des livres ou par moi très tôt et tout au long de leur enfance puis adolescence (et ça continue puisqu'ils sont ado). Leur père et moi avons été vigilant sur la notion de respect du corps dès la naissance. Ça commence par "non un enfant n'est pas obligé de faire des bisous, c'est son corps." La politesse c'est de dire bonjour ou au revoir. Puis par "on ne reste pas tout nu même si c'est très agréable". Dès qu'un peu de curiosité est né on a arrêté les douches collectives en expliquant pourquoi. J'ai expliqué à mon fiston de 3 ans que "oui se toucher le zizi c'est très agréable mais on fait ça dans sa chambre seul." Quand il s'en est servi de jeu pour le faire réagir, je n'ai plus rien dit et du coup il s'est arrêté. Ça passe aussi par toquer avant d'entrer dans la chambre des enfants comme eux doivent le faire avant de rentrer dans la mienne si la porte est fermée. J'ai aussi acheté mes serviettes hygiéniques avec eux et devant eux et évidemment j'ai eu droit à la question à quoi ça sert à la caisse 😁 je leur ai expliqué dans la voiture. Tout cela a contribué au fait que ma fille a grandi normalement, a su dire non et connais le poids de ce non et à su dire oui aussi en m'en informant et en prenant ses responsabilités. Mon fils n'y est pas encore. Mes enfants sont pudiques mais pas sainte-n'y-touche. Je trouve leur génération plus sage que nous ne l'étions. Plus informés aussi. En 4eme ou 3eme ma fille est revenue de cours avec un préservatif. Elle me l'a donné en me disant que ça ne lui servirait pas. Son frère est tombé dessus un jour, a vu qu'il était périmé et l'a ouvert pour voir. C'est la femme de ménage qui l'a trouvé alors nous en avons discuté tous les deux. Rapidement parce qu'il voulait juste voir à quoi ça ressemblait. Ils ont appris autant sur les filles que sur les garçons. Je trouve qu'il est important que chacun connaisse le sexe de l'autre et son fonctionnement dans le respect des différences. Je n'ai pu les mettre à l'abri des images que jusqu'au collège mais je ne peux maîtriser ce que les autres montrent dans le bus. Par contre, ils me parlent facilement de ce qu'ils ont vu où vivent. Enfin, les chansons paillardes et les grivoiseries ne sont pas un frein à une bonne éducation. En tant que fille de carabin et venant d'une famille grivoise, je peux en témoigner 😂 tant que tout cela est mis en parallèle avec le respect de chacun. Mon frère a été choqué de voir mon fils parler de "jackie et Michel" (il en avait beaucoup entendu parler par un pote et avait compris que c'était un moyen de choquer ou rigoler). Mon père et moi avons ri à ses paroles (tant qu'à être étiquetée mauvaise mère...) Mes enfants eux étaient choqués de voir leurs cousins se promener nus dans la maison devant eux et prendre leur bain ensemble. Concernant J&M je sais que mon fils n'a pas la curiosité d'aller voir alors que si j'avais interdit d'en parler ou fait les gros yeux sa curiosité aurait été éveillée et il aurait cherché dans m'en parler ce qui est à mon avis moins sain. Mes enfants ont de la chance d'avoir une mère ouvert comme j'ai eu la chance d'avoir des parents ouverts. Ce n'est pas le cas de tous les élèves et c'est pourquoi je trouve qu'il est important d'informer les élèves et d'être disponible pour leurs questions. 1
maryl Posté(e) 11 août 2020 Posté(e) 11 août 2020 Il y a 2 heures, Lady Oscar a dit : C'est une progression qui s'étoffe au fil des années. De tête c'est en gros: En cp c'est sur l'être humain, les étapes de la vie, le respect de son corps et de la pudeur En ce1-ce2: l'individu, filles et garçons, les premiers temps de la vie en cm1: aimer et être aimer, la grossesse et la naissance en cm2: l'importance du relationnel, de construire sa vie, respect de l’autre + aspects scientifiques de la puberté, Je trouve ça intéressant de le faire sur l'ensemble de la scolarité. Ça fait aussi moins lourd pour le cm2 du coup.
vélo45 Posté(e) 11 août 2020 Posté(e) 11 août 2020 Merci @maryl pour ton témoignage sur tes enfants plus grands que les miens..... Parce que j'avoue que ça me stresse un peu tout ça. Mais tu es plutôt rassurante. Bon une maman m'a dit que mon fils avait raconté au sien (attention c'est pas du tout un truc sexuel) que le père noël n'existait pas...... et que ça l'embêtait profondément....... (NoEl de CE1..... le mien n'y a jamais vraiment cru, trop terre à terre comme sa mère)..... Alors quand je lui ai dit qu'il m'avait aussi demandé comment on faisait les bébés, et que je lui avais expliqué, j'ai cru que j'étais une horrible mère..... mais bon je trouvais ça plutôt sain de répondre à sa question sans rentrer dans les détails mais j'avais quand même ajouté que c'était pas la peine d'en parler à tous ses copains..... Bon après y'a eu le confinement et tout ça. Mais à se faire des noeuds à la tête. Personnellement, j'ai été en pleine période du SIDA au collège, on y a eu le droit chaque année, au lycée aussi (avec expo etc)..... Franchement c'était limite "surtout ne faites rien, ne vous touchez pas", c'était bien mais une sorte de limite s'est imposée seule...... et je n'arrivais pas à parler de tout ça avec mes parents mais ma mère m'avait posé des livres et j'avais beaucoup lu toute seule.
maverick_2010 Posté(e) 11 août 2020 Auteur Posté(e) 11 août 2020 Oui merci @maryl pour ce long témoignage! C'est très encourageant de voir qu'une éducation ouverte permet justement d'éviter tous les problèmes au nom desquels trop de familles imposent des tabous à leurs enfants: leur expliquer les choses simplement, à la hauteur de leur âge et de leurs questions, est le meilleur moyen de les protéger et de les aider à grandir! @rose45 Je crois que répondre aux questions de ses enfants est à l'inverse absolu d'être un mauvais parent. ^^ C'est au contraire le meilleur service que tu puisses leur rendre. Et tu ne peux pas être jugée responsable s'ils tentent de diffuser le savoir que tu leurs transmets à d'autres enfants: il vaut mieux "trop" de connaissances (si trop il y a) que trop d'ignorance à mon humble avis. Qui plus est, les parents sont souvent bien plus effrayés par certains sujets que ne le sont leurs enfants et ils en font tout un drame alors que les premiers concernés sont juste satisfaits d'avoir eu des réponses et passent à autre chose, leur curiosité assouvie. 1
vélo45 Posté(e) 11 août 2020 Posté(e) 11 août 2020 Wai je suis bien d'accord avec tout ça! Et c'est ce que je tente de faire..... Mais alors quand tu te retrouves dans ce genre de discussion (notamment sur le traumatisme du père noël) je plains les enfants plus tard quoi..... Bref, on verra s'il m'en reparle. C'est vrai qu'autant je suis à l'aise dans ma classe, autant avec ce que se racontent les copains des enfants, moins..... Les parents copains c'est pas comme les parents d'élèves. C'est idiot mais c'est ce que je ressens.
maryl Posté(e) 11 août 2020 Posté(e) 11 août 2020 il y a 35 minutes, rose45 a dit : Wai je suis bien d'accord avec tout ça! Et c'est ce que je tente de faire..... Mais alors quand tu te retrouves dans ce genre de discussion (notamment sur le traumatisme du père noël) je plains les enfants plus tard quoi..... Bref, on verra s'il m'en reparle. C'est vrai qu'autant je suis à l'aise dans ma classe, autant avec ce que se racontent les copains des enfants, moins..... Les parents copains c'est pas comme les parents d'élèves. C'est idiot mais c'est ce que je ressens. Si ça peut te rassurer quand mon fils était plus jeune je me demandais comment je pourrais aborder tout cela avec mon fils. J'espérais que son père jouerait son rôle mais non. Et puis petit à petit les choses se sont mises en place d'elles-mêmes. C'est vrai qu'avec ma fille c'était plus facile. Quand j'ai des doutes j'en parle à un ami qui m'aide à savoir quoi dire où comment réagir. Mon fils n'ira pas voir son père s'il a des questions, il est un peu gêné avec moi (même s'il a fait son cm2 dans ma classe 😄) car tout simplement je suis sa maman. Il sait qu'il peut me parler de tout, répond à mes questions (du style tu en est où de ta puberté ? ☺️) Et il sait que s'il a des questions il pourra aller voir cet ami. Mais le rôle de maîtresse sur ce sujet est plus facile que celui de maman. La relation n'est pas là même. Il y a 1 heure, rose45 a dit : Personnellement, j'ai été en pleine période du SIDA au collège, on y a eu le droit chaque année, au lycée aussi (avec expo etc)..... Franchement c'était limite "surtout ne faites rien, ne vous touchez pas", c'était bien mais une sorte de limite s'est imposée seule...... et je n'arrivais pas à parler de tout ça avec mes parents mais ma mère m'avait posé des livres et j'avais beaucoup lu toute seule. J'ai visiblement quelques années de plus que toi. Quand j'étais au lycée, je me souviens de la polémique sur l'installation ou non d'un distributeur de préservatifs dans le lycée. Au niveau information : rien. Alors que 6 ans plus tôt, j'ai passé un an à Montréal et là il y avait beaucoup d'info même dans les bus (bon à 10-11 ans, je ne me sentais pas concernée mais l'info est restée dans un coin de ma tête). J'ai eu là encore la malheureuse chance que ma mère travaillent alors dans un endroit très concerné avec beaucoup de personnels touchés et décédés. Ma mère en parlait beaucoup. Probablement pour évacuer. Et si toutes les personnes concernées étaient homosexuelles, elle nous disait bien que ça pouvait toucher tout le monde. Ce qu'on savait déjà, merci le Québec. Je me souviens qu'elle m'avait demandé quand elle devrait parler de préservatifs à mon frère. Je lui ai répondu de le laisser tranquille, qu'il savait certainement déjà tout ce qu'il y avait à savoiret qu'il ne fallait pas rajouter de la peur. Aujourd'hui l'information aux lycéens (d'après ce que m'a rapporté ma fille) porte un peu sur les MST et sur la contraception, le risque de grossesse et beaucoup sur les droits des jeunes (dire non mais aussi choisir sa contraception, avortement, la non divulgation aux parents pour la pilule du lendemain ou l'avortement). Les élèves sont beaucoup informés sur le planning familial. Trop d'après ma fille qui a eu l'impression que les parents étaient mis de côté. Je lui ai répondu que les jeunes qui ont des parents disponibles sont déjà informés mais qu'il fallait absolument aider ceux dont les parents sont défaillants dans ce domaine (par peur, religion, pas envie de voir leur enfant grandir....). Un soir elle est allée chercher la pilule du lendemain à la pharmacie qui lui a bien dit que je ne serai pas informée. Elle leur a répondu que c'est moi qui l'avait amenée et que je l'attendais dehors. Je l'attendais effectivement avec l'ami dont j'ai parlé plus haut. Je lui en avais parlé mais quand ma fille est arrivée, il a fait comme si de rien n'était. Elle lui a demandé un verre d'eau le cachet à la main. Il l'a un peu asticotée comme toujours et elle lui a clairement dit ce qu'elle prenait et pourquoi. J'avoue que j'étais, nous étions, fiers d'elle. Deux choses me gènent dans ce que je vois des jeunes aujourd'hui. Ils parlent avortement comme si c'était quelque chose de facile. Quand ma fille a commencé à prendre la pilule, elle a dit à notre doctoresse qu'elle avorterait si nécessaire. On a essayé de lui faire comprendre que ce n'était pas un acte si facile mais ça a glissé sur elle. C'est très bien de faciliter l'avortement aux jeunes filles mais il faudrait quand même les informer que ce n'est pas un acte facile ni pour elle, ni pour son copain s'il l'accompagne. Du jeune couple que j'ai accompagné je me dis que c'est même plus dur psychologiquement pour le garçon car personne ne l'accompagne, ne l'écoute. On s'est contenté de le féliciter de prendre ses responsabilités. Ce n'est que 6 mois plus tard qu'il m'a parlé des cauchemars, de ce manque du bébé (c'était un choix de raison). Les MST grandes où je petites sont complètement laissée de côté. Conséquence : le réflexe test HIV en cas d'oubli ou de déchirement de préservatif que nous avions est complètement laissé de côté. La doctoresse en a parlé à ma fille qui l'a pris comme une insulte envers son chéri. Alors certes normalement pour les deux c'est leur première fois mais ... Visiblement pour les jeunes ce n'est plus une préoccupation. Alors certes on en a certainement trop fait dans les années 90 mais maintenant au niveau information c'est zéro. C'est pire même, ils savent que ça existe mais ne se sentent pas concernés ou peut être pensent-ils qu'on peut les soigner ou vivre avec . Bon là on est très loin du sujet initial ☺️
maverick_2010 Posté(e) 11 août 2020 Auteur Posté(e) 11 août 2020 il y a 26 minutes, maryl a dit : Si ça peut te rassurer quand mon fils était plus jeune je me demandais comment je pourrais aborder tout cela avec mon fils. J'espérais que son père jouerait son rôle mais non. Et puis petit à petit les choses se sont mises en place d'elles-mêmes. C'est vrai qu'avec ma fille c'était plus facile. Quand j'ai des doutes j'en parle à un ami qui m'aide à savoir quoi dire où comment réagir. Mon fils n'ira pas voir son père s'il a des questions, il est un peu gêné avec moi (même s'il a fait son cm2 dans ma classe 😄) car tout simplement je suis sa maman. Il sait qu'il peut me parler de tout, répond à mes questions (du style tu en est où de ta puberté ? ☺️) Et il sait que s'il a des questions il pourra aller voir cet ami. Mais le rôle de maîtresse sur ce sujet est plus facile que celui de maman. La relation n'est pas là même. J'ai visiblement quelques années de plus que toi. Quand j'étais au lycée, je me souviens de la polémique sur l'installation ou non d'un distributeur de préservatifs dans le lycée. Au niveau information : rien. Alors que 6 ans plus tôt, j'ai passé un an à Montréal et là il y avait beaucoup d'info même dans les bus (bon à 10-11 ans, je ne me sentais pas concernée mais l'info est restée dans un coin de ma tête). J'ai eu là encore la malheureuse chance que ma mère travaillent alors dans un endroit très concerné avec beaucoup de personnels touchés et décédés. Ma mère en parlait beaucoup. Probablement pour évacuer. Et si toutes les personnes concernées étaient homosexuelles, elle nous disait bien que ça pouvait toucher tout le monde. Ce qu'on savait déjà, merci le Québec. Je me souviens qu'elle m'avait demandé quand elle devrait parler de préservatifs à mon frère. Je lui ai répondu de le laisser tranquille, qu'il savait certainement déjà tout ce qu'il y avait à savoiret qu'il ne fallait pas rajouter de la peur. Aujourd'hui l'information aux lycéens (d'après ce que m'a rapporté ma fille) porte un peu sur les MST et sur la contraception, le risque de grossesse et beaucoup sur les droits des jeunes (dire non mais aussi choisir sa contraception, avortement, la non divulgation aux parents pour la pilule du lendemain ou l'avortement). Les élèves sont beaucoup informés sur le planning familial. Trop d'après ma fille qui a eu l'impression que les parents étaient mis de côté. Je lui ai répondu que les jeunes qui ont des parents disponibles sont déjà informés mais qu'il fallait absolument aider ceux dont les parents sont défaillants dans ce domaine (par peur, religion, pas envie de voir leur enfant grandir....). Un soir elle est allée chercher la pilule du lendemain à la pharmacie qui lui a bien dit que je ne serai pas informée. Elle leur a répondu que c'est moi qui l'avait amenée et que je l'attendais dehors. Je l'attendais effectivement avec l'ami dont j'ai parlé plus haut. Je lui en avais parlé mais quand ma fille est arrivée, il a fait comme si de rien n'était. Elle lui a demandé un verre d'eau le cachet à la main. Il l'a un peu asticotée comme toujours et elle lui a clairement dit ce qu'elle prenait et pourquoi. J'avoue que j'étais, nous étions, fiers d'elle. Deux choses me gènent dans ce que je vois des jeunes aujourd'hui. Ils parlent avortement comme si c'était quelque chose de facile. Quand ma fille a commencé à prendre la pilule, elle a dit à notre doctoresse qu'elle avorterait si nécessaire. On a essayé de lui faire comprendre que ce n'était pas un acte si facile mais ça a glissé sur elle. C'est très bien de faciliter l'avortement aux jeunes filles mais il faudrait quand même les informer que ce n'est pas un acte facile ni pour elle, ni pour son copain s'il l'accompagne. Du jeune couple que j'ai accompagné je me dis que c'est même plus dur psychologiquement pour le garçon car personne ne l'accompagne, ne l'écoute. On s'est contenté de le féliciter de prendre ses responsabilités. Ce n'est que 6 mois plus tard qu'il m'a parlé des cauchemars, de ce manque du bébé (c'était un choix de raison). Les MST grandes où je petites sont complètement laissée de côté. Conséquence : le réflexe test HIV en cas d'oubli ou de déchirement de préservatif que nous avions est complètement laissé de côté. La doctoresse en a parlé à ma fille qui l'a pris comme une insulte envers son chéri. Alors certes normalement pour les deux c'est leur première fois mais ... Visiblement pour les jeunes ce n'est plus une préoccupation. Alors certes on en a certainement trop fait dans les années 90 mais maintenant au niveau information c'est zéro. C'est pire même, ils savent que ça existe mais ne se sentent pas concernés ou peut être pensent-ils qu'on peut les soigner ou vivre avec . Bon là on est très loin du sujet initial ☺️ Ce n'est certes pas tout à fait le sujet de départ, mais ça n'en est pas moins très intéressant. 😊 Moi qui ne suis encore qu'un jeune homme sans enfants (et sans projet de ce côté à l'heure actuelle), ça m'aide toujours de lire ce que de vrais parents peuvent avoir à dire là-dessus. Toute information est bonne à prendre, car après tout il faut les inclure dans la démarche de l'éducation sexuelle à l'école et je suis preneur de tout exemple d'expérience familiale. Par ailleurs, ton dernier constat est loin d'être dénué d'intérêt: il serait utile de savoir d'où vient ce manque de préoccupation des jeunes, et ce qui pourrait être fait à l'école (par laquelle ils passent tous d'abord en principe) pour le résoudre. Même si je pense que c'est surtout lié à un état d'esprit général d'insouciance et de déresponsabilisation qui touche énormément de monde aujourd'hui, jeunes comme moins jeunes. Je suis aussi intrigué par ce recours à un ami pour expliquer certaines choses à tes enfants: cela montre que même avec des parents ouverts et sérieux, les enfants peuvent choisir de se tourner vers un "confident", une personne extérieure pour parler de sujets qu'ils préfèrent tenir à l'écart de la famille. C'est très proche du rôle que j'aimerais représenter en tant qu'enseignant, un repère vers lequel l'enfant peut se tourner lorsqu'il n'est pas sûr de pouvoir parler de certaines choses à ses parents (qu'il s'agisse de l'éducation sexuelle ou de tout autre problème). Un complément dans son chemin vers l'épanouissement en quelque sorte.
maryl Posté(e) 12 août 2020 Posté(e) 12 août 2020 il y a 57 minutes, maverick_2010 a dit : Par ailleurs, ton dernier constat est loin d'être dénué d'intérêt: il serait utile de savoir d'où vient ce manque de préoccupation des jeunes, et ce qui pourrait être fait à l'école (par laquelle ils passent tous d'abord en principe) pour le résoudre. Même si je pense que c'est surtout lié à un état d'esprit général d'insouciance et de déresponsabilisation qui touche énormément de monde aujourd'hui, jeunes comme moins jeunes J'ai lu que ce désintérêt viendrai du fait que les jeunes considèrent le sida comme une maladie "banale". Je pense aussi que comme souvent quand une génération en fait trop sur un sujet la suivante fait en général l'inverse. Ainsi les enfants de parents Woodstock sont en général plus prude et rigide. Idem pour les enfants Dolto souvent plus sévères et plus cadrans. Ma génération est celle de l'angoisse (SIDA, chômage de masse) et des promesses non tenues (tu auras un bon travail si tu travailles bien à l'école). La génération de mes enfants a vécu avec cette angoisse. Je ne crois pas qu'ils soient insouciants au contraire. Ils savent que l'avenir est incertain même pour ceux qui sont bons élèves. Ils ont des valeurs auxquelles ils tiennent (écologie, respect, solidarité). Ils sont loin de l'image qu'on leur donne dans les médias. Beaucoup sont très réfléchis. Mais ils savent aussi qu'il faut vivre tant qu'on peut le faire. Beaucoup ont été confrontés au divorce de leurs parents, à la maladie (notamment les cancers très courants), à des pertes financières et des déclassements sociaux et je crois qu'ils savent très bien que cela peut leur arriver et qu'ils doivent profiter tant qu'ils le peuvent. Quand les jeunes qui vont bien se projettent dans l'avenir ils pensent qu'ils auront leurs parents à charge plus tard. Donc au contraire ils manquent d'insouciance. Ceux qui vont moins bien qui ont moins été accompagnés sont par contre dans la colère, la violence et la révolte. L'exemple du Covid est flagrant, on nous montre des jeunes refusant de porter le masque mais en fait ce sont ces derniers. Taper sur la jeunesse est aussi habituel que taper sur les enseignants, personne ne cherche à comprendre, "c'était mieux de notre temps". Mais nombreux sont ceux qui au contraire les portent plus facilement que les adultes, ne vont pas voir leurs grands parents... Quand à l'égocentrisme, le narcissisme des ados, il est normal et psychologiquement nécessaire J'ai peur et c'est le constat qu'on fait dans notre école que les suivants, ceux qui sont au primaire ou au collège soient plus désespérés (déjà, c'est triste). Le monde qui les attend ne donne pas envie. Ils ne sont pas si égocentrés que cela. Mais ils ne savent pas non plus quoi faire. Ce qu'on peut y faire à l'école ? Pas grand chose j'en ai peur tellement cette institution n'est plus respectée et est désignée comme la source des mots. Mais chacun d'entre nous, en tant enseignants - individu, peut poser des pierres ou semer des graines (j'aime bien l'image du jardinier) pour accompagner ces enfants sur le chemin de la vie. il y a une heure, maverick_2010 a dit : Je suis aussi intrigué par ce recours à un ami pour expliquer certaines choses à tes enfants: cela montre que même avec des parents ouverts et sérieux, les enfants peuvent choisir de se tourner vers un "confident", une personne extérieure pour parler de sujets qu'ils préfèrent tenir à l'écart de la famille. C'est très proche du rôle que j'aimerais représenter en tant qu'enseignant, un repère vers lequel l'enfant peut se tourner lorsqu'il n'est pas sûr de pouvoir parler de certaines choses à ses parents (qu'il s'agisse de l'éducation sexuelle ou de tout autre problème). Un complément dans son chemin vers l'épanouissement en quelque sorte. A la base c'est le rôle des parrains et marraines. Il y en a moins et leur rôle est moins codifié qu'avant. Les enfants ont toujours eu besoin d'un confident hors de la cellule familiale. Ce peut être un oncle, une tante, un grand-parent ou un ami. Ce peut aussi être le rôle d'un enseignant si ce lien particulier se crée. Je suis encore des élèves maintenant adultes. Certains me raconte leur vie tout simplement, me montrent fièrement comment ils ont grandis et pour d'autres je suis une bouée de sauvetage ou parfois un élément stable en pleine tempête. Ce rôle de référent à long terme concerne une poignée d'élèves d'abord parce qu'on ne peut se charger et que lorsqu'on fait la promesse à un élève d'être toujours là pour lui, il faut la tenir. Ce qui est intéressant est que de plus en plus de parents d' élèves (présents ou passés) attendent de nous ce suivi ou nous appellent à l'aide. Ils se retournent vers l'enseignant comme on l'aurait fait avant vers le psy, le médecin ou le curé. Là encore il semble y avoir un gros hiatus entre l'image de la profession et certaines réalités. Maintenant moi je me lancée sur cette voie parce que c'est ma personnalité mais ce n'est pas à la base le rôle de l'enseignant. J'ai commencé avec un élève qui plus tard est devenu mon beau-fils. Il ne l'est plus mais lui et ses parents m'ont laissé ce rôle d'éducatrice. Pour d'autres élèves, une fois qu'ils vont mieux, je n'entends plus parler d'eux et c'est très bien ça veut dire qu'ils n'ont plus besoin de moi. Et cette aide, ce suivi est toujours à l'initiative des enfants (éventuellement des parents) mais pas la mienne. Par contre, au quotidien, dans nos classes oui nous aidons nos élèves à grandir. Le gros problème est le manque de formation : nous ne sommes ni éducateur ni psy. L'autre problème est que nous n'avons pas d'aide ou simplement d'écoute face à des situations trop compliquée. De plus nous devons normalement garder des distances. Certains parents n'apprécient pas ce qui leur semble être de l'ingérence et la hiérarchie ne nous soutient pas toujours. Face à un élève qui me parle de ses problèmes, je l'écoute mais le renvoie toujours à sa famille (tu devrais en parler à tes parents). Parfois l'élève le fait, parfois il me demande de le faire, parfois rien ne se passe mais au moins il aura été écouté. Ce qui souvent suffit. S'il s'agit d'un problème avec les parents, j'essaie de trouver la source et de même je conseille la communication avec les parents. Si le problème était vraiment trop gros alors j'en parlerai à la psy sco. Elle a reçu comme ça quelques enfants en urgence (elle a droit une fois sans l'accord préalable des parents et uniquement en cas d'urgence). L'enseignant référent de la parole de l'enfant oui mais il faut apprendre l'écoute passive. Et donc d'abord à se blinder. Car ce peut être très lourd à porter. Nous n'avons pas à leur dire quoi faire ni quel citoyen ils vont devoir devenir surtout si cela va à l'encontre de l'éducation donnée par les parents. J'aurai très mal pris qu'un enseignant vienne se glisser entre mes enfants et moi. Cet ami est...un ami. Je l'ai choisi comme j'ai choisi mon médecin ou un psy. Il a pris ce rôle parce que je l'ai autorisé à le prendre et même demandé. Je n'ai pas ce rôle vis à vis de ses enfants même si j'ai le droit de les recadrer si nécessaire. L'enseignant n'est pas choisi en général même s'il est arrivé que des parents demandent à ce que je prenne leurs enfants pour les cadrer, les rassurer, les faire évoluer en tant qu'humain... Dans ce cas particulier là le contrat est différent. Maintenant il est vrai que tous mes élèves (et même d'autres) peuvent venir me parler s'ils le désirent et je les écouterais. J'ai, hors de ma classe, une réputation de dragon (entretenue par moi 😂) mais tous savent que je ne les juge pas et que ce qu'ils me disent est confidentiel sauf s'il y a danger. Les cm2 savent aussi qu'ils me retrouveront au collège (enfin dans l'un des collèges) car j'y travaille le mercredi. C'était d'ailleurs drôle de les voir partir le dernier jour en me disant "à l'année prochaine maîtresse". Je n'ai jamais eu envie de ce rôle. Je pensais avoir les élèves un ou deux puis au suivant. Mais j'ai toujours eu un côté psy (il paraît que c'est ce que j'aurais dû faire 😄) et les gens se confient à moi sans que je ne demande rien. Dans mon école, ce côté a été accepté (ce n'est pas le cas partout) et en général on me donne les élèves angoissés ou à problème "parce que tu les comprends si bien". Après quelques années ça me fait sourire et si je ne suis pas marraine, j'ai plein de filleuls de coeur ☺️ J'y trouve mon compte. Ma fille beaucoup moins et a parfois l'impression de passer après eux. Mon fils ça le fait rire. Il n'a pas l'impression de perdre sa place.
maverick_2010 Posté(e) 12 août 2020 Auteur Posté(e) 12 août 2020 J'espère pouvoir vivre cette relation au fil de ma carrière, au moins je ne risque pas d'avoir des enfants jaloux. 😛 Je me demande aussi, sachant que la majorité des enseignants sont majoritairement des femmes, quelle influence la présence d'un homme pourrait avoir vis-à-vis de l'ouverture des élèves à discuter de certaines choses. Les élèves filles sont certainement plus réservées, mais les garçons peuvent sans doute se sentir plus à l'aise? Quel sont vos avis?
maryl Posté(e) 12 août 2020 Posté(e) 12 août 2020 J'ai eu un collègue homme en cm2. Ses élèves garçons ou filles allaient facilement parler avec lui mais si c'était pour des histoires d'amourettes, les enfants venaient me voir moi. Probablement parce qu'il ne voulait pas en entendre parler. De même si une gamine avait ses règles, il me l'envoyait. Mais c'est probablement parce qu'on fonctionnait en binôme, que notre porte de communication était très souvent ouverte. A la piscine, il s'occupait du vestiaire garçon et moi de celui des filles. Beaucoup moins gênant. A une réunion de parents commune, j'avais dit que j'étais maternante et lui paternant en rigolant. Il a nié mais c'était très vrai. Il couvait ses élèves comme moi les miens et les dernières années nous couvions en commun 😄 Les garçons se confient moins que les filles en général. Soit ils disent très vite (et parfois violemment) ce qui leur pose problème, soit ils ruminent et pour leur arracher ce qui ne va pas, bon courage... Les filles parlent plus facilement. Sûrement que certaines enseignantes ont une image maternelle pour les enfants. Mais en fait les enfants s'adaptent à leur enseignant et s'ils le sentent empathie alors ils vont s'ouvrir peu importe que l'enseignant soit une homme ou une femme. Je connais un ancien CPE auquel les élèves se confiaient facilement. La présence des hommes nous aident dans l'école par rapport à l'autorité. S'ils ne sont pas trop jeunes. Les stéréotypes ont encore de beaux jours devant eux.
maverick_2010 Posté(e) 12 août 2020 Auteur Posté(e) 12 août 2020 Il y a 5 heures, maryl a dit : J'ai eu un collègue homme en cm2. Ses élèves garçons ou filles allaient facilement parler avec lui mais si c'était pour des histoires d'amourettes, les enfants venaient me voir moi. Probablement parce qu'il ne voulait pas en entendre parler. De même si une gamine avait ses règles, il me l'envoyait. Mais c'est probablement parce qu'on fonctionnait en binôme, que notre porte de communication était très souvent ouverte. A la piscine, il s'occupait du vestiaire garçon et moi de celui des filles. Beaucoup moins gênant. A une réunion de parents commune, j'avais dit que j'étais maternante et lui paternant en rigolant. Il a nié mais c'était très vrai. Il couvait ses élèves comme moi les miens et les dernières années nous couvions en commun 😄 Les garçons se confient moins que les filles en général. Soit ils disent très vite (et parfois violemment) ce qui leur pose problème, soit ils ruminent et pour leur arracher ce qui ne va pas, bon courage... Les filles parlent plus facilement. Sûrement que certaines enseignantes ont une image maternelle pour les enfants. Mais en fait les enfants s'adaptent à leur enseignant et s'ils le sentent empathie alors ils vont s'ouvrir peu importe que l'enseignant soit une homme ou une femme. Je connais un ancien CPE auquel les élèves se confiaient facilement. La présence des hommes nous aident dans l'école par rapport à l'autorité. S'ils ne sont pas trop jeunes. Les stéréotypes ont encore de beaux jours devant eux. Je pense que les garçons se confient moins que les filles parce qu'ils sont déjà formatés à l'idée de devoir paraître "solides" et de ne pas montrer leurs émotions, comme leurs parents peuvent le leur apprendre, comme les médias peuvent le leur apprendre... Mais si on prend la peine de briser la glace, ils restent des enfants, avec leurs doutes, leurs faiblesses, et leur besoin de s'exprimer. Et cela devrait faire partie de l'éducation sexuelle aussi, la lutte contre les clichés du genre "si tu es un garçon tu dois te montrer fort et viril", "si tu es une fille tu pleures et tu parles beaucoup". Énormément de garçons souffrent de ne pas pouvoir être compris parce qu'ils se conforment à l'image qu'ils pensent qu'on attend d'eux, et ils transforment leur malaise ou leur frustration en comportements qui correspondent à cette image mais ne sont pas sains: violence, défiance, voire insolence... Tant que ça donne l'impression aux copains qu'ils sont costauds et virils, ça marche. J'en ai eu plusieurs comme ça cette année en CM1, dont un en particulier, une vraie grande g...le et un beau crâneur en classe, mais le premier à pleurer à cause d'une mauvaise évaluation. Les stéréotypes ne naissent pas de nulle part! ^^ Une présence masculine peut aider avec l'autorité non pas parce qu'une femme a moins d'autorité qu'un homme (j'en connais qui feraient pâlir un sergent instructeur des Marines), mais parce que les élèves sont moins éduqués pour voir les femmes comme des figures d'autorité. Après, le résultat reste le même hélas.
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