maryl Posté(e) 13 août 2020 Partager Posté(e) 13 août 2020 Il y a 5 heures, maverick_2010 a dit : Je pense que les garçons se confient moins que les filles parce qu'ils sont déjà formatés à l'idée de devoir paraître "solides" et de ne pas montrer leurs émotions, comme leurs parents peuvent le leur apprendre, comme les médias peuvent le leur apprendre... Mais si on prend la peine de briser la glace, ils restent des enfants, avec leurs doutes, leurs faiblesses, et leur besoin de s'exprimer. Et cela devrait faire partie de l'éducation sexuelle aussi, la lutte contre les clichés du genre "si tu es un garçon tu dois te montrer fort et viril", "si tu es une fille tu pleures et tu parles beaucoup". Énormément de garçons souffrent de ne pas pouvoir être compris parce qu'ils se conforment à l'image qu'ils pensent qu'on attend d'eux, et ils transforment leur malaise ou leur frustration en comportements qui correspondent à cette image mais ne sont pas sains: violence, défiance, voire insolence... Tant que ça donne l'impression aux copains qu'ils sont costauds et virils, ça marche. J'en ai eu plusieurs comme ça cette année en CM1, dont un en particulier, une vraie grande g...le et un beau crâneur en classe, mais le premier à pleurer à cause d'une mauvaise évaluation. Les stéréotypes ne naissent pas de nulle part! ^^ Une présence masculine peut aider avec l'autorité non pas parce qu'une femme a moins d'autorité qu'un homme (j'en connais qui feraient pâlir un sergent instructeur des Marines), mais parce que les élèves sont moins éduqués pour voir les femmes comme des figures d'autorité. Après, le résultat reste le même hélas. Oui tu as raison. Les garçons les plus difficiles que j'ai eu étaient souvent des garçons en souffrance. A près de 45 ans, je crois encore que chacun porte au moins 5% de bon en lui (ce n'est pas de moi mais de Baden-Powel) même si l'expérience m'a parfois montré qu'il est difficile de les trouver. Oui les garçons pour beaucoup sont encore éduqué sur le mode "un homme ça ne pleure pas", c'est particulièrement vrai dans certaines communautés et pour ceux auxquels je pense " un homme ne pleure pas devant une femme". Ces enfants là se retrouvent fort démunis quand le ciel leur tombe sur la tête. Évidemment ça évolue doucement surtout quand ils voient des hommes pleurer (en particulier leur père) mais très doucement. C'est encore plus dur de voir son père pleurer que sa mère. Le père représente l'autorité, la force quand la mère représente le maternage, la sensibilité, l'écoute. Et si la force s'écroule ... Bref. On ne changera pas des milliers d'années de conception en quelques années et quelque part cet équilibre est nécessaire pour la construction d'un enfant. Mes enfants ont été très déstabilisés (surtout mon fils) de voir leur père pleurer à l'enterrement de son père alors que, même si ça les chagrinait, il était normal de me voir pleurer un an plus tôt ma mère. Pourtant nous pleurons tous les deux sans trop de retenue. A contrario, je vois de plus en plus de filles (ou femme) qui s'interdisent de pleurer sur le mode "pleurer c'est être faible" (merci les années 80-90). De même qu'on dit aux adultes de ne pas pleurer devant les enfants alors qu'au contraire ça les éduque à l'empathie. Et si on s'interdit de pleurer alors on s'interdit de parler. C'est malheureusement à contre courant des connaissances psy actuelles. Je te rassure, les enseignantes ne remettent pas en cause leur autorité lorsqu'il y a un collègue homme. D'abord parce qu'il y a une raison physiologique : on réagit tous différemment selon qu'on en entend une voix plus ou moins grave. Des études ont eu lieu sur des bébés, ce qui montre que c'est un réflexe reptilien et non une cause d'éducation. Mon père et sa belle voix grave (et sa stature) impressionné et inspire le respect au 1er regard. Puis son empathie et sa douceur naturelle font que les gens se confient à lui. Ce qui est bizarre est que lorsqu'il prêche (il est pretre maintenant), la voix est moins grave alors que lorsqu'il donnait des cours (un vrai chat, ils a eu plusieurs vies ☺️) sa voix était normale, a priori quand il était à la tribune en tant que syndicaliste étudiant aussi (c'est comme ça qu'il a séduit ma mère 😄). Moi ça me perturbe, je préfèrerais qu'il garde sa voix normale (grave, douce et puissante) mais 1) il ne s'en rend pas compte et 2) ses paroissiens sont contents ce qui est le principal 😄. A la réflexion, on ne dévie pas tant que ça du sujet car cela fait partie de l'éducation à la sexualité. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
mamiebrossard Posté(e) 13 août 2020 Partager Posté(e) 13 août 2020 il y a une heure, maryl a dit : Oui tu as raison. Les garçons les plus difficiles que j'ai eu étaient souvent des garçons en souffrance. A près de 45 ans, je crois encore que chacun porte au moins 5% de bon en lui (ce n'est pas de moi mais de Baden-Powel) même si l'expérience m'a parfois montré qu'il est difficile de les trouver. Oui les garçons pour beaucoup sont encore éduqué sur le mode "un homme ça ne pleure pas", c'est particulièrement vrai dans certaines communautés et pour ceux auxquels je pense " un homme ne pleure pas devant une femme". Ces enfants là se retrouvent fort démunis quand le ciel leur tombe sur la tête. Évidemment ça évolue doucement surtout quand ils voient des hommes pleurer (en particulier leur père) mais très doucement. C'est encore plus dur de voir son père pleurer que sa mère. Le père représente l'autorité, la force quand la mère représente le maternage, la sensibilité, l'écoute. Et si la force s'écroule ... Bref. On ne changera pas des milliers d'années de conception en quelques années et quelque part cet équilibre est nécessaire pour la construction d'un enfant. Mes enfants ont été très déstabilisés (surtout mon fils) de voir leur père pleurer à l'enterrement de son père alors que, même si ça les chagrinait, il était normal de me voir pleurer un an plus tôt ma mère. Pourtant nous pleurons tous les deux sans trop de retenue. A contrario, je vois de plus en plus de filles (ou femme) qui s'interdisent de pleurer sur le mode "pleurer c'est être faible" (merci les années 80-90). De même qu'on dit aux adultes de ne pas pleurer devant les enfants alors qu'au contraire ça les éduque à l'empathie. Et si on s'interdit de pleurer alors on s'interdit de parler. C'est malheureusement à contre courant des connaissances psy actuelles. Je te rassure, les enseignantes ne remettent pas en cause leur autorité lorsqu'il y a un collègue homme. D'abord parce qu'il y a une raison physiologique : on réagit tous différemment selon qu'on en entend une voix plus ou moins grave. Des études ont eu lieu sur des bébés, ce qui montre que c'est un réflexe reptilien et non une cause d'éducation. Mon père et sa belle voix grave (et sa stature) impressionné et inspire le respect au 1er regard. Puis son empathie et sa douceur naturelle font que les gens se confient à lui. Ce qui est bizarre est que lorsqu'il prêche (il est pretre maintenant), la voix est moins grave alors que lorsqu'il donnait des cours (un vrai chat, ils a eu plusieurs vies ☺️) sa voix était normale, a priori quand il était à la tribune en tant que syndicaliste étudiant aussi (c'est comme ça qu'il a séduit ma mère 😄). Moi ça me perturbe, je préfèrerais qu'il garde sa voix normale (grave, douce et puissante) mais 1) il ne s'en rend pas compte et 2) ses paroissiens sont contents ce qui est le principal 😄. A la réflexion, on ne dévie pas tant que ça du sujet car cela fait partie de l'éducation à la sexualité. Je rebondis juste sur cette histoire de voix. Comme tu le dis, il ne s'en rend pas compte. C'est comme au début d'une histoire d'amour, sans s'en rendre compte, nous n'avons pas du tout la même voix quand on s'adresse à l'autre 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
Mirobolande Posté(e) 13 août 2020 Partager Posté(e) 13 août 2020 Le 10/08/2020 à 21:33, maverick_2010 a dit : . Ma compagne a travaillé chez un éditeur assez connu pour réaliser un manuel de sciences à destination des classes de seconde, et ses collègues lui ont dit qu'ils recevaient chaque année des lettres de plaintes de la part d'individus ou même d'associations pour avoir osé mentionner, par exemple, l'existence du clitoris chez les femmes dans des éditions précédentes. On peine à le croire. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
maverick_2010 Posté(e) 13 août 2020 Auteur Partager Posté(e) 13 août 2020 il y a 29 minutes, Mirobolande a dit : On peine à le croire. J'aurais aimé que ce ne soit qu'une plaisanterie, malheureusement ce n'est pas le cas. 😕 Je me demande d'ailleurs quelles seraient les réactions (des parents ou autres) si pendant les cours d'éducation sexuelle, étaient nommées les parties du corps concernées (à savoir: pénis, vagin, clitoris)? J'ai l'impression que la seule évocation de ces mots peut déclencher des tempêtes... Et pourtant, je pense qu'une bonne éducation sexuelle devrait commencer par-là: nommer ce dont on parle, ne pas en avoir honte, ne pas utiliser d'artifices pour éviter certains termes. Au contraire, les enfants ont besoin de l'honnêteté, de la franchise qui peut manquer à leurs parents face à leurs questions. Lorsque j'ai lu les "avis" de parents qui avaient lu le "Max et Lili: Lili rêve d'être une femme", dans lequel les amies de Lili mentionnent expressément leur possession d'un vagin et d'un clitoris, plusieurs de ces avis se résumaient à "oh la la mais comment peut-on mettre ce livre entre les mains d'enfants!" ou "protégeons l'innocence des enfants!". Et je pense que l'emploi du mot "innocence" est très révélateur: dans la tête de ces personnes, cela veut dire que la sexualité relève de quelque chose de mauvais, qui salit l'enfant. Long chemin à parcourir pour déjà changer de tels préjugés! Les enfants peuvent avoir des intérêts sexuels dès très jeunes, mais les adultes refusent de le voir ou le cachent sciemment parce que c'est tabou (pour plein de raisons différentes). Résultat: au mieux mensonges et silences, au pire réprobations, punitions et traumatismes, pour les enfants qui voudraient juste en savoir un peu plus sur eux-mêmes. Et même si leur curiosité n'a pas forcément quelque chose de consciemment sexuel, certaines parties de leurs corps semblent leur être interdites! Pas le droit de poser des questions, pas le droit d'apprendre des choses qui les concernent pourtant au plus haut point. Bonjour la puberté difficile par la suite (et je sais de quoi je parle)... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
vélo45 Posté(e) 13 août 2020 Partager Posté(e) 13 août 2020 Tout en leur achetant un portable avec accés illimité sur internet en CM1 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
maverick_2010 Posté(e) 13 août 2020 Auteur Partager Posté(e) 13 août 2020 il y a 11 minutes, rose45 a dit : Tout en leur achetant un portable avec accés illimité sur internet en CM1 😅 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
lilie2fr Posté(e) 13 août 2020 Partager Posté(e) 13 août 2020 il y a une heure, maverick_2010 a dit : J'aurais aimé que ce ne soit qu'une plaisanterie, malheureusement ce n'est pas le cas. 😕 Je me demande d'ailleurs quelles seraient les réactions (des parents ou autres) si pendant les cours d'éducation sexuelle, étaient nommées les parties du corps concernées (à savoir: pénis, vagin, clitoris)? J'ai l'impression que la seule évocation de ces mots peut déclencher des tempêtes... Et pourtant, je pense qu'une bonne éducation sexuelle devrait commencer par-là: nommer ce dont on parle, ne pas en avoir honte, ne pas utiliser d'artifices pour éviter certains termes. Au contraire, les enfants ont besoin de l'honnêteté, de la franchise qui peut manquer à leurs parents face à leurs questions. Lorsque j'ai lu les "avis" de parents qui avaient lu le "Max et Lili: Lili rêve d'être une femme", dans lequel les amies de Lili mentionnent expressément leur possession d'un vagin et d'un clitoris, plusieurs de ces avis se résumaient à "oh la la mais comment peut-on mettre ce livre entre les mains d'enfants!" ou "protégeons l'innocence des enfants!". Et je pense que l'emploi du mot "innocence" est très révélateur: dans la tête de ces personnes, cela veut dire que la sexualité relève de quelque chose de mauvais, qui salit l'enfant. Long chemin à parcourir pour déjà changer de tels préjugés! Les enfants peuvent avoir des intérêts sexuels dès très jeunes, mais les adultes refusent de le voir ou le cachent sciemment parce que c'est tabou (pour plein de raisons différentes). Résultat: au mieux mensonges et silences, au pire réprobations, punitions et traumatismes, pour les enfants qui voudraient juste en savoir un peu plus sur eux-mêmes. Et même si leur curiosité n'a pas forcément quelque chose de consciemment sexuel, certaines parties de leurs corps semblent leur être interdites! Pas le droit de poser des questions, pas le droit d'apprendre des choses qui les concernent pourtant au plus haut point. Bonjour la puberté difficile par la suite (et je sais de quoi je parle)... Je nomme les endroits avec les mots scientifiques : vulve, vagin, clitoris (si on me demande car hors programme), penis, verge, testicules, gland, seins, éjaculation, erection etc...et pas de souci. Je previens dès la réunion de rentrée. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
Lena Posté(e) 13 août 2020 Partager Posté(e) 13 août 2020 Quand j’ avais des cm2, je faisais comme Lilie2fr : nommer, et prévenir les parents en réunion de rentrée. Une fois les organes nommés, nous parlions ”comme des scientifiques ou des medecins” ; les élèves ricaneurs-tout-rouges... étaient moins mal à l'aise... rien que d avoir les mots! (et une maîtresse qui les prononce en touchant ”ça ” avec ses doigts ... brrrrr... sur le tbi! , très zen) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
HappyPomme Posté(e) 13 août 2020 Partager Posté(e) 13 août 2020 Merci pour cette discussion si riche et intéressante ! Ce sujet est tellement important à aborder mais encore bien trop tabou, même dans la profession. Pourtant, l'éducation sexuelle est primordiale, l'éducation au respect de soi, des autres. Personnellement, je m'intéresse beaucoup au sujet des violences sexuelles. Je cite un rapport datant de 2015 : "Il en résultait que près de 40% des viols ou tentatives de viols déclarés par les femmes avaient lieu avant l'âge de 15 ans. Pour les hommes, le taux monte à près de 60%. Plus spécifiquement, un quart des femmes et un tiers des hommes interrogés dans cette étude ont expliqué que ces faits avaient débuté avant l'âge de 11 ans." "Plus spécifiquement, les pics de violences sexuelles sont nombreux chez les enfants. On estime, selon les données du Ministère de l'Intérieur que le pic de violence sexuelles chez les filles est atteint entre 10 et 15 ans. Chez les garçons, ce pic est évalué à 6 ans ; il décroît ensuite." Et dans 80 à 90% des cas, victimes et agresseurs se connaissent. Les enfants, les mineurs, sont les premiers concernés par ces violences. Statistiquement, on en a tous dans nos classes. Il faut leur laisser un espace de parole et ça passe par cette éducation et notre écoute. J'ai parfois quelques sueurs froides de me dire que peut-être je passe à côté d'un enfant en danger mais ne le sachant pas, je ne peux rien faire. Je change d'école régulièrement étant brigade, difficile d'instaurer quelque chose de durable dans les écoles où je passe par ma seule volonté. Il faudrait que les collègues suivent sans moi. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
maverick_2010 Posté(e) 13 août 2020 Auteur Partager Posté(e) 13 août 2020 Il y a 4 heures, lilie2fr a dit : Je nomme les endroits avec les mots scientifiques : vulve, vagin, clitoris (si on me demande car hors programme), penis, verge, testicules, gland, seins, éjaculation, erection etc...et pas de souci. Je previens dès la réunion de rentrée. Sympa de voir que c'est possible (avec toujours naturellement l'inclusion des parents). Il y a 3 heures, Lena a dit : Quand j’ avais des cm2, je faisais comme Lilie2fr : nommer, et prévenir les parents en réunion de rentrée. Une fois les organes nommés, nous parlions ”comme des scientifiques ou des medecins” ; les élèves ricaneurs-tout-rouges... étaient moins mal à l'aise... rien que d avoir les mots! (et une maîtresse qui les prononce en touchant ”ça ” avec ses doigts ... brrrrr... sur le tbi! , très zen) D'après ce que j'ai pu observer, les élèves sont très souvent gênés ou "ricaneurs" parce que le sujet leur est présent depuis des années d'une telle manière qu'il prête à ce genre de réactions. Mais le simple fait d'en parler naturellement, comme de toute autre chose, et de ne pas tomber dans les mêmes attitudes embêtées, méprisantes ou élusives auxquelles ils sont habitués, permet de rapidement reprendre le contrôle et de les mettre en confiance. Il y a 2 heures, PommeD'Api a dit : Merci pour cette discussion si riche et intéressante ! Ce sujet est tellement important à aborder mais encore bien trop tabou, même dans la profession. Pourtant, l'éducation sexuelle est primordiale, l'éducation au respect de soi, des autres. Personnellement, je m'intéresse beaucoup au sujet des violences sexuelles. Je cite un rapport datant de 2015 : "Il en résultait que près de 40% des viols ou tentatives de viols déclarés par les femmes avaient lieu avant l'âge de 15 ans. Pour les hommes, le taux monte à près de 60%. Plus spécifiquement, un quart des femmes et un tiers des hommes interrogés dans cette étude ont expliqué que ces faits avaient débuté avant l'âge de 11 ans." "Plus spécifiquement, les pics de violences sexuelles sont nombreux chez les enfants. On estime, selon les données du Ministère de l'Intérieur que le pic de violence sexuelles chez les filles est atteint entre 10 et 15 ans. Chez les garçons, ce pic est évalué à 6 ans ; il décroît ensuite." Et dans 80 à 90% des cas, victimes et agresseurs se connaissent. Les enfants, les mineurs, sont les premiers concernés par ces violences. Statistiquement, on en a tous dans nos classes. Il faut leur laisser un espace de parole et ça passe par cette éducation et notre écoute. J'ai parfois quelques sueurs froides de me dire que peut-être je passe à côté d'un enfant en danger mais ne le sachant pas, je ne peux rien faire. Je change d'école régulièrement étant brigade, difficile d'instaurer quelque chose de durable dans les écoles où je passe par ma seule volonté. Il faudrait que les collègues suivent sans moi. Je suis bien d'accord avec tout ça. Avant de devenir professeur, j'ai travaillé dans la Justice et j'ai eu pas mal de dossiers qui me sont passés entre les mains, y compris des dossiers de viols et d'attouchements. Et je confirme que dans 90% des cas, ça se commet au sein de la famille. Le cliché du "violeur de rue" est très loin de la réalité. Les membres de la famille (généralement le nouveau de la mère de la victime) profitent de la confiance ou de l'autorité dont ils bénéficient auprès des enfants. Et ceux-ci, non seulement ne savent pas que ce genre d'acte est absolument anormal et interdit, mais surtout sont très culpabilisés, soit d'eux-mêmes en se disant que c'est de leur faute, soit sous la menace de l'auteur des faits qui les persuade que ça ferait du mal à leur mère si elle savait ce qu'il se passait. Une éducation sexuelle tôt à l'école est indispensable pour éviter ce genre de choses. Déjà, j'ai eu pas mal d'élèves dont les parents commettaient des violences alors que c'est totalement illégal (et inutile). Une agression sexuelle peut arriver à n'importe quel enfant, et ce qui les empêche d'y résister est de ne pas être informés de leur droit à disposer de leur corps et que personne, pas même un membre de leur famille, n'a le droit d'y toucher sans leur consentement. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
maverick_2010 Posté(e) 20 août 2020 Auteur Partager Posté(e) 20 août 2020 Petit "up" pour rappeler que tout partage d'avis ou d'expérience est le bienvenu. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
Emilie_73 Posté(e) 21 août 2020 Partager Posté(e) 21 août 2020 Bonjour, Lorsque j'étais remplaçante, j'avais effectué un remplacement de 2 jours en CM2 et la collègue m'avait demandé de traiter la reproduction humaine. Très rapidement, toutes sortes de questions ont afflué, notamment sur la grossesse et la naissance. J'y ai répondu le plus clairement possible en restant très "scientifique", comme cela a été évoqué plus haut par les collègues. J'ai eu le sentiment que les enfants osaient facilement me parler parce qu'ils ne me connaissaient pas et savaient que je n'étais que de passage. L'année suivante, j'ai demandé et obtenu trois jours de formation "Comment aborder l'éducation à la sexualité et à la vie ?". Cette formation s'adressait aux enseignants du primaire et aux infirmières scolaires et elle était vraiment très très intéressante. Les documents qui faisaient suite à cette formation étaient sur le site Savoie educ mais je n'arrive plus à y accéder... J'en ai une grande partie sur mon ordinateur mais comme les deux formatrices (Laurence Communal et Claude Rozier) ont depuis écrit un livre sur ce sujet (même si c'est pour les plus grands...), je n'ose pas diffuser les documents ici... Depuis, j'ai une classe en école maternelle (MS/GS) et je fais toujours un peu d'éducation à la sexualité, c’est-à-dire qu'on parle du corps et on travaille sur les stéréotypes filles/garçons. On parle d'intimité (on ne se montre pas nus, on ne touche pas le corps des autres au niveau des fesses ou du sexe). Cela nous a conduit à demander à la mairie des petites portes dans les WC, chose inhabituelle en maternelle ! De la même façon, il est fréquent que des enfants se masturbent à la sieste. Parler d'intimité très rapidement permet d'aborder le sujet avec les enfants et les parents concernés plus facilement. Pour mener ce travail, j'utilise différents livres : - Filles et garçons du Docteur Catherine Dolto - Fille ou garçon ? de Sabine De Greef et Fleur Camerman - A quoi tu joues ? de Marie-Sabine Roger et Anne Sol - Ni poupées, ni super-héros ! de Delphine Beauvois et Claire Cantais - Dînette dans le tractopelle de Christos et Mélanie Grandgirard - T'es fleur ou t'es chou ? de Gwendoline Raisson et Clotilde Perrin - Marre du rose de Nathalie Hense et Ilya Green - La princesse et le dragon de Robert Munsch et Michael Martchenko - Barbivore de Lætitia Lesaffre Concernant les parents, j'explique simplement que nous allons aborder les stéréotypes sur les filles ou les garçons. Je me garde bien d'utiliser les termes "sexualité" ou "genre"... Par contre, quand je nomme le corps, j'utilise les termes exacts. Voilà ma maigre contribution... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
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