Remarques de LSU pas tout à fait conformes à la réalité

[ratatouille]

Bonjour à tous. Dans mon école, les collègues - que j'apprécie hors cela- ne jouent pas le jeu lorsqu'il s'agit de remplir le LSU. Les élèves qui sont manifestement pénibles (tous les remplaçants s'en plaignent, les collègues eux-même tirent ma langue) se retrouvent avec des compétences maitrisées dans la case "enseignement moral et civique"; ceux qui sont un peu limites dans les compétences scolaires ont tout de même des compétences "acquises". Ceux qui font le job récoltent des "dépassé". Résultat, je crains de passer pour une quiche ou pour la méchante du troupeau en osant -gentiement, hein- pointer les difficultés ou les pb de comportement dans mes propres LSU, où pour ma part la case "dépassé" est réservée à des élèves qui manifestent des compétences dignes du niveau supérieur à celui dans lequel ils sont. Je précise que je ne juge le niveau et le comportement des élèves de mes collègues qu'au travers de 1) ce que je sais par les plaintes de leurs enseignants 2) ce que je sais par les plaintes de leurs remplaçants 3) ce que j'en sais par ce que je constate moi même en récréation (et accessoirement, ce que je sais pour les avoir eus en classe. Ce dernier point étant à nuancer car les élèves, en grandissant, changent.)

Bref, comment faire passer doucement le message qu'à vouloir ne pas faire de vagues auprès des parents, on se retrouve parfois dans des situations compliquées ensuite ?

[leonora31]

 Il y a deux ans, j'ai eu un poste provisoire en REP en ce1 et j'ai constaté ce que tu décris. J'avais 8 élèves non lecteurs, un n'ayant pas du tout compris la combinatoire et les 7 autres ne déchiffrant que très peu de syllabes (aucun digramme, aucune syllabe CCV comme bra, ou CVC comme bar, aucune connaissance des lettres c, g ou s, confusions diverses et pas seulement les b/d/p/q

...) , en bref très loin de lire et tous à moins de 3 mots sur 60 aux évaluations nationales de rentrée ce1. C'est ma collègue PDMQDC qui les avait évalués. Mes collègues de CP m'en parlaient effectivement comme des élèves ayant de très grosses difficultés. Les bras m'en sont tombés quand en faisant mes LSU , j'ai regardé ceux de l'an passé  et j'ai découvert qu'ils avaient pour un PA et les 7 autres A. J'ai mieux compris à posteriori les réactions des parents que j'avais vu fin septembre et pourquoi je passais pour la méchante de service. J'avais pu leur opposer les évaluations nationales quand ils m'avaient dit que l'année d'avant tout allait bien et que leurs enfants lisaient très bien .

J'ai dit à mes collègues que je ne comprenais pas trop leur A sur le LSU mais elles se sont justifiées par le fait que les élèves avaient fait des progrès et que cela aurait été trop difficile pour eux d'avoir un PA (car le NA, elles ne l'envisagent même pas hormis cas extrême). 

J'ai quitté l'école après. Je suis restée droite dans mes bottes et tant pis si ça n'a pas plu. Beaucoup de parents, cette année-là, d'élèves bons à moyens avaient d'ailleurs reçu favorablement les quelques PA sur le LSU de leur enfant. PA qui leur semblaient correspondre aux difficultés modérés rencontrées par leurs enfants.

[Delavegue]

A ta place, je resterai fidèle à ce que j'observe. Tu évalues, tu rapportes des faits, je pense que la très grande majorité des parents sont prêts à l'entendre. Tant que tu as des cahiers, des évaluations pour étayer tes propos, je ne vois pas le problème. En tout cas, de mon côté, si ça ne va pas, je le dis et je note en conséquence. Expliqué avec bienveillance, sans y aller "brut de décoffrage", les parents comprennent.

Mon avis (il vaut ce qu'il vaut): quand une grosse partie de la classe a des PA, les collègues se sentiraient peut être discrédités car leurs élèves ne réussissent pas ou peu. Cacher de potentielles difficultés évite aussi bien du travail (PPRE, rencontrer les familles, éventuellement dossier MDPH et ESS). Je récupère régulièrement ce genre d'enfants dans ma classe, A ou PA sur le LSU alors que les gamins sont vraiment à la ramasse (plusieurs niveaux ou classe de retard). C'est à se poser des questions sur le professionnalisme de certains.....

[HYPO]

Ici, après discussion d'équipe, une majorité de collègues (dont je fais partie) refuse d'utiliser le critère "Dépassé" car il n'a pas de sens pour nous: tous les exercices proposés ont vocation à être réussis par tous les élèves.

J'ai des CM2 et je livre un bulletin de (très nombreuses) notes (sans moyenne) avec le LSU.

- entre 15 et 20 points aux exos, valide le critère "Acquis".

- entre 9 et 14 points c'est "Partiellement acquis".

- entre 0 et 9 c'est "Non acquis".

Pour moi, le LSU "noie" les résultats/compétences de l'élève par sa faible précision. Je suis assez d'accord avec le fait que rien ne vaut une présentation et argumentation de l'évaluation auprès des parents avec les cahiers/éval/exercices quotidiens sous les yeux.  

Enfin, en ce qui concerne les libellés du bloc "Enseignement moral et civique", ils me gênent: il faut vraiment qu'un élève se mette en danger à de nombreuses reprises (ou soit réellement dangereux pour les autres) pour que je ne valide pas un PA. Des bavardages, mêmes répétés ou des prises de parole intempestives ne sauraient y suffire... Le LSU reste, pour moi, un document administratif. En CM2, la suite, c'est le collège. Rien ne vaudra jamais une discussion de PE à prof ou de PE à parents pour évoquer des "compétences sociales" nécessitant une amélioration... (Le commentaire en fin de LSU permet aussi de nuancer les cases cochée "à la louche"; peut-être que les collègues en question utilisent ce moyen...?)

 

[carrie62]

Personnellement, j'ai eu un peu de mal à compléter les LSU pour deux de mes CM2 (j'ai 1 CM1-CM2) et j'en ai discuté avec ma directrice (qui a un CM2 pur).

Pour une des élèves, j'ai dû mettre des PA en histoire des arts, en anglais et en langage oral car elle ne participe JAMAIS!!!! Et quand on l'interroge, soit elle ne répond pas, soit elle répond en faisant la gueule!!!!!

Pour le 2ème élève, le problème est que même si c'est un bon élève, il est TROP TROP lent (quand il est décidé à faire le travail!!!!). Même quand on lui laisse 45 minutes pour faire une évaluation de 6 petits exercices de numération ou une évaluation avec 6 opérations, il n'arrive même pas à la moitié. Idem pour le travail de classe, il fait 1 exercice quand mon élève de CM2 en difficulté en fait 3!!!!! J'en ai parlé à ses parents qui me disent "On sait mais que voulez-vous...?". Ce qui m'a énervé encore plus il y a deux semaines est qu'il avait des leçons à finir de copier et que j'ai bien vu qu'elles avaient été copiées par SA MERE!!!!! L'an prochain, il sera en 6ème!!!!!!!!!

La collègue qui les avait l'an dernier me dit "Ce n'est pas grave!!!" Pour la fille, elle me dit " Elle est timide!!!" et pour le garçon "Oui, il est lent mais ce n'est pas grave!!". Dans ses LSU, elle est TROP gentille!!!

[HYPO]

il y a une heure, Cordelia a dit :

.Pourquoi freiner certains élèves en leur proposant uniquement des exercices réalisables par tous les élèves ? La différenciation c'est pour tous, pas seulement ceux en difficulté.

😏

Toutafé.

Et, en général, dans ce cas, le niveau monte pour tous car les exercices se corsent, pour tous.

Cependant, pour de nombreuses notions (telles que la conjugaison, ou les techniques opératoires et bien d'autres encore...), une fois que c'est acquis, c'est acquis. 

Je ne vois pas, la logique d'un "dépassé" sur la maîtrise de l'imparfait ou celle de la soustraction, quel que soit le caractère alambiqué de l'exercice.

il y a une heure, Cordelia a dit :

Comment font les élèves qui réussissent tous les exercices rapidement sans erreur ? Pour progresser il faut bien se confronter à la difficulté, je n'hésite pas à donner aux élèves en grande réussite des exercices du niveau supérieur et s'ils les réussissent, il est logique d'utiliser le critère "dépassé".

C'est bien.

Mais alors, s'ils les réussissent systématiquement, pourquoi ne sont-ils pas carrément admis dans le niveau supérieur?

[éowin]

Sois honnête. Tu feras peut-être des émules. Un jour la réalité réapparaît à l’occasion d’un changement d’école ou au collège. Le drame c’est que tout le poids retombe sur les enfants concernés.

Ou alors empreinte le mode humour «  excellent sauf en .... car...., en .... car .... ». Technique employée par un collègue et qui m’avait bien amusée.

 

Bon courage.

[ratatouille]

Il y a 14 heures, HYPO a dit :

Mais alors, s'ils les réussissent systématiquement, pourquoi ne sont-ils pas carrément admis dans le niveau supérieur?

Je suis plus nuancée sur ce dernier point. Après plus de 20 ans d'enseignement maintenant, et pour connaitre de très près la question des enfants HPI, je suis convaincue que le changement de classe doit rester absolument exceptionnel et n'être proposé que dans le cas d'un malaise avéré de l'enfant. Un élève qui réussi tout ce que je lui propose, je lui propose du travail correspondant au niveau supérieur ou la réalisation d'exposés, par exemple. ,Mais je le laisse évoluer avec son groupe d'âge. Un gamin  de 12 ans en 4e, ça coince sur le plan des interactions sociales.

[RififiHype]

il y a 51 minutes, ratatouille a dit :

Je suis plus nuancée sur ce dernier point. Après plus de 20 ans d'enseignement maintenant, et pour connaitre de très près la question des enfants HPI, je suis convaincue que le changement de classe doit rester absolument exceptionnel et n'être proposé que dans le cas d'un malaise avéré de l'enfant. Un élève qui réussi tout ce que je lui propose, je lui propose du travail correspondant au niveau supérieur ou la réalisation d'exposés, par exemple. ,Mais je le laisse évoluer avec son groupe d'âge. Un gamin  de 12 ans en 4e, ça coince sur le plan des interactions sociales.

Idem, je nuance sur ta nuance... Tout dépend du profil du HPI en question. Etant HPI moi même, et ma fille également, je sais par expérience que ce n'est pas qu'en 4ème que ça coince... ça coince tout le temps, ce n'est pas un an de décalage que nous avons avec les autres, c'est toute une vie... c'est comme si on vivait sur une autre planète. J'en ai souffert sans savoir pourquoi... alors autant avancer en en ayant conscience... (J'ai justement lu un article intéressant de Jeanne Siaud Facchin ce matin, dommage, je n'ai pas gardé le lien).

[HYPO]

 

Entièrement d'accord sur les avis concernant l'aspect très délicat d'un saut de classe. Il y a vraiment plein de paramètres à prendre en compte pour qu'il soit réussi et bien vécu. Et encore, c'est un pari que souvent, il est préférable de ne pas prendre.

Dans ma pratique, l'effectif "tête de classe" de mon groupe est un guide, un moteur. C'est en fonction de ce groupe que j'étalonne la complexité des exercices, de l'entrainement ou des notions abordés. Et c'est vrai qu'en CM2, la différenciation, pour moi, Cordelia, va plutôt prendre la forme d'un allègement du nombre d'exercices ou de l'aide que je peux apporter pour les réaliser auprès des élèves moins efficaces plutôt que de donner des exos plus complexes aux seuls élèves performants.

Je préfère fonctionner ainsi. J'ai l'impression (illusoire peut-être) d'emmener tout le groupe plus loin et pour être tout à fait honnête, c'est aussi plus simple pour moi en terme de gestion des corrections et plus motivant (pour moi également - par ex. avant les vacances, on a travaillé la simplification de fractions, hors programme mais comme ça roulait globalement, j'ai pu le faire. Les mieux outillés ont parfaitement compris, les autres en auront entendu parler avant le travail abstrait qui sera proposé en 6ème). Enfin, les CM2 partent pour le collège l'an prochain et dans beaucoup la majorité des cas souvent, là-bas, de la différenciation, ils ne connaissent que le nom...

Mais je comprends parfaitement que l'on veuille ou puisse fonctionner différemment et que l'on trouve ce fameux critère "dépassé" utile et adéquat (même s'il n'a pas de sens et qu'il est contre productif pour moi).

[Goëllette]

Il y a 23 heures, ratatouille a dit :

Bref, comment faire passer doucement le message qu'à vouloir ne pas faire de vagues auprès des parents, on se retrouve parfois dans des situations compliquées ensuite ?

En leur démontrant que le "pas de vague", s'il est tentant à court terme, n'apporte strictement rien à moyen terme, ni pour l'élève, ni pour l'enseignant et encore moins pour l'école. Il participerait même à aggraver la situation, aucun limite n'étant donnée.

Je me fiche de passer pour un dragon, j'écris la réalité sur le LSU, car, comme les livrets d'autrefois, ils doivent être l'image des élèves, pour éviter de tromper les futurs collègues, les parents et l'élève.

[cchampagne]

Il y a quelques années, j'ai eu une nouvelle collègue en cp qui refusait de penser que certains de ses élèves pouvaient ne pas progresser malgré sa pédagogie exceptionnelle. Je me suis retrouvée avec des Ce1 non lecteurs et qui n'écrivaient pas. Dans leur livret était noté "Bravo Trucmuche, tu es prêt pour le Ce1". Au premier RDV avec les parents, j'ai pointé les énormes difficultés de certains , je m'en suis pris plein la tronche. Une maman a failli me taper dessus. Je me suis sérieusement frittée avec la collègue. Avec les collègues suivantes, j'ai mis les pieds de le plat dès le début : ne dire que la vérité.

Après, on a de plus en plus d'élèves en grosses difficultés dans mon école. Cette année, 30 élèves avec un non lecteur redoublant cp (déficient - orientation refusée), deux orientations ULIS (refusées), environ 5 TDAH diagnostiqués ou en cours, deux HPI (dont un avec des pb de comportement) et un bon groupe de 20 avec trois très très performants. La différenciation pédagogique sur la base d'un socle commun niveau Ce1 ne marche pas pour certains, je dois refaire du cp voire de la GS voire de la MS et du Ce2. Bref.