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Enseigner au CP ou CE1 après 24 ans de CM1/CM2 ...


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J ai fait le saut inverse : du cp au cm.

Alors la grosse difference c est l autonomie (parce qu en cp, prendre son cahier a l endroit, la bonne page, et coller une feuille dans le bon sens.... au debut faut compter 30 minutes 😆🙈).

Bien s appliquer pour ecrire les modeles d ecriture et aussi au tableau (ils ne reconnaissent pas si c est pas bien ecrit ou sont capable de reproduire la boucle pas bien effacée du mot d avant)

La découverte du taille crayon, de tous ces feutres et du tube de colle .. de la gomme aussi.... 

Par    contre, niveau correction rien a voir ! Ca va beauuuucoup plus vite qu avec les  cm.

Le cp est très répétitif pour donner des repères,  donc avec une bonne methode en lecture et en maths, y a pas trop a faire je trouve.  

Le ce1 est beaucoup plus  complexe car beaucoup de notions nouvelles et difficiles (toute l etude de la langue, les centaines, la multiplication)... avec des enfants pas toujours bons lecteurs.... et pas si autonomes que ca en début d année (ils oublient tout pendant l été ! )

Mais j adore les cycles 2: facile a  émerveiller et on les voit grandir et évoluer.  Ils sont mignons et pas de soucis de pré ado qui se la joue...

Mais c est un autre monde quand même ! 

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il y a une heure, Amelie375 a dit :

Tu vends du rêve ! 😆

Non, mais attention il y a plein de trucs chouettes chez les cp/CE1 mais quand on passe de cm à C2 je trouve que ce sont ces choses là qui marquent le plus.

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Quand je suis arrivée du CM, et que j'ai découvert les programmes de CE1, je me suis dit "Quoi, c'est TOUT?" C'est de la rigolade! :D 

Puis j'ai vu à quoi ressemblait un CE1. Et je me suis dit "Au-secours!" 🙈

Il faut s'attendre à ce que tout soit beaucoup plus long, surtout en début d'année, et encore plus avec des CP.

Mais c'est une tranche d'âge que j'adore, ils sont toujours partants pour tout, enthousiastes, ils offrent encore des dessins à la maitresse... :wub: 

Effectivement, il faut s'attendre à 125 "J'ai mal làààààààààààà!" par jour, à 247 "J'ai perdu mon crayonnnnnnnnnnnnn!" alors qu'il est dans leur trousse / sous leurs pieds, à 587 "J'écris oùùùùùùùùùù?" mais moi j'aime bien. 

Il y a tellement moins de corrections qu'au cycle 3! Bon par contre une énorme hétérogénéité, surtout en lecture, c'est le grand écart, pas toujours facile au début.

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Par exemple régulièrement mes élèves me disent que je suis la meilleure maîtresse du monde, la plus gentille maîtresse de la Terre, trop beeeeelle ! Tout ça c'est adorable. 

Quand je passe devant la grille, j'ai l'impression qu'ils ne m'ont pas vu depuis 10 ans : MAIIIIITREEEEEEESSE !

Ils sont fiers de faire des choses de grands, on peut en faire des tonnes, raconter des histoires comme en mater 😍 (j'en fait aussi avec les cm mais pas de la même façon), on voit une évolution de fou sur une année, on les rend autonomes...

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il y a 7 minutes, corazon a dit :

Par exemple régulièrement mes élèves me disent que je suis la meilleure maîtresse du monde, la plus gentille maîtresse de la Terre, trop beeeeelle ! Tout ça c'est adorable. 

Quand je passe devant la grille, j'ai l'impression qu'ils ne m'ont pas vu depuis 10 ans : MAIIIIITREEEEEEESSE !

C'est ça, on a l'impression d'être une Rock Star! :D 

"Maitresse t'es la plus belle du monde, la plus gentille..." Cette année j'ai même eu "Maitresse je t'aime!'

 

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Vous me rappelez ce vieux post de 2015..

et ce que j'y mettais...

Le CP c’est la Grande Ecole. Un nouveau continent plein de grands indigènes remuants, énergiques, très forts et un peu inquiétants….dangereux ? Alors dans la cour de ce nouveau monde on reste entre soi, dans un petit coin, avec ses copains-copines de l’ancienne maternelle où on était les plus grands, les rois. La Maîtresse est la Divinité protectrice et la classe le refuge.

On possède maintenant suffisamment de vocabulaire pour en acquérir de plus en plus et de plus en plus vite, ce qui permet de comprendre une foule de nouvelles histoires, aborder tout plein de nouveaux domaines et la pensée ne pouvant se concevoir qu’avec des mots (sinon on ne décolle pas de l’émotion), les concepts peuvent enfin se construire. Un an avant encore, on ne comprenait pas bien pourquoi ça c’est bien et pas ça, on avait du mal à comprendre que les conséquences avaient des causes et que les faits les actes, avaient des conséquences. Maintenant on est grand, on réalise, on découvre tout un tas de principes comme autant d’outils pour avancer encore.

Jusqu’à 5 ans nos petites mains comportaient plus de cartilages que d’os et on avait beaucoup de mal en motricité fine et c’était bien normal. Là, à 6ans, la petite main devient capable de maîtriser le crayon et on a son premier cahier !!! La maîtresse nous a montré des radios de petites mains pour nous montrer et nous expliquer ! Certes au début c’est dur de dessiner des lettres en cursive mais bon, on a des grosses lignes et quand on réussit, parce qu’on finit par réussir ( !), on reçoit un nouveau cahier avec de plus petites lignes. Nouveau défi. Mais maintenant on est grand, on a des cahiers de grands et on est très fier ! On arrive à recopier quelques lignes que la maîtresse a écrites au tableau et c’est beau. Au début c’est long parce qu’on s’applique, mais tous ces compliments quand on a terminé, c’est trop bien. Et puis avec ses nouvelles petites mains qui se sont formées et ces doigts que l’on contrôle enfin, on peut maintenant maîtriser les ciseaux, cet outil étrange jusque là, avec ses deux lames que l’on arrivait jamais à bien synchroniser et qui déchiraient plus qu’elles ne coupaient. Maintenant on est les chefs des crayons et des ciseaux et on a de beaux cahiers et on fait de chouettes découpages. Reste la colle. Bon on en met toujours trop mais c’est parce que nous en CP, on est généreux, on ne compte pas.

La lecture aussi c’est très dur. Toutes ces lettres qui se prononcent et qui finissent par faire des mots et des phrases qui ont un sens, c’est très compliqué mais quand on y arrive on est très très fort. C’est Champollion, on a accès au monde encore inconnu des Grands. Et puis la maîtresse elle nous donne de très jolies fiches d’exercices et on apprend tout plein d’histoires que maintenant on comprend et puis si on ne comprend pas on arrive à trouver les mots pour poser les bonnes questions. C’est chouette le CP.

Maintenant dans mon cartable j’ai des fichiers d’exercices et une trousse, Ma Trousse. Je dois faire bien attention car c’est mon trésor. J’ai mes crayons, mes stylos, ma gomme, mon taille-crayon, ma règle et mon bâton de colle et je dois bien penser a toujours les avoir. Et puis j’ai mes feutres, mes crayons de couleurs que je m’applique à toujours bien tailler mais c’est pas facile parce que des fois la mine se casse dans le taille-crayon mais la maîtresse est toujours là pour me sortir de cette situation incompréhensible et incapacitante.

On fait tous des progrès, on a des métiers dans la classe, il y a des roulements, c’est chouette.

En janvier-février on a tellement appris de nouvelles choses qu’on sature et la maîtresse s’arrache les cheveux parce qu’elle pense qu’on n’avance plus et qu’on ne saura pas lire à la fin de l’année si on continue comme ça. En fait on trie tout ce qu’on a emmagasiné dans notre cerveau depuis la rentrée et ça prend un mois ou deux. Et puis vers mars-avril on redémarre et là les progrès sont fulgurants.

On a beaucoup fait les mêmes choses cette année et la maîtresse en avait parfois assez de répéter tout le temps, mais elle, elle va à la gym le mercredi après-midi et ça ne la dérange pas de faire toujours les mêmes mouvements. Ben nous on est comme elle, on s’entraîne, on est des sportifs de la lecture, de l’écriture, du calcul, de l’école des grands.

Le CP c’est une année qu’on n’oubliera jamais, c’était notre entrée dans le monde des grands, on a reçu des armes et tout plein d’outils et la maîtresse nous a guidés et encouragés, nous a appris à utiliser tout ça pour bien grandir, apprendre encore et réussir enfin.

En CP on est devenu de vrais guerriers !

...............

Le CE1 c’est le top. A tel point que bien souvent le CE2 n’en est que la suite répétitive (les gros travaux sont faits, on aborde les finitions, quoi.), tant ce niveau aborde de nouveautés tant au niveau du programme qu’à celui du développement de l’enfant.

En CE1 les élèves ont déjà acquis des habitudes « scolaires », ils tiennent leurs cahiers, lisent de petits textes, maîtrisent assez bien la numération et les outils contenus dans la trousse. C’est aussi un âge jubilatoire où ils acquièrent le sens de l’humour et ça, c’est génial car on peut émailler ses leçons de « petits mots », jeux de mots etc… Certains petits se montrent attentifs non par intérêt pour la leçon mais parce qu’ils attendent la petite phrase qui fait rire. Cela dit, du coup ils écoutent ! C’est une ruse de maîtresse..

Le CE1 c’est 7 ans. Le fameux âge de raison. Et ça se constate et confirme tout au long de l’année. Qu’il est jubilatoire de saisir le moment où le petit comprend un jeu de mot, cet instant fugace d’intense concentration qui précède le rire franc et joyeux. Et puis ils ne grandissent pas tous au même rythme et le plus petit qui ne comprend pas tout de suite comprendra le mois suivant.

Le nombre de cahiers augmente en cette deuxième année de la grande école. Il faut gérer. C’est très responsabilisant et ça rend fier. Il y a le cahier du jour mais aussi le cahier d’orthographe et le grand cahier (voire classeur !) d’histoire-géographie-sciences. Qu’il est enthousiasmant d’en colorier les illustrations et valorisant de le montrer à la maîtresse et aux parents !

Il y a aussi le cahier de texte, un agenda comme les grands et maintenant que l’on connait bien les jours de la semaine on s’y retrouve vite et on n’est plus des bébés, on écrit soi-même les leçons à apprendre. La maîtresse nous photocopie aussi des histoires sur des feuilles A4 et on les range dans le porte-vues. C’est chouette, à la fin de l’année on aura plein d’histoires dedans !

Maintenant on sait lire (enfin bon il y a encore des mots difficiles hein, mais la maîtresse est là et de toute façon on révise régulièrement les sons avec de jolies fiches pleines de petits dessins !), on a faim de lectures et de nouvelles histoires et même, on apprend à utiliser le dictionnaire qui est un très gros livre où on peut trouver et apprendre plein de mots et puis il est rempli de petites images très chouettes et quand on en trouve une, on a du mal à se souvenir du mot qu’on était venu chercher mais c’est normal on est quand même encore petit et il y a tant de choses à découvrir !

Maintenant je sais « construire » de belles pages sur mes cahiers. Je sais compter les carreaux pour décaler la date de la marge et même compter un carreau de plus pour faire le petit trait rouge dessous et ça fait très beau, ça me donne très envie de bien réussir l’exercice qui va suivre.

Comme je sais maintenant tracer de beaux traits avec ma règle, la maîtresse nous apprend la géométrie. C’est pas facile mais les résultats c’est chouette et puis bientôt on apprendra à faire des ronds parfaits avec un compas !

La grammaire aussi c’est dur mais c’est comme un jeu, il faut se poser des questions pour trouver le sujet ou le verbe et la maîtresse nous explique bien avec tout plein d’étiquettes au tableau et on apprend à dessiner de belles majuscules au début des phrases. Moi je les fais en rouge, c’est encore plus beau !

Moi ce qui me plait c’est les sciences et puis comme j’ai 7 ans, plein de questions me viennent dans ma tête et quand je les pose, je sais trouver les mots et comme ça la maîtresse elle comprend aussi et elle me donne tout plein de réponses. J’ai appris les chaînes alimentaires, on a un peu parlé de généalogie et de la terre et des planètes . On a même appris quoi faire quand on était avec un blessé et puis plein de choses sur la mer, la montagne, le cycle de l’eau, la pollution et le tri des déchets. La maîtresse elle dit qu’on devient de vrais petits citoyens et on en est très fier. Maintenant on n’est plus très inquiet sur la suite ( CE2, CM1, CM2), parce qu’on a déjà abordé toutes les matières.

En EPS c’est bien aussi, on apprend des jeux et on arrive même à en inventer, avec des règles et tout ça. Maintenant on apprend à accepter de perdre, mais on est quand même très fier quand on gagne.

D'ailleurs on a bien grandi depuis la maternelle. Maintenant on ne se donne plus la main dans les rangs et puis les garçons et les filles ne jouent plus trop ensemble, mais des fois on aime bien quand même et puis moi, j’ai une amoureuse ! C’est vrai quoi, je suis grand maintenant !

 

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il y a 29 minutes, Nävis a dit :

J ai fait le saut inverse : du cp au cm.

CM2. Vous accédez enfin au continent perdu, c’est parti pour l’apnée, le grand bleu, ses monstres et ses mirages, ses trésors et ses codes, bref, bienvenue chez les mutants attention ça peut piquer, gardez la machette à portée de main.

La fille qui au CP s’appliquait langue sortie, œil à 5cm de la feuille, à respecter les interlignes, trace maintenant de grandes lettres arrondies aux traits et barres tordus, de préférence en rose ou violet et dépassant obligatoirement et allègrement les deux interlignes quand ce n’est pas pour agrémenter chaque « i » d’un joli petit cœur, certes sympathique mais tout sauf scolaire. Quant au garçon, l’écriture n’est plus qu’une réponse concédée à la demande de l’adulte, les préoccupations majeures à cet âge se répartissant de façon à peu près égale entre la vérification régulière de l’effet de la masse de gel appliquée sur ses cheveux, l’ orientation spatiale des dits poils crâniens et la consultation furtive de Youporn entre deux discussions sur les réseaux sociaux, le soir, au lieu de faire ses devoirs.

On se prend à réaliser avec une admiration non dénuée de quelque fierté d’appartenir à cette secte si nécessaire à la société, des professeurs des écoles, le chemin parcouru depuis la maternelle par ces petits monstres attachants lorsque de façon souvent inattendue et fugace le bruit cesse pour laisser place à la concentration de trente petites têtes penchées sur leur exercice à la fin duquel on pourra noter deux attitudes systématiques et opposées chez les apprenants : l’incommensurable fierté devant la tâche accomplie, la longueur du texte produit ou le fait que toutes les cases ont bien été cochées signant la certitude d’un travail réussi, ou le soulagement souvent accompagné d’une bande sonore plus ou moins harmonieuse, de celui qui s’en fout complètement mais tient quand même à montrer que bon on lui demande un truc, il le fait quoi, et donc c’est déjà énorme même si tout est faux car ça c’est pas son problème il n’est pas prof lui, noméo !

Bien souvent en CM2, les classeurs nombreux et variés, aux couleurs dédiées et intercalaires multiples regorgent de dossiers, enquêtes et matières diverses, tandis que les petits cahiers Seyes ont depuis longtemps cédé la place à leurs cousins grand format, si pratiques à emporter chez soi le soir pour procéder aux corrections pendant que bébé pleure et que chéri(e) de retour du boulot se déclare trop crevé(e) de sa journée pour changer le monstre ou préparer le repas.

Les cartables devenus trop lourds au fil du temps sont maintenant remplacés par des valises à roulettes aux autocollants improbables, munies de roulettes lumineuses, de phares anti brouillard et autres sophistications indispensables à conforter son propriétaire dans la place qu’il occupe dans son clan. Car oui, le CM2 est une coexistence de clans, avec ceux qui en font partie et les autres, les bolos, les clowns, les ennemis. Les codes souvent méconnus de l’enseignant fonctionnaire et adulte du monde d’en haut, sont inviolables et aussi incompréhensibles que la passion de ces petits monstres pour leurs idoles généralement noires et à forte poitrine pour les filles et noirs à casquette pour les garçons cumulant pour les unes les déhanchements acrobatiques dénudés, et pour les autres les muscles saillants, lunettes de soleil et voix rauque. Pousse-toi de là Casimir les bad boys débarquent.

Le sens de la justice devient un élément central de l’implication des élèves dans la vie de la classe. SI je fais une bêtise c’est pas moi ou c’est pas de ma faute ou c’est l’autre. Pour rester crédible, tâcher de varier ces excuses au fur et à mesure des conneries. Si c’est l’autre, la réponse de l’institution doit se justifier car depuis maintenant 5 ou 6 ans ils ont bien appris et intégré les multiples cours sur les droits de l’enfant et patati et patata, on ne la leur fait pas, attention si c’est pas juste c’est rapport aux parents et l’IEN sera saisi. Hein, quoi, chaque droit s’accompagne d’un devoir ? Ben quoi, on est là non ?

Sinon bon, l’élève de CM2 quand il est disponible, va nous montrer chaque jour sa capacité à engranger les connaissances et produire des raisonnements parfois surprenants et souvent très élaborés. Qui ne s’est jamais fait surprendre en effet par les différentes solutions trouvées lors d’un exercice genre « le compte est bon »… De celui qui trouve en un minimum d’opérations pourtant peu évidentes à celui qui va arriver au résultat après 6 ou 7 calculs consécutifs, on découvre des intelligences vives basées sur l’intuition en compétition avec des démarches progressives et mathématiquement cohérentes. Le monde des CM2 est celui des contrastes. Tandis que certains grandissent tranquillement depuis la maternelle, se contentant de prendre chaque année un an de plus, d’autres sont déjà arrivés à la frontière de l’adolescence et sont animés de questionnements et de conflits intérieurs auxquels l’école a souvent bien du mal à répondre. Ils connaissent tout des guerres mondiales, des constructions géométriques, des problèmes de proportionnalité et de la prise en compte à l’écrit des verbes, sujets et autres complément divers et variés, des adverbes et des paysages de l’Europe. Grammaire et conjugaison n’ont plus de secret pour eux que leur application au quotidien. Mais parlez-leur de la reproduction humaine et ils deviennent débiles, ricanant par ci, rougissant par là. Parlez-leur de citoyenneté, ils sont imbattables savent trier les déchets, connaissent tout sur les dangers de l’alcool et du tabac, la pollution et les droits de l’homme, mais ils seront très intimidés lors de la visite du collège et auront bien besoin de vos réponses à leurs questions pour se rassurer.

Donnez-leur un ballon et une règle du jeu et vous pouvez les laisser se débrouiller tout seuls. Tentez la Thèque, nous on n’y comprend rien, eux ils adorent. Proposez-leur de monter une pièce de théâtre pour la fête de fin d’année et ils s’investiront comme si leur vie en dépendait. Lancez-leur un défi, ils le relèveront. A la fin de l’année vous aurez pris ou perdu 10kg, passé pas mal de soirées en corrections diverses et serez passés du découragement abyssal à des satisfactions inattendues. Bref, j’ai été prof de CM2.

Bienvenue chez les Gremlins.

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il y a 17 minutes, Gribouillette a dit :

C'est ça, on a l'impression d'être une Rock Star! :D 

"Maitresse t'es la plus belle du monde, la plus gentille..." Cette année j'ai même eu "Maitresse je t'aime!'

 

Oui, ou alors ils t'appellent Maman :lol:

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il y a 4 minutes, corazon a dit :

Merci @Torque je pensais justement à ces messages là. Je les avais adoré.

Oui, je m'en souviens..:wub:

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il y a 55 minutes, Torque a dit :

CM2. Vous accédez enfin au continent perdu, c’est parti pour l’apnée, le grand bleu, ses monstres et ses mirages, ses trésors et ses codes, bref, bienvenue chez les mutants attention ça peut piquer, gardez la machette à portée de main.

La fille qui au CP s’appliquait langue sortie, œil à 5cm de la feuille, à respecter les interlignes, trace maintenant de grandes lettres arrondies aux traits et barres tordus, de préférence en rose ou violet et dépassant obligatoirement et allègrement les deux interlignes quand ce n’est pas pour agrémenter chaque « i » d’un joli petit cœur, certes sympathique mais tout sauf scolaire. Quant au garçon, l’écriture n’est plus qu’une réponse concédée à la demande de l’adulte, les préoccupations majeures à cet âge se répartissant de façon à peu près égale entre la vérification régulière de l’effet de la masse de gel appliquée sur ses cheveux, l’ orientation spatiale des dits poils crâniens et la consultation furtive de Youporn entre deux discussions sur les réseaux sociaux, le soir, au lieu de faire ses devoirs.

On se prend à réaliser avec une admiration non dénuée de quelque fierté d’appartenir à cette secte si nécessaire à la société, des professeurs des écoles, le chemin parcouru depuis la maternelle par ces petits monstres attachants lorsque de façon souvent inattendue et fugace le bruit cesse pour laisser place à la concentration de trente petites têtes penchées sur leur exercice à la fin duquel on pourra noter deux attitudes systématiques et opposées chez les apprenants : l’incommensurable fierté devant la tâche accomplie, la longueur du texte produit ou le fait que toutes les cases ont bien été cochées signant la certitude d’un travail réussi, ou le soulagement souvent accompagné d’une bande sonore plus ou moins harmonieuse, de celui qui s’en fout complètement mais tient quand même à montrer que bon on lui demande un truc, il le fait quoi, et donc c’est déjà énorme même si tout est faux car ça c’est pas son problème il n’est pas prof lui, noméo !

Bien souvent en CM2, les classeurs nombreux et variés, aux couleurs dédiées et intercalaires multiples regorgent de dossiers, enquêtes et matières diverses, tandis que les petits cahiers Seyes ont depuis longtemps cédé la place à leurs cousins grand format, si pratiques à emporter chez soi le soir pour procéder aux corrections pendant que bébé pleure et que chéri(e) de retour du boulot se déclare trop crevé(e) de sa journée pour changer le monstre ou préparer le repas.

Les cartables devenus trop lourds au fil du temps sont maintenant remplacés par des valises à roulettes aux autocollants improbables, munies de roulettes lumineuses, de phares anti brouillard et autres sophistications indispensables à conforter son propriétaire dans la place qu’il occupe dans son clan. Car oui, le CM2 est une coexistence de clans, avec ceux qui en font partie et les autres, les bolos, les clowns, les ennemis. Les codes souvent méconnus de l’enseignant fonctionnaire et adulte du monde d’en haut, sont inviolables et aussi incompréhensibles que la passion de ces petits monstres pour leurs idoles généralement noires et à forte poitrine pour les filles et noirs à casquette pour les garçons cumulant pour les unes les déhanchements acrobatiques dénudés, et pour les autres les muscles saillants, lunettes de soleil et voix rauque. Pousse-toi de là Casimir les bad boys débarquent.

Le sens de la justice devient un élément central de l’implication des élèves dans la vie de la classe. SI je fais une bêtise c’est pas moi ou c’est pas de ma faute ou c’est l’autre. Pour rester crédible, tâcher de varier ces excuses au fur et à mesure des conneries. Si c’est l’autre, la réponse de l’institution doit se justifier car depuis maintenant 5 ou 6 ans ils ont bien appris et intégré les multiples cours sur les droits de l’enfant et patati et patata, on ne la leur fait pas, attention si c’est pas juste c’est rapport aux parents et l’IEN sera saisi. Hein, quoi, chaque droit s’accompagne d’un devoir ? Ben quoi, on est là non ?

Sinon bon, l’élève de CM2 quand il est disponible, va nous montrer chaque jour sa capacité à engranger les connaissances et produire des raisonnements parfois surprenants et souvent très élaborés. Qui ne s’est jamais fait surprendre en effet par les différentes solutions trouvées lors d’un exercice genre « le compte est bon »… De celui qui trouve en un minimum d’opérations pourtant peu évidentes à celui qui va arriver au résultat après 6 ou 7 calculs consécutifs, on découvre des intelligences vives basées sur l’intuition en compétition avec des démarches progressives et mathématiquement cohérentes. Le monde des CM2 est celui des contrastes. Tandis que certains grandissent tranquillement depuis la maternelle, se contentant de prendre chaque année un an de plus, d’autres sont déjà arrivés à la frontière de l’adolescence et sont animés de questionnements et de conflits intérieurs auxquels l’école a souvent bien du mal à répondre. Ils connaissent tout des guerres mondiales, des constructions géométriques, des problèmes de proportionnalité et de la prise en compte à l’écrit des verbes, sujets et autres complément divers et variés, des adverbes et des paysages de l’Europe. Grammaire et conjugaison n’ont plus de secret pour eux que leur application au quotidien. Mais parlez-leur de la reproduction humaine et ils deviennent débiles, ricanant par ci, rougissant par là. Parlez-leur de citoyenneté, ils sont imbattables savent trier les déchets, connaissent tout sur les dangers de l’alcool et du tabac, la pollution et les droits de l’homme, mais ils seront très intimidés lors de la visite du collège et auront bien besoin de vos réponses à leurs questions pour se rassurer.

Donnez-leur un ballon et une règle du jeu et vous pouvez les laisser se débrouiller tout seuls. Tentez la Thèque, nous on n’y comprend rien, eux ils adorent. Proposez-leur de monter une pièce de théâtre pour la fête de fin d’année et ils s’investiront comme si leur vie en dépendait. Lancez-leur un défi, ils le relèveront. A la fin de l’année vous aurez pris ou perdu 10kg, passé pas mal de soirées en corrections diverses et serez passés du découragement abyssal à des satisfactions inattendues. Bref, j’ai été prof de CM2.

Bienvenue chez les Gremlins.

Si nécessaire cette lecture :)

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il y a 28 minutes, Amelie375 a dit :

Si nécessaire cette lecture :)

Mais on peut aussi préférer la maternelle hein...:D

Bon, les tout petits, c'est une autre planète, ça grouille, ça hésite, ça parle une langue extraterrestre avec plein de voyelles qui se bousculent, mais les ATSEM maîtrisent. Le comportement aussi semble venir d'ailleurs, mais on les récupère assez facilement en les branchant sur des activités aux résultats improbables mais qui les captivent. Faut juste fonctionner en ateliers et faire tourner souvent. Sinon bon, la journée est ponctuée d'habillage, de déshabillage, de passage aux toilettes et de débarbouillages divers et variés. Faut aimer mais y en a qui...et puis l'après-midi ça dort!

Dès la MS on peut facilement communiquer avec ces petites entités étranges qui ont déjà un amour sans limite des rituels nombreux et variés qui les rassurent et nous reposent. Et puis il y a un je ne sais quoi de début de changement d'attitude, c'est le moment où le bébé qui avant parlait comme un mec bourré commence à se stabiliser et aimer ce qu'il produit. Là c'est chouette, on voit les progrès tout au long de l'année et puis ils sont trop mimis, concentrés dans leur tâche au coin de la marchande, de la dinette ou plongés dans la question de savoir comment remonter le château fort en plastique qui d'ailleurs passera l'année sous forme de ruine improbable mais ö combien fascinante. Ils commencent aussi à réaliser la réalité de l'autre. Ils se découvrent, interagissent et finalement apprennent autant des petits copains que de l'adulte, d'où l'importance des récréations! Et puis les voir engloutir des goûters plus gros qu'eux et s'en barbouiller de plaisir avec des sourires jusqu'aux oreilles, c'est trop bon.

La maternelle c'est la découverte de tout, autant pour les bouts d'chou que pour nous. C'est aussi fascinant que le Big-Bang. C'est l'étonnement permanent des petits face à ce qu'ils découvrent chaque jour, leur fascination par la découverte du résultat de leurs actions, éh oui, quand on trempe son doigt dans la peinture et qu'on le met sur une feuille, ça fait une tache de couleur et c'est très très beau et quand je pousse le ballon, des fois il va là où je voudrais qu'il aille et des fois pas, d'où moment de réflexion intense face au phénomène. Quand je dis un mot il y a une réaction chouette, je peux faire rire ou amener de la satisfaction à l'autre mais quand je dis un autre mot ça fait pleurer...étrange. Réflexion, j'apprends, je grandis. La présence d'une petite bébête dans la classe, ça peut faire la journée en remarque, observation, réflexion bref, apprentissage. La marionnette mascotte de la classe que le maître ou la maîtresse fait parler, en fait elle est vivante et si un jour on ne la trouve plus c'est le drame ! Et puis quand on les félicite, immédiatement ils font tout pour faire encore mieux, il faut beaucoup féliciter en maternelle... et puis....ils nous aiment. Pour de vrai!

On pourrait en parler des heures mais celles et ceux qui n'ont jamais bossé en maternelle on raté quelque chose, quelque chose de jubilatoire, de vrai, de magique.

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