Élève en roue libre

[marian17]

et dans le couloir;, il reste calme ? Il ne s'enfuit pas ?

[nellou]

J'ai pas de couloir !

[*Random*]

Il y a 22 heures, marian17 a dit :

et dans le couloir;, il reste calme ? Il ne s'enfuit pas ?

Ça dépend des élèves. Et s'il essaye de s'enfuir, je verrouille de partout.

Une année j'en avais un qui était resté calme. Il était allé dehors devant les fenêtres, il s'était même mis sous la pluie sans bouger pour voir si j'allais réagir (je précise qu'il pouvait rentrer quand il voulait, fallait juste que quand il revienne, il bosse). Au bout d'une heure et demie, il est revenu et il a bossé. Le lendemain, il est resté 10 min. Après ça il n'a plus jamais eu besoin d'y retourner. Il faisait des crises depuis 3 ans, mais il avait commencé à se calmer l'année d'avant quand les pompiers étaient venus.

Un autre, je l'ai tanké pendant un an avec tout ce qu'on nous demande de faire dans ce genre de situation (edt perso, timer, refuge, décloisonnement, pôle ressource... et si crise, protocole, relaxation, contention, appel aux parents ou au samu). On avait des crises pratiquement tous les jours. La CPC s'est pris des cailloux le jour où elle est venue voir à quel point ce n'était pas gérable. Elle a dit en pôle ressource que ce n'était pas du tout gérable. Tout le monde s'en foutait. Après tout, j'étais là pour le tenir bravement à chaque crise alors ça passait. Il m'a lancé une chaise dans le genou un jour. J'ai toujours mal parfois. J'ai tenu comme ça toute l'année. Premier jour de l'année suivante, il profite de la récré pour essayer de rentrer dans ma classe. Je ferme la classe, il pète les plombs et commence à me balancer des livres stockés dans le couloir. Au lieu de faire de la contention comme je l'avais fait toute l'année précédente, je sors et je ferme le couloir. Il a balancé tout ce qu'il pouvait sur la porte et il a essayé de casser la vitre avec l'extincteur. Il a alors été pris en charge par l'HP pendant plus d'un an.

Cette année, nouvel élève explosif, mais mutique quand il est en crise (il parle très bien le reste du temps). Profil différent mais on retrouve toujours les mêmes points communs : intolérance à la frustration, toute puissance, violence. Au début je maîtrisais bien la situation avec le contrat de comportement et le protocole de gestion de crise. Mais il s'est fait virer du périsco et a fini par comprendre que s'il allait trop loin, on appelait sa mère qui venait le chercher et il pouvait jouer à la ps5 à la maison. Alors il s'est mis à enchaîner les crises pratiquement tous les jours. Donc j'ai remis en place tout récemment la technique du couloir et on n'appelle surtout pas sa mère. Lundi il a fait plus d'1h de crise dans le couloir, fermé à clé de partout. Il mettait des coups de pieds dans la porte et arrachait tout ce qu'il pouvait. Je restais à côté pour pouvoir lui demander régulièrement s'il était prêt à revenir. Il a fini par se calmer et a été nickel tout le reste de la semaine. Je l'ai félicité car plein de verts dans son contrat de comportement. Première fois depuis novembre. C'est encourageant.

Vous savez, quand on vous dit "C'est perdre du temps pour en gagner ensuite". C'est exactement ça. La première fois, il faut accepter de ne pas bosser pendant une heure. Il y aura peut-être plusieurs fois comme ça. Mais sur le long terme, ça paye, à condition de ne pas craquer et céder pendant une crise.

Par contre, la technique du couloir ne suffit pas. Il faut aussi créer du lien avec l'élève, valoriser énormément ses réussites et je ne pourrais pas me passer du contrat de comportement. C'est LE truc qui permet à l'élève de voir ses progrès et à la famille d'être tenue informée sans y passer 10 minutes tous les soirs (ce qui est pénible pour tout le monde). La famille a pour mission de ne pas sanctionner si les couleurs ne sont pas bonnes, mais de prévoir une récompense le week-end quand la semaine s'est bien passée.

Il y a 21 heures, nellou a dit :

J'ai pas de couloir !

Tu peux le mettre dans la cour mais c'est plus compliqué pour l'avoir en visuel selon la configuration. S'il met un seul pied en dehors de l'école, tu appelles le 17 parce que c'est la procédure. Ce genre d'événement peut aussi faire enfin bouger les choses.

On compte sur notre résilience pour gérer ce genre d'élève. On est trop sympas d'accepter ces situations qui sont complètement anormales, d'être prêts à prendre des coups, à courser un élève dans la cour ou dans la rue. Ce n'est pas bon pour nous, ce n'est pas bon pour nos élèves et ce n'est pas bon pour l'élève qui a besoin soit d'un électrochoc, soit de soins adaptés. Désormais, je n'accepte plus de faire de la contention. Il me reste plus de 20 ans à faire et je ne me vois pas faire de la contention à 60 ans. Autant arrêter tout de suite et faire autre chose. Voilà. Donc maintenant, c'est la technique du couloir.

[BountyG]

Je suis 100% d'accord et faisait quasiment pareil en Clis. Je dis régulièrement à mes collègues qu'elles récompensent les mauvais comportements en appelant les parents. Attention, ce n'est surtout pas un jugement, je comprends très bien pour l'avoir vécu à quel point c'est difficile, voire horrible. C'est un constat : appeler les parents est faire ce que cherche à obtenir l'élève, hors 

vraies crises pathologiques (et ce qui est malheureux est que le 15 ne réagisse pas toujours.)

[agora]

Si danger pour les autres: IP

[Eren Jäger]

Il y a 10 heures, *Random* a dit :

il s'était même mis sous la pluie sans bouger pour voir si j'allais réagir (je précise qu'il pouvait rentrer quand il voulait, fallait juste que quand il revienne, il bosse). Au bout d'une heure et demie, il est revenu

 

Il y a 10 heures, *Random* a dit :

dans le couloir, fermé à clé de partout.

Moi je suis bien d'accord, le problème c'est qu'avec certain-es inspecteurs-trices, ça peut méchamment se retourner contre toi.

[*Random*]

il y a 12 minutes, Eren Jäger a dit :

Moi je suis bien d'accord, le problème c'est qu'avec certain-es inspecteurs-trices, ça peut méchamment se retourner contre toi.

C'est vrai, mais j'ai des arguments si l'IEN me confronte.

L'élève sous la pluie, j'ai pas précisé, mais il y a un préau sous mes fenêtres et il pouvait aussi être dans le couloir. Il a fait exprès d'aller sous la pluie pour tenter de me faire intervenir.

Le couloir fermé à clé, c'est parce que je ne peux pas le tenir et qu'il frappe tout le monde (en vrai je pourrais le tenir, mais je dis que j'ai des problèmes articulatoires qui m'en empêchent, ce qui n'est pas complètement faux). De toute façon, la contention, c'est un moment où l'élève a gagné puisqu'on se retrouve à ne s'occuper que de lui. Ça entretient le cercle vicieux.

Dans chaque situation, j'ai les parents de l'élève de mon côté, parce que je leur ai bien expliqué ma stratégie et mon objectif et qu'ils sont soulagés qu'on arrête enfin de les appeler pour qu'ils viennent chercher l'enfant.

Ces derniers temps, tous les ans, je demande s'il est possible d'appeler le 17 quand c'est dangereux, puisque le 15 refuse d'intervenir. On me répond que surtout pas, qu'il faut appeler la famille. J'explique le cercle vicieux que ça met en place, et là ça botte en touche à chaque fois. Puisqu'on ne ne me propose pas de solution correcte, je fais à ma sauce. Les IEN sont autant démunis que nous si ce n'est davantage. Ils sont, pour la plupart, prêts à nous couvrir tant qu'ils comprennent la stratégie et que ça ne remonte pas plus haut.

L'autre truc important pour se protéger un minimum, c'est d'être dans les clous au niveau administratif et pédagogique : équipe éducative/ESS voire pôle ressource, PPRE, protocole de gestion de crise où il est noté qu'on le met dans le couloir, aménagements pour l'élève. Tout ça est envoyé à l'IEN donc il est au courant de la situation.

Et dans le pire des cas, si ça tourne mal, je suis prête à assumer les conséquences, mais il faudra que l'IEN assume aussi parce que ça fera probablement du bruit.

Au sujet des aménagements, je pense qu'il en faut, mais juste ce qu'il faut pour tenter de limiter le déclenchement des crises. C'est difficile de jauger. Parce qu'à trop aménager, on crée un fossé entre l'élève et les autres et c'est contre-productif. Par exemple, pour mon élève cette année, les aménagements c'est : contrat ce comportement, table double isolée des autres, entrée dans la classe au lieu de se mettre dans le rang, timer visible pour les moments de sanction hors crise. J'ai testé d'autres trucs comme le casque anti bruit mais ça n'a pas eu d'effets. Idéalement, il faut mettre en place très vite en début d'année les aménagements nécessaires et s'y tenir ensuite. Si l'élève voit que quand son comportement se dégrade, il a droit à de nouveaux aménagements, il va chercher à voir jusqu'où ça peut aller.

 

[Mercure732]

il y a une heure, *Random* a dit :

 

 

Est-ce que tu as des collègues dans ton couloir ? Que disent-t-ils ? et ton directeur ?

[*Random*]

il y a 21 minutes, Mercure732 a dit :

Est-ce que tu as des collègues dans ton couloir ? Que disent-t-ils ? et ton directeur ?

On s’entend bien et on est une équipe soudée. On a compris depuis le temps qu’on devait se débrouiller seuls alors on s’entraide. On ne laisse pas un collègue gérer seul un élève en crise. On vient au moins faire soutien psychologique et on propose de prendre le relais.

Mon collègue de la classe d’à côté, quand c’est à son tour d’avoir un explosif il se met en arrêt le plus souvent possible. Et quand c’est à mon tour, il joue un rôle de support. Il comprend ma stratégie et il a vu que ça a déjà fonctionné, donc il me soutient dans ma démarche.

Mon directeur aussi nous soutient. Il fait des faits établissements à la pelle et il tente d’avoir un aménagement du temps scolaire quand ça devient trop ingérable. Il prend aussi les élèves en crise dans son bureau quand il peut.