Eren Jäger Posté(e) samedi à 11:15 Posté(e) samedi à 11:15 Il y a 2 heures, Blagjackette a dit : Donc la pédagogie, oui, tout en gardant en tête que le coeur de ce sur quoi l'enseignant peut agir, c'est sur lui-même. Je ne vois pas pourquoi il faudrait séparer pédagogie et travail sur soi-même. Si tu en mets en place une pédagogie qui rompt avec ce que tu pratiquais jusqu'alors, ça sera d'abord un travail sur toi-même. Il faut assumer d'accorder plus de liberté, plus de confiance, de ne plus mettre ses propres attentes au centre de tout, de requestionner les interdits... Ca ne peut commencer que par un GROS travail sur soi-même, sur ses émotions à chaud. Cf ce que disais Yuuko et moi-même lorsque je parlais de "déconstruction personnelle".
Blagjackette Posté(e) samedi à 13:06 Auteur Posté(e) samedi à 13:06 Disons que ce qui est évident pour certains ne l'est pas forcément pour d'autres, c'est pour ça que je trouve important de mettre des mots dessus, d'expliciter. Les évidences, le bon sens, ne sont pas universels, c'est ce que je veux dire.
prune2007 Posté(e) samedi à 16:48 Posté(e) samedi à 16:48 Peut-être aussi que ce qui est primordial dans la pédagogie n'est pas tant la méthode ou les outils, mais bien les objectifs qu'ils servent. Ce qui revient un peu à l'effet maitre. 2 enseignants qui utilisent exactement le même fonctionnement, mêmes outils... n'auront finalement pas la même pédagogie, car leur posture sera très différente dans l'attitude envers les élèves, les familles, les attendus. Il y a beaucoup de collègues devenus consommateurs de méthodes (c'est pour ça notamment que j'avais arrêté mon blog) sans se poser la question du sens et de l'adaptation de ces outils à leur propre projet de classe. On peut fonctionner en classe flexible et être très loin de la bienveillance et à l'inverse être a priori "de la vieille école" avec beaucoup de bienveillance. 3
Talulah Posté(e) samedi à 17:37 Posté(e) samedi à 17:37 il y a 49 minutes, prune2007 a dit : être a priori "de la vieille école" avec beaucoup de bienveillance. Je suis contente de lire ça...C'est pas très à la mode, mais très vrai!
Yuuko Posté(e) samedi à 18:11 Posté(e) samedi à 18:11 Il y a 6 heures, Eren Jäger a dit : Je ne vois pas pourquoi il faudrait séparer pédagogie et travail sur soi-même. Si tu en mets en place une pédagogie qui rompt avec ce que tu pratiquais jusqu'alors, ça sera d'abord un travail sur toi-même. Il faut assumer d'accorder plus de liberté, plus de confiance, de ne plus mettre ses propres attentes au centre de tout, de requestionner les interdits... Ca ne peut commencer que par un GROS travail sur soi-même, sur ses émotions à chaud. Cf ce que disais Yuuko et moi-même lorsque je parlais de "déconstruction personnelle". En effet l'un ne va pas sans l'autre, l'un nourrit l'autre en permanence. J'ai franchi le cap du changement avec la rencontre du maître de mon fils mais mon changement "idéologique" on va dire est venu de mon souhait de prendre en compte tout le monde dans ma classe et ne plus mettre tout mon temps et mon énergie sur les enfants en difficultés. La bienveillance est là aussi et l'exigence de la vieille école n'est pas incompatible. La bienveillance c'est considérer l'enfant pour ce qu'il est : un être capable de travail, d'efforts, de motivation intrinsèque importante à condition qu'on lui donne les opportunités de le faire. Depuis mes élèves en difficulté sont toujours en difficulté mais peuvent tirer leur épingle du jeu sur un quoi de neuf, avoir du plaisir dans l'écriture d'un texte libre, être à l'aise en expression corporelle libre, trouver les maths cools avec des créations mathématiques. Et mes élèves scolaires ne sont plus dans l'ennui d'attendre en permanence la correction d'un exercice qu'ils ont compris tout de suite, ils ont toujours un truc à faire.
Blagjackette Posté(e) hier à 14:57 Auteur Posté(e) hier à 14:57 Le 15/11/2025 à 12:15, Eren Jäger a dit : Je ne vois pas pourquoi il faudrait séparer pédagogie et travail sur soi-même. Si tu en mets en place une pédagogie qui rompt avec ce que tu pratiquais jusqu'alors, ça sera d'abord un travail sur toi-même. Il faut assumer d'accorder plus de liberté, plus de confiance, de ne plus mettre ses propres attentes au centre de tout, de requestionner les interdits... Ca ne peut commencer que par un GROS travail sur soi-même, sur ses émotions à chaud. Cf ce que disais Yuuko et moi-même lorsque je parlais de "déconstruction personnelle". Peut-être que je ne me suis pas exprimé assez clairement, ou bien que nos opinions diffèrent (c'est ok si c'est le cas, je ne le vois pas comme un combat d'idées). Ce que je propose ici c'est de se pencher sur l'enseignant, sans nier les autres champs d'action en faveur de la bienveillance. Je pense avoir écrit suffisamment dans les messages précédents pour expliquer ma démarche. Comme ça ne semble toujours pas compréhensible je propose un schéma type diagramme de Venn, qui est à prendre comme une photo de mon esprit sur la thématique (donc avec toutes les imperfections qu'il peut comprendre). C'est une image mentale de ma perception des influences avec lesquelles l'enseignant est amené à composer lorsqu'il veut agir, et dans la thématique présente, avec la contrainte de la bienveillance. Elle n'est évidemment pas exhaustive. J'ai pris des risques en partageant mes erreurs et en proposant des situations concrètes issues de mes pratiques à analyser, là je prends un nouveau risque en essayant d'éclaircir ma démarche. On peut être d'opinions différentes, j'espère pouvoir être accueillie avec douceur malgré tout. 1
Eren Jäger Posté(e) hier à 15:56 Posté(e) hier à 15:56 il y a 55 minutes, Blagjackette a dit : On peut être d'opinions différentes, j'espère pouvoir être accueillie avec douceur malgré tout. Ah mais tout à fait, y a aucun soucis. De mon côté aussi dis-moi si je me trompe, mais il me semble que tu avais initié ce sujet pour discuter de la bienveillance et peut-être, trouver des pistes pour la développer. Alors j'ai juste émis l'idée que la pédagogie pouvait être l'une des ces pistes, c'est tout.
Blagjackette Posté(e) hier à 16:52 Auteur Posté(e) hier à 16:52 Oui, tout à fait, merci pour ta contribution, en particulier concernant la pédagogie Freinet 🙏 On a parlé de pédagogie, on pourrait approfondir, mais j'aimerai aussi élaborer autour des outils de régulation émotionnelle, autour de la communication enseignant-élève et enseignant-familles, ce genre de choses qui semblent moins évidentes pour nous mais qui teintent les relations école-famille, qui peuvent impacter des enfants jusqu'à l'âge adulte. Dans mon cercle d'amis je connais plusieurs personnes devenues totalement hermétiques à l'école, pour les uns en raison de mauvais traitements subis en tant qu'élève (d'actuelles VEO), pour les autres parce qu'en tant qu'adultes ils se sentent jugés (à tort ou à raison) ou bien qu'ils estiment que l'école de leur enfant n'a pas réussi à assurer sa sécurité physique ou affective. J'aimerai contribuer à ce que l'école devienne une expérience plus positive pour les enfants et leurs familles, en dépit de l'état de l'institution et du cadre imposé par l'actuelle société et en ce sens, je sais qu'il y a des choses que je peux faire encore évoluer dans ma posture, parallèlement à la pédagogie. Et j'ai pu constater que d'autres aussi, s'ils le veulent, pourraient bénéficier de ces perspectives, d'où ce topic 🙂
prune2007 Posté(e) il y a 2 heures Posté(e) il y a 2 heures Le 16/11/2025 à 17:52, Blagjackette a dit : Dans mon cercle d'amis je connais plusieurs personnes devenues totalement hermétiques à l'école, pour les uns en raison de mauvais traitements subis en tant qu'élève (d'actuelles VEO), pour les autres parce qu'en tant qu'adultes ils se sentent jugés (à tort ou à raison) ou bien qu'ils estiment que l'école de leur enfant n'a pas réussi à assurer sa sécurité physique ou affective. Je pense que les raisons sont très nombreuses. Je m'excuse d'avance, mes propos n'ont vraiment pas vocation à blesser qui que ce soit, c'est compliqué par écrit et je pense que ce sujet mériterait une thèse ! En vrac et sans développer comme ça, mais il y a un lien entre tous les éléments que je cite : - un système "méritocratique" qui ne vise qu'à sélectionner, trier ; - une institution qui n'est pas au service des droits des usagers et qui s'impose comme un devoir ; - une institution qui continue à penser que l'enseignant est le Sachant et que n'importe quel autre interlocuteur (enfant, famille, professionnel) doit l'écouter ; - une institution qui pense qu'elle peut tout gérer seule, en interne ; - une institution repliée sur elle-même et qui n'a jamais appris à travailler en pluridisciplinarité ; - un rapport très particulier à l'évaluation, que ce soit par rapport aux élèves ou aux enseignants eux mêmes ; - un rapport à la hiérarchie très particulier également ; - un écosystème qui s'autoprotège. C'est une culture professionnelle profondément ancrée et on s'y installe comme dans des petits chaussons, sans s'en apercevoir. Quand j'en suis sortie, j'ai quasiment l'impression d'avoir quitté une secte... Avec ces quelques points, je trouve qu'on peut voir comment un enseignant, une équipe peut devenir violent sans avoir de mauvaise intention à la base. - un système "méritocratique" qui ne vise qu'à sélectionner, trier => c'est un héritage historique de notre système scolaire. A partir du moment où on donne le même objectif à tout le monde alors qu'on ne part pas tous du même endroit et qu'on donne des bons points à ceux qui y arrivent et qu'on demande aux autres de quitter le navire, c'est violent. Tout le monde n'a pas les mêmes moyens, et faire société, c'est accepter de vivre avec des gens différents de nous. Aujourd'hui, faire société n'est pas le projet de l'éducation nationale. - une institution qui continue à penser que l'enseignant est le Sachant et que n'importe quel autre interlocuteur (enfant, famille, professionnel) doit l'écouter => je pense que sur ce point, on peut largement rendre l'école moins violente, sans aucun coût pour l'EN. Accueillir la parole des familles, qui n'ont pas à être infantilisées (on se fait facilement rabrouer en tant que parent, on a beaucoup d'injonctions de la part de l'école). Respecter leurs points de vue et leurs choix. Accepter que d'autres professionnels ont une meilleure expertise dans leur propre domaine et profiter de leurs compétences/connaissances avec humilité. Ne pas penser que le reste du monde doit obéir à l'EN (mais à tous les niveaux, ministériel en premier). Je ne peux pas tout détailler là comme ça. Je me rends compte à quel point j'ai pu être violente avec certains enfants ou leur famille et comment mon propre parcours m'a fait évoluer. De passer du côté parent, qui plus est avec un enfant atypique, puis de changer de milieu professionnel, mais toujours avec un lien partenarial avec l'EN, lire les témoignages et avis sur ce forum... m'a fait prendre conscience de beaucoup de choses. Je ne pense pas que j'étais une mauvaise enseignante mais j'ai fait des mauvais choix et il y a beaucoup de choses que je ne comprenais/mesurais pas. J'aurais aimé que ma hiérarchie m'amène à réfléchir sur cette posture professionnelle plutôt que m'imposer les mêmes éternelles formations en français/maths. 1
Blagjackette Posté(e) il y a 1 heure Auteur Posté(e) il y a 1 heure il y a 13 minutes, prune2007 a dit : Accueillir la parole des familles, qui n'ont pas à être infantilisées (on se fait facilement rabrouer en tant que parent, on a beaucoup d'injonctions de la part de l'école). Respecter leurs points de vue et leurs choix. Accepter que d'autres professionnels ont une meilleure expertise dans leur propre domaine et profiter de leurs compétences/connaissances avec humilité. Ne pas penser que le reste du monde doit obéir à l'EN (mais à tous les niveaux, ministériel en premier). Je partage tout ce que contient ton message et tout particulièrement ce passage. On a beaucoup parlé des élèves dans ce topic, assez naturellement, mais on n'a pas encore abordé le lien avec les familles et comment le soigner. Ça commence par respecter sincèrement les familles, leurs choix. Reconnaître leur vulnérabilité face à l'écrasante institution, les écouter comme tu dis et les informer, mais sans prendre la main, sans s'approprier l'éducation de leurs enfants en les assommant d'injonctions, de réprimandes ou de menaces. Et si ça peut te rassurer, moi aussi j'ai dit et fait des choses que l'enseignante que je suis devenue aujourd'hui n'approuve pas, parce qu'on a plus de recul avec l'expérience et avec la volonté de toujours s'améliorer. Je considère que la bienveillance est un idéal à atteindre, mais je ne crois pas qu'on puisse la maintenir en toutes circonstances. On est faillible. Le tout c'est de faire de son mieux et d'avoir l'honnêteté de reconnaître quand on pense s'être trompé 🤗 1
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