thanys00 Posté(e) 22 avril 2005 Posté(e) 22 avril 2005 Un extrait de mon cours d' Apprentissage et didactique : La prise en considération des intérêts de l'élève Pour Carl Rogers, l'un des fondateurs de la psychologie "humaniste", l'enseignement doit à tout moment se soumettre aux intérêts de l'élève. Il considérait que tout être humain dispose d'une curiosité innée qui le pousse à apprendre et à développer ses capacités. Le maître doit s'appliquer à y répondre, et enrichir ce processus d'auto-réalisation personnelle en générant les conditions d'environnement favorables. C'est également la position de l'éducation nouvelle (Dewey, Claparède, Freinet...) et de divers mouvements pédagogiques, qui considèrent comme axe de leur travail le respect des conditions de développement naturel de l'enfant. Mais dans la pratique, le problème qui se pose à l'enseignant est celui d'articuler les intérêts des élèves avec les objectifs explicités par l'école. La question est de les attirer vers des savoirs par lesquels ils ne se sentent pas encore concernés, mais dont nous savons, nous, qu'ils seront nécessaires à leur formation. Pour Philippe Meirieu, promouvoir cet intérêt exige que l'enseignant sache situer l'élève devant des problèmes qui soient à la fois difficiles et accessibles à ses possibilités. Qu'il parte de ce qu'il sait déjà, afin de "créer l'énigme" qui avivera sa curiosité. Favoriser la rencontre avec quelquechose qui se donne seulement à deviner, fait croître l'intérêt pour une connaissance approfondie. Il s'agit, en quelque sorte, d'entrouvrir la porte d'un nouveau savoir avec l'intention de provoquer chez l'apprenant le désir de connaître ce qui se cache de l'autre côté de la porte, de telle manière que ce soit finalement lui qui l'ouvre entièrement. Ce travail d"insinuation" sera d'autant plus efficace que l'enseignant manifestera pour lui-même le même intérêt contagieux envers la connaissance qu'il se propose d'éveiller chez ses élèves. L'expression du désir d'apprendre fournit une énergétique indispensable pour affronter les obstacles qui séparent du savoir. L'enseignant doit cependant tenir compte du fait que si l'épreuve déborde les possibilités de l'élève, s'il est sollicité par l'adulte d'une façon qui lui paraît excessive, celui-ci risque de faire montre de mécontentement vis-à-vis des tâches proposées, de développer un sentiment de frustration et un manque de confiance envers ses propres aptitudes. Il peut alors se désister dans l'effort pour apprendre. [...] Licence sciences de l'éducation Lyon 2, Apprentissages et didactique par José Maria Asensio, Jean-Pierre Astolfi et Michel Develay.
mims Posté(e) 27 mai 2005 Auteur Posté(e) 27 mai 2005 Il considérait que tout être humain dispose d'une curiosité innée qui le pousse à apprendre et à développer ses capacités. cette curiosité, j'ai l'impression que le système scolaire la "casse"... J'ai vu cetet curiosité chez des élèves de maternelle, en début de ma carrière, et ensuite, des CM beaucoup moins curieux... (je généralise, bien sûr)... Comme si le fait d'apprendre des choses à l'école faisait s'enfuir cette curiosité naturelle... Et là, cette année, avec mes premiers CP de ma carrière, je remarque que cetet curiosité est déjà presque effacée... Pourtant, c'est pas faute d'essayer de l'éveiller, la curiosité... Déjà blasés, overbooké, submergés par des infos de toute part, mes élèves... Est-ce que cette vision de l'être humain est universelle et infinie, ou est-ce que la société de consommation et l'omniprésence des médias change la donne... Et dans ce cas-là, comment s'adapter.... ? je me pose la question...
Toubab Posté(e) 28 mai 2005 Posté(e) 28 mai 2005 Extrait de L'Ecole des Ego, Elizabeth Altschull Contre les gourous du "pédagogiquement correct". "Depuis quelques années, une expression toute faite ponctue le disours de la gauche sur l'école. Il s'agit de "mettre l'enfant au centre du système scolaire". Cette phrase me fait souvent penser à une des nombreuses "perles" de Georges Bush Jr., produites par sa proverbiale éloquence. Celle qui me vient à l'esprit fut prononcée lors d'un discours d'inauguration à la NASA. Le président de la première puissance spatiale mondiale leva le bras et dit: "Il est temps pour l'humanité de rentrer dans le système solaire." De même, on se demande où se situaient les enfants auparavant dans le système scolaire français. On peut n'y voir qu'un gadget politique, un mot d'ordre creux et s'en tenir là. Toutefois, un peu partout des parents reprennent en choeur ce slogan comme s'il s'agissait d'une revendication claire et légitime. Si on lit de près la loi Jospin de 1989 sur l'Education nationale, l'"épanouissement" de l'élève semble supplanter son instruction. L'acquisition du savoir n'est plus affirmée comme objectif premier de l'école, qui cède la place au "développement personnel" de l"enfant". Ce changement d'objectif de l'école, d'apparence vénielle, lui fait prendre en réalité un tournant lourd de conséquences." Je ne peux pas copier tout le chapitre...dommage. L'auteur est américaine naturalisée française et professeur de français dans un lycée parisien. Elle parle souvent de l'école amériacaine dont le niveau est très faible, semble-t-il, et elle est inquiète de voir apparaître en France les mêmes discours, les mêmes projets de réformes, les mêmes perversions idéologiques qui ont sévi là-bas: "L'ensemble du système scolaire américain est d'un niveau infèrieur à celui de la France. Pour l'instant. L'Amérique peut se le permettre, elle importe ses cerveaux du monde entier.(...) Mais même sans considérer l'élite, le niveau moyen est bas. Les 3/4 des étudiants ne savent pas que le Portugal est en Europe, que la Grande Bretagne est une île, que l'eau bout à 100 degrés celsius, que la soie vient de la Chine, que le nord de l'Afrique n'est pas peuplée de Noirs.(...) Mais alors, que font-ils à l'école? Des "projets", des "recherches personnelles", du travail en groupe, des "débats". En maths, et en science, les cours sont plus classiques mais très allégés afin d'éviter l'echec. Et pourtant la réalité du système scolaire est plus compétitive et plus inégalitaire qu'en France. Aux Etats Unis, c'est le triomphe de l'idée que l'école doit contribuer à l'épanouissement de chacun selon sa propre démarche (do your own thing). Et pourtant le règne de l'ennui et de la facilité ne permet pas la réalisation de cet objectif. (...)" Oui, je sais, on va encore dire que c'est un livre conservateur mais faut avouer que, même si tout n'est pas à prendre au pied de la lettre, il y a bcp de choses justes dans son discours...bref, lisez-le et on en reparle après!
Cumulonimbus Posté(e) 29 juin 2005 Posté(e) 29 juin 2005 Je me doute que je vais encore faire hurler dans les chaumières, amis quelque part, j'ai des réticences sur ce "l'enfant au centre du système éducatif"...Je suis nulle en histoire de l'éducation, et les textes, je les connais peu : je me contente de faire mon boulot du mieux possible... Donc, je sais plus de quand ça date cette histoire, et je suppose qu'avant, c'était le savoir lui-même qui était au centre du système éducatif... qu'on me le dise si je me trompe... Je ne suis pas sûre que c'était le savoir qui était au sens du système éducatif, dans un sens oui, mais en fait c'était davantage l'interaction maître-savoir qui était au centre : un savoir pré-établi dispensé de manière frontale (je grossis le trait, forcément ! ), tandis que maintenant, on privilégie l'axe élève-savoir : parce qu'on sait que si on essaye de remplir la tête du gosse avec un entonoir ça ne marche pas, tandis que si on prend en compte ses représentations, si on lui laisse les moyens de les remettre en question, de découvrir comment ça fonctionne, il ne fait pas qu'apprendre, il comprend ! Je pense que l'attitude "enfants rois" que les enfants prennent dans les classes n'est pas vraiment liée à la pédagogie : c'est une tendance générale de notre société qui se retrouve à l'école, mais tu peux faire un beau cours frontal et entendre un de tes élèves déclarer sans même demander la parole "à quoi ça sert de savoir ça ?" de dire que "c'est pas interessant", qu'en gros ça le gonfle ... et il fait pareil quand il est au centre des apprentissages ! :o Dans l'idéal, je pense qu'au niveau de la pédagogie, c'est vraiment une avancée que l'élève soit considéré au centre pour les raison présentées avant, mais qu'au niveau du rôle de chacun, de l'autorité etc, les élèves ont besoin de se rendre compte que les enfants ne sont pas les rois de la société mais qu'ils doivent respecter les adultes !... ça m'a fait me poser beaucoup de questions d'avoir des classes à plusieurs niveaux, en particulier ma première année en CE1 CE2 CM1 CM2 ... parce que, même si j'avais trop tendance à globaliser par facilité, ça arrive fréquemment qu'un CE1 soit meilleur qu'un CM2 (eh oui ! en problèmes ouverts, en inventivité pour écrire une histoire, en vocabulaire, même parfois en orthographe, à peu près même niveau des 2 côtés, en culture G ... bon bien spur ça dépend des gamins !).... alors ? C'est vraiment dur de trouver un juste équilibre entre respecter un peu le niveau d'âge et s'adapter à ce qu'ils ont besoin d'apprendre ! (j'ai fait l'accord du nom, de l'adjectif avec tout le monde en même temps et des différences d'applications .... c'était pas brillant ! Des CM qui accordent pas le nom au pluriel c'est embêtant quand même !) Des CM qui conjuguent pas bien le présent.... faut pas rêver de pouvoir faire le subjonctif dans l'année ! <_< Mais c'est vrai que les élèves n'ont pas vraiment de goût de l'effort ... du défi oui ... mais sur des tâches répétitives... ça ils adorent ! Pour se qui est d'aimer réfléchir, le plaisir de trouver, faut leur réapprendre !... cette année, je leur ai ré-appris le silence aussi ... en musique !
Toubab Posté(e) 4 juillet 2005 Posté(e) 4 juillet 2005 Je ne suis pas sûre que c'était le savoir qui était au sens du système éducatif, dans un sens oui, mais en fait c'était davantage l'interaction maître-savoir qui était au centre : un savoir pré-établi dispensé de manière frontale (je grossis le trait, forcément ! ), tandis que maintenant, on privilégie l'axe élève-savoir : parce qu'on sait que si on essaye de remplir la tête du gosse avec un entonoir ça ne marche pas, tandis que si on prend en compte ses représentations, si on lui laisse les moyens de les remettre en question, de découvrir comment ça fonctionne, il ne fait pas qu'apprendre, il comprend ! <{POST_SNAPBACK}> Je pense que le constructivisme, que tu décris comme qqlchose de nouveau, n'a rien de nouveau et qu'un bon enseignant le pratiquait déjà il y a bien longtemps (suffit d'être un peu pédagogue), de la même façon qu'un "mauvais" enseignant actuel ne se servira que du frontal tout le temps. Sauf que maintenant on arrive à mettre un nom sur les différentes méthodes, ce qui ne veut pas dire qu'elles soient forcément nouvelles, mais c'est ce qu'on nous fait croire, que les "modernes" ont INVENTE les meilleures méthodes. Je me souviens de mon instit' de cm2, donc avant la loi d'orientation de 89, elle pratiquait déjà le constructivisme, la pédagogie du projet, la pédogogie différenciée (à sa façon, elle ne laissait jamais un élève en difficulté de côté) et l'élève était au coeur même des apprentissages. Je vous l'affirme car je l'ai vraiment ressenti!
del-leeloo261 Posté(e) 2 août 2005 Posté(e) 2 août 2005 de la même façon qu'un "mauvais" enseignant actuel ne se servira que du frontal tout le temps. Tu peux développer stp car j'ai pas bien saisi. Un "mauvais" enseignant est celui qui ne se sert que du frontal c'est ça? Oa as-tu oublié une négation ou rapportes-tu un préjugé? Désolée, là mon cerveau a du mal à comprendre la phrase :P
fanatrek Posté(e) 15 août 2005 Posté(e) 15 août 2005 Bravo Mims pour ce post vraiment intéressant. tu dis que tu as l'impression que l'enfant se croit le centre du monde alors que les textes disent qu'il doit être "au centre des apprentissages" et je suis d'accord avec toi. Ce que je me demande c'est comment avoir l'un sans l'autre. Dans notre circonscription on entend souvent qu'il faut respecter l'enfant en tant que citoyen. A cet égard, ce sont les élèves qui doivent rédiger les règles de la classe et les sanctions (très limitées) qui vont avec, débattre sur les problèmes de comportement ...Mais on ne nait pas citoyen, on le devient en apprenant à respecter des règles préétablies, on doit être dirigé vers ce qui est socialement correct ou non. Et là je me demande si encore on ne confond pas respect de l'être humain et en particulier respect de l'enfant ( s'adapter à ses rythmes, donner des explications par rapport au travail attendu, au comportement souhaité, s'adresser à son intelligence, favoriser les échanges...) et respect du citoyen (lui permettre de prendre des décisions, lui laisser le choix, la liberté d'expression sans pouvoir sanctionner ses manquements). Par exemple, je ne sais plus ce que veut dire "être sévère" aujourd'hui puisque tout doit être résolu par la discussion!! Voilà mes réflexions, j'espère ne pas paraître vieux jeu, ni déplacée mais ce sont des questions que je me pose et je trouve difficile de tout concilier.
del-leeloo261 Posté(e) 22 août 2005 Posté(e) 22 août 2005 Bah pour moi déjà c'est "l'élève" qui doit être au centre des apprentissages. Selon, moi cela veut tout simplement dire que les cours se doivent de faire participer un peu plus les élèves, de les faire communiquer entre eux, avec l'enseignant, de développer leur esprit d'initiatives, de leur faire comprendre le sens de leur apprentissage. Après, à mon avis, cela ne veut pas dire que l'élève soit le point de départ de tout. L'enseignant apporte aussi ce qu'il sait sans forcément partir du vécu ou autre des élèves. Leeloo
Hachiko Posté(e) 23 août 2005 Posté(e) 23 août 2005 on voyait l'apprentissage de nouvelles choses comme un privilège, alors que maintenant, ça semble être une corvée... Entièrement d'accord avec ça! Pour le reste c'est blabla et compagnie, les textes n'étant pas forcément appliqués à la lettre (et quand on les lit on comprend pourquoi).
PHL Posté(e) 7 octobre 2005 Posté(e) 7 octobre 2005 Florent à écrit : Ca date de 1989 avec la loi d'orientation de Jospin alors ministre de l'Education. Dans le fameux triangle élève/savoir/professeur, c'est donc l'élève qui se trouve au centre dans cette loi. Pour moi, les trois pôles sont aussi importants les uns que les autres, c'est tout ! Je confirme ... Mais auparavant "L'enfant au coeur du système éducatif" était avec quelques autres thèmes une reventication de la FCPE et faisait partie de son "projet pour l'école" depuis pas mal d'années ... et avec l'arrivée de JOSPIN au ministère nous (militants FCPE) avons eu la surprise de voir repris pas mal de nos revendications de l'époque ... Dans le débat que les parents avaient alors avec les enseignants et aussi les décideurs (Mairie, politiques, et autres décideurs) cela signifiait surtout prendre des décisions dans l'intérêt des enfants (donc en dépassant les corporatismes et autres freins ...). L'enfant-roi et la pédagogie centrée sur (ou partant) des connaissances ont polué la notion. Reste que si vous doutez et que vous vous posez la question : "Quel est l'intérêt de l'enfant ?" votre choix ne sera rarement mauvais.
sourimimi Posté(e) 18 octobre 2005 Posté(e) 18 octobre 2005 Je me doute que je vais encore faire hurler dans les chaumières, amis quelque part, j'ai des réticences sur ce "l'enfant au centre du système éducatif"...Je suis nulle en histoire de l'éducation, et les textes, je les connais peu : je me contente de faire mon boulot du mieux possible... Donc, je sais plus de quand ça date cette histoire, et je suppose qu'avant, c'était le savoir lui-même qui était au centre du système éducatif... qu'on me le dise si je me trompe... Je ne suis pas sûre que c'était le savoir qui était au sens du système éducatif, dans un sens oui, mais en fait c'était davantage l'interaction maître-savoir qui était au centre : un savoir pré-établi dispensé de manière frontale (je grossis le trait, forcément ! ), tandis que maintenant, on privilégie l'axe élève-savoir : parce qu'on sait que si on essaye de remplir la tête du gosse avec un entonoir ça ne marche pas, tandis que si on prend en compte ses représentations, si on lui laisse les moyens de les remettre en question, de découvrir comment ça fonctionne, il ne fait pas qu'apprendre, il comprend ! En fait, je ne suis pas certaine que l'enfant soit encore au centre du système éducatif J'ai un peu l'impression qu'il se trouve maintenant au milieu du tuyau dans lequel on veut ( doit) le faire passer pour aboutir aux résultats chiffrés des statistiques attendues, en s'arrangeant pour laisser croire qu'on augmente sa qualification ( alors que je crains bien que le but inavoué est de le maintenir le plus longtemps possible hors des chiffres affichés du chomage ). MCD
Laurence* Posté(e) 23 octobre 2005 Posté(e) 23 octobre 2005 Reste que si vous doutez et que vous vous posez la question : "Quel est l'intérêt de l'enfant ?" votre choix ne sera rarement mauvais. <{POST_SNAPBACK}> Je ne suis malheureusement pas aussi optimiste que toi ... La lecture d'un ouvrage d'Alice Miller "C'est pour ton bien !" (ou quelque chose comme ça ) est assez édifiante sur ce que les adultes sont prêts à faire subir aux enfants "pour leur bien".....
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