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gouter philo


stephanie07

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Je pense que Philo fables est plus exploitable pour un débat( que les goûters philos), tu pars d'un des textes et ensuite les élèves en discutent, tu peux réorienter la discussion en fonction de ce qu'ils disent par d'autres questions, je viens également de découvrir un ouvrage avec des pistes en ce qui concerne les questions à poser en débat, il s'agit d'une série de livres parue chez Nathan( basé sur des questions en chaîne), ça peut donner des idées pour que le débat ne s'essouffle pas.

Sinon, pour les débats philo je suis partie pour le moment de questions comme par exemple: pour se moque-t-on des autres? ou encore qu'est-ce que l'amitié?...Ces questions ont bien marché avec les élèves.

Je compte aussi organiser un débat philo sur l'amitié : as-tu un compte-rendu de ton débat ?

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L'an dernier j'ai fait des "debats philo" dans ma classe, à raison d'un tous les 15 jours, le vendredi apres-midi, pendant 30 minutes. J'avais acheté les "philofables", que j'ai utlisé 2 fois je crois... Sinon, je partais uniquement d'une question écrite au tableau du style "c'est quoi être amoureux ? C'est quoi être libre ? Peut-on toujours obéir ?" ou même d'une image.

Le principe :

- j'écris la question au tableau, chacun y réfléchit et note des idées sur son cahier de brouillon pdt 5 minutes/ ou je lis le texte / ou montre l'image, et même chose sur le brouillon

- on se réunit au fond de la classe assis par terre en cercle

- on choisit un distributeur de parole, qui a un "baton de parole" : l'enfant ne parle que s-il a le baton dans les mains

- je faisais la secrétaire, car un peu dur pour mes ce2 de noter... mais avec des cm2 un élève peut faire le secrétaire

- 30 minutes de débat, la maitresse essaie de rester en retrait, exceptionnellement j'intervenais, pour "cadrer" les élèves qui perturbaient le débat (très rare, ils etaient en general bien impliques et diciplines) ou pour faire rebondir parfois sur une idée intéressante si le debat patinait.

Puis retour à nos places, petite synthèse rapide et dessin d'une idée qu'ils ont retenue et aimé sur une feuille blanche, avec une phrase légende. Je tapais ensuite le compte-rendu le week-end, que je leur donnais le lundi et qu'on classait dans la partie "debat philo" du classeur.

je suis actuellement en CE1-CE2 et je voudrais bien me lancer aussi. Une petite question: où trouvais-tu les thèmes abordés? tu avais une sorte de "progression" ou la question posée te venait comme "ça"?

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  • 3 mois plus tard...

Bonjour.

Je m'intéresse énormément à la philo et je la pratique depuis de nombreuses années avec mes élèves de CM2. Vingt-neuf élèves cette année. Je ne travaille pas uniquement sous forme "programmée" mais au coup par coup, en fonction des situations afin de leur montrer que la philosophie n'est pas une "matière" comme une autre mais une ouverture constante de la conscience. Je connais les "goûters philo" et les enfants les lisent souvent en classe et organisent parfois des débats sur un sujet qui les a marqués et qu'ils souhaitent approfondir. Le mardi après-midi, nous avons mis en place un décloissonnement avec deux autres enseignants et j'ai en charge des séances "débat-philo". Les enfants adorent ça et certains parents me disent parfois que les débats continuent à la maison, les enfants sont enthousiastes.

En voici un exemple. C'est évidemment TRES résumé.

Blog > Débat philo.

Le 16/11/2010 à 21:14

Une séance passionnante aujourd'hui avec mes élèves de CM2.

J'en fais un résumé succinct. La séance a duré 1h00.

DEBAT

Ils sont assis, aucune affaire sur la table, même pas la trousse.

Je désigne un enfant et lui dit juste :

"Neige..."

Il me regarde, perplexe.

"Neige...

-Ski ?

Un signe d'acquiescement.

Un autre enfant.

"Océan...

-Bateau."

Un autre enfant.

"Vacances...

-Plage.

-Arbre

-Fruits."

Et ainsi de suite en passant d'enfant en enfant.

Puis une explication de ma part.

"Ce travail s'appelle, l'association d'idée. Je vous donne un mot et aussitôt un autre vous vient à l'esprit. Je n'ai même pas eu besoin de vous dire ce que vous deviez faire au début, vous avez fini par trouver tout seul, votre intuition était la bonne.

Puis une question.

"A quelle partie de votre cerveau faites-vous appel pour trouver le mot que vous me donnez ?"

-La mémoire.

-Oui, c'est tout à fait ça. Vous avez en vous, dans votre mémoire des associations de mots. D'où viennent ces associations ?

-De ce qu'on a lu.

-De ce qu'on a vécu.

-De nos expériences.

-De nos discussions.

-De l'école.

-Des vacances.

-Il s'agit donc d'expériences passées qui se sont inscrites dans notre mémoire. C'est une partie essentielle de notre cerveau."

Je me tourne de nouveau vers un enfant et je lui dis:

"Quark...

-..."

Vers un autre:

"Quark...

-Un animal ?

-Et les autres, vous en pensez quoi ?

-Un extraterrestre ! (rires)

-Le dernier film de Walt Dysney (rires)

-Bon, est-ce que vous faites appel à votre mémoire pour me répondre ?

-Ah ben non, on ne sait pas ce que c'est !

-Pourtant vous avez répondu !

-On a imaginé !

-Voilà, c'est ça, vous avez imaginé. Il y a donc en nous une mémoire et une imagination. Les deux ne se contruisent pas sur les mêmes informations et ne fonctionnent pas pour les mêmes objectifs.

-C'est sûr, on rigole plus avec l'imagination ! (rires) (on rigole beaucoup dans ma classe!)

Je laisse le silence s'installer et je pousse un grand cri en tapant des mains près d'une élève qui pousse un hurlement en bondissant sur sa chaise.

(RIRES !!!!!!!!!!!!!!!!!)

"Bon, que s'est-il passé cette fois ?

-J'ai eu peur, trop peur !!

-C'est quoi cette peur? C'est la mémoire ou l'imagination ?

-Ah ben non, je n'ai pas eu le temps !

-Pas eu le temps de quoi ?

-Pas eu le temps d'imaginer ou de me souvenir, c'était trop d'un coup !

-Alors, c'est quoi qui t'a fait réagir ?

-L'émotion !

-Oui, c'est ça, l'émotion ! Elle vient d'où ? Comment la reçoit-on ?

-Partout !! J'ai sursauté dans tout mon corps !

-Mais c'est ton corps qui a reçu l'information qui t'a fait peur ?

-Ben oui, c'est mes oreilles !

-Mais tes oreilles font quoi de ce qu'elles reçoivent ?

-Elles envoient tout au cerveau.

-Mais si tes oreilles ont reçu l'information pourquoi c'est tout ton corps qui a sursauté ?

-Ah ben parce que le cerveau a dit que c'était dangereux. Alors il a fichu la panique partout !

-Donc, c'est le cerveau qui déclenche cette émotion mais c'est par le corps qu'elle se transmet ou qu'elle prend forme, c'est ça, vous êtes d'accord ?

-Oui, c'est ça, j'ai eu la trouille mais c'est mon cerveau en fait qui a eu peur et tout mon corps a sauté !

-C'est donc une émotion et elle est très soudaine.

-Ah ben oui !

-Comment ça se passe si c'est de l'amour ?

-Ouah, c'est un coup de foudre ! C'est trop chouette (rires).

-Et si ça vient doucement, qu'on découvre que l'autre on l'aime bien, puis on l'aime beaucoup puis finalement on l'adore. Est-ce que c'est toujours une émotion ou est-ce qu'on peut appeler ça autrement ?

-C'est un sentiment plutôt.

-Ah, oui, bien ça, vous êtes d'accord les autres ?

-Oui, c'est comme un copain aussi, au début c'est un pote puis c'est un copain puis c'est un ami. Ca se fait doucement.

Bon, alors, vous voyez que ça fait déjà pas mal de choses à l'intérieur : la mémoire, l'imagination, les émotions, les sentiments. Et moi, ce qui m'intéresse, c'est que vous parveniez à identifier tout ça quand ça vous arrive, à mieux comprendre ce qui se passe en vous. C'est toujours cette phrase de Henri david Thoreau :"Si tu n'es pas toi-même, qui pourrait l'être à ta place?" C'est ça aussi que ça veut dire, est-ce que nous sommes vraiment nous-mêmes, intérieurement, c'est à dire, est-ce que nous savons ce qui s'y passe, c'est un peu comme si on vivait à l'intérieur d'une maison dont on ne connaît pas toutes les pièces, ça serait vraiment bizarre. Et pourtant c'est un peu ça le problème."

Je laisse les remarques s'épuiser peu à peu et puis je prends mon porte monnaie dans ma poche, je sors un billet de cinquante euros et je le laisse tomber sous la table d'un enfant. Je me lève et je lui tourne le dos pendant quelques secondes.

"Qu'est-ce qui s'est passé dans ta tête ?

-Je voulais pas le prendre, répond-il gêné.

-Je sais bien, ne t'inquiète pas ! Mais qu'est-ce qui t'en a empêché ?

-C'est pas bien, c'est du vol. Et puis je sais bien que tout le monde aurait vu que je le prenais.

-Et si personne ne t'avait vu, est-ce que tu l'aurais pris ?

-Non, parce que je sais que c'est à vous.

-Et si ce billet, tu le trouves par terre et que tu ne sais pas à qui il est, qu'est-ce que tu fais ?

-Ah, ben là je le prends !

-Tu n'essaies pas de trouver son propriétaire ?

-Ben, si peut-être mais je sais pas qui c'est ?

-Mais si tu es certaine de le trouver, que tu as vu le billet tomber de sa poche, qu'est-ce que tu fais si tu ne le connais pas ?

-Ah, ben, je ne sais pas, ça dépend si quelqu'un m'a vu le ramasser aussi.

-Tu ne veux pas qu'on te traite de voleur, c'est ça ?

-Ben oui.

-Mais si personne ne t'a vue le ramasser ?

-Ah, ben alors je le garde et je vais acheter des vêtements ! (rires)

-Et les autres, vous en pensez quoi ?

-Non, c'est pas très chouette de le garder je trouve, c'est beaucoup d'argent quand même.

-Ben oui justement (rires).

-Bien, et dans tout ça, qu'est-ce qui en vous déclenche ces réactions ? Est-ce que c'est votre imagination, votre mémoire, vos émotions, vos sentiments ou autre chose encore ?

-Ben, oui j'imagine les vêtements que je vais acheter ! (rires).

-Donc, tu te laisses entraîner par ton imagination.

-Moi je le prends pas parce que mes parents m'ont appris que c'était pas bien.

-Donc, tu utilises ta mémoire et les valeurs que tes parents t'ont enseignées. On appelle ça la morale.

-Moi je le prends pas parce que ça me fout la trouille de me faire voir.

-Donc, tu réponds à une émotion.

-C'est tout mélangé alors !

-Oui, on peut voir ça comme ça mais il y quand même quelque chose en nous qui intervient. Vous vous souvenez de Pinocchio et de Jimmy Cricket ?

-Ah oui, c'est lui qui dit quand Pinocchio fait une bêtise.

-C'est sa conscience !!

-Bien ! voilà, c'est ça, c'est sa conscience. Comment on pourrait expliquer cette conscience en nous ? Qu'est-ce que c'est ? On vient de voir que ça mélange un peu tout ce qu'on a déjà trouvé.

-C'est nos pensées ?

-Quand tu fais un problème de math, tu n'as pas besoin de cette conscience là mais de la conscience que tu dois bien réfléchir. C'est le raisonnement. Quand tu es en haut d'une piste noire de ski, tu dois avoir conscience que ça va être difficile mais que tu peux le faire si tu restes appliqué. C'est la concentration.

-Ah, ben ça fait plein de conscience alors ?

-Ca n'est pas vraiment pleins de consciences mais plutôt diverses utilisations d'un état de conscience. Quand on dort, par exemple, est-ce qu'on peut dire qu'on est conscient ?

-Ah, ben non, sinon on ne dort pas ! (rires)

-Donc, nous sommes conscients lorsque nous sommes réveillés et lorsque nous utilisons tout ce qui est en nous :la mémoire, l'imagination, les émotions, la morale, le raisonnement et certainement encore d'autres notions, d'autres pensées, d'autres états de conscience. mais qu'est-ce qui se passe si nous nous laissons emporter par un de ces états sans réellement le maîtriser, sans avoir clairement identifié ce qui se passe en nous. Je vous donne un exemple : Quand il y a une alerte incendie dans l'école, quand l'alarme retentit, si vous vous laissez emporter par la peur et que vous commencez à crier, vous n'allez pas écouter ce que je dis, vous allez paniquer et vous risquez en plus de déclencher une panique générale, ça arrive souvent des mouvements de foule qui se termine en catastrophe parce que les gens n'ont pas été conscients de ce qui se passait en eux. C'est comme s'ils n'étaient plus réveillés.

-Et pourtant ils ne dorment pas !

-Non, ils ne dorment pas mais pourtant ils ne sont plus conscients. ca vous arrive aussi parfois quand vous paniquez parce que je vous donne un contrôle surprise !

-Ah oui, on a la trouille et on ne réfléchit plus !

-Et du coup, cette peur en vous vous fait tout rater. Ca n'est pas parce que vous ne saviez rien mais parce que vous n'arriviez plus à réfléchir ! Vous vous souvenez que je vous avais dit qu'il fallait peindre en jaune fluo la pensée la plus importante et que lorsque vous voyiez arriver une autre pensée qui n'avait pas la bonne couleur, il fallait vous en débarasser.

-Ah oui, c'est ça qu'il faut faire pour réussir mais c'est difficile de contrôler les pensées ! Ca part dans tous les sens souvent !

-Et bien il faut déjà en être conscient pour réussir à se corriger à l'intérieur. Sinon, à l'extérieur, sur votre feuille, ça va être un sacré chantier. Etre conscient de ce qui se passe en nous, c'est absolument essentiel. Mais il faut pouvoir mettre un nom sur ce qui nous arrive. Cette conscience, c'est un des aspects les plus importants de notre vie et vous voyez bien que ça met en action énormément de choses en nous. Savoir ce qui appartient à notre imagination, à notre mémoire, à nos émotions, à notre morale, à notre raisonnement, tout ça il faut le maîtriser au mieux. C'est le seul moyen de pouvoir faire un choix réel. Sinon nous ne sommes pas conscients, nous vivons comme si nous étions entrain de dormir."

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Tibo 59, la philo est une pratique à laquelle je m'intéresse depuis longtemps. j'écris beaucoup aussi et ça aide pour clarifier un déroulement. Il est essentiel que les idées soient clairement établies avant de se lancer sinon, on a vite fait de tomber dans des "discours" sans fond. C'est déstabilisant pour les enfants en début d'année, il est important de mener tout ça avec humour. Peu à peu, certains enfants se libèrent, se lancent, lâchent ce qu'ils portent et c'est très vite stupéfiant...Ils sont très réceptifs et bien plus concernés que ce qu'on imagine.

Un autre débat

Le 15/02/2011 à 21:53

Conscience morale et empathie.

Un débat philo en classe aujourd'hui (29 élèves de CM2)

Durée 1h15.

Les discussions sont bien plus longues que ce résumé...

"Imaginons que vous n'aimiez pas une personne, un enfant ou un adulte, et que vous passiez devant chez lui. L'envie vous prend de sonner à la porte et de vous sauver. Vous êtes excités par cette idée, vous avez un peu peur, vous savez que vous faites quelque chose d'interdit. Vous avez largement le temps d'aller vous cacher, personne ne peut vous voir. Vous allez sonner et au dernier moment vous vous arrêtez. Quelque chose en vous qui vous empêche d'aller jusqu'au bout de votre désir. Qu'est-ce que c'est ?

-Et bien on sait que c'est pas bien.

-C'est interdit. C'est une bêtise.

-Oui, d'accord mais d'où vient cette idée ?

-C'est nos parents qui nous ont appris que ça se fait pas.

-Comment vous pourriez nommer cette interdiction ? Qu'est-ce qui se passe en vous ? Essayez de vous imaginer dans cette situation et essayez de voir ce qui se passe en vous."

Silence...

"Je vous donne un autre exemple. Vous avez eu un skate board et vous avez déjà réalisé pas mal de figures avec. Vous décidez de tenter quelque chose de plus périlleux que ce que vous faites d'habitude. Vous allez descendre le sens interdit près du tennis, vous voyez où c'est ?

-Oui, c'est super raide comme descente.

-Et en plus quand vous allez arriver en bas, vous tournerez à droite et vous traverserez le carrefour devant la poste.

-Ah, non mais là c'est n'importe quoi, on va se tuer !!

-Qu'est-ce qui te fait dire ça ? C'est quoi à l'intérieur de toi qui te dit que c'est trop dangereux ?

-C'est pas raisonnable.

-Ah, voilà le mot que j'attendais ! mais, ça c'est un adjectif. Quel est le nom commun ?

-La raison.

-Et bien voilà, on y est. C'est donc la raison qui vous dit que c'est trop dangereux ou que de sonner à la porte c'est interdit. Mais d'où vous vient cette raison ? Est-ce que vous êtes nés avec ou est-ce qu'elle s'est installée peu à peu ?

-Ben, moi je dirais que pour la sonnette, c'est mes parents qui m'ont appris que c'était interdit.

-Et moi, pour le skate, je pense que c'est parce que je pense que je n'en suis pas capable.

-Ce sont donc des idées qui se sont installées avec vos expériences de vie. Votre raison a trouvé des justifications. Mais alors comment expliquer que parfois, un enfant va sonner à la porte ou tenter cette descente ?

-Et bien son désir est le plus fort.

-Dans ce cas-là, on peut dire que parfois notre raison s'efface devant le désir. Mais est-ce que notre raison ne trouve pas des justifications pour nous pousser à le faire ?

-On s'invente des raisons alors ?

-Oui, c'est ça. Des raisons qui vont permettre d'étouffer la raison qui nous disait de ne pas le faire. On finit par se dire qu'on a raison alors que notre raison nous disait le contraire.

-C'est le même mot pour deux raisons différentes alors ?

-Oui, exactement. La raison finit par se rallier à des raisons. Il y a la raison générale et des petites raisons qui s'accumulent et sont parfois plus fortes que la raison générale.

-Oui, moi, ça m'est arrivé. J'avais caché le doudou de ma petite soeur parce qu'elle était entrée dans ma chambre. Je savais que c'était pas bien mais je trouvais qu'elle le méritait.

-Et donc tu as fini par écouter toutes les raisons que tu avais en tête alors que ta raison s'y opposait.

-Oui, c'est ça.

-Cette raison qui nous empêche parfois de commettre des gestes méchants, quel nom pourrait-on lui adjoindre ? Un autre mot qui montrerait que cette raison correspond à notre éducation.

-C'est la morale.

-Oui, très bien, c'est ça. Mais alors, puisque parfois, cette raison morale n'est pas assez puissante pour nous empêcher de commettre des actes méchants, que pourrait-on utiliser pour lui venir en aide ? "

Silence.

"Dans quel état êtes-vous lorsque vous savez que vous faites quelque chose d'interdit ?

-Moi j'ai le coeur qui bat fort !

-Beaucoup d'émotions alors ?

-Oui, c'est ça et j'aime bien !

-Oui, c'est sûr ! Mais puisque souvent ces actes amènent des conséquences pénibles, une punition ou un accident, il vaudrait mieux apprendre à les maîtriser. Qu'est-ce qui pourrait nous aider ? Etant donné que notre raison n'a pas toujours la force de résister aux émotions, qu'est-ce qui pourrait nous permettre de ne pas perdre le contrôle ? Il faudrait quelque chose qui soit au-dessus de la raison puisque parfois elle a des accès de faiblesse.

-Ah, oui, c'est la conscience !

-Bien ! Mais quelle conscience ? Est-ce que c'est une conscience morale construite en parallèle à la raison morale ? Est-ce que ça ne serait pas la même chose ?"

Silence.

"Imaginons que l'on inverse les rôles. C'est chez vous qu'un enfant va venir sonner juste quand vous êtes en train de faire la sieste, vous avez de la fièvre, vous êtes couchés et vous allez devoir vous lever pour ouvrir.

-Ah, ben celui-là, si je l'attrape !

-Tiens, tu n'as pas l'air d'apprécier sa farce ?

-Ben, non ,c'est nul ! Moi je voulais dormir !

-Pourquoi est-ce que tu trouves ça nul alors que tout à l'heure vous trouviez ça plutôt rigolo ?

-Ah, oui, j'ai compris. C'est parce qu'on s'est mis à sa place.

-Est-ce que vous avez besoin d'avoir été éduqué par vos parents pour comprendre que c'est une farce qui n'est pas drôle du tout ?

-Ben, non, en fait, il suffit qu'on prenne sa place.

-Donc, on peut dire que la conscience morale est insuffisante pour qu'un individu se comporte correctement et qu'il vaut mieux qu'il apprenne à se mettre à la place des autres pour savoir ce qui est juste et bon. On appelle ça l'empathie. Personnellement, je pense que c'est une conscience plus essentielle encore que la conscience morale parce qu'elle relie les individus entre eux et ne vient pas d'une éducation qu'on peut parfois renier.

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  • 4 semaines plus tard...

Bonsoir,

Je suis bien contente de trouver ce post car je fais des goûters philo depuis quelques années avec des CM (en classe et en HSE)

J'aborde en début d'année "Qu'est-ce que la philosophie? Qu'est-ce qu'une question philosophique?"

- en classe j'ai une boîte à questions dans laquelle les élèves glissent leurs... questions! Tous les quinze jours on ouvre la boîte et on trie les questions philosophiques et les questions non philosophiques, puis on en choisit une.

Ensuite je m'appuie sur un goûter philo (Milan) pour mener le débat: d'abord on se met bien d'accord sur le contenu de la question. Ensuite je lis les anecdotes du livre et les élèves discutent; mon rôle est de poser des questions (façon Socrate!! :wink: ). Les philo-fables (Piquemal) sont très utiles aussi. Je fais intervenir quelquefois un philosophe en classe.

- en HSE on lit des textes de littérature jeunesse et j'alterne avec des goûters philo qui viennent pour pousser la réflexion sur les sujets abordés en littérature.

J'ai la collection des goûters philo en classe et ils sont très prisés par les élèves.

Il existe deux ouvrages d'Albert Jacquart, E=CM2 et Et moi, je viens d'où? dans lesquels il apporte des réponses à des questions que des CM lui ont posées. La collectio Chouette, penser! chez Gallimard est très bien aussi bien que s'adressant plutôt aux collégiens.

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  • 3 semaines plus tard...

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