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Mort d'Alexis Violet


lul

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Bonsoir

Bon je l'apprends un peu tard, en me baladant de lien en lien, j'ai appris ça sur le site Les mots sont importants

http://lmsi.net/article.php3?id_article=548

Il est donc décédé le 6 mai

J'apprends du coup qu'il était l'auteur du graffiti "Ici on noie des algériens" au lendemain du crime d'octobre 1961 sur les quais de la Seine.

Comme d'autres le font parfois, j'aimerai donc saluer sa mémoire, la mémoire d'un homme qui a connu la répression dès l'occupation allemande, qui en a fait le combat de toute une vie.

Je pense aussi très fort ce soir à Maurice Rajsfus, son compagnon de combats et le fondateur de l'Observatoire des Libertés publiques

Et moi je suis là, toute chose, j'ai eu la chance de croiser Alexis à quelques reprises, de réunions en réunions sur la jeunesse issue de l'immigration et son ressenti vis-à-vis de la police, sur la mise en place d'un réseau hexagonal sur ces questions, on a blagué ensemble, on a bu les éternels verres d'après les réunions à refaire le monde, enfin voilà quoi...

La nécro du Monde :

Jean-Michel Mension, journaliste et écrivain

LE MONDE | 09.05.06 | 16h27 • Mis à jour le 09.05.06 | 16h27

Journaliste et écrivain, Jean-Michel Mension est mort des suites d'un cancer, à son domicile de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), samedi 6 mai, à l'âge de 71 ans. Chroniqueur culturel - arts plastiques, musique, théâtre - de Rouge, l'organe de la LCR (Ligue communiste révolutionnaire), il signe Alexis Violet. "Alexis", son pseudonyme de militant trotskiste, "Violet" parce qu'il était connu de ses camarades, dans les collages, les diffusions et les actions, pour être toujours vêtu de cette couleur.

Né le 24 septembre 1934 à Paris, personnage solide, grande gueule, physique de cinéma, Jean-Michel Mension présente le profil généreux d'un homme qui, dans l'action comme dans la vie (elles se confondent pour lui), s'est montré d'une constance désordonnée exemplaire : avec l'amour du jazz, des films, des livres, des journaux, du sport et du vin, l'amour de l'amitié et de son entourage familial. Fils de communistes vertueux, juifs de Belleville, Mension raconte comment il s'est appliqué, non sans fidélité, à démentir la vertu tout en la respectant. Son livre, Le temps gage (Noésis, 2001), est une saga de l'histoire de Paris, des bagarres, du rire et de l'art de militer. Les drames et les deuils n'ayant, comme de naissance, pas manqué, Mension fait le choix de l'autre voie, celle ouverte par la grand-mère qui élève sept mômes en chantant : "Traverser la mer Rouge était pour elle monnaie courante et jeu d'enfant. Toute sa vie, irréprochable, sereine, petite et tassée sur sa chaise, les deux pieds sur son petit banc, moitié yiddish et moitié souvenir, elle a charrié, impassible et tendre, son histoire qui ressemble étrangement à celle du monde."

Cette histoire est celle de Mension. Il ne peut s'empêcher, c'est plus fort que lui, de se trouver là où les choses commencent : au pas de course et de rade en rade, à travers la guerre, les rafles, la milice ("N'avouez jamais !"), "le" quartier (Saint-Germain), la première cinémathèque, Bruxelles, l'Internationale lettriste, la guerre d'Algérie, Mai 68, le Vietnam, la Ligue communiste révolutionnaire (grande fidélité à Hubert Krivine, le jumeau d'Alain), les Lip, les Comités Chili, les bagarres, les voyages et les dérives. Toujours à l'extrême.

Jean-Michel Mension partage la gloire d'avoir été un des premiers proches de Guy-Ernest Debord et le premier exclu du "situationnisme" (1954). Le célèbre graffiti "Ne travaillez jamais !" est de lui. Suractif, pourtant, mais hors la vie attelée, il aura parfaitement réalisé le programme : sans jamais perdre une occasion de s'amuser ou d'aimer. Avec la force que communique la réflexion, ceci dont le constat laisse muet : "La question juive a été rapidement tranchée dans ma famille : tous ceux qui ont accepté de porter l'étoile jaune sont morts en déportation, les autres sont entrés dans la Résistance et s'en sont sortis vivants. Sauf un."

Sa dernière chronique évoque l'exposition Klimt. Il envisageait un nouvel ouvrage : Révolution de ma révolte, sans se dissimuler, dans la ligne brisée des Kerouac, Ginsberg et autres Emmett Grogan, que "de toute façon, on n'en sortira pas vivants."

Francis Marmande

Article paru dans l'édition du 10.05.06

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