bia Posté(e) 7 mai 2009 Posté(e) 7 mai 2009 je vais vite aller visiter ton site car étant en grande détresse face à l'eau (même des gens s'amusant dans l'eau ça me fait terriblement angoisser) peut être que je serais plus capable d'apprécier les séances natation avec mes élèves! cette année zen car la piscine en travaux alors pas de séances!!
Calmar Posté(e) 7 mai 2009 Auteur Posté(e) 7 mai 2009 je vais vite aller visiter ton site car étant en grande détresse face à l'eau (même des gens s'amusant dans l'eau ça me fait terriblement angoisser) peut être que je serais plus capable d'apprécier les séances natation avec mes élèves!cette année zen car la piscine en travaux alors pas de séances!! Dans mon blog je n'apporte pas des solutions toutes faites, bien que l'expérience montre que c'est la principale demande, qu'il s'agisse d'enseignants de l'EN ou des personnels territoriaux des APS. Pour moi, ce n'est pas la solution car une fois qu'on a utilisé les billes qu'on nous a données, on se retrouve au point de départ. On se perd dans une circularité dont on ne se sort pas. Excepté si l'on essaie de constituer son propre sac de billes, en comprenant les différents processus auxquels sont confrontés les débutants aquatiques, qu'ils soient craintifs ou pas. Comprendre les réactions comportementales, disposer d'éléments d'analyse. C'est seulement dans ce cas, que l'on arrive à élaborer une approche pédagogique toujours plus pertinente. Il n'est pas possible d'aboutir dans cette approche si on individualise pas . Chacun n'a pas la même histoire, la même émotivité. C'est pourquoi, la même solution pour tous, ça ne marche pas, à moins d'accepter de laisser du monde derrière. Ce n'est pas là l'éthique des enseignants et les valeurs de l'école.
bia Posté(e) 9 mai 2009 Posté(e) 9 mai 2009 Il est vrai que je n'attends pas de solution miracle sinon je le saurai mais plus une recherche de compréhension de cette peur pour moi bien sur mais aussi pour esayer de ne pas le faire paraitre aux élèves et surtout à mes enfants
Calmar Posté(e) 11 mai 2009 Auteur Posté(e) 11 mai 2009 Approche globale ou analytique ? Ce questionnement est similaire à celui qui concerne l'apprentissage de la lecture: faut-il avoir une approche globale ou syllabique ? Deux camps s'affrontent, chacun restant fermement sur ses positions. Il semble en être de même dans le domaine de la natation. L'objet de ce propos est de tenter d'analyser comment le sujet, via son système nerveux : central et périphérique, acquiert les informations nécessaires à la constitution d'une mémoire procédurale spécifique à telle ou telle mouvement. Le cerveau : un organe très organisé L'apprentissage d'une technique de nage passe par l'acquisition d'un ensemble d'informations réunissant notamment : des informations tactiles, spatiales, émotionnelles, posturales, respiratoires particulières aux règles physiques qui régissent le milieu aquatique. Approche Globale ou analytique C'est le stockage de ces nombreuses informations qui va constituer la mémoire référentielle finale. Quelle amplitude, quelle vitesse, quelle profondeur de déplacement, quelle trajectoire des bras. Quel positionnement de la tête, des pieds etc. C'est de façon analytique que le cerveau s'approprie chacune de ces informations, les intègre et les consolide . Toutefois, c'est la reproduction globale de ces dernières qui constitue le mouvement final. Il en est ainsi pour tous les éléments qui rentrent dans l'apprentissage d'une technique natatoire, quelle soit codifiée ou non. La mémoire procédurale qui est élaborée devient alors la référence. Au fil, de la pratique elle peut être affinée. Dans le cas de mauvaises acquisitions initiales, il est quand même possible d'y remédier dans une certaine mesure. L'apprentissage chez le sujet jeune ou chez le sujet âgé Selon l'âge, les acquisitions ne sont pas identiques . Les capacités cognitives d'un sujet âgé s'altèrent avec le temps, ce qui rend les acquisitions évoquées moins aisées et moins rapides que chez un enfant. Cet apprentissage premier sera personnifié avec le temps. Comme pour la marche, notre façon de nager nous est personnelle. Il n'y a pas à choisir entre une approche globale ou une approche analytique. Car, les procédures d'acquisitions se font de façon analytique, pour être appliquées dans leur globalité.
Calmar Posté(e) 16 mai 2009 Auteur Posté(e) 16 mai 2009 Retour gratifiant Tout individu qui s'engage dans un projet, ou une action quelle qu'elle soit, a besoin, à un moment ou à un autre, d'avoir un retour gratifiant nécessaire à l'entretien de sa motivation. On ne peut s'investir à moyen ou à long terme dans une entreprise si en permanence nous avons un retour négatif de nos actions. Cela vaut pour toute entreprise, et quel que soit l'âge. En matière d'approche aquatique il en est de même, surtout pour un sujet craintif, qui se caractérise notamment par un sentiment constant de "ne pas être capable" dixit. Il est en effet frustrant et dévalorisant de constater notre incapacité à réaliser ce que d'autres font, comme par exemple rester figé sur le sable de la plage alors que d'autres vont nager dans les vagues. Se comparer à autrui n'a pas de sens Parmi les facteurs qui génèrent ce ressenti, il y a l'attitude constante de se comparer à autrui. Et il est étonnant de remarquer que l'on se compare toujours à une personne dont on a l'impression qu'elle se situe à un niveau plus élevé que le notre. Ex: ma voisine arrive à s'allonger sur l'eau en s'immergeant avec aisance alors que ce n'est pas mon cas. Une telle considération n'a pas de sens, par le fait que chacun est unique. Nous avons une histoire aquatique, un rythme, une capacité plastique d'adaptation qui nous sont propres. Le sociologue R. Mucchielli nomme cela " la séjonctivité". Ce néologisme signifie que la capacité à apprendre plus ou moins vite quelque chose de nouveau varie d'un individu à l'autre. Aussi, faut-il préciser dès le début de la démarche, que cette façon de pratiquer est erronée et n'a pas lieu d'être. Des rappels sont parfois nécessaires. Un vocabulaire et un langage encourageants Nous devons considérer qu'une personne en situation donne toujours le meilleurs d'elle même pour progresser. C'est vrai pour l'adulte, et surtout pour l'enfant. Il est surprenant d'entendre parfois des parents dire à un enfant qu'il peut faire mieux. Certes cela est possible dans certains cas, mais inexacte si l'on considère un sujet craintif confronté à une charge émotionnelle d'intensité variable qui peut à chaque instant être déstabilisante. Partant de cette considération, ce n'est pas être démagogue que de dire que ce qui a été fait, est bien. D'une part cela est vrai, et d'autre part ces mots contribuent à entretenir et à développer une motivation indispensable pour surmonter les difficultés inhérentes à la démarche de désensibilisation. Trop d'exemples attestent des perturbations psychologiques et développementales qui affectent dans un premier temps l'enfant et plus tard l'adulte qui entend dire de lui, dès le plus jeune âge : "il n'est pas capable", "il ne réussit pas", "il n'est pas bon" etc. De là à ce que ce sujet s'inscrive dans une système de fonctionnement de "mauvais" de "perdant", "d'incapable" autant de qualificatifs dévalorisants qui pourront être à l'origine d'une difficulté d'apprentissage voire d'adaptation sociale. Le parent, l'enseignant, l'éducateur sont une référence pour un enfant. Ces intervenants sont respectivement des tuteurs qui, à un moment donné, conditionnent le développement de cet enfant. Le parent peut aussi être dans une situation où l'enseignant ou l'éducateur deviennent pour lui une référence dont l'avis peut conditionner leur adaptation et leurs apprentissages. Les mots peuvent avoir une résonance motivante ou a contrario perturbante. Aussi faut-il être vigilant quant au vocabulaire que l'on est amené à utiliser.
Calmar Posté(e) 18 mai 2009 Auteur Posté(e) 18 mai 2009 L'aménagement de l'espace C'est un point sur lequel les avis divergent. D'aucuns considèrent qu'aménager l'espace contrarie l'adaptation au milieu aquatique, d'autres y sont farouchement favorables. in fine, on se rend compte que les uns et les autres aboutissent dans leur démarche d'apprentissage. Il semble donc qu'il s'agit là de points de vue qui ne reposent pas sur des fondements pertinents, et tendent à démontrer que la plasticité d'adaptation inhérente au développement d'un sujet dans un environnement spécifique n'est pas altérée par la façon dont cet environnement est aménagé. Ce qui est intéressent c'est de savoir quel est le vécu émotionnel mémorisé dans l'une et l'autre des approches. Des argumentations divergentes Pour soutenir leur conception, les premiers font valoir que l'aide apportée par un aménagement dénature le milieu et fausse l'information. La découverte et l'adaptation à l'espace aquatique doivent résulter d'acquisitions dépourvues d'artifices quels qu'ils soient. Allant jusqu'à considérer que seule une démarche effectuée dans une zone profonde est en mesure de permettre la construction du future nageur. Pour les seconds, l'aménagement d'un espace crée un contexte environnemental stimulant pour le sujet débutant et parfois craintif, il favorise un engagement dans une action. C'est également un moyen d'assurer une transition d'adaptation progressive entre deux espaces différents: terrien et aquatique. Dans ce cas, il convient de ne pas tomber dans l'extrême inverse à savoir un aménagement excessif de l'espace d'évolution qui conduirait le sujet à être plus souvent sur des informations sensorielles plus proches de celles du terrien au détriment de celles spécifiquement aquatiques. Toute approche pédagogique doit tenir compte des possibilités du sujet à un moment donné. Ce n'est pas à lui à s'adapter au niveau de l'enseignant, car il ne le peut pas. En cela, on ne peut définir dans l'absolu un type de démarche. En qualité de médiateur, nous devons nous adapter en permanence aux particularités de chaque sujet, qui s'inscrit dans une système de fonctionnement qui lui est propre.
Calmar Posté(e) 20 mai 2009 Auteur Posté(e) 20 mai 2009 Plasticité et séjonctivité La plasticité est un processus neuro-psychologique qui est la résultante d'une adaptation cognitive. Cette dernière peut se définir comme "la capacité de tout être vivant à prendre connaissance de son environnement et à l'élaborer pour régler son comportement". Concrètement et pour le domaine qui nous occupe, c'est la capacité d'un sujet à découvrir l'espace aquatique, à acquérir l'ensemble des stimuli qui lui parviennent de cet environnement, à les intégrer et à les consolider au sein de différentes mémoires, après que son système nerveux central les ait organisés. Cette plasticité d'adaptation est inhérente au fonctionnement de chaque individu. Aussi, est-il important de créer un contexte d'apprentissage qui soit propice au développement d'une réceptivité favorable et suffisante aux acquisitions quelles qu'elles soient, de même qu'à l'entretien d'une motivation indispensable tout au long du cheminement pédagogique. Il convient, dès lors, de s'interroger lorsque le sujet a des difficultés d'adaptation et d'apprentissage, car bien qu'il s'exprime à des degrés divers, le potentiel existe chez chacun. Tenter de remédier à ces difficultés c'est aussi analyser la forme mise en place et par le biais de laquelle le sujet acquiert des savoirs, se les approprie et les reproduit en les personnalisant. La séjonctivité est l'un des facteurs dont il faut tenir compte. L'ensemble des connaissances, des savoir faire ... s'intègrent à un rythme qui varie avec chaque sujet. En négliger l'importance conduit à laisser pour compte certains d'entre eux; qui ont besoin d'une durée plus longue pour assurer cette intégration.
Calmar Posté(e) 21 mai 2009 Auteur Posté(e) 21 mai 2009 Les chutes Les chutes font parties intégrantes de la familiarisation avec l'espace aquatique. Génératrices de craintes chez le sujet débutant, elles deviendront à terme, une source de plaisir et de jeu. Lorsqu'elles s'inscriront dans un cadre codifié tel que le plongeon de compétition, elles mèneront à une maîtrise experte du positionnement corporel segmentaire dans un espace dépourvu de références sensorielles spécifiquement terriennes, de même qu'à la capacité de reproduire des "figures" préalablement définies. Cette expertise sera possible lorsque le sujet aura élaboré neurologiquement un ensemble incluant, entre autre, une mémoire procédurale pour chaque figure exécutée, une mémoire temporelle tenant compte de la durée de chute entre le point de départ et la surface de l'eau ... La chute chez le terrien Elle est synonyme de risque de blessure, et demande à être évitée car les surfaces de réceptions sont génératrices d'accidents plus ou moins graves. Qu'il s'agisse d'une chute vers l'avant ou une chute vers l'arrière elle ne peuvent être envisagées qu'avec une grande prudence et la nécessité d'amortissement, afin d'en limiter les conséquences nocives. La chute en position inversée, c'est-à-dire tête vers le bas, n'est aucunement envisageable compte tenu de la gravité des blessures qui en résulteraient. La chute dans l'eau Plusieurs éléments spécifiques sont à considérer. Tout d'abord, si le phénomène de pesanteur s'applique durant la phase aérienne de la chute, il disparaît dès que le corps se trouve immergé. Comme chacun sait, le sujet est alors soumis à une poussée dirigée de bas en haut. Chez le débutant, plusieurs facteurs sont à prendre en considération, il s'agit notamment de la profondeur, de l'immersion et du vide. Ces facteurs vont constituer une source d'appréhension qui va s'exprimer à des degrés variables. Le débutant craintif aquatique est un déficient sensoriel agressé. Comme dans toute autre situation, son comportement sera conditionné par une attitude réactionnelle se référant à l'espace terrien repéré et déjà construit. Dans le cas où l'on demande à un sujet d'effectuer une chute dans une zone profonde et dans laquelle il n'a pas pied, son analyse prendra pour référence non pas la poussée d'archimède, même s'il en connaît l'existence, mais le phénomène de pesanteur. Il sera persuadé que s'il tombe dans l'eau, il atteindra le fond du bassin et ne pourra remonter à la surface. Car c'est ce qui se passerait si par exemple il monte sur une table et saute sur le sol. Il ne pourra modifier cette perception qu'après avoir construit et intégré une sensorialité spécifique à la flottaison de son corps. La chute inversée ou plongeon Cette chute est particulière. Si elle n'est pas envisageable pour le terrien car extrêmement risquée, alors que pour le sujet aquatique, elle constitue un objectif d'évolution . Contrairement au réflexe d'amortissement lorsqu'elle est subie dans un espace terrestre, la chute dans l'eau et le plongeon deviennent des actes volontaires pleinement acceptés.
Calmar Posté(e) 23 mai 2009 Auteur Posté(e) 23 mai 2009 La présence des parents Souvent considérés comme des perturbateurs, les parents sont rarement acceptés au bord des bassins d'apprentissage. Personnellement j'ai toujours favorisé et encouragé cette présence durant les activités. Une excellente école pour tous Selon certains professionnels de la natation, cette présence est un risque de perturbation du à des interventions intempestives durant les cours. Le parent est perçu uniquement sous cet aspect négatif. Aussi est-il nécessaire de porter un regard différent pour prendre conscience que, dans ce cas, la réunion sur un même lieu de ces trois composantes : parent/enfant/enseignant ou éducateur, renferme une richesse formative pour chacun de ces trois éléments. Pour le parent, c'est la découverte de son enfant dans un contexte et un environnement inhabituels. Nous le découvrons face aux difficultés et aux risques qui se présentent à lui. Pour le parent inquiet la confrontation de l'enfant avec un espace considéré comme dangereux est un moyen d'apprendre à modérer cette inquiétude. Pour l'enfant, c'est un moment privilégié au cours duquel il peut montrer au parent, ses savoirs faire, ses progrès. Selon l'âge, le sujet a à faire ses preuves, vis-à-vis des autres enfants mais également vis-à-vis de l'adulte Pour l'enseignant ou l'éducateur c'est accepter un regard critique sur son travail. C'est être en mesure d'assumer d'éventuelles erreurs. C'est avoir la capacité à répondre à divers questionnements émanant du parent. Pour chacun de ces acteurs, ce contexte n'est pas négatif, il est au contraire formateur. Au cours de 35 années d'exercice professionnel, je n'ai été confronté qu'une seule fois aux interventions intempestives d'un parent qui ne cessait de dévaloriser son enfant; prétextant qu'il n'était pas capable de faire comme les autres enfants du groupe. J'ai demandé à ce monsieur de cesser d'agir ainsi ou de ne pas rester. La fois suivante c'est la maman qui a accompagné. Pour anecdote, un jour la petite fille concernée, âgée de 9 ans, arrive en pleurant à la piscine. Je lui demande ce qui ne va pas. Elle me répond qu'elle a eu un contrôle de calcul et qu'elle n'a eu que 19/20. A quoi je lui réponds que c'est très bien, et qu'il n'y a pas lieu de pleurer. Sa réponse fut surprenante : "Papa va me gronder car je n'ai pas eu la meilleure note". L'un des élèves de sa classe avait eu 19,5.
Calmar Posté(e) 26 mai 2009 Auteur Posté(e) 26 mai 2009 L'aide à la flottaison perturbe t-elle l'adaptation aquatique du débutant ? Cette question s'inscrit dans un débat ancien et qui n'aura probablement pas de fin. Toutefois la question est pertinente et appelle une réflexion pour savoir si effectivement l'utilisation de ce genre d'artifice est une entrave à l'adaptation aquatique d'un sujet débutant. L'interrogation première est de savoir si celles et ceux qui utilisent une aide à la flottaison, quelle qu'elle soit, atteignent leur objectif à savoir permettre au débutant aquatique d'apprendre à nager. Au vue des différents résultats la réponse est affirmative. Le discours contraire serait donc erroné. Les critères déterminants pour apprendre à nager ne résident pas dans l'utilisation ou non d'une aide à la flottaison. Ce qui m'amène à dire que l'usage de ce genre d'artifice est un outil qui peut présenter un intérêt durant la phase de découverte puis durant le cursus de familiarisation. Il n'est pas un élément déterminant, mais un moyen passager. Analyse et nuancement Aux dires des opposants à cette utilisation, l'usage d'une ceinture d'aide à la flottaison nuirait à la construction de l'horizontalité spécifique au nageur. Il ne s'agit là que d'une vue d'esprit qui n'est pas vérifiée. L'étude d'Azémar sur "l'évolution posture" de même que l'observation que j'ai menée sur l'évolution de la motricité chez le nourrisson et le petit enfant en milieu aquatique avec une aide à la flottaison, montrent que cette évolution est invariante. Le sujet passe de la verticalité à l'horizontalité même s'il est doté d'artifices de flottaison. Cette observation longitudinale a été menée durant 42 mois sur une population de filles et de garçons, âgés au début de 6 mois. Et dont voilà le contenu Mise en place et évolution de la motricité en milieu aquatique, avec une aide à la flottaison, chez le nourrisson et le petit enfant Depuis le stade embryonnaire, le développement de l'être humain est le résultat phylogénétique d'une espèce programmée pour vivre dans un espace environnemental terrestre. Bien que la période prénatale se déroule dans un élément liquide, il n'est pour pour autant un être aquatique. Toutefois, doté d'une plasticité adaptative appréciable, il lui est possible d'élaborer des représentation spatiales et kinesthésiques spécifiques au milieu aquatique, afin de s'y déplacer dans une relative harmonie. Confronté à l'espace sus et subaquatique, le sujet inexpérimenté peut être considéré comme un déficient sensoriel agressé. Aussi, lui faut-il construire une nouvelle perceptibilité sensorielle et motrice spécifique à cet élément. Expérience Durant cinq années je me suis intéressé à la cinématique de la locomotion, en milieu aquatique, du nourrisson puis du petit enfant. Pour cela, j'ai mené une observation sur une population de 41 sujets : 19 filles et 22 garçons. J'ai respecté une position extérieure et non participante lors des activités dans l'eau. Mes seules interventions ont consisté à informer les parents de l'évolution locomotrice de leur enfant. J'ai demandé à ces parents de respecter strictement certaines directives comme par exemple s'abstenir de mimer une forme quelconque natatoire. Aucun des sujets observés ne possédait d'expérience aquatique, si ce n'est celle de la douche ou du bain hygiénique. Appareillage et tâches Afin de permettre une totale autonomie de déplacement, chaque enfant a été équipé d'un appareillage d'aide à la flottaison. Dans un premier temps de brassards gonflables, puis d'une ceinture munie de flotteurs, après suppression des premiers artifices. J'entends par "autonomie" la possibilité, pour le sujet, de se déplacer selon sa volonté quelle que soit la profondeur d'eau, de s'éloigner de ses parents selon son bon vouloir, de s'arrêter, de revenir, de ralentir, d'accélérer sans que cela nécessite l'intervention de l'adulte. Il a seulement été demandé aux parents d'intervenir si une situation remettait en question la sécurité de l'enfant, si une situation risquait de devenir anxiogène ou nocive, ou encore si l'enfant éprouvait le besoin de se rapprocher d'eux. Les résultats Du 6ème au 7ème mois Le très jeune âge du sujet et son inexpérience aquatique nécessite une présence affectueuse et sécurisante. C'est pourquoi, lors des premiers contacts avec l'eau, le parent établit une relation physique et verbale sécurisante. Dans un second temps, lorsque le nourrisson manifeste des signes d'accoutumances et de satisfaction, le parent le maintient à la surface en lui passant un index respectivement sous chaque aisselle. L'horizontalité ou la verticalité varient selon l'orientation apportée par le parent. Au début nous remarquons que le corps du sujet est monobloc. La modification de la position de la tête, en extension ou en flexion entraîne la modification de la posture de l'ensemble du corps dans la même portion d'espace. La gestuelle est saccadée et tonique, les expressions faciales semblent traduire plutôt une émotion de joie, qu'une volonté de déplacement. Les mouvements des membres inférieurs sont simultanés. Du 7ème au 8ème mois Dès que la morphologie du sujet le permet, c'est-à-dire que la longueur des bras rend possible la mise en place de brassards gonflables, l'enfant en est doté. Le maintien physique du parent ne s'avère plus indispensable. Ce dernier intervient seulement pour pallier au manque temporaire d'équilibre de l'enfant dans l'eau. Le sujet se trouve alors confronté à la réalité sensorielle et motrice inhabituelle liée à l'élément liquide. Concrètement cela se traduit par une en question de sa mémoire émotivo-procédurale élaborée à partir des informations sensorielles de sujet terrestre. Son adaptation au nouvel élément passe nécessairement par l'élaboration, l'intégration et la consolidation neurale spécifique à l'élément liquide. Dès lors que le sujet a élaboré une base perceptivo-sensorielle référentielle nous constatons l'évolution posturale suivante : - Le corps monobloc fait progressivement place à une dissociation segmentaire : tête, tronc, bassin, membres inférieurs. - Le tonus musculaire jusque là important, diminue. - Le sujet entame un processus de verticalisation du corps par un déplacement des différents segments corporels, notamment par un positionnement adéquat du bassin et des membres inférieurs. Durant cette période, le mouvement simultané des membres inférieurs fait place à un mouvement alternatif. A partir du 8ème mois Dès que le processus de verticalisation est intégré, le premier stade d'un mouvement locomoteur apparaît. J'ai déterminé quatre stades : Premier stade Le sujet met spontanément en place un mouvement des membres inférieurs. Ce mouvement est alternatif, vertical et rectiligne. Il s'apparente au schéma de la marche sur place. Les appuis qui en résultent produisent un déplacement vertical (montée et descente du corps dans l'eau). A ce stade, l'intervention du parent est nécessaire pour éviter l'immersion intempestive des voies respiratoires aériennes due au déplacement. Deuxième stade Jusqu'au 16ème ou 17ème mois le mouvement évolue comme suit : Le corps reste en position verticale. Le mouvement précédent se modifie pour dessiner une circumduction ovalisée. Les appuis aquatiques plantaires, orientés de l'avant vers l'arrière produisent un déplacement du sujet vers l'avant. Jusqu'au 24ème mois, l'aisance locomotrice intervient comme un paramètre important dans la conquête de l'espace sus et subaquatique. A partif du 24ème mois, 38 enfants (17 filles et 21 garçons) ont commencé à utiliser une locomotion supplémentaire produite par les membres supérieurs. 3 enfants (2 filles et 1 garçon) ont commencé à utiliser une locomotion produite par les membres supérieurs à partir du 23ème mois. Troisième stade Jusqu'au 36ème mois Le corps quitte la position verticale pour obliquer vers l'avant. Le mouvement locomoteur reste de forme ovalisée. Le mouvement des membres supérieurs ne se modifient pas. Le sujet régule sa vitesse de déplacement en faisant varier la cadence d'exécution. Quatrième stade Entre le 36ème et le 48ème mois, la position de l'enfant évolue vers l'horizontalité. Les mouvements produits par les membres inférieurs cesse d'être ovalisés et deviennent rectilignes. Ils s'apparentent aux mouvement de battement de jambes en "Crawl". Discussion Nous remarquons que la mise en place, de l'évolution du mouvement locomoteur, en milieu aquatique, avec une aide à la flottaison, chez le nourrisson et le petit enfant respect un processus invariant. le sujet met spontanément en place une locomotion produite par les membres inférieurs. celle-ci évolue sur quatre stades dont trois sont réellement locomoteurs puisque produisant un déplacement vers l'avant. J'ai retrouvé la meme chronologie de "l'évolution posture" décrite par Azémar (1976) Le discours couramment développé par certains professionnels de l'activité aquatique du tout petit fait état d'une gestuelle natatoire spontanée des membres supérieurs, à l'âge du 8ème moi, lorsque le sujet est placé dans l'eau sans appareillage d'aide à la flottaison. Cette considération me paraît erronée. En effet, l'observation empathique du sujet en dituation fait apparaître toutes les caractéristiques d'un état émotif de forte tonalité : tonus musculaire important, cadence élevée de mouvements, dissonance cognitive entre la pression palmaire sur l'eau et la pression utilis, expression faciale traduisant un besoin aigu d'air lors de l'émersion. C'est pourquoi, je pense que la gestuelle que nous observons lorsque le nourrisson ou le petit enfant inexpérimenté se trouve soudainement plongé dans l'eau, et par là même confronté à des informations sensorielles et motrices inhabituelles, correspond plus à des mouvements désordonnés significatifs d'un détresse, qu'à la reminiscence de mouvement natatoires archaïques. Bibliographie AZEMAR G - Puer aquaticus ou l'enfant à la conquête d'une autonomie précoce - in Médecine du sport - T - 50 - 1976 AZEMAR G - Action motrice et faculté d'adaptation - Annales de l'ENSEPS n° 4 - décembre 1973 AZEMAR G - Motricité et vigilance - Annales de l'ENSEPS n° 1 - 1972 AZEMAR G -Les interactions adultes-enfants en situations à risques - Sciences et motricité - n° 10 Nombreux sont les stéréotypes galvaudés chez les professionnels de la natation et dont l'exactitude ne peut être confirmée. L'exemple évoqué supra tend à en apporter la preuve. Paradoxalement, d'aucuns préconisent l'utilisation d'une aide à la flottaison comme "la frite" mais contestent l'usage d'un matériel plus traditionnel tels que la ceinture munie de flotteurs. Existerait -t-il un matériel plus adapté, ou une pédagogie plus performante car plus récente ? Personnellement, je pense que les chercheurs nous ont amené de nombreuses connaissances sur le fonctionnement de l'être humain mais que les praticiens ne savent pas encore les exploiter dans leurs pratiques pédagogiques.
biboo76 Posté(e) 26 mai 2009 Posté(e) 26 mai 2009 Un grand merci pour toutes ces infos intéressantes. C'est sympa de les partager !!!
Calmar Posté(e) 27 mai 2009 Auteur Posté(e) 27 mai 2009 L'évolution motrice du nourrisson en milieu aquatique : quelles applications ? L'article précédent fait état d'une observation dont l'objectif était de savoir quelle motricité se met spontanément en place chez le sujet débutant. Est-ce une motricité des membres inférieurs, des membres supérieurs ou les deux à la fois. Dans tous les cas que j'ai observé c'est bien les membres inférieurs qui interviennent en premier en reproduisant la cinématique de la marche du terrien, bien que le sujet n'ait pas encore atteint le 12ème mois, qui correspond en moyenne à l'âge à partir duquel un bébé fait ses premiers pas. Quelles incidences et quelles applications Chez le nourrisson Evoluant dans dans un milieu exempt de risques de chocs et de chutes, l'activité aquatique dans cette tranche d'âge présente l'avantage d'aider à la verticalisation et au renforcement tonique des muscles de la marche. Sans se fixer pour objectif toujours plus de précocité, cette pratique reste intéressante. Chez le sujet plus âgé (enfant et adultes) L'évolution observée se manifeste t-elle chez des sujets plus âgés ? La réponse est affirmative. En effet, il est possible de faire une transposition des trois stades moteurs lors de l'apprentissage et notamment durant la phase d'acquisition des appuis propulsifs des membres inférieurs en crawl. Selon le mouvement produit par le sujet durant cet apprentissage, nous disposons de repères observables qui permettent de situer le stade d'acquisition de celui-ci. L'évolution est la même et se met en place sur une durée plus courte. Cela permet au médiateur, de déterminer de visu quelles acquisitions ont été faites et celles qui restent encore à faire.
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