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élève de 6 ans jamais scolarisé et presque non francophone...


Mélusine1976

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Bonjour !

Alors que j'essayais de me dépatouiller avec mes élèves en difficulté en lecture et trouver des méthodes efficaces pour les faire progresser, je me retrouve avec un nouveau challenge : un élève arrivant du congo qui comprend un peu ce qu'on dit (il répond toujours par "oui" "ok" ou "d'accord" en parlant fort) et qui n'a jamais été scolarisé ! Il ne sait pas écrire, pas lire bien sûr, j'ai l'impression qu'il n'a pas non plus de conscience phonologique, nous travaillions sur le son "ou" et j'essayais de voir s'il entendait, mais rien, il ne reconnaît pas le son dans les mots... En maths, il compte jusqu'à 10, mais ne dénombre pas vraiment...

Alors, par quoi commencer ? Je me suis procuré des cahiers double interligne en maternelle car nous commençons directement par les cahiers 3mm, pour lui faire écrire son prénom, en maths, je m'étais dit que je prendrais le fichier SLECC pour les nombres de 1 à 10 téléchargeable sur le net...

Qu'en pensez-vous ? Vos conseils sont les bienvenus...

Merci ! :wub:

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Bonne chance !

On ne peut mieux dire que tout ce que je viens de lire.

De mon côté, j'ajouterais surtout : Bon Courage ! :wink:

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Déjà : ZEN !

S'il a 6 ans, il faut que tu te donnes pour objectif de le préparer à faire un CP l'année prochaine. Aucune utilité à mettre la pression pour tenter un CE1, ça le mettrait en échec et c'est tout. Sur le long terme, personne ne verra la différence.

Ensuite : à mon avis, il faut déjà faire un peu d'oral. Avec des imagiers (Père Castor ou autres), des mémorys avec des images, des trucs comme ça.

Pour la conscience des sons, ça vient petit à petit, mais il faut d'abord qu'il s'habitue aux règles de vie de la classe. Qu'il trouve sa place. S'asseoir, lever le doigt pour parler, faire la différence entre la récré et la classe, manger ce qui est servi à la cantine, etc.

Ne te sens pas obligée de lui faire du scolaire tout de suite : peut-être a-t-il besoin de temps pour apprendre à dessiner, couper, coller... expérimenter un peu avec les outils, comme on le fait en mater.

Bonne chance !

Moi je dis 6 ans, mais je n'en sais rien, je n'ai pas vu sa carte d'identité, ce que je sais c'est qu'il est arrivé dans ma classe bien qu'ayant presque une tête de plus que certains de mes élèves :lol: Bien sûr je ne me mets pas la pression, j'ai en plus du mal à voir sur le long terme, étant donné qu'avant lui j'ai eu un élève qui est arrivé fin novembre de Guyane avec un retard énorme par rapport à mes élèves (c'est là où on se dit qu'ils ont appris pleins de choses quand même !) je lui ai donné tous les outils que nous avions pour essayer de le remettre à niveau tant bien que mal, pour finalement m'apercevoir qu'il avait déménagé mi-janvier sans que la mère ne me mette au courant de quoi que ce soit, en laissant toutes ses affaires dans la case...

Je ne me mets pas la pression, mais j'aimerais au moins pouvoir poser les bases pour lui permettre de rentrer dans les apprentissages. Bien sûr je suis lucide et j'ai conscience qu'il ne va pas apprendre à lire demain, mais je n'ai pas fait de maternelle et c'est à moi maintenant de poser les jalons. Faire de l'oral, je veux bien, le problème c'est que je n'ai pas trop de temps pour lui car j'ai déjà 2 niveaux de lecture dans la classe, et il faut que je soigne tout ça... Je ne désespère pas, je demandais juste par quoi je devais commencer ! :wub: Mais j'adore les challenges, ça forme énormément... :wink:

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Je lui ai donné tous les outils que nous avions pour essayer de le remettre à niveau tant bien que mal, pour finalement m'apercevoir qu'il avait déménagé mi-janvier sans que la mère ne me mette au courant de quoi que ce soit, en laissant toutes ses affaires dans la case...

Une manifestation "intéressante" de l'implication de certains parents vis à vis de l'Ecole... :devil_2:

A surtout espérer pour toi qu'il manifeste de l'intérêt pour ce qu'il vient faire chez toi, parce que dans le cas contraire, ça risque d'être galère... Nous en avons subi "un" pendant deux ans, pas scolarisé avant, ne parlant pas le français, plus de CLIN, prise en charge par un enseignant itinérant une fois par semaine la première année, refus par les parents de se rendre un jour/semaine dans un regroupement CLIN dans une autre école la deuxième année... inscrit au CE2 (classe d'âge) intégré dans un CP (pour la lecture et maths) avec le bon vouloir et le dévouement des instits... Résultat, après deux ans passés à se retrancher derrière un barrage de classeur et de livres érigé sur son bureau , on conserve un souvenir "ému" de son départ : il nous a fait "des vacances" en rejoignant (illettré) son école de secteur... Bref, un boulet...

Alors, courage et tous mes bons voeux de tomber sur un "intéressé"...

JBB

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Je suis absolument d'accord avec Rikki. Sans faire de misérabilisme non plus, je conçois que pour certaines familles, la scolarité passe après d'autres choses vitales. Bien sûr, ça heurte notre grand ego de pédago "sauveur de la société" lorsque l'on s'aperçoit que les parents ne nous mettent pas au centre de leurs préoccupations. Nous sommes des privilégiés, si on est arrivé jusque là, c'est que notre famille l'était aussi et qu'hormis certaines factures problématiques, nos parents avaient du temps à consacrer à notre éducation parce que la bouffe était déjà dans le frigo et le lit déjà fait...

Pour en revenir au sujet de départ, je dirais : fais ce que tu peux! Emmène-le le plus loin possible, pose les bases du comportement scolaire, commence à le sensibliser aux sons de notre langue, fais-le jouer à des petits jeux maths utilisés en maternelle avec ceux qui ont fini leur boulot en avance.

C'est difficile, on n'est pas des robots mais on est là principalement pour ces gosses-là même s'ils finissent par prendre un autre chemin!

Bon courage!

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Je conçois très bien qu'il est pénible pour les instits de voir disparaître un gamin comme ça, sans donner de nouvelles.

Il faut cependant peut-être avoir une toute petite idée de la manière dont ces gens, qui font partie d'une espèce de Lumpen Proletariat de la République, sont baladés d'un lieu à l'autre. Bien souvent, les familles sont logées par le SAMU social, et parfois elles ne savent pas le matin où elles seront logées le soir. La recherche d'un toit, du prochain repas, des papiers, les fameux papiers, si indispensables et inaccessibles, peut occuper une bonne partie des préoccupations de la mère (bien souvent seule).

Je ne veux pas faire de misérabilisme, loin de moi.

Mais la misère existe, la détresse aussi, le déracinement également.

Parfois, j'essaye un peu de m'identifier, de me projeter. Enfant, j'ai vécu en Angleterre : système scolaire pas si exotique, langue que mes parents parlaient parfaitement, parents universitaires, très bien intégrés socialement, beau logement, moyens financiers convenables, etc. Eh bien, j'ai été sacrément paumée les premiers temps, et il y a des choses dont je n'ai jamais compris les tenants et les aboutissants. Encore maintenant, quand j'y repense, je me dis que leur système était bizarre... notre système français étant, bien entendu, parfaitement normal et 100 % justifié, puisque c'est le nôtre !

Autre aventure de ma petite vie de privilégiée : un jour, on a acheté un appartement sur plans, et on a vendu le nôtre. On avait anticipé 4 mois de retard de chantier, il y en a eu 10. On s'est retrouvés à la rue avec les gosses. On a dû louer un meublé en attendant. Les trois enfants étaient entassés dans une seule chambre, et on avait une seule table dans la maison pour faire les devoirs, dîner, faire les dessins des petits, etc. (heureusement, j'avais un petit bureau dans ma chambre pour mon boulot à moi). On avait seulement 50 m2 pour cinq. Les voisins étaient bruyants et les murs fins. En mai-juin on a crevé de chaud et mal dormi.

Et pourtant, on était beaucoup mieux logés que bien des gens : 50 m2 pour 5, ce n'est pas un cas de misère, loin de là ! Il n'empêche que les résultats scolaires des deux aînés (CM1 et 5ème) ont chuté de manière impressionnante. Seule la petite, en CP, s'en tirait bien, car elle savait lire avant d'arriver.

Je ne raconte pas ça pour te mettre mauvaise conscience, mais il faut juste se dire que quand on galère dans la vie, c'est DUR d'arriver à mettre la scolarité des enfants au cœur de sa vie. Même quand on a les codes et qu'on est persuadés de son caractère central. Alors, pour des parents souvent illettrés, et qui n'ont pas les codes... c'est bien pire.

Accueillons les enfants comme ils se présentent, comme ils se présentent, et quand ils disparaissent dans la nature, ne considérons pas cela comme une preuve de leur mépris pour l'école mais comme la preuve que ça va mal pour eux. C'est malheureusement souvent le cas.

Je plains le gamin qui est arrivé de Guyane et qui n'est resté 2 mois au même endroit, je plains aussi sa mère qui était logé dans sa famille et qui a dû partir apparemment du jour au lendemain, j'aurais juste aimé qu'elle prenne 5 minutes pour venir récupérer les affaires du gamin. :sad: Mais je ne me formalise pas du tout de cela, le quartier où j'enseigne est rempli de misère sociale et il est difficile chaque jour d'enseigner à des gamins qui ont d'autres priorités que l'école. Il est néanmoins de mon devoir d'enseigner et prendre les gamins comme ils sont. Je ne juge personne, mais il est vrai que de s'investir alors qu'on ne sait pas de quoi demain sera fait est un peu décourageant ! Je vais pourtant le faire et c'est pour ça que j'écris ce sujet, pour prendre les meilleurs choses et les conseils que vous pourrez me donner ! Je vais de ce pas sur le site de Moustache et me documenter sur maths sans parole, je pensais cependant commencer avec les fiches du SLECC de 1 à 10. Est-ce que ça ne sera pas trop difficile pour un enfant qui n'a pas fait de maternelle ? :blink:

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Ecoute, cet enfant a de la chance d'être tombé sur quelqu'un qui ne le voit pas comme un empêcheur de tourner en rond.

Déjà, le fait que tu l'accueilles, en vrai, est super important !

Pour le "bain de langue", les enfants s'en chargent. Pour les activités de langage, bien sûr, tu n'as le temps de t'occuper de lui seul. Tu n'aurais pas un petit ordi fond de classe avec un casque, par hasard ? Parce que le môme sur "1000 mots" ou sur "Lecthème", c'est excellent. Sinon, tu crées une responsabilité "Toto" (appellons-le Toto, si tu es d'accord), et celui qui s'y colle, au lieu d'être chef de rang ou je ne sais quoi, va dire les mots de l'imagier à Toto aujourd'hui. Et demain, on tourne !

Un bouquin très bien pour les non francophones : "Maths sans paroles". Tout passe par l'exemple. Mais pour un petit qui sait à peine compter, je ne sais pas si ça vaut le coup.

Sinon, tu es bonne pour fouiller sur le magnifique site de l'ami Moustache, et lui piquer ses super fiches de maternelle !

Je ne suis pas sûre de pouvoir d'être une grande aide, mais n'hésite pas, si jamais tu as besoin de quelque chose... je sais ce que c'est...

1000 mots et lecthème sont des logiciels libres de droit et téléchargeables ? J'avais pensé à l'ordi, mais je ne savais pas trop quoi lui mettre. Merci pour cette piste !

Pour ce qui est du bain de langue, ça c'est sûr qu'il va apprendre vite, il a déjà commencé à la cantine à apprendre les premiers mots qu'apprennent les étrangers et c'était pas joli, joli !!! :lol:

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Bref, un boulet...

Tu sais très bien, mon cher JBB, que dans le Bon Courage que je suis passé ajouter aux excellents conseils de Rikki, était contenu tout ce que tu as décris. :wink:

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quote name='Rikki' date='23 janvier 2010 - 17:50 ' timestamp='1264265415' post='4387550']

Bien sûr que certains élèves sont des boulets !

Mais... pas plus les non francophones que d'autres, objectivement !

Loin de moi cette vilaine pensée, et tu remarqueras que je suis loin de la généralisation, j'en ai 3 bien de chez nous, cette année, qui s'occupent à ne rien faire et qu'un rien occupe...

Par contre, des gosses salement traumatisés, j'en ai eu plus d'un...

C'est mon fond de commerce depuis 30 ans...

Comment juger ? Tout ce qu'on peut faire, c'est essayer de donner un cadre structurant, rassurant autant que faire se peut, et essayer de laisser le temps aux enfants de prendre leurs marques.

Avec la disparition ou la raréfaction des classes pour primo arrivants, ça doit pas être facile ni pour eux, ni pour les collègues qui ont des apprentissages conséquents à faire passer, à eux de trouver le temps de...... Je trouve insupportable qu'On largue des élèves souvent dans leur classe d'âge sans moyens et qu'On puisse compter sur la seule bonne volonté et le professionnalisme des collègues pour prendre en charge ces enfants et demander la lune et les étoiles à ces mêmes professionnels.

Il faut être réaliste, faire ce que l'on peut car la tâche est grande (une intervenante l'a dit plus haut) et je vais tout de suite la rassurer,les départs "sans laisser d'adresse" ne me heurtent pas, je ne me targue pas de "rédempteur" de la société, j'essaie dans mon boulot d'aider les enfants qui ont les resssources nécessaires pour le faire, (pour les autres, j'informe des suivis à mettre en place en essayant d'être convaincant), mais nous ne pouvons pas prendre la place des familles, il faut faire avec les choix de nos dirigeants, on ne peut que s'interroger sur l'avenir de certains de ces enfants...

JBB

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Il faut être réaliste, faire ce que l'on peut car la tâche est grande (une intervenante l'a dit plus haut) et je vais tout de suite la rassurer,les départs "sans laisser d'adresse" ne me heurtent pas, je ne me targue pas de "rédempteur" de la société, j'essaie dans mon boulot d'aider les enfants qui ont les resssources nécessaires pour le faire, (pour les autres, j'informe des suivis à mettre en place en essayant d'être convaincant), mais nous ne pouvons pas prendre la place des familles, il faut faire avec les choix de nos dirigeants, on ne peut que s'interroger sur l'avenir de certains de ces enfants...

JBB

Ah, il y a un malentendu, je ne parlais pas de toi...mais de moi. Je ne me serai pas permise! En toute modestie, j'ai cru en débutante zélée que personne n'oserait m'abandonner "MOI"! Par la suite, je me suis bien rendue compte que si mon métier était au quasi-centre de mes préoccupations, c'est bien parce que j'étais assez privilégiée pour qu'il en soit ainsi au contraire d'autres familles.

Nous n'avons pas un rôle facile mais nous nous devons de rester le plus disponible possible. L'acceptation que nous ne sommes pas la famille, que ce ne sont pas nos enfants doit faire partie de nos acquis.

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L'acceptation que nous ne sommes pas la famille, que ce ne sont pas nos enfants doit faire partie de nos acquis.

Et pourtant, pour certains, que l'école soit leur famille serait la seule chance de s'en sortir.

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Pour les maths, le fichier SLECC est très bien.

Mais pour un primo-arrivant, je me demande si la méthode Singapour ne serait pas plus adaptée, car tout y passe par l'image. Je pense qu'elle est très rassurante et parlante pour un gamin qui n'a pas fait de maternelle et me semble plus abordable. Et plus facile à utiliser en autonomie ou avec un tuteur dans ce cas précis.

En tout cas, pour la lecture, il a de la chance d'être tombé sur une Alphas-girl ! Dans le cas où ton élève ne serait pas "disponible dans sa tête" pour l'école, avec les petits Alphas, tu es sûre de pouvoir l'embarquer dans l'aventure de la lecture sans histoire. Et comme tes élèves sont déjà rodés, ils se feront un plaisir de l'accompagner sur cette joyeuse planète. C'est peut-être même l'occasion de booster tes plus faibles. :smile:

Sinon, pour qu'il "s'approprie" un petit peu du patrimoine culturel brassé en maternelle, des moments d'écoute d'albums enregistrés. Il suffit d'un lecteur de K7 ou CD et d'un casque. Tiens d'ailleurs, j'ai vu que "Lire c'est Partir" s'y était mis...

Bon courage !

P.S. L'âge d'un Africain... c'est quelque chose ! Souvent bien plus mystérieux que celui d'une vieille demoiselle ici ! :wink:

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