LouisBarthas Posté(e) 20 février 2011 Posté(e) 20 février 2011 Les attaques caricaturales contre la "pédagogie frontale", la valorisation des "stratégies individuelles d'auto-apprentissage" qui visent à "décentrer" l'enseignant et à dévaloriser son rôle de transmetteur du savoir constituent la caution idéologique pédagogique pour détruire l'école publique laïque comme lieu de transmission du savoir. Dans un rapport de 1998 déjà, l'OCDE estimait que : La mondialisation - économique, politique et culturelle - rend obsolète, selon certains, l’institution implantée localement et ancrée dans une culture déterminée que l’on appelle "l’école" et en même temps qu’elle, "l’enseignant". Le développement de sources d’informations et de connaissances différentes va entraîner un déclin rapide du monopole des établissements scolaires dans le domaine de l’information et du savoir. Même à l’intérieur des établissements scolaires, l’individualisation plus marquée des modes d’apprentissage – qui sont flexibles et induits par la demande - peut être considérée comme supplantant les formules trop lourdes et dominées par l’offre. Elle annonce le déclin consécutif du rôle des enseignants, dont témoigne aussi le développement de nouvelles sources d’apprentissage, notamment par le biais des TIC et de ressources humaines autres que le corps enseignant. Il s'agit, en fait, d'ouvrir l'éducation au marché. En janvier 1989, la Table ronde européenne des industriels - ERT -, le puissant groupe de pression patronal auprès de la Commission européenne, publie un rapport intitulé Education et compétence en Europe. Elle y affirme d’emblée que l’éducation et la formation [...] sont considérées comme des investissements stratégiques vitaux pour la réussite future de l’entreprise. Puis elle déplore que l’enseignement et la formation [soient] toujours considérés par les gouvernements et les décideurs comme une affaire intérieure. [...] L’industrie n’a qu’une très faible influence sur les programmes enseignés. D’autant plus faible, en vérité, que les enseignants auraient une compréhension insuffisante de l’environnement économique, des affaires et de la notion de profit. La conclusion s’impose : industrie et établissements d’enseignement devraient travailler ensemble au développement de programmes d’enseignement, notamment grâce à l’apprentissage à distance, l’enseignement à distance et la mise au point de didacticiels (logiciels d’apprentissage sur ordinateur). Dans un nouveau rapport, L'ERT estime que la responsabilité de la formation doit, en définitive, être assumée par l’industrie. [...] Le monde de l’éducation semble ne pas bien percevoir le profil des collaborateurs nécessaires à l’industrie. [...] L’éducation doit être considérée comme un service rendu [...] au monde économique. [...] Les gouvernements nationaux devraient envisager l’éducation comme un processus s’étendant du berceau au tombeau. [...] L’éducation vise à apprendre, non à recevoir un enseignement. [...] Nous n’avons pas de temps à perdre. La Commission publie, la même année, son Livre blanc sur l’éducation et la formation, qui répond aux exigences de l’ERT. On y lit en effet : Le rapport de la Table ronde européenne des industriels (février 1995) a insisté sur la nécessité d’une formation polyvalente [...] incitant à apprendre à apprendre tout au long de la vie. [...] La Commission a insisté sur la nécessité d’un encouragement à la production européenne de logiciels éducatifs. Ainsi, le programme Socrates, doté d’un budget initial de 5,64 milliards de francs en quatre ans, vise notamment à donner une dimension européenne à l’acquisition de connaissances à domicile. Début 1996, la Commission européenne proposera de stimuler la recherche dans les logiciels éducatifs multimédia et d’augmenter le budget qui y est déjà consacré. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), intervient à son tour en publiant le compte-rendu d’une table ronde qui s’est tenue à Philadelphie (Etats-Unis) en février 1996. L’apprentissage à vie, y lit-on, ne saurait se fonder sur la présence permanente d’enseignants, mais il doit être assuré par des prestataires de services éducatifs. [...] La technologie crée un marché mondial dans le secteur de la formation. [...] La possibilité nouvelle de proposer des programmes d’enseignement dans d’autres pays, sans que les étudiants ou les enseignants partent de chez eux, pourrait fort bien avoir d’importantes répercussions sur la structure du système d’enseignement et de formation à l’échelle mondiale. Si le rôle des pouvoirs publics n’est pas méconnu, il se limite à assurer l’accès à l’apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable et dont l’exclusion de la société en général s’accentuera à mesure que d’autres vont continuer de progresser. Source : Monde diplomatique
Sapotille Posté(e) 20 février 2011 Posté(e) 20 février 2011 Les discussions toniques et passionnées, c'est génial ... Les jeunes ont beaucoup à nous apporter... Merci Delphi, merci titebouillotte et les autres ... Chacun défend son point de vue et tous s'enrichissent mutuellement, c'est ce qui compte ...
helenel Posté(e) 21 février 2011 Auteur Posté(e) 21 février 2011 En tout cas, merci pour toutes les contributions, c'est effectivement très riche . Je n'ai pas fini de me questionner sur ma pratique, de remettre en cause ma manière d'enseigner, à la recherche de ce qui me permettra d'être une meilleure maîtresse...
Invité mufab Posté(e) 21 février 2011 Posté(e) 21 février 2011 J'ai eu les chtouilles. Je disais en substance que je faisais davantage confiance en ceux qui partagent sans compter et avec sincérité leur travail , leur réflexion ou le fruit de leur expérience, qu'en ceux qui envoient des sirupeux et des mielleux à droite et à gauche, au lieu de mots, aussi directs qu'ils soient.
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