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Que proposez-vous pour rétablir l'autorité des enseignants en classe ?


André Jorge

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Le vouvoiement....

Non que je souhaite mettre une distance entre les élèves et moi-même, pas du tout.

C'est drôle parce que une fois arrivé au collège, AUCUN enfant ne se mettrait à tutoyer son enseignant.

J'ai testé une fois, en remplacement en tant que stagiaire. Les collègues s'attendaient à ce que les parents me tombent dessus ( très jeune enseignante, stagiaire qui plus est dans une école "favorisée"). Et bien , pas du tout: les parents dans leur très large majorité ont trouvé cela...Normal.

Sans compter l'apport langagier que cela apporte ( accords, maîtrise des formules de politesse).

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Etre payé comme les Allemands (+50%) avec comme eux moins d'élèves et moins d'heures.

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Je suis en ce1 et tous les enfants me vouvoient et m'appellent maitresse ou madame. Il y a quelques ratés que je reprends systématiquement mais avec bienveillance.

Pouvoir dire aux parents que leur gosse est mal élevé sans risquer de se prendre un pain. Cette année fut la pire dans mon école : menaces, insultes, plaintes a la gendarmerie entre parents, ...

Bon, j'ai eu du bol, pas de soucis pour moi ... pour l'instant !

Et une directrice qui ne soutient pas du tout et qui étouffe les affaires. Pas de vague, tout va bien, nous sommes des professionnels ...

Je suis écoeurée et énervée par cette hypocrisie.

Travaille et tais-toi, assume tes 30 élèves, tes dys, tes violents, ne punis pas, ne stigmatise pas, sois bienveillante...

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Je suis en ce1 et tous les enfants me vouvoient et m'appellent maitresse ou madame. Il y a quelques ratés que je reprends systématiquement mais avec bienveillance.

Pouvoir dire aux parents que leur gosse est mal élevé sans risquer de se prendre un pain. Cette année fut la pire dans mon école : menaces, insultes, plaintes a la gendarmerie entre parents, ...

Bon, j'ai eu du bol, pas de soucis pour moi ... pour l'instant !

Et une directrice qui ne soutient pas du tout et qui étouffe les affaires. Pas de vague, tout va bien, nous sommes des professionnels ...

Je suis écoeurée et énervée par cette hypocrisie.

Travaille et tais-toi, assume tes 30 élèves, tes dys, tes violents, ne punis pas, ne stigmatise pas, sois bienveillante...

Tiens, c'est intéressant de savoir ce que les PE attendent des élèves au niveau de la façon dont ils nous nomment.

Personnellement, en cycle 2, le "tu" ne me dérange pas; j'ai horreur qu'ils m'appellent "Madame"; ils connaissent mon prénom mais ne sont pas autorisés à l'utiliser; ils m'appellent "maîtresse".

Si j'étais en cycle 3, peut-être que je demanderais "maîtresse" + "vous".

Et vous?

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J'accepte tout. Mais je n'ai pas vraiment de problème d'autorité....

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L'année dernière, à part un élève à profil particulier, tous mes CE2 disaient "vous".

Cette année, en IEM c'était "tu" (mais avec l'éduc, l'ergo, la psychomot et tutti quanti aussi), en ULIS ça dépendait des moments et de l'humeur des ados. Et de retour en ordinaire en CE2, la quasi totalité me vouvoie sauf un ou deux qui alternent encore entre tu et vous. Ca ne me dérange pas, le respect est là malgré tout. C'est l'essentiel.

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C'est très intéressant ce topic. J'aime bien la théorie du sucre pour expliquer pourquoi ils ne tiennent pas en place.

On voit bien que cette question soulève de nombreux points. Je voulais m’attarder un peu sur les parents.

Tout d'abord, je trouve qu'il faut leur rendre ce qu'ils méritent : non, les parents ne sont pas chiants, ils sont même en grande majorité très sympas.

Cependant, je pense qu'une partie ne nous fait pas confiance, notamment parce qu'ils entendent partout que les instits sont maintenant recrutés à 6/20 de moyenne sans connaître les nuances de cette affirmation. Et ça, ça nuit à notre autorité.

Par ailleurs, vous avez sûrement tous déjà eu un parent accompagnateur à une sortie qui finit par vous dire "bravo, je sais pas comment vous faites pour les gérer toute l'année".

Autrement dit, en plus d'un manque de confiance, il y a souvent une profonde méconnaissance de nos conditions de travail.

Donc, ce que j'aurais envie de proposer, c'est d'ouvrir un peu plus nos classes aux parents. Qu'ils puissent venir passer une matinée avec nous en classe pour voir comment cela se passe (pas tous en même temps bien sûr). J'ai un collègue qui avait fait ça une fois avec trois mamans qui doutaient de ses compétences. Cela avait bien marché, mais il s'était fait démonter par son inspecteur qui avait appris que des parents avaient assisté à la classe. Dommage, car tant que l'école restera un sanctuaire inaccessible, les "fantasmes" sur notre métier auront de beaux jours devant eux.

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Seuls les parents ont autorité sur leur enfant.

Nous avons une "délégation" d'autorité.

Si cette "délégation" nous est retirée, nous n'en n'avons plus aucune.

Ne t'inquiète pas, Yufi, les parents pourront bientôt dormir dans les écoles s'ils le désirent !

Je rappelle que chaque école doit fournir une salle où les parents peuvent se rendre librement.

Une anecdote : un mardi après-midi du mois d'avril , des parents sortant de "leur" salle, se sont amusés à tirer sur la cloche d'appel...

Il était 14h30..

C'est sûr, les parents dans l'école, c'est la solution...

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Que l'éducation nationale brise le tabou et commence par dire : "oui, il y a un problème avec l'autorité actuellement dans les classes, cela influe négativement sur l'apprentissage des élèves, mais aussi sur leur développement psychologique..."

Mais on en est loin ! Et comme je le disais, on a affaire à un tabou, donc pour les gens qui nous gouvernent le problème n'existe pas...Les phénomènes de violence en ZEP ont des causes uniquement sociales (oui mais pas que ça) et pour les autres agités, un enseignant qui sait intéresser ses élèves n'a pas de soucis d'autorité. Je caricature un peu mais c'est un peu ça. Comme on peut le remarquer, les gouvernements changent les programmes mais ce thème n'est jamais au centre des débats. Juste quelques effets d'annonce du style "il faut rétablir l'autorité des enseignants..." pour faire plaisir aux électeurs. De la communication, quoi.

Pourtant le chantier est immense. Cela fait 10 ans que j'enseigne, mon parcours personnel fait que j'ai presque toujours été à la campagne et que je n'ai jamais connu la ZEP. Donc, j'ai toujours eu dans dans mes classe des enfants issus de classes moyenne à plutôt aisée, quelques familles en difficulté sociale mais sans plus et j'ai eu des classes plus ou moins agitées mais sans problème de violence.

Les temps changent et l'apprentissage de la vie en collectivité ne se fait plus au sein des familles. On y élève son enfant avec le moins de contraintes possibles, avec cette idée de toujours lui donner le choix car cela favoriserait son épanouissement. Peut-être aussi parce que les deux parents travaillent et n'ont pas toujours le temps et quand tout le monde est à la maison, on passe sur tous les caprices du petit chéri. Quand le môme arrive en petite section et qu'il doit s'adapter à la collectivité et non le contraire, cela produit chez lui un certain choc thermique.Certains finiront par s'intégrer les règles de vie de groupe, d'autres ne s'en remettront jamais.

En ce qui concerne l'élémentaire, je pense que le premier problème que nous rencontrons dans nos classe est celui du bavardage permanent. On est loin de la violence, certes, mais le phénomène est préoccupant car il en dit long sur beaucoup de choses. Combien d'élèves ont du mal à rester silencieux quand il le faut ? Et ce que je constate, c'est qu'il n'y a rien de méchant chez eux, juste qu'ils ne se maîtrisent pas. Nous sommes là dans un problème de société : les mômes ne se maîtrisent plus. Et c'est l'absence d'autorité qui en est la cause. Elle devrait normalement canaliser ces comportements pulsionnels qui se généralisent et deviennent inquiétants, on à l'impression que les élèves vivent toujours dans la seconde qui suit, ils parlent, se lèvent, se retournent, vous coupent la parole, ne se mettent pas au travail car ils sont agités. Il n'y a pas de provocation de leur part, juste qu'ils n'arrivent pas à gérer cette excitation qui les empêche de travailler. On dira ce qu'on veut de Meirieu, on va pas rouvrir le débat, mais avant son départ à la retraite, il a pris une classe de CM2 et c'est tout à son honneur. J'ai toujours trouvé qu'il avait des analyses pertinentes...des solutions peut-être pas, mais les constats qu'il fait sont intéressants. Il a lui même rencontré des difficultés pour faire travailler ces élèves, et il a dit : "il faut toujours faire baisser la tension pour avoir l'attention" ou alors "on a l'impression de faire le garçon de café, de passer de table en table pour redonner des consignes que l'on a données à toutes la classe." Meirieu devait être aussi crevé que nous le soir, et c'est bien fait pour lui !

Se poser la question de l'autorité, c'est aussi se demander d'ou vient cette agitation...Il y a une part éducative, le cadre familial notamment, mais aussi toute cette société de consommation qui prend les enfants pour des cibles commerciales, qui leur dit de faire leur caprice, demander à papa et maman d'acheter, d'acheter...

Je pense que tous les mômes ne sont pas à égalité devant cette intrusion de la société de consommation dans leur petite cervelle. Une fois de plus, les classes sociales aisées, celles qui ont fait des études, arrivent mieux à protéger leurs enfants car elles arrivent à anticiper les danger qu'elle peut représenter, elles savent gérer l'utilisation par leurs rejetons des nouvelles technologies afin des les accompagner dans leur scolarité. Dans les milieux plus populaires, ils ont quelques fois moins de stratégies de réussite et les publicitaires leur ont mis dans la tête que le bonheur passait par la consommation, la possession d'objets vantés.Il faut "avoir" et non "être". Donc des valeurs du "vivre ensemble" qui ne sont plus transmises, des individus qui n'acceptent plus la frustration.

Pour rétablir l'autorité, il faudrait un grand débat national sur les causes et les conséquences de cette crise. On en est loin, c'est un sujet que tout le monde veut éviter. C'est un secret de famille, tout le monde sait que cela existe mais personne n'en parle. De toute façon, le débat deviendrait vite hystérique entre la droite qui fustigerait mai 68, le pédagogisme, et souhaiterait le retour au années 50 (notez au passage que si les soixante-huitards avaient le slogan "il est interdit d'interdire", la droite a le sien qui est tout aussi con : "le passé, c'est l'avenir") et une gauche qui dirait encore que l'autorité, ce n'est pas compliqué, il suffit de dialoguer. Donc, pas de solution à l'horizon.

En lisant les posts de ce fil ouvert récemment par André Jorge, c'est assez impressionnant de voir à quel point le "problème" des parents revient. On a l'impression que le fossé se creuse entre l'école et la famille, qui auraient des attentes différentes. Et c'est vrai que les parents ont (parfois) tendance à se comporter en consommateurs et à voir leur intérêt et non celui du groupe. Nous, enseignants, gérons 25 enfants (en moyenne) alors que papa et maman ne voient que leur rejeton.

L'institution doit aborder le sujet sans tabous. A aucun moment elle ne dit ce qu'elle attend des familles afin que leurs enfants soient le mieux préparés pour entrer à l'école, je pense qu'elle est en droit de le faire et qu'il faut qu'elle le fasse. Ensuite, il va falloir remettre la règle au centre de tout. La règle qui nous permet de vivre ensemble et à laquelle on va se référer pour trancher les conflits. Cela demanderait de définir ce qui est acceptable d'un élève, ce qui ne l'est pas, et quelle sanction appliquer lorsqu'il y a transgression. Nous avons tous vu des comportements, entendus des propos inacceptables de la part d'élèves et tout cela passe comme une lettre à la poste. Une petite punition symbolique, un mot pour les parents qui reviendra signé et voilà, jusqu'à la prochaine. Les conséquences sur le climat de classe et les apprentissages peuvent être importantes, mais ce n'est pas grave. Si l'on veut que ça marche, il faut que la règle soit la même pour tout le monde, de Marseille à Calais. Or, dans une même école, il y des choses qui sont permises dans la classe de madame X et pas dans la classe de madame Y. Alors on en est loin.

Il n'y aura pas de restauration de l'autorité sans prise de conscience, sans débat constructif qui aboutisse à quelque chose. il faut que les mentalités évoluent, un peu comme sur le problème du tabac et des accidents de la route. Le consommation du cannabis a augmenté chez les jeunes, on voit de plus en plus de faits divers où un type n'a pas supporté une frustration et a commis un acte grave. Difficile de prouver qu'il y a là un lien avec la crise de l'autorité mais je crois que l'école n'arrive plus à structurer certains enfants qui sortent du système scolaire avec un sentiment de toute puissance car il ne mets pas les moyens pour leur mettre des limites.

Je pense qu'il est parfois devenu difficile aux enseignants de faire autorité, dans certaines classes, avec certains enfants. N'exagérons tout de même pas, beaucoup d'élèves ont tout de même un comportement acceptable. Mais la part de des comportements inacceptables augmente sensiblement. Et les professeurs sont seuls face à ce problème. Même s'ils peuvent limiter la casse, comme le fait de travailler en équipe, ils sont encore livrés à eux-même face à un problème complexe, profond...Il faut éduquer les parents, leur faire comprendre que l'école peut avoir des exigence, qu'il y a des règles que tout le monde doit respecter, qu'on fait tous partie de la même communauté.

Vu la dernière animation péda sur le climat de classe, on est loin d'une évolution des mentalités. L'intervenante était une psy du privé. Bon, elle avait préparé sérieusement son truc, ce n'est pas le problème. Mais elle termine sont intervention en disant "si un parent arrive en étant agressif, ne rentrez pas dans le rapport de force, laissez passer...C'est sans doute qu'il a eu un vécu difficile avec l'école étant petit, la situation de son enfant le renvoie à la sienne". Je ne dirais pas que c'était les mots exacts mais sur le fond, c'était tout à fait ça ! Donc, pour cette dame, les règles de vivre ensemble, qui vont nous obliger à nous canaliser, à ne pas rentrer dedans, à rester courtois, eh bien cela n'existe pas. A la place, on va chercher toute les excuses à l'individu, qui, compte tenu d'explications plus que fumeuses aurait de bonnes raisons de ne pas se maîtriser.

L'individu au-dessus du groupe, au-dessus des règles !

+ 100

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Donc, ce que j'aurais envie de proposer, c'est d'ouvrir un peu plus nos classes aux parents. Qu'ils puissent venir passer une matinée avec nous en classe pour voir comment cela se passe (pas tous en même temps bien sûr). J'ai un collègue qui avait fait ça une fois avec trois mamans qui doutaient de ses compétences. Cela avait bien marché, mais il s'était fait démonter par son inspecteur qui avait appris que des parents avaient assisté à la classe. Dommage, car tant que l'école restera un sanctuaire inaccessible, les "fantasmes" sur notre métier auront de beaux jours devant eux.

Je trouve que l'école est déjà suffisamment ouverte aux parents.

Nos parents ne sont jamais venus en classe avec nous pour vérifier que l'enseignant était compétent.

Il faudrait que ces parents-là acceptent qu'ils ne sont pas les seuls détenteurs du "bien" pour leur enfant, et acceptent également de couper un peu le cordon avec leur progéniture.

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Moi c'est madame Nao, ça a toujours été comme ça sauf en maternelle où c'était maîtresse. En cycle 3 j'exige le vouvoiement, pour moi c'est un apprentissage comme un autre. Et seuls mes proches me tutoient, mes élèves ne sont pas des potes.

Cela dit on peut se faire vouvoyer et se faire chahuter comme pas possible, je ne pense pas que le respect commence par là.

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