montagny Posté(e) 27 novembre 2015 Posté(e) 27 novembre 2015 Je ne suis pas d'accord avec toi, Montagny, sur tes conclusions. Je me permets de te répondre dans le corps de message: Quels seront les progrès pour les PE et les élèves ? D'une certaine manière, ce texte ne reprend que ce qui existait depuis des années mais éparpillé dans plusierurs textes. --> On est d'accord. Les outils nécessaires sont un statut reconnu institutionnellement et donc un capacité décisionnelle affirmée : le directeur prend telle décision car il est là pour cela. Et comme dans tout système, la concertation et la médiation sont toujours présentes. Il est indiqué que le directeur est l'interlocuteur privilégié avec les partenaires ; avec un statut affirmé, le maire ne pourrait plus passer via l'IEN pour se plaindre ou imposer --> Une demande illégale, qu'elle soit du maire ou de l'IEN, reste illégale, donc non recevable. De même pour les agents territoriaux dont la gestion est parasitée par les décisions municipales surtout depuis les nouveaux rythmes. --> Ca, c'est sûr, mais ce n'est pas l'absence de statut du directeur qui engendre ça, mais la réforme des rythmes scolaires. De même par rapport à la répartitions des moyens : actuellement des CPC ou des IEN demandent les répartitions et les constitutions de classe alors que ne n'est pas de leur compétence. Cela continue car il y a l'habitude et l'absence de chaine décisionnelle proche. --> c'est une demande illégale simple à refuser. Le bénéfice pour les PE et les élèves serait d'avoir une capacité de décision en local et donc des moyens adaptés aux conditions de chaque école ou regroupement. Pas la peine de faire remonter tel ou tel projet pour validation par quelqu'un qui met les pieds dans l'école 3 fois par an au mieux. --> Franchement, y a-t-il beaucoup de projets qui demandent une validation par l'IEN? Non. Par la mairie? Cela dépend des communes, mais une bonne communication avec les parents et une présentation au CE évitent bien des refus (la pression des électeurs étant toujours efficace) Je ne parle pas de pouvoir sur le pédagogique de chaque enseignant qui doit rester dans le giron régalien de l'institution mais d'une place affirmée pour piloter le navire. --> Les préconisations ne sont pas si claires que ça sur ce point, loin de là. J'entends les arguments, mais aucun ne m'amène à la conclusion que le statut est essentiel. Pour toi il n'est peut-être pas essenrtiel car tu ton expérience, ta personnalité et ta manière de fonctionner qui sont avec toi, mais pour beaucoup de nouveaux directeurs, parfois inexpérimentés compte tenu du peu d'attractivité de la fonction, faire respecter ce qui est dans les textes est compliqué car les habitudes ont été prises. Avoir un texte contraignant pouvant être un texte opposable on commence à l'avoir avec le référentiel métier. Ce dernier est méconnu et beaucoup s'en complaise. Même des collègues ne se l'approprient pas malgré que ce soit un texte au BO et donc opposable ! je suis d'accord avec toi avec le refus possible des demandes illégales mais combien d'entre nous osent demander une justification à l'IEN ou au maire? Combien de dirlos qui entendent la légende du choix de classe en fonction de l'ancienneté des collègues ? Nos missions méritent un statut pour aider à gérer et à répondre aux sollicitations. Par rapport à la réforme des rythmes scolaires qui a mis en relief la co-gestion des agents territoriaux en l'école et la mairie, un statut pour le directeur permettrait de mieux renvoyer les demandes illégitimes ; l'IEN pourrait dire au Maire que ce n'est pas dans ses compétences. je suis comme toi, avec l'expérience on joue sur la communication, les parents, la présentation des choses mais on surfe sur les textes entre les égos de l'IEN et de la mairie ; un statut consoliderait tout cela et permettrait aux jeunes de partir sur de bonnes bases.
nola Posté(e) 27 novembre 2015 Posté(e) 27 novembre 2015 Pas faux la remarque de Montagny sur la méconnaissance (volontaire ou pas) des textes et ce n'est pas valable que pour la direction. Les textes nécessaires existent (on peut même penser qu'il y en a trop et qu'ils finissent par se contredire) mais certains en sont encore au droit coutumier, tout en réclamant les protections juridiques de l'état de droit. Pour la remarque concernant la cantine (flemme de rechercher qui l'a faite, désolé), la position de l'IEN est la bonne: L'EN n'assure pas de restauration scolaire. Concernant le pédagogique, l'influence des technocrates se fait déjà sentir dans le secondaire où des chefs d'établissements n'hésitent pas à réclamer les notes qui les arrangent. De mémoire, je dirai qu'en collège ils ont aussi la possibilité de valider le socle. En fait on est tout à fait dans les préconisations (déjà anciennes) de l'OCDE. Baisser les coûts en diminuant la qualité, sans toucher (trop) à la quantité (heures de garderie cours) pour ne pas braquer les parents électeurs. C'est pour cela que la tutelle du secondaire sur le primaire sera choisie (plus économique) mais aussi parce qu'il vaut mieux se fâcher avec les PE qu'avec les profs du secondaire (plus nombreux et plus combatifs).
prof désécol Posté(e) 27 novembre 2015 Posté(e) 27 novembre 2015 (modifié) mais aussi parce qu'il vaut mieux se fâcher avec les PE qu'avec les profs du secondaire (plus nombreux et plus combatifs). Plus nombreux, oui, mais plus combatifs, ça reste à voir... De plus, sous prétexte de faire bosser les enseignants en équipe grâce à l'"interdisciplinarité", la réforme du collège va générer des conflits concernant notamment les volumes horaires à prélever sur chaque discipline pour les EPI qui les pousseront plutôt à l'individualisme... Modifié 27 novembre 2015 par prof désécol
ColdTurkey Posté(e) 28 novembre 2015 Posté(e) 28 novembre 2015 avec un statut affirmé, le maire ne pourrait plus passer via l'IEN pour se plaindre ou imposer Avec ce qui s'avance, c'est le statut du maire qui va s'imposer. Le directeur sera la courroie de transmission. La dérive est déjà visible et certains directeurs acceptent tout ce que les mairies proposent. Et ce sera encore plus une réalité quand ce directeur sera celui de plusieurs écoles. Il suffit de voir à quelle vitesse ceux qui ne sont plus du tout en charge d'une classe perdent le sens de la réalité d'une classe pour craindre le pire. Il me semble que nous assistons à une grosse dérive autoritaire où tout doit être contrôlé au plus près. Celle-ci est accompagné d'une totale folie administrative Sinon, pour le reste, je ne vois rien qui justifie cette demande si ce n'est le fait de vouloir asseoir un pouvoir sur les PE et rien qui améliore la vie des élèves.
nonau Posté(e) 28 novembre 2015 Auteur Posté(e) 28 novembre 2015 Tout à fait dans le cadre de la territorialisation (je note au passage les éléments de langage des pros "Réformes": on ne parle pas de territorialisation mais de "cogestion"...) le maire (ou le Président d'Agglo ou de Métropole élu par personne) deviendra de fait notre donneur d'ordre et le Directeur sa courroie de transmission! Tous les textes, les Décrets, les circulaires, les rapports qui sortent en ce moment vont dans ce sens. Il y a un processus de territorialisation fort où les compétences passent doucement vers les collectivités! - Je note que dans le PPCR les CAP sont vouées à disparaître...Devinez qui s'occupera des promotions, du mouvement qui deviendra recrutement ? - Je note que dans le cadre de Chartes, les élus commencent à s'occuper de la Carte scolaire comme dans le Cantal ou en Haute Loire... - Je constate que la circulaire de la ministre sur la modification de nos ORS va dans ce sens! Disparu les 36 semaines annuelles de classe qui fait référence, apparition des 1607 heures de présence... Ce statut de Directeur n'est une pièce du puzzle dans le processus de territorialisation et "d'autonomie". On voit où conduit l'autonomie dans les universités...
jeanounette Posté(e) 28 novembre 2015 Posté(e) 28 novembre 2015 Je sais pas pourquoi mais j'ai l'impression que tous ces petits postes à profil (directions , "pilotes des navires" , coordonnateurs etc ...) seront occupés pour beaucoup par des gens du SE et du SGEN ou même du Snu , c'est déjà vrai chez nous ... Limite on dirait qu'ils se sont concoctés les petites réformes à leur image pour pouvoir bien y coller .... Ah mais je suis mauvaise langue ce matin !
Polythene Pam Posté(e) 28 novembre 2015 Posté(e) 28 novembre 2015 L'idée déjà ancienne d'un statut de directeur et donc d'un statut d'école avait été lancée pour clarifier les missions des uns et des autres, rendre cette mission plus attractive et surtout, accompagner le tout d'une formation à ce qui est un vrai métier. Combien de directeurs ne connaissent pas les textes et restent donc à la merci d'un maire ou d'un IEN ? Combien de dysfonctionnements qui pourraient être évités dans certaines écoles aux us et coutumes parfois douteux ? Il s'agissait juste de donner un cadre officiel. Tous les syndicats étaient contre, SE et SGEN compris, pour toutes les raisons évoquées dans les posts précédents. Alors rien n'a vu le jour et aujourd'hui, le pire est à venir. Ce qui est proposé aujourd'hui, c'est ce que je craignais depuis un moment : sous couvert de territorialisation rampante, transformer le directeur d'école en administratif qui sera sous la coupe des maires, d'un IEN et du principal de collège. Ce n'est pas pour ce statut-là que je militais, au temps de mes illusions. Bien sûr que cette nouvelle mouture, qui verra sans doute le jour au plus tard sous la droite qui ne manquera pas de revenir aux affaires en 2017, n'est pas du tout pensée pour améliorer les conditions d'apprentissages des élèves, pas plus que les conditions de travail des PE. On va complexifier les rapports humains, diviser pour mieux régner, d'autant que, effectivement, les PE sont bien moins combattifs que les profs du secondaire (il n'y a qu'à aller voir les avancements de carrière des uns et des autres, c'est édifiant) et ces super administrateurs seront effectivement, les courroies de transmission froides et obéissantes. Rien à voir avec un quelconque statut de chef d'établissement donc car, au-delà des personnes qui deviennent personnels de direction par carriérisme, il y a fort heureusement des principaux et proviseurs qui ont choisi ce métier pour faire évoluer le système de l'intérieur, en attendant une hypothétique vraie réforme de l'Education Nationale qui n'arrivera sans doute pas de la manière dont nous le souhaiterions tous.... trop d'enjeux, de privilèges des uns et de copinages des autres, trop de politique et d'égoïsme.... Pour avoir maintenant un pied dans les hautes sphères, je vois et vis que les enjeux individuels sont bien plus importants que la réussite de tous les élèves dont on nous rebat les oreilles à longueur de temps.
prof désécol Posté(e) 28 novembre 2015 Posté(e) 28 novembre 2015 (modifié) L'idée déjà ancienne d'un statut de directeur et donc d'un statut d'école avait été lancée pour clarifier les missions des uns et des autres, rendre cette mission plus attractive et surtout, accompagner le tout d'une formation à ce qui est un vrai métier. Combien de directeurs ne connaissent pas les textes et restent donc à la merci d'un maire ou d'un IEN ? Combien de dysfonctionnements qui pourraient être évités dans certaines écoles aux us et coutumes parfois douteux ? Il s'agissait juste de donner un cadre officiel. Tous les syndicats étaient contre, SE et SGEN compris, pour toutes les raisons évoquées dans les posts précédents. Alors rien n'a vu le jour et aujourd'hui, le pire est à venir. Ce n'est pas pour ce statut-là que je militais, au temps de mes illusions. C'est à peu près le discours actuel de certains "réformistes" : il faut accompagner les évolutions du métier, sinon on les subira, etc... Eh bien on voit ce que cela donne avec la réforme des rythmes, avec ceux qui appelaient à un changement et qui l'ont en quelque sorte obtenu... "On voulait une réforme, mais pas celle-là !" (SNUIpp inside). On va complexifier les rapports humains, diviser pour mieux régner, d'autant que, effectivement, les PE sont bien moins combattifs que les profs du secondaire (il n'y a qu'à aller voir les avancements de carrière des uns et des autres, c'est édifiant) Il serait rassurant de penser qu'ils sont plus combatifs, mais en les lisant ailleurs, on se rend mieux compte d'une certaine inertie, pour ne pas dire léthargie, dans leurs rangs. La réforme des statuts de 1950 est passée, celle du collège semble prendre le même chemin. Rien à voir avec un quelconque statut de chef d'établissement donc car, au-delà des personnes qui deviennent personnels de direction par carriérisme, il y a fort heureusement des principaux et proviseurs qui ont choisi ce métier pour faire évoluer le système de l'intérieur, en attendant une hypothétique vraie réforme de l'Education Nationale qui n'arrivera sans doute pas de la manière dont nous le souhaiterions tous.... trop d'enjeux, de privilèges des uns et de copinages des autres, trop de politique et d'égoïsme.... Pour avoir maintenant un pied dans les hautes sphères, je vois et vis que les enjeux individuels sont bien plus importants que la réussite de tous les élèves dont on nous rebat les oreilles à longueur de temps. Pour te lire depuis un certain temps sur ce forum, je ne pense pas que tu croyais le contraire avant non plus. Modifié 28 novembre 2015 par prof désécol
Polythene Pam Posté(e) 28 novembre 2015 Posté(e) 28 novembre 2015 Ben oui, Prof Désécol.... Je le savais, mais le vivre, c'est encore autre chose. In situ, on se rend compte de la déliquescence des choses. Pour en revenir aux profs du secondaire, disons que le SNES, c'est un autre poids que les syndicats du 1er degré. La CGT, très présente en lycée pro, n'est pas en reste non plus et le Conseil d'administration est justement un endroit institutionnel dans les établissements où les syndicats peuvent s'exprimer. L'équivalent n'existe pas dans le premier degré, justement à cause de l'absence de statut d'Ecole Primaire. La réforme du collège, ça va être comme tout le reste : une bien belle idée au départ (et oui, ce qu'il y a derrière, c'est le co-enseignement, le travail d'équipe, l'innovation pédagogique), mais qui va se solder par un échec, parce que l'essentiel n'est pas prévu : la (trans)formation des enseignants dans leur façon de faire qui, malgré un peu de saupoudrage, se fera à coups de "bonne volonté" et de formation personnelle sur un temps personnel. Quant à la nécessaire reconnaissance du travail, et bien on repassera, car ce n'est pas demain la veille que la valeur du point d'indice sera revalorisée. Et oui, tout passant par le pognon dans notre merveilleuse société, les salaires de misère des enseignants montrent à quel point la Nation est reconnaissante. Il n'empêche : quand bien même une révolution est nécessaire, c'est aussi de l'intérieur que l'on peut faire évoluer les choses. Cela fait 30 ans que je m'y emploie, et j'ai toujours la foi. Ce qui me consterne depuis toujours, c'est la couardise environnante. Autant Louise Michel ou les suffragettes anglaises ont dû faire montre d'un courage inouï à leur époque, autant je ne comprends pas que l'on ait une si grande frousse de l'IEN aujourd'hui, au point de la fermer,lorsque ce même IEN dit des choses fausses.... Il y a 10 jours, j'étais à une réunion de bassin, où il y avait des chefs d'établissement du secondaire, des directeurs d'école et un IEN. Grands Dieux, cette déférence des directeurs, cette trouille chevillée au corps de juste dire les chose.... Moi qui vient de là, j'étais terriblement mal à l'aise pour eux, et l'IEN semblait en tirer une espèce de fierté, avec condescendance, il disait "mais parlez, Mme Truc, n'ayez aucune crainte". Je suis partie trop vite à l'issue de cette mascarade, mais la prochaine fois, je ne manquerai sûrement pas de dire d'où je viens, parce que, une des causes de ce qui est en train de tomber sur la tête des PE, c'est la pression hiérarchique exercée par un grand nombre d'IEN. Et le manque de courage. D'où la nécessité de connaître les textes, interprétables à l'envi, mais surtout discutables. Enfin, en ce qui concerne la réforme des rythmes scolaires, je fais partie de ceux qui militent depuis longtemps pour la semaine des 5 jours.... Mais bien évidemment pas celle-là ! Je ne me retrouve plus dans les poncifs du Snuipp depuis bien longtemps, il n'empêche que je comprends parfaitement leur discours quand ils disent "oui à une réforme des rythmes, mais pas celle-là". Tout le monde, et en particulier le SE et le SGEN, s'est fait rouler dans la farine avec cette réforme car, ce qui se cache derrière, c'est bien évidemment la territorialisation du primaire. Refiler le bébé aux collectivités territoriales, transformer les PE en fonctionnaires territoriaux, un rêve de la droite que la gauche va rendre possible. Effectivement, dans ce contexte-là, je comprends parfaitement les réticences quant à un statut de directeur, qui n'est pas du tout celui dont j'aurais bien voulu.... Oui, je comprends les craintes des uns et des autres, et c'est une des nombreuses raisons qui m'ont fait quitter l'enseignement primaire.
ColdTurkey Posté(e) 29 novembre 2015 Posté(e) 29 novembre 2015 "oui à une réforme, mais pas celle-là". Je crois qu'en 30 ans de réformes, le bilan tient en cette phrase. Et celles qui s'annoncent sont de la même veine. Les profs de collèges et de lycées sont plus forts car ils sont nombreux sur un même lieu. Ils peuvent s'opposer directement à leur hiérarchie. C'est pour cela que l'idée de les diviser en les obligeant à se battre sur les horaires est une sacrément bonne idée ! Plus j'observe les décisions de ce gouvernement, plus je trouve ses décisions libérales, plus libérales même que le précédent. Là où nous avions un bulldozer, nous avons un serpent au venin insidieux qui sape tous les fondements de notre société. Et ne doutez pas que du retour des bulldozers qui n'auront plus qu'à finir le travail...
Pascal Oudot Posté(e) 29 novembre 2015 Posté(e) 29 novembre 2015 J'ai lu ce fil avec attention sans chercher à débattre, mais je constate un aspect de la question que vous n'abordez pas, ou juste par la bande. Vous n'envisagez la question que du point de vue des adjoints qui seront certainement martyrisés par des chefaillons si on change quelque chose. J'ai lu les mots "directeur à l'ancienne" sur un post; je suis un de ces directeurs, proche de la retraite, plus concerné par le bon fonctionnement de l'école et la réussite des élèves que par les consignes diverses qui nous tombent du ciel en permanence. Eh bien le dirlo "à l'ancienne" il est las, très las. Très fatigué de l'absence totale de retour sur son boulot, assez halluciné aussi d'être considéré comme une menace potentielle. Avec ma petite école j'ai une classe à temps plein, des heures d'APC à faire, et la boulot de directeur en sus. Personne ne m'en sait gré, ou alors c'est en toute discrétion. J'ai une "indemnité" (on m'indemnise, c'est tout dire...). Mon école tourne bien, tout le monde est content, moi aussi, mais personne ne me le dit. C'est ingrat, quand je passe des heures à faciliter le boulot de tout le monde pour que chacun puisse bosser dans la sérénité. Tout le monde s'en fout, en fait. J'ai des "plans" à remplir, des réunions avec tout un chacun - Mairie, IEN,équipes d''enseignants ou de suivi, parents de l'école, parents de ma classe... -, des réponses à apporter à tous, des délais de rigueur pour tel ou tel paperasse à faire, de la planification pour des réunions, des AESH à suivre, des locaux à vérifier constamment et des coups de fil à donner parce qu'un chiotte est bouché ou donner le nombre de photocopies faites ou... C'est continuel, permanent. C'est fatigant, c'est souvent très chiant. Tout le monde s'en tape. En revanche, quand il arrive une couille, sur qui on tombe? Avec unanimité. Qui se fait engueuler? Qui se fait suspecter de je ne sais quoi quand il répartit les classes et les élèves - même avec trois classes ça m'est arrivé - ? Pourtant, parfois, ce boulot est passionnant. Il peut l'être, quand un projet longuement travaillé fonctionne parfaitement, que tout est huilé, que rien n'a été oublié. Le dirlo voit les enfants heureux, les collègues ravis, les familles enchantées. Alors le dirlo, qui n'a pas le temps ni les moyens de faire son boulot, il en a marre. Il en a marre de suggérer subrepticement et gentiment à une collègue que non seulement les heures de sport sont dans les programmes mais qu'en maternelle c'est aussi indispensable pour les acquisitions et le bien-être des enfants, et se faire dire de s'occuper de ses affaires. Il aimerait avoir un statut qui ferait qu'une adjointe, qui refuse systématiquement tout échange ou simplement de respecter les textes, aurait juste une petite crainte irraisonnée qui la ferait aller en salle de jeux avec ses pauvres gosses qui ne demandent que ça. J'ai eu un compliment la semaine dernière, d'une collègue qui sent que le directeur est en train de craquer. Pourquoi tant de directions vacantes à chaque mouvement? On ne peut plus, aujourd'hui, avoir une classe et être simultanément directeur. C'est impossible, sinon au détriment de l'un ou de l'autre. Après quinze années de direction d'école j'envisage mon retour parmi les adjoints en fin d'année, parce que chevaucher un vélo un peu pourri pour tirer une charrette de 70 gosses dont 26 à soi, et en plus avoir constamment des bâtons dans les roues, ce n'est plus faisable, même avec beaucoup d'expérience. Je vous le dis: dans cinq ans, dans dix ans, vous n'aurez plus d'école comme aujourd'hui, on ne vous laissera pas le choix, parce que le fonctionnement des écoles a changé, les exigences familiales et institutionnelles aussi. Elles seront soit des EPEP gérées par des enseignants de terrain qui auront choisi cette voie, soit dépendront directement du collège de secteur. La deuxième solution ne me parait pas la meilleure. Mais ce que j'en dis... Peut-être que dans dix mois je serai peinard avec mes gamins, sans bureau où s'empilent les paperasses, sans boulot le samedi et le dimanche. Dans peu de temps en plus je prendrai ma retraite. Alors hein... De temps en temps, essayez de vous mettre à la place du dirlo. Peut-être que votre point de vue - c'est très relatif, un point de vue - changera, même légèrement.
ColdTurkey Posté(e) 29 novembre 2015 Posté(e) 29 novembre 2015 PE et directeurs n'ont aucune reconnaissance. Donc ce n'est pas en bataillant les uns contre les autres que nous avancerons positivement. Le fonctionnement des écoles a changé et c'est sur ce point qu'ensemble nous devrions lutter et avec l'appui de nos syndicats. Une bonne partie des demandes institutionnelles n'a aucune raison d'être et les directeurs perdent trop de temps à remplir des documents dont l'utilité est fort incertaine. Normalement, nous devions avoir des temps de réunions pour améliorer le fonctionnement des écoles, mais ce temps s'est transformé en injonctions administratives, en remplissage de formulaires abscons et inutiles. Typiquement, dans le cas d'enfants ayant des difficultés, aujourd'hui, nous perdons notre temps à faire des dossiers pour espérer une aide qui ne viendra pas forcément et nous devons l'aider autant que nous pouvons sans moyens. Je crois que c'est contre cette administration qu'il faut lutter. Mais aujourd'hui, l'idée est avant tout de diviser afin de pouvoir imposer encore plus de charges aux uns et aux autres. Ne croyez pas qu'avec un statut les directeurs se trouveront d'un coup mieux respectés et plus libres. Rappelez vous de ce grandiose nouveau statut de PE qui nous ouvrait tant de portes, qui nous élevait... Nous n'avons jamais été aussi bas !
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