Mademoisellelau Posté(e) 7 novembre 2016 Posté(e) 7 novembre 2016 Il y a 5 heures, Goëllette a dit : J'avais compris que tu donnais des textes en même temps. J'ai du mal à comprendre comment on peut faire de la compréhension de textes avec les seules syllabes apprises, surtout en début d'année. Parce que, pour moi, lire, c'est comprendre, sinon, c'est du déchiffrage, pas de la lecture, et c'est très différent. Dans l'école où j'évolue, déjà sur de simples phrases il y a beaucoup de choses à expliquer. De plus, en littérature de jeunesse, sur des histoires que je leur lis, il y a matière à travailler la compréhension. En effet, combinatoire et compréhension peuvent être travaillées séparément. Mes élèves apprennent d'abord à déchiffrer, puis au fur et à mesure de leur avancée, on travaille la compréhension de plus en plus à partir de ce qu'ils lisent eux-mêmes.
Goëllette Posté(e) 7 novembre 2016 Posté(e) 7 novembre 2016 "Tata tape Toto" ou "Papa fume la pipe", même dans mon coin extrêmement difficile, je ne vois pas ce qu'il y a à faire comme compréhension de l'écrit ... D'autant que jusqu'à fin septembre, on n'en est pas toujours à ce nombre de sons vus et que les phrases possibles sont encore plus pauvres. J'avoue personnellement préférer largement partir d'un petit texte qui existe déjà (et non pondu pour le son) et des mots qu'il contient que les élèves savent souvent tous déjà lire (comme les mots outils, par exemple), pour aller vers le son que je souhaite aborder, car nos élèves n'arrivent pas "tout nus" en CP, ce que je regrette que les nouvelles méthodes B-A-BA oublient. Cela permet en plus de ne pas faire décrocher les bons élèves, ce qui risque de les rendre très pénibles. A mes débuts, certaines méthodes partaient même plutôt des lettres que des sons, évitant ainsi le traditionnel "mensonge" du A qui se prononce très souvent autrement que [a]. On voyait l'ensemble des sons puis on se focalisait sur le "A" qu'on entend [a]. Mais l'essentiel à mon sens est que tu aies une stratégie précise et que tu ailles au-delà de ta méthode, tout en t'adaptant au niveau de tes élèves, et surtout que tu aies un cadre dans lequel tes élèves, mais aussi leurs parents et tes éventuels remplaçants se retrouvent et se rassurent. C'est ce qui manque parfois, dans les classes de CP, et qui participe à "perdre" des élèves.
Mademoisellelau Posté(e) 7 novembre 2016 Posté(e) 7 novembre 2016 Il y a 11 heures, Goëllette a dit : "Tata tape Toto" ou "Papa fume la pipe", même dans mon coin extrêmement difficile, je ne vois pas ce qu'il y a à faire comme compréhension de l'écrit ... D'autant que jusqu'à fin septembre, on n'en est pas toujours à ce nombre de sons vus et que les phrases possibles sont encore plus pauvres. J'avoue personnellement préférer largement partir d'un petit texte qui existe déjà (et non pondu pour le son) et des mots qu'il contient que les élèves savent souvent tous déjà lire (comme les mots outils, par exemple), pour aller vers le son que je souhaite aborder, car nos élèves n'arrivent pas "tout nus" en CP, ce que je regrette que les nouvelles méthodes B-A-BA oublient. Cela permet en plus de ne pas faire décrocher les bons élèves, ce qui risque de les rendre très pénibles. A mes débuts, certaines méthodes partaient même plutôt des lettres que des sons, évitant ainsi le traditionnel "mensonge" du A qui se prononce très souvent autrement que [a]. On voyait l'ensemble des sons puis on se focalisait sur le "A" qu'on entend [a]. Mais l'essentiel à mon sens est que tu aies une stratégie précise et que tu ailles au-delà de ta méthode, tout en t'adaptant au niveau de tes élèves, et surtout que tu aies un cadre dans lequel tes élèves, mais aussi leurs parents et tes éventuels remplaçants se retrouvent et se rassurent. C'est ce qui manque parfois, dans les classes de CP, et qui participe à "perdre" des élèves. Mes bons élèves s'épanouissent car on avance vite et qu'ils ont du travail à fournir, ma classe est, en principe, calme. Je suis ravie du travail des enseignantes de mater avec qui j'échange beaucoup, qu'il s'agisse de projets communs ou de pédagogie. Il est assez désagréable pour moi de lire à quel point tu caricatures ce que tu rejettes. Je pensais comme toi il y a quelques années, puis j'ai vu fonctionner des classes différemment et j'ai remis certaines idées en question, j'ai testé. Je me suis rendue compte qu'il y a une certaine malhonnêteté intellectuelle au sein de ceux qui croisent le fer à ce sujet. Des deux côtés, d'ailleurs. C'est exactement pour cela que j'évite toujours d'échanger sur cette question qui divise. J'ai fait exception à cette habitude, erreur que j'évite pourtant depuis des années. Tant pis pour moi. J'ai mes convictions, tu as les tiennes, c'est ainsi. L'essentiel pour moi, est que les élèves soient confiants quant à leurs connaissances, donc qu'elles soient bien construites, afin qu'ils s'épanouissent à l'école en étant bien préparés pour la suite. A chacun sa manière de voir les choses et d'arriver au résultat qui nous rassemble : la réussite des élèves. J'espère que nous pourrons nous en arrêter là, car cet échange n'aide personne et est difinitivement hors-sujet.
Goëllette Posté(e) 8 novembre 2016 Posté(e) 8 novembre 2016 Ce n'est pas si hors-sujet que ça puisque ça montre que, quelle que soit la méthode, c'est le cadre et la conviction de l'enseignant qui est prépondérante. Et je ne caricature pas plus que toi, je donne mon avis, c'est tout. Il y a 19 heures, Mademoisellelau a dit : L'essentiel pour moi, est que les élèves soient confiants quant à leurs connaissances, donc qu'elles soient bien construites, afin qu'ils s'épanouissent à l'école en étant bien préparés pour la suite. A chacun sa manière de voir les choses et d'arriver au résultat qui nous rassemble : la réussite des élèves. Tout comme les miens avec des méthodes mixtes. Et ta dernière phrase est exactement le message que je souhaitais faire passer !
Franjoe Posté(e) 8 novembre 2016 Posté(e) 8 novembre 2016 Il y a 21 heures, Mademoisellelau a dit : J'ai mes convictions, tu as les tiennes, c'est ainsi. L'essentiel pour moi, est que les élèves soient confiants quant à leurs connaissances, donc qu'elles soient bien construites, afin qu'ils s'épanouissent à l'école en étant bien préparés pour la suite. A chacun sa manière de voir les choses et d'arriver au résultat qui nous rassemble : la réussite des élèves. J'espère que nous pourrons nous en arrêter là, car cet échange n'aide personne et est difinitivement hors-sujet. Bah moi, j'ai l'impression d'être sortie de là... je veux dire que je galère tellement depuis ces trois dernières années, avec tant d'élèves qui cumulent les difficultés en tout genre, que je ne vois même plus la réussite de mes élèves. J'ai la vilaine impression de ne plus servir à rien qu'à gérer des problèmes : enfants à handicaps, non lecteurs, enfants signalés au RASED, APC, problèmes sociaux, familiaux, bref... je l'ai sûrement déjà dit (pardon si je me répète), je suis de plus en plus en décalage par rapport à la mission pour laquelle j'ai signé, à savoir : enseigner. Une semaine de faite et je suis déjà au bout du rouleau. La cerise sur le gâteau : une nouvelle élève arrive dans ma classe, TOTALEMENT NON LECTRICE même pas une syllabe aujourd'hui ! Comme si je n'en avais pas déjà assez comme ça. La gamine dont j'ai déjà parlé, à trouble grave de l'attention a passé sa journée à s'agiter dans tous les sens et à faire du bruit qui dérange. Elle n'a même plus de stylo dans sa trousse autre que le rouge. Elle m'épuise. Bref, j'en ai plein les bottes et ce soir, j'ai perdu la moitié de ma voix tant ils ont été bruyants et épuisants. Je pense que je vais finir par quitter ce métier pour lequel j'ai mis tant de coeur à l'ouvrage. J'en ai assez de gérer tout le reste plus que l'enseignement. (je viens encore de remplir un gevasco ce soir pour demain). Pardon pour la complainte du soir, mais l'écrire finira peut-être par me convaincre que je ne suis plus faite pour ça.
majo22 Posté(e) 8 novembre 2016 Posté(e) 8 novembre 2016 Le 07/11/2016 à 18:08, Mademoisellelau a dit : Dans l'école où j'évolue, déjà sur de simples phrases il y a beaucoup de choses à expliquer. De plus, en littérature de jeunesse, sur des histoires que je leur lis, il y a matière à travailler la compréhension. En effet, combinatoire et compréhension peuvent être travaillées séparément. Mes élèves apprennent d'abord à déchiffrer, puis au fur et à mesure de leur avancée, on travaille la compréhension de plus en plus à partir de ce qu'ils lisent eux-mêmes Je ne suis pas enseignante de CP mais ça me parle. Ce fonctionnement doit effectivement être sécurisant aussi bien pour les enfants que pour les familles. Il y a 2 heures, Franjoe a dit : Pardon pour la complainte du soir, mais l'écrire finira peut-être par me convaincre que je ne suis plus faite pour ça. Changer de niveau ou d'école.... => avoir un nouveau projet, un souveau souffle
Mademoisellelau Posté(e) 8 novembre 2016 Posté(e) 8 novembre 2016 Il y a 2 heures, Franjoe a dit : Bah moi, j'ai l'impression d'être sortie de là... je veux dire que je galère tellement depuis ces trois dernières années, avec tant d'élèves qui cumulent les difficultés en tout genre, que je ne vois même plus la réussite de mes élèves. J'ai la vilaine impression de ne plus servir à rien qu'à gérer des problèmes : enfants à handicaps, non lecteurs, enfants signalés au RASED, APC, problèmes sociaux, familiaux, bref... je l'ai sûrement déjà dit (pardon si je me répète), je suis de plus en plus en décalage par rapport à la mission pour laquelle j'ai signé, à savoir : enseigner. Une semaine de faite et je suis déjà au bout du rouleau. La cerise sur le gâteau : une nouvelle élève arrive dans ma classe, TOTALEMENT NON LECTRICE même pas une syllabe aujourd'hui ! Comme si je n'en avais pas déjà assez comme ça. La gamine dont j'ai déjà parlé, à trouble grave de l'attention a passé sa journée à s'agiter dans tous les sens et à faire du bruit qui dérange. Elle n'a même plus de stylo dans sa trousse autre que le rouge. Elle m'épuise. Bref, j'en ai plein les bottes et ce soir, j'ai perdu la moitié de ma voix tant ils ont été bruyants et épuisants. Je pense que je vais finir par quitter ce métier pour lequel j'ai mis tant de coeur à l'ouvrage. J'en ai assez de gérer tout le reste plus que l'enseignement. (je viens encore de remplir un gevasco ce soir pour demain). Pardon pour la complainte du soir, mais l'écrire finira peut-être par me convaincre que je ne suis plus faite pour ça. Ne t'excuse pas, c'est bien normal d'avoir des moments d'épuisement, compte tenu de ce que tu nous expliques. Tu dis que tu as des élèves qui sont compliqués, mais dans quelles proportions, par rapport à ton effectif ? J'en ai aussi, mais disons qu'avec 7 sur 26, c'est jouable... Une année, j'en avais 13 sur 25, et là, j'avoue que ce fut une année très difficile. A priori, je dirais comme Majo22, changer d'école ou de niveau... Cela pourrait t'aider. Il faut que tu retrouves du plaisir. Mais ne te décourage pas, et essaye de prendre du recul : à l'impossible nul n'est tenu ! Tu fais tout ce que tu peux pour ces enfants, c'est ce qui compte.
Juls972 Posté(e) 8 novembre 2016 Posté(e) 8 novembre 2016 Il y a 3 heures, Franjoe a dit : Bah moi, j'ai l'impression d'être sortie de là... je veux dire que je galère tellement depuis ces trois dernières années, avec tant d'élèves qui cumulent les difficultés en tout genre, que je ne vois même plus la réussite de mes élèves. J'ai la vilaine impression de ne plus servir à rien qu'à gérer des problèmes : enfants à handicaps, non lecteurs, enfants signalés au RASED, APC, problèmes sociaux, familiaux, bref... je l'ai sûrement déjà dit (pardon si je me répète), je suis de plus en plus en décalage par rapport à la mission pour laquelle j'ai signé, à savoir : enseigner. Une semaine de faite et je suis déjà au bout du rouleau. La cerise sur le gâteau : une nouvelle élève arrive dans ma classe, TOTALEMENT NON LECTRICE même pas une syllabe aujourd'hui ! Comme si je n'en avais pas déjà assez comme ça. La gamine dont j'ai déjà parlé, à trouble grave de l'attention a passé sa journée à s'agiter dans tous les sens et à faire du bruit qui dérange. Elle n'a même plus de stylo dans sa trousse autre que le rouge. Elle m'épuise. Bref, j'en ai plein les bottes et ce soir, j'ai perdu la moitié de ma voix tant ils ont été bruyants et épuisants. Je pense que je vais finir par quitter ce métier pour lequel j'ai mis tant de coeur à l'ouvrage. J'en ai assez de gérer tout le reste plus que l'enseignement. (je viens encore de remplir un gevasco ce soir pour demain). Pardon pour la complainte du soir, mais l'écrire finira peut-être par me convaincre que je ne suis plus faite pour ça. Je compatis!! Je n'ai que 2 élèves perturbateurs dans une classe facilement bavarde, alors forcément j'en souffre moins, mais c'est vrai que c'est épuisant à la longue... Sans compter ceux qui ont des difficultés autres comme tu dis, et dont il faut s'occuper. Mon élève le plus "terrible" va de mal en pis, d'années en année, et là depuis septembre son cas s'aggrave. Les parents sont à bout mais ne répondent pas à nos suggestions de suivi psy, ou consultation. Il ne fait plus rien, passe son temps à faire du bruit en classe, déranger les autres. Je ne peux même plus le sortir chez un autre enseignant car il ruine sa classe et empêche les autres aussi de bosser. Aujourd'hui je l'ai envoyé faire son éval ailleurs (je n'avais pas le choix sinon aucun de mes élèves n'aurait pu bosser), bah il a fait suer ma collègue et n'a pas rempli une seule ligne.... Je débute dans le métier, ce ne sont pas les meilleures conditions pour nous motiver!!! Courage à toi, plus qu'un jour et demi avant quelques jours de repos!!!
Invité Posté(e) 8 novembre 2016 Posté(e) 8 novembre 2016 Franjoe, je te comprends! J'ai 6 Dys- (dysorthographique, dyslexiques, dyspraxiques, dyscalculique), 29 élèves, dont des élèves aux troubles de l'attention. 1/2 heure aujourd'hui pour écrire 2 lignes et coller 3 documents (5 -6 élèves ont collé n'importe comment, normal, quand on n'écoute rien!). C'est épuisant car pour réussir à les faire progresser il faut une énergie incroyable! Ce qui m'effraie le plus: le manque de concentration, une attention faible, et ce, dès le matin pour certains.... Ils ne sont pas dedans pour la plupart! C'est désespérant! Travailler pour ceux qui suivent, qui remplissent vraiment le contrat??? On ne va travailler que pour 1/3 . Ah, et je précise que je suis dans un quartier très favorisé!!
Goëllette Posté(e) 9 novembre 2016 Posté(e) 9 novembre 2016 Il y a 14 heures, leena a dit : Ah, et je précise que je suis dans un quartier très favorisé!! Ça ne m'étonne pas et c'est cette généralisation de la difficulté aux milieux favorisés qui est très inquiétante.
Franjoe Posté(e) 9 novembre 2016 Posté(e) 9 novembre 2016 Merci pour vos encouragements. Ca fait chaud au coeur. La proportion est énorme, dans ma classe, d'élèves avec difficultés et/ou problèmes. 10 sur 26 (sans compter ceux qui ont juste des "difficultés classiques" et certains bons qui ne sont pas calmes). Il y a aussi plusieurs IP dans ma classe... bref, je cumule. Changer de niveau ? pas si je reste dans cette école, car j'ai investi beaucoup dans ce niveau. Changer d'école ? Mais pour aller où ? peu de poste au mouvement chaque année et ce qui se libère ici n'est pas beaucoup mieux que ce que j'ai... Et puis J'ai la chance d'être proche de chez moi, notre organisation familiale serait aussi perturbée si je partais de là alors... je ne sais pas trop... Mais c'est vrai que j'y pense de plus en plus.
Mademoisellelau Posté(e) 9 novembre 2016 Posté(e) 9 novembre 2016 Il y a 1 heure, Franjoe a dit : Merci pour vos encouragements. Ca fait chaud au coeur. La proportion est énorme, dans ma classe, d'élèves avec difficultés et/ou problèmes. 10 sur 26 (sans compter ceux qui ont juste des "difficultés classiques" et certains bons qui ne sont pas calmes). Il y a aussi plusieurs IP dans ma classe... bref, je cumule. Changer de niveau ? pas si je reste dans cette école, car j'ai investi beaucoup dans ce niveau. Changer d'école ? Mais pour aller où ? peu de poste au mouvement chaque année et ce qui se libère ici n'est pas beaucoup mieux que ce que j'ai... Et puis J'ai la chance d'être proche de chez moi, notre organisation familiale serait aussi perturbée si je partais de là alors... je ne sais pas trop... Mais c'est vrai que j'y pense de plus en plus. Oui, la situation est un peu complexe... Laisse-toi du temps, cela te permettra sûrement de te positionner quant à l'avenir. Mais ne renonce pas trop vite au métier, évalue bien toutes les possibilités.
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