André Jorge Posté(e) 8 juillet 2017 Posté(e) 8 juillet 2017 Bonjour. Voici de quoi occuper nos vacances... : Citation Colloque Les Lumières de la fiction, Littérature (de jeunesse) et philosophie (avec les enfants), organisé en juin 2017 par Nathalie Prince (Professeur de Littérature générale et comparée à l’Université du Maine, Directrice du labo 3L.AM) et Edwige Chirouter (MCF-HDR en philosophie à l’Université de Nantes) et avec le soutien de la Chaire Unesco « pratiques de la philosophie avec les enfants », le programme EnJeu(x) de la Région des Pays de la Loire et l'Université du Maine. 1
Lolita Posté(e) 8 juillet 2017 Posté(e) 8 juillet 2017 Je l'ai faite venir l'an dernier dans ma circo pour une conférence pédagogique : du pur bonheur ! Et en plus, elle est adorable, sympa, nature, ce qui ne gâche rien !
orely72 Posté(e) 8 juillet 2017 Posté(e) 8 juillet 2017 J'ai eu la chance de l'avoir comme enseignante à l'Iufm. Si vous avez l'occasion de la croiser sur votre parcours, ne la loupez pas!
Lolita Posté(e) 8 juillet 2017 Posté(e) 8 juillet 2017 il y a 48 minutes, orely72 a dit : Si vous avez l'occasion de la croiser sur votre parcours, ne la loupez pas! + 1000 ! Pendant sa conférence, au bout de quelques minutes, j'ai arrêté de prendre des notes et j'ai "bu" ses paroles !
André Jorge Posté(e) 10 juillet 2017 Auteur Posté(e) 10 juillet 2017 Pour aller plus loin sur le thème de l'enseignement de la philosophie à l'école : Citation Rencontres et Débats Autrement, dans le cadre de son projet de documentaire sur la "Pratique philosophique avec les enfants" vous propose quelques extraits d'interviews sur le sujet.
mayre Posté(e) 10 juillet 2017 Posté(e) 10 juillet 2017 Recherches en Education - n°13 - Janvier 2012 - Yvan Malabry & Edwige Chirouter: (travail que je connais bien pour des raisons personnelles): Une séance sur l‟Allégorie de la Caverne au cycle 3 Avant d‟analyser les effets sur le long terme des ateliers de philosophie, il nous semblait essentiel d‟évaluer les capacités réflexives d‟élèves de cycle 3 sur ces questions si complexes d‟épistémologie. Jusqu‟où les élèves peuvent-ils mener leur réflexion dans ce domaine ? Quellessont les problématiques qui les interrogent et les concernent ? Comment peuvent-ils définir le statut d‟une vérité scientifique, faire la distinction entre croire et savoir, et s‟intéresser ainsi à la question de la genèse et du fondement de la vérité ? Nous avons ainsi choisi d‟effectuer nous- mêmes une séance d‟une heure et demie dans une classe classée ZEP du Mans, classe d‟une IMF pratiquant régulièrement des ateliers de réflexion philosophique avec ses élèves (4). Nous avons choisi de lire en début de séance une adaptation de l‟Allégorie de la caverne de Platon, récit fondateur sur la question de la Vérité et du processus d‟apprentissage. • Description du contexte et de la préparation de la séance En amont de la séance de discussion, la maîtresse avait lu à haute voix aux élèves plusieurs albums sur les sciences et la question de la vérité : Les découvertes de Nick (Ecole des loisirs), La malédiction des maths (Seuil), Sept souris dans le noir (Milan), Les passions d‟Emilie, marquise du Châtelet (Gallimard jeunesse) et la nouvelle « Mathématique » de B. Friot (in Encore des histoires pressées, Milan). Les élèves avaient aussi à leur disposition deux exemplaires de la collection les « Gouters philo» : Ce qu‟on sait et ce qu‟on ne sait pas et Croire et Savoir (Milan). Soulignons qu‟il existe dans la littérature de jeunesse contemporaine de nombreux ouvrages riches et très divers dans leur fond et leur forme qui permettent de faire réfléchir de jeunes enfants sur ces questions d‟épistémologie5. Ces récits (albums, contes, petits manuels de philosophie pour enfants) sont une excellente médiation pour la réflexion philosophique. Ils permettent de mettre la problématique à « bonne distance » : entre l‟expérience personnelle, trop chargée d‟affect et trop réduite chez de jeunes enfants, et le concept lui-même (comme ici la « Vérité »), trop abstrait et éloigné des préoccupations des élèves (Chirouter, 2008). Les objectifs conceptuels de cette séance étaient essentiellement de faire réfléchir les élèves sur la distinction entre croire et savoir, d‟interroger la notion de Vérité et plus globalement de tirer avec eux les leçons philosophiques de l‟allégorie platonicienne. Pour commencer la séance, nous avons donc lu l‟album de B. Jay, La caverne de Platon (Editions du Cheval Vert, 2009). Après la lecture, a commencé le débat interprétatif/réflexif sur le sens de l‟allégorie. Très rapidement, les élèves ont tenu à venir au tableau pour mimer la scène et mieux visualiser la position des prisonniers dans la caverne et la difficile ascension de celui qui en est tiré de force. Nous restituons les conclusions principales de ce débat qui a duré plus d‟une heure. Les élèves ont répondu aux questions d‟interprétation suivantes (entre guillemets les mots employés spontanément par les élèves) : - Qui sont les hommes de la caverne ? : Des hommes enchaînés par « l‟ignorance », « les préjugés », « les erreurs », « les croyances ». Que représentent-ils ? : « L‟ignorance », « les enfants », les « fous », les adultes prisonniers de « l‟ignorance », des « préjugés » ; - Que représentent les ombres ? : « L‟ignorance », les « préjugés », les « discriminations », le « racisme », la « bêtise », les « croyances » (dont « l‟astronomie », un débat entre deux élèves s‟est d‟ailleurs développé quelques minutes sur la différence entre l‟astronomie et l‟astrologie), la « superstition » ; - Qui est le prisonnier libéré ? : Le « philosophe », le « savant », « l‟enfant qui apprend », « quigrandit » ; - Décrivez ce qu‟il ressent quand il sort de la caverne : de la « douleur », de la « souffrance ». Les élèves ont alors rattaché cette idée à leur propre expérience d‟écolier. Apprendre est un acte difficile, auquel il est tentant de vouloir échapper. La position la plus facile et la plus confortable est effectivement de rester dans le confort de ses préjugés, de ses illusions, de ses erreurs. - De quel passage, de quel cheminement Platon nous parle-t-il ? : de la « caverne à la lumière », 4 Nous remercions Michelle Renaudeau, professeur des écoles, IMF à l‟IUFM du Mans, de nous avoir accueillis dans sa classe et d‟avoir répondu à l‟entretien. L‟intégralité de la retranscription de cette séance sera en ligne sur le site du LIMIER :http://www.lelimier.com/ (U. de Québec. Canada). 5 Voir site Ricochet : http://www.ricochet-jeunes.org/sommaire/ de « l‟ignorance au savoir », « de l‟enfant à l‟âge adulte » ; de « l‟erreur (des préjugés, des représentations, de la superstition) au savoir scientifique ». La maîtresse a alors rappelé aux élèves que l‟on parle du « siècle des Lumières » pour parler du XVIIIe siècle, époque de laïcisation de la science, de la pensée philosophique et de l‟organisation politique. Les élèves ont alors spontanément cité des noms de philosophes rattachés à ce courant : « Rousseau », « Diderot », « Voltaire ». - Pourquoi le prisonnier revient-il dans la caverne ? Il a une « mission ». Il doit « apporter la vérité », il doit « enseigner aux autres », les « sortir de l‟ignorance ». - Que se passe-t-il quand le prisonnier libéré revient dans la caverne : on se « moque de lui », on le « rejette », on « le tue ». A quels scientifiques ou philosophes cela vous fait-il penser ? « Socrate lui-même », « Galilée ». Pour conclure la séance, les élèves sont parvenus à expliciter trois grandes conclusions (grâce au rôle et à l‟étayage de l‟enseignant que nous n„avons pas le temps de décrire précisément ici). 1) La connaissance rend libre. Mais cette liberté a parfois un prix. Et il peut même être dangereux de vouloir connaître la vérité. Cependant, sortir de l‟ignorance est une nécessité car la caverne des préjugés est une prison qui laisse les hommes dans l‟illusion et l‟erreur. Les élèves ont rattaché cette leçon à leur expérience scolaire : pourquoi apprend-t-on à lire, à compter, à connaître l‟histoire ? Pourquoi va-t-on à l‟école ? A quoi ça sert d‟apprendre ? : pour être libre, ne pas être manipulé et pouvoir voter. Les élèves ont rappelé que la scolarisation obligatoire est récente dans notre histoire et que beaucoup d‟enfants dans le monde n‟ont toujours pas accès à ce droit. 2) Apprendre est un acte difficile, parfois très douloureux et déstabilisant. Le prisonnier souffre. Ce n‟est pas facile de changer d‟idées, de visions du monde, de reconnaître qu‟on s‟est trompé, de devenir autre et de grandir. Si apprendre est nécessaire pour être libre, c‟est aussi un chemin difficile. Parler de l'apprentissage (la douleur d'apprendre, mais aussi le plaisir d‟apprendre, le bonheur de savoir...) résonne chez les élèves. Ils notent aussi que le savoir s‟inscrit dans le temps, se construit patiemment et difficilement parce que d‟autres vérités ont été déconstruites. 3) Troisième grande leçon de ce débat : Il ne faut pas confondre croire et savoir. La connaissance scientifique dépend d‟une démarche et d‟une rigueur. Toute croyance est respectable si elle est bien consciente d‟être croyance. C‟est la confusion entre savoir et croyance qui mène au dogmatisme et au fanatisme. Dans une visée très cartésienne, à propos de la genèse de nos connaissances et de la notion de certitude, les élèves ont aussi abordé la question du handicap et du rôle que jouent les cinq sens dans l‟appropriation du monde : le savoir authentique est-il lié aux sens? Que peut-on connaître du monde quand on ne voit pas, quand on n‟entend pas ? Les handicapés sont-ils comme les hommes de la Caverne ? Ils ont aussi abordé les illusions d'optique et les expressions de la langue courante: « je n'en crois pas mes yeux ! », « je ne crois que ce que je vois ! ». Comment donc savoir ce qui est vrai ? Ils ont alors réfléchi sur la notion de preuve : peut-on être sûr de tout ? Faut-il faire confiance à ce que l‟on voit, à ce que l‟on sent ? Pour conclure et synthétiser la séance, Antoine déclare : « Dans le mythe de la caverne, Platon nous parle de la vérité et du chemin de la connaissance. Il nous montre que ce n‟est pas facile d‟apprendre et ça on le voit bien tous les jours à l‟école. Les ombres et les prisonniers c‟est les hommes dans l‟ignorance, les enfants et les fous… Ca veut dire qu‟on est tous dans la caverne mais qu‟avec des efforts on peut en sortir, même si c‟est pas facile… mais il faut le faire car apprendre ça rend libre. C‟est ça la leçon de la caverne. » Suite à cette séance, nous avons mené des entretiens semi-directifs avec la maîtresse titulaire de la classe sur les effets constatés dans la continuité de l‟atelier. Elle se montre déjà très surprise de la profondeur des échanges et le fait qu‟ils ont relié ce texte antique à leur expérience quotidienne d‟élèves confrontés à l‟acte d‟apprendre. Elle a également constaté que lors de la séance de SVT qui a suivi, ils ont spontanément réinvestis les réflexions de l‟atelier. (« C‟est comme ce qu‟on a dit avec sur le mythe de la Caverne ! »). Un élève très en difficulté se compare au prisonnier qui s‟échappe… La recherche va se poursuive l‟année prochaine pour continuer à évaluer les effets de ces moments de réflexion sur l‟attitude, le sens donné et les compétences des élèves dans les matières scientifiques, mais à la lumière de la richesse des propos et des conclusions apportées, nous pouvons déjà constater que ces élèves ont pu construire une posture réflexive et critique sur des questions complexes d‟épistémologie. Ils ont élaboré la distinction entre croire et savoir, et interrogé la question du dogmatisme. Ils ont mis en lumière le rôle libérateur de la connaissance, en la distinguant du bonheur et la rapprochant de leur expérience scolaire. Ils ont mis à jour et verbalisé la difficulté de l‟acte d‟apprendre et ont su rattacher le mythe antique à leur expérience quotidienne d‟écolier. Lors de la séance de sciences qui a suivi, ils ont réinvesti spontanément les réflexions philosophiques qu‟ils avaient développées et ont montré par-là que les ateliers philosophiques ne sont pas des moments déconnectés des autres apprentissages scolaires mais peuvent bien avoir des effets sur leur rapport aux savoirs. https://www.researchgate.net/publication/260287211_Les_effets_de_la_dimension_relationnelle_dans_la_relation_pedagogique_de_direction_de_memoire_en_Master Juste pour relativiser, cette séance est le résultat d'un long travail en amont, dont j'ai connaissance personnellement, et qui ne peut pas être menée telle quelle. Il y a eu auparavant beaucoup de lectures et une approche historique très rigoureuse sur de nombreux philosophes et savants.
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