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Edwige Chirouter, Philosopher à partir des albums jeunesse


André Jorge

Messages recommandés

Bonjour. :)

Voici de quoi occuper nos vacances... : :)

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Colloque Les Lumières de la fiction, Littérature (de jeunesse) et philosophie (avec les enfants), organisé en juin 2017 par Nathalie Prince (Professeur de Littérature générale et comparée à l’Université du Maine, Directrice du labo 3L.AM) et Edwige Chirouter (MCF-HDR en philosophie à l’Université de Nantes) et avec le soutien de la Chaire Unesco « pratiques de la philosophie avec les enfants », le programme EnJeu(x) de la Région des Pays de la Loire et l'Université du Maine.

 

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Je l'ai faite venir l'an dernier dans ma circo pour une conférence pédagogique : du pur bonheur ! Et en plus, elle est adorable, sympa, nature, ce qui ne gâche rien !

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J'ai eu la chance de l'avoir comme enseignante à l'Iufm. Si vous avez l'occasion de la croiser sur votre parcours, ne la loupez pas! ;)

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il y a 48 minutes, orely72 a dit :

Si vous avez l'occasion de la croiser sur votre parcours, ne la loupez pas! ;)

+ 1000 ! Pendant sa conférence, au bout de quelques minutes, j'ai arrêté de prendre des notes et j'ai "bu" ses paroles !

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Pour aller plus loin sur le thème de l'enseignement de la philosophie à l'école :

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Rencontres et Débats Autrement, dans le cadre de son projet de documentaire sur la "Pratique philosophique avec les enfants" vous propose quelques extraits d'interviews sur le sujet.

 

 

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Recherches en Education - n°13 - Janvier 2012 - Yvan Malabry & Edwige Chirouter: (travail que je connais bien pour des raisons personnelles):
 
Une séance sur l‟Allégorie de la Caverne au cycle 3
 
Avant  d‟analyser  les  effets  sur  le  long  terme  des  ateliers  de  philosophie,  il  nous  semblait essentiel d‟évaluer les capacités  réflexives  d‟élèves de cycle  3 sur ces  questions si complexes  d‟épistémologie. Jusqu‟où les élèves peuvent-ils mener leur réflexion dans ce domaine ? Quellessont les problématiques qui les interrogent et  les concernent ? Comment peuvent-ils définir le statut d‟une vérité scientifique, faire la distinction entre croire et savoir, et  s‟intéresser ainsi à la question de la genèse et du fondement de la vérité ? Nous avons ainsi choisi d‟effectuer nous- mêmes une séance d‟une heure et demie dans une classe classée ZEP du Mans, classe d‟une  IMF pratiquant  régulièrement des  ateliers de  réflexion philosophique avec  ses élèves (4).  Nous avons choisi de lire en début de séance une adaptation de l‟Allégorie de la caverne de Platon, récit fondateur sur la question de la Vérité et du processus d‟apprentissage.  
 
• Description du contexte et de la préparation de la séance
 
En amont de la séance de discussion, la maîtresse avait lu à haute voix aux élèves plusieurs albums sur les sciences et la question de la vérité : Les découvertes de Nick (Ecole des loisirs), La  malédiction  des  maths  (Seuil),  Sept  souris  dans  le  noir  (Milan),  Les  passions  d‟Emilie, marquise  du  Châtelet  (Gallimard  jeunesse)  et  la  nouvelle  « Mathématique »  de  B.  Friot  (in Encore  des  histoires  pressées,  Milan). Les  élèves  avaient  aussi  à  leur  disposition  deux exemplaires de la collection les « Gouters philo» : Ce qu‟on sait et ce qu‟on ne sait pas et Croire et  Savoir  (Milan).  Soulignons  qu‟il  existe  dans  la  littérature  de  jeunesse  contemporaine  de
nombreux ouvrages riches et très divers dans leur fond et leur forme qui permettent  de faire réfléchir de jeunes enfants sur ces questions d‟épistémologie5. Ces récits (albums, contes, petits manuels  de  philosophie  pour  enfants)  sont  une  excellente  médiation  pour  la  réflexion philosophique.  Ils  permettent  de  mettre  la  problématique  à  « bonne  distance » :  entre l‟expérience  personnelle,  trop  chargée  d‟affect  et  trop  réduite  chez  de  jeunes  enfants, et  le concept  lui-même (comme  ici la  « Vérité »),  trop abstrait  et  éloigné  des préoccupations  des élèves (Chirouter, 2008).
 
Les objectifs conceptuels de cette séance étaient essentiellement de faire réfléchir les élèves sur la distinction  entre croire  et savoir,  d‟interroger la  notion de  Vérité et  plus  globalement de  tirer avec eux les leçons philosophiques de l‟allégorie platonicienne.  
 
Pour  commencer  la  séance,  nous  avons  donc  lu  l‟album  de  B.  Jay,  La  caverne  de Platon (Editions du Cheval Vert, 2009). Après la lecture, a commencé le débat interprétatif/réflexif sur le sens de l‟allégorie. Très rapidement, les élèves ont tenu à venir au tableau pour mimer la scène et mieux visualiser la position des prisonniers dans la caverne et la difficile ascension de celui qui en est tiré de force.
 
Nous restituons les conclusions principales de ce débat qui a duré plus d‟une heure. Les élèves ont  répondu  aux  questions  d‟interprétation  suivantes  (entre  guillemets  les  mots  employés spontanément par les élèves) :  
 
-  Qui  sont  les  hommes  de  la caverne ? :  Des  hommes enchaînés  par  « l‟ignorance »,  « les préjugés »,  « les  erreurs »,  « les  croyances ».  Que  représentent-ils ? :  « L‟ignorance »,  « les enfants », les « fous », les adultes prisonniers de « l‟ignorance », des « préjugés » ;  
- Que représentent les ombres ? : « L‟ignorance », les « préjugés », les « discriminations », le « racisme », la « bêtise », les « croyances » (dont « l‟astronomie », un débat entre deux élèves s‟est d‟ailleurs développé quelques minutes sur la différence entre l‟astronomie et l‟astrologie), la « superstition » ;  
- Qui est le prisonnier libéré ? : Le « philosophe », le « savant », « l‟enfant qui  apprend », « quigrandit » ;
- Décrivez ce  qu‟il ressent quand  il sort de  la caverne : de la « douleur », de la « souffrance ».
Les élèves ont alors rattaché cette idée à leur propre expérience d‟écolier. Apprendre est un acte difficile, auquel il est tentant de vouloir échapper. La position la plus facile et la plus confortable est effectivement de rester dans le confort de ses préjugés, de ses illusions, de ses erreurs.  
- De quel passage, de quel cheminement Platon nous parle-t-il ? : de la « caverne à la lumière »,
                                                           
4 Nous remercions Michelle Renaudeau, professeur des écoles, IMF à l‟IUFM du Mans, de nous avoir accueillis dans sa classe et  d‟avoir  répondu  à  l‟entretien.  L‟intégralité  de  la  retranscription  de  cette  séance  sera  en  ligne  sur  le  site  du  LIMIER :http://www.lelimier.com/ (U. de Québec. Canada).
5 Voir site Ricochet : http://www.ricochet-jeunes.org/sommaire/

 de  « l‟ignorance  au  savoir »,  « de  l‟enfant  à  l‟âge  adulte » ;  de « l‟erreur  (des  préjugés,  des représentations, de la superstition)  au savoir  scientifique ». La  maîtresse a  alors rappelé  aux élèves  que  l‟on  parle  du  « siècle  des  Lumières »  pour  parler  du  XVIIIe  siècle,  époque  de laïcisation de la science, de la pensée philosophique et de l‟organisation politique. Les élèves ont alors  spontanément  cité  des  noms  de  philosophes  rattachés  à  ce  courant :  « Rousseau », « Diderot », « Voltaire ».
- Pourquoi le  prisonnier revient-il  dans la  caverne ? Il  a une  « mission ». Il  doit « apporter  la vérité », il doit « enseigner aux autres », les « sortir de l‟ignorance ».  
- Que se passe-t-il quand le prisonnier libéré revient dans la caverne : on se « moque de lui », on le  « rejette »,  on  « le  tue ».  A  quels  scientifiques  ou  philosophes  cela  vous  fait-il  penser ? « Socrate lui-même », « Galilée ».  
 
Pour conclure la séance, les élèves sont parvenus à expliciter trois grandes conclusions (grâce au rôle et à l‟étayage de l‟enseignant que nous n„avons pas le temps de décrire précisément ici).
 
1) La  connaissance  rend  libre.  Mais  cette  liberté  a  parfois  un  prix.  Et  il  peut  même  être dangereux de vouloir connaître la vérité. Cependant, sortir de l‟ignorance est une nécessité car la caverne des préjugés est une prison qui laisse les hommes dans l‟illusion et l‟erreur. Les élèves ont rattaché cette leçon à leur expérience scolaire : pourquoi apprend-t-on à lire, à compter, à connaître l‟histoire ? Pourquoi va-t-on à l‟école ? A quoi ça sert d‟apprendre ? : pour être libre, ne pas être manipulé et pouvoir voter. Les élèves ont rappelé que la scolarisation obligatoire est récente dans notre histoire et que beaucoup d‟enfants dans le monde n‟ont toujours pas accès à ce droit.  
 
2) Apprendre est un acte difficile, parfois très douloureux et déstabilisant. Le prisonnier souffre. Ce n‟est pas facile de changer d‟idées, de visions du monde, de reconnaître qu‟on s‟est trompé, de devenir autre et de grandir. Si apprendre est nécessaire pour être libre, c‟est aussi un chemin difficile. Parler de l'apprentissage (la  douleur  d'apprendre, mais  aussi  le  plaisir  d‟apprendre,  le bonheur  de  savoir...)  résonne  chez  les  élèves.  Ils  notent  aussi  que  le  savoir  s‟inscrit  dans  le temps, se construit patiemment et difficilement parce que d‟autres vérités ont été déconstruites.
 
3)  Troisième  grande  leçon  de  ce  débat :  Il  ne  faut  pas  confondre  croire  et  savoir.  La connaissance  scientifique  dépend  d‟une  démarche  et  d‟une  rigueur.  Toute  croyance  est respectable  si  elle  est  bien  consciente  d‟être  croyance.  C‟est  la  confusion  entre  savoir  et croyance qui mène au dogmatisme et au fanatisme. Dans une visée très cartésienne, à propos de la genèse de nos connaissances et de la notion de certitude, les élèves ont aussi abordé la question du handicap  et du  rôle que  jouent les  cinq sens  dans  l‟appropriation  du  monde : le savoir authentique est-il lié aux sens? Que peut-on connaître du monde quand on ne voit pas, quand on  n‟entend pas ? Les handicapés sont-ils comme les hommes de la Caverne ? Ils ont aussi abordé les illusions d'optique et les expressions de la langue courante: « je n'en crois pas
mes yeux ! », « je ne crois que ce que je vois ! ». Comment donc savoir ce qui est vrai ? Ils ont alors réfléchi sur la notion de preuve : peut-on être sûr de tout ? Faut-il faire confiance à ce que l‟on voit, à ce que l‟on sent ?  
 
Pour conclure et synthétiser la séance, Antoine déclare : « Dans le mythe de la caverne, Platon nous parle de la vérité et du chemin de la connaissance. Il nous montre que ce n‟est pas facile d‟apprendre et ça on le voit bien tous les jours à l‟école. Les ombres et les prisonniers c‟est les hommes dans l‟ignorance, les enfants et les fous… Ca veut dire qu‟on est tous dans la caverne mais  qu‟avec  des  efforts  on  peut en  sortir,  même  si  c‟est pas  facile…  mais  il  faut  le  faire  car apprendre ça rend libre. C‟est ça la leçon de la caverne. »
 
Suite à cette séance, nous avons mené des entretiens semi-directifs avec la maîtresse titulaire de  la classe  sur  les  effets  constatés  dans  la  continuité  de  l‟atelier.  Elle  se  montre  déjà  très surprise de la profondeur des échanges et le fait qu‟ils ont relié ce texte antique à leur expérience quotidienne d‟élèves  confrontés  à  l‟acte d‟apprendre. Elle  a  également  constaté que  lors de  la séance de SVT qui a suivi, ils ont spontanément réinvestis  les  réflexions  de  l‟atelier.  (« C‟est comme ce qu‟on a dit avec sur le mythe de la Caverne ! »). Un élève très en difficulté se compare au prisonnier qui s‟échappe… La recherche va se poursuive l‟année prochaine pour continuer à
évaluer les effets de ces moments de réflexion sur l‟attitude, le sens donné et les compétences des élèves dans les matières scientifiques, mais à la lumière de la richesse des propos et des conclusions  apportées,  nous pouvons  déjà  constater  que  ces élèves  ont  pu  construire  une posture  réflexive  et  critique  sur  des  questions  complexes  d‟épistémologie.  Ils  ont  élaboré  la distinction entre croire et savoir, et interrogé la question du dogmatisme. Ils ont mis en lumière le rôle  libérateur  de  la  connaissance,  en  la  distinguant  du  bonheur  et  la  rapprochant de  leur expérience scolaire.  Ils  ont  mis  à  jour  et  verbalisé  la  difficulté  de  l‟acte  d‟apprendre et  ont  su rattacher le mythe antique à leur expérience quotidienne d‟écolier. Lors de la séance de sciences qui  a  suivi,  ils  ont  réinvesti  spontanément  les  réflexions  philosophiques  qu‟ils  avaient
développées et  ont montré par-là  que les  ateliers philosophiques ne  sont pas  des moments déconnectés des autres apprentissages scolaires mais peuvent bien  avoir des effets  sur leur rapport aux savoirs.
 
Juste pour relativiser, cette séance est le résultat d'un long travail en amont, dont j'ai connaissance personnellement, et qui ne peut pas être menée telle quelle. Il y a eu auparavant beaucoup de lectures et une approche historique très rigoureuse sur de nombreux philosophes et savants.
 
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Merci pour cette contribution. :)

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  • 2 années plus tard...

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