Freepaille Posté(e) 7 mai 2018 Posté(e) 7 mai 2018 il y a 1 minute, borneo a dit : On t'a enseigné quoi, exactement, au niveau lecture, à l'IUFM ? J'ai débuté en CP/CE1 (la classe qu'on garde pour les nouveaux), et j'ai réalisé que je n'avais eu aucun cours sur la lecture à l'IUFM. J'ai donc pris Ratus, que je connaissais grâce à mes enfants. Je ne peux pas dire que je n'ai pas eu de cours sur l'apprentissage de la lecture. On a trié des méthodes de lecture, on a porté aux nues "lecture en fête" qui était une méthode moderne et merveilleuse (c'était en 93) et conspué "Ratus" et "Gafi" qui étaient des aberrations pédagogiques. Mais le must, c'était la lecture découverte des albums (un peu comme Ribambelle mais à faire soi même car, à l'époque, ce genre de méthodes toutes faites n'existaient pas encore). Notre IUFM était à côté d'une école d'application et l'on avait assisté à une séance de lecture découverte, je m'en souviens encore. De plus, j'ai eu l'honneur de faire mon premier stage de 3 semaines dans une GS-CP de cette école, je peux te dire que j'ai bien consciencieusement appliqué tout ce que j'ai observé avec des étoiles plein les yeux.
ratatouille Posté(e) 7 mai 2018 Posté(e) 7 mai 2018 il y a 4 minutes, Pepettebond a dit : je déchiffre , je ne lis pas puisque je ne parle aucune de ces deux langue. déchiffrer c'est un mécanisme ... C'est bien pour cette raison que tu ne te trouves pas, me semble-t-il, dans la position de nos élèves francophones apprentis lecteurs. Imaginons que tu maitrise la langue orale arabe ou chinoise, ne crois-tu pas que ton déchiffrage deviendrait alors ce que l'on appelle de la lecture ? il y a 4 minutes, Pepettebond a dit : comme l'on peut réciter la comptine numérique sans savoir compter ... La, je ne suis pas le raisonnement et ne vois pas le rapport avec la lecture.
Pepettebond Posté(e) 7 mai 2018 Posté(e) 7 mai 2018 il y a 2 minutes, ratatouille a dit : C'est bien pour cette raison que tu ne te trouves pas, me semble-t-il, dans la position de nos élèves francophones apprentis lecteurs. Imaginons que tu maitrise la langue orale arabe ou chinoise, ne crois-tu pas que ton déciffrage deviendrait alors ce que l'on appelle de la lecture ? La, je ne suis pas le raisonnement et ne vois pas le rapport avec la lecture. Dire l'alphabet, ce n'est pas lire. La mécanique ... ce n’est pas rouler .... faut aussi l'essence.
ratatouille Posté(e) 7 mai 2018 Posté(e) 7 mai 2018 Mais les élèves ne disent pas l'alphabet ! Ils lisent des mots en les découpant visuellement en syllabes. Et en ayant automatisé, par le biais d'une progression réfléchie, les correspondances entre les sons et les lettres. Progression qui va leur permettre petit à petit de découvrir les difficultés de notre langue sans les submerger dès le départ. Je ne connais d'ailleurs pas de méthode mixte qui fasse l'économie de cette relation entre lettre et son, et qui ne procède à un moment ou à un autre au découpage de mots en syllabes pour effectuer des comparaisons. Au-delà de ces questions de départ syllabique ou global, l'attention devrait certainement davantage se porter sur la place de l'écrit. Depuis bien longtemps maintenant nombre de pédagogues de terrain ou de chercheurs ont montré que celui-ci précède la lecture, et qu'une articulation étroite entre production de textes et lecture est la meilleure garantie d'un apprentissage solide de la lecture. 1
montagny Posté(e) 8 mai 2018 Posté(e) 8 mai 2018 Il y a 10 heures, ratatouille a dit : articulation étroite entre production de textes et lecture est la meilleure garantie d'un apprentissage solide de la lecture. +1 J'ai eu des élèves non francophones qui sont entrés dans la lecture du français par l'encodage. D'ailleurs l'écriture a précédé la lecture puisque pour lire il faut une écriture.
LouisBarthas Posté(e) 8 mai 2018 Posté(e) 8 mai 2018 Il y a 16 heures, prof désécol a dit : Je répète ma question à laquelle tu n'as pas répondu : LouisBarthas, as-tu déjà travaillé avec d'autres méthodes que Léo et Léa, mais mixtes ? Désolé, je ne peux pas répondre à tous ou tout de suite, j'essaie d'aller à l'essentiel. J'ai eu un CP lors ma deuxième année d'enseignement, au début des années 80, nommé d'office sans aucune formation. J'ai pris la méthode mixte qu'il y avait dans l'école, Daniel et Valérie. Je n'avais que des idées préconçues sur la lecture, très vagues. J'aurais souhaité la méthode Lecture en fête qui était récente à l'époque, une méthode globale avec de beaux textes poétiques, sans aucun déchiffrage dans mon souvenir, mais je n'avais pas d'argent pour l'acheter. Aujourd'hui, je suis soulagé de ne pas l'avoir utilisée ! Je m'en suis pas mal sorti avec un peu de bon sens, le prêt précieux par un collègue d'affichettes dessinées des lettres et des sons ( à l'époque, il n'y avait pas d'ordinateur), et puis le souvenir de la parole précieuse de ma conseillère pédagogique de l'année précédente qui m'avait dit que les orthophonistes centraient l'attention de l'enfant sur la lettre plutôt que le mot pour rééduquer les enfants qui avaient des difficultés à apprendre à lire. Après, je me suis désintéressé de la question de la lecture. J'ai été brigade quelques années puis j'ai obtenu une classe de CM2 que j'ai gardée plus de dix ans. A l'époque, tous les élèves qui arrivaient dans ma classe lisaient couramment. Je donnais trois pages de roman à lire par jour ainsi qu'une lecture d'un manuel de lecture - à l'époque, il y en avait !). On faisait donc deux séances de lecture par jour. Celle-ci n'était qu'une formalité, fluide, aussi rapide que la mienne pour la plupart. Je faisait travailler l'intonation, les liaisons, on ne s'occupait que de compréhension. Des rumeurs commençaient à courir sur la baisse du niveau en lecture, mais je n'y prêtais pas trop foi, ne rencontrant pas de problèmes dans mon école. J'ai commencé à avoir quelques interrogations lorsque des élèves arrivant d'ailleurs avaient des difficultés à lire, sans provenir de milieux défavorisés. Je pensais qu'ils ne lisaient pas assez la maison. Ce n'est que lorsque j'ai changé d'école, dans une commune limitrophe au milieu social à-peu-près semblable que j'ai commencé à me poser de sérieuses questions. Le niveau de lecture de mes CM2 était déplorable : la plupart avaient une lecture hésitante, saccadée, bloquaient sur des mots, en commençaient un correctement pour le terminer différemment. Incapables de lire ce qui était écrit, le travail de compréhension restait limité. C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à approfondir la question de l'apprentissage de la lecture. J'ai pris un CP dans une commune limitrophe. J'ai enseigné avec une méthode strictement alphabétique, Léo et Léa, mise au point par des orthophonistes (celle vilipendée par E. Charmeux, la grande prêtresse globaliste du "sens" à l'époque), alors que ma collègue utilisait depuis longtemps une méthode mixte très globale, Grindelire. Aux évaluations de fin de CP que le RASED de circonscription a fait passer, j'ai eu 100% de réussite alors que ma collègue connaissait 1/3 d'échecs. Cette proportion de 1/3 d'élèves n'ayant pas un niveau suffisant en lecture en entrant au CE1 se retrouve à-peu-près partout. Il y a quelques règles à respecter : plus l'apprentissage est alphabétique (le terme syllabique n'est pas approprié), plus on travaille la conscience phonémique son par son, plus on associe écriture et lecture en respectant l'ordre dans la trilogie : 1. entendre - 2. écrire - 3. lire (la lecture vient en dernier dans l'apprentissage), moins il y a de mots-outils et d'étiquettes-mots (ça fait travailler le cerveau à l'envers et crée de mauvaises connexions neuronales), moins on sépare le décodage de la compréhension, et mieux l'enfant apprendra à lire.
majal Posté(e) 8 mai 2018 Posté(e) 8 mai 2018 Il y a 2 heures, LouisBarthas a dit : Désolé, je ne peux pas répondre à tous ou tout de suite, j'essaie d'aller à l'essentiel. J'ai eu un CP lors ma deuxième année d'enseignement, au début des années 80, nommé d'office sans aucune formation. J'ai pris la méthode mixte qu'il y avait dans l'école, Daniel et Valérie. Je n'avais que des idées préconçues sur la lecture, très vagues. J'aurais souhaité la méthode Lecture en fête qui était récente à l'époque, une méthode globale avec de beaux textes poétiques, sans aucun déchiffrage dans mon souvenir, mais je n'avais pas d'argent pour l'acheter. Aujourd'hui, je suis soulagé de ne pas l'avoir utilisée ! Je m'en suis pas mal sorti avec un peu de bon sens, le prêt précieux par un collègue d'affichettes dessinées des lettres et des sons ( à l'époque, il n'y avait pas d'ordinateur), et puis le souvenir de la parole précieuse de ma conseillère pédagogique de l'année précédente qui m'avait dit que les orthophonistes centraient l'attention de l'enfant sur la lettre plutôt que le mot pour rééduquer les enfants qui avaient des difficultés à apprendre à lire. Après, je me suis désintéressé de la question de la lecture. J'ai été brigade quelques années puis j'ai obtenu une classe de CM2 que j'ai gardée plus de dix ans. A l'époque, tous les élèves qui arrivaient dans ma classe lisaient couramment. Je donnais trois pages de roman à lire par jour ainsi qu'une lecture d'un manuel de lecture - à l'époque, il y en avait !). On faisait donc deux séances de lecture par jour. Celle-ci n'était qu'une formalité, fluide, aussi rapide que la mienne pour la plupart. Je faisait travailler l'intonation, les liaisons, on ne s'occupait que de compréhension. Des rumeurs commençaient à courir sur la baisse du niveau en lecture, mais je n'y prêtais pas trop foi, ne rencontrant pas de problèmes dans mon école. J'ai commencé à avoir quelques interrogations lorsque des élèves arrivant d'ailleurs avaient des difficultés à lire, sans provenir de milieux défavorisés. Je pensais qu'ils ne lisaient pas assez la maison. Ce n'est que lorsque j'ai changé d'école, dans une commune limitrophe au milieu social à-peu-près semblable que j'ai commencé à me poser de sérieuses questions. Le niveau de lecture de mes CM2 était déplorable : la plupart avaient une lecture hésitante, saccadée, bloquaient sur des mots, en commençaient un correctement pour le terminer différemment. Incapables de lire ce qui était écrit, le travail de compréhension restait limité. C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à approfondir la question de l'apprentissage de la lecture. J'ai pris un CP dans une commune limitrophe. J'ai enseigné avec une méthode strictement alphabétique, Léo et Léa, mise au point par des orthophonistes (celle vilipendée par E. Charmeux, la grande prêtresse globaliste du "sens" à l'époque), alors que ma collègue utilisait depuis longtemps une méthode mixte très globale, Grindelire. Aux évaluations de fin de CP que le RASED de circonscription a fait passer, j'ai eu 100% de réussite alors que ma collègue connaissait 1/3 d'échecs. Cette proportion de 1/3 d'élèves n'ayant pas un niveau suffisant en lecture en entrant au CE1 se retrouve à-peu-près partout. Il y a quelques règles à respecter : plus l'apprentissage est alphabétique (le terme syllabique n'est pas approprié), plus on travaille la conscience phonémique son par son, plus on associe écriture et lecture en respectant l'ordre dans la trilogie : 1. entendre - 2. écrire - 3. lire (la lecture vient en dernier dans l'apprentissage), moins il y a de mots-outils et d'étiquettes-mots (ça fait travailler le cerveau à l'envers et crée de mauvaises connexions neuronales), moins on sépare le décodage de la compréhension, et mieux l'enfant apprendra à lire. Le guide orange essaie de justifier l'usage du terme syllabique, page 22.
Pepettebond Posté(e) 8 mai 2018 Posté(e) 8 mai 2018 Il y a 2 heures, LouisBarthas a dit : Il y a quelques règles à respecter : plus l'apprentissage est alphabétique (le terme syllabique n'est pas approprié), plus on travaille la conscience phonémique son par son, plus on associe écriture et lecture en respectant l'ordre dans la trilogie : 1. entendre - 2. écrire - 3. lire (la lecture vient en dernier dans l'apprentissage), moins il y a de mots-outils et d'étiquettes-mots (ça fait travailler le cerveau à l'envers et crée de mauvaises connexions neuronales), moins on sépare le décodage de la compréhension, et mieux l'enfant apprendra à lire. donc méthode phonologique.... qui part de la chaine parlée et entendue
LouisBarthas Posté(e) 8 mai 2018 Posté(e) 8 mai 2018 Sur quelques idées reçues : Aussi longtemps que je marche, je ne tombe pas et vois toujours l'horizon : il est évident que la Terre est plate. Le matin, le Soleil brille d'un côté, le soir il se couche à l'opposé : alors que rien n'a bougé autour de moi, il est évident que le Soleil tourne autour de la Terre. Du XVIe au XVIIIe siècle, la saignée (terme ancien désignant un prélèvement sanguin) pratiquée sur un malade afin d'améliorer son état a occupé une place prépondérante parmi les pratiques thérapeutiques. Quand le sang se révèle infecté par la maladie, il est évident que soustraire à la circulation du sang malade hâtera la guérison du malade. Quand on lit, on reconnaît une suite de mots qui ont du sens. Il est évident que pour bien apprendre à lire il faut faire lire de vrais textes et non segmenter les mots en lettres et syllabes qui n'ont aucun sens. Les idées reçues procurent reconnaissance et sécurité. Puisque mes pairs pensent comme ça, et que les gens qui décident de mon statut et de ma carrière me disent que je dois penser ainsi, il est rassurant que je m'y conforme. « Le véritable ennemi, c’est l’esprit réduit à l’état de gramophone, et cela reste vrai que l’on soit d’accord ou non avec le disque qui passe à un certain moment. » George Orwell, Essais, articles, lettres, tome 3 (1943-1945) 1
LouisBarthas Posté(e) 8 mai 2018 Posté(e) 8 mai 2018 il y a 6 minutes, Pepettebond a dit : Ah, ton sourire me fait du bien. 😊
Pepettebond Posté(e) 8 mai 2018 Posté(e) 8 mai 2018 J'avais en réserve une réponse mais bon .... Un sourire est plus efficace, je pense et j'assume même si je me trompe sur cette efficacité. 🙃
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