juliette94 Posté(e) 10 novembre 2018 Posté(e) 10 novembre 2018 Bonjour à tous, Je viens vers vous car je ne sais pas comment réagir face à cet élève qui refuse de monter en classe. je suis à mi-temps dans cette classe et ma collègue rencontre le même problème. Cet élève est exclu en ce moment de la cantine. Il y revient lundi. Il a donc mangé chez lui le midi. Mardi et vendredi, à cause de petites disputes avec un copain, il a refusé de monter en classe à la fin de la pause méridienne. Le directeur a été appelé pour le gérer. Il est resté avec lui toute l'après-midi car il refusait de revenir. Hier, alors qu' il jouait joyeusement avec ses camarades pendant la récréation 🙄, j'ai essayé de lui parler mais il s'éloignait à chaque fois que je m'approchais. Il est revenu à 16h30 récupérer ses affaires. Pas d'excuse, il ne me répondait pas. L'école est en conflit avec la mère, déjà deux plaintes contre elle cette année, le grand-frère a été exclu de cette école il y a 2 ans. Plusieurs signalements ont été effectué, la fratrie est en grande souffrance, la mère est extrêmement agressive et fermée à toute discussion. L'élève est au courant de tout car la mère revendique auprès de ses enfants sa haine contre le système. L'élève est assez isolé car les autres le craignent, il a une grande sensibilité. est très intelligent et réussit scolairement. Il vit dans la misère financière et affective, le père absent. Un pauvre gamin en somme 😟. Je n'avais jamais eu de problèmes avec lui avant hier. Il était adorable jusqu'à la fin du cm1. Cela fait donc un peu plus de 6 mois que les choses ne vont plus bien et cela empire de semaine en semaine. Je pense contacter la psy et demander une équipe éducative. Il a besoin d'aide rapidement. Je suis contre les punitions mais je suis persuadée qu'il cherche les limites et qu'il a besoin d'être sanctionné; qu'on lui rappelle la loi scolaire (respect, sécurité). Il revient lundi avec l'autre enseignante qui ne l'a pas vu mardi après-midi, je le vois jeudi prochain alors que je ne l'ai pas vu vendredi après-midi. Nous aimerions trouver une sanction qui a du sens, une réparation. Je lui demanderait bien son avis: "Que pourrais-tu faire pour réparer ton erreur?" "pour excuser ton comportement". S'il n'est pas braqué, il est capable d'avoir une bonne idée car il sait faire plein de chose et aime bien faire des cadeaux à la classe (dessin, affichage des tables de multiplication, etc) mais s'il est braqué il partira en courant dans l'autre sens. Que feriez-vous? Exiger réparation dès 8h30? dans la cour avant de monter bien sûr. Attendre la récréation? Attendre le conseil des maîtres spécial "élève difficile" mardi? Je précise qu'il s'agit d'une REP et que ce n'est pas un cas isolé. L'équipe a besoin de travailler sur la gestion de conflit pour apporter une réponse claire et adaptée; pour que les élèves comprennent les limites et soient sanctionnés; pour qu'ils puissent enfin se construire et trouver un peu de sérénité. D'autre part, je cherche une solution pour qu'il n'aille pas chez le directeur mais dans une classe quand il craque comme ça. Le directeur peut être amené à recevoir quelqu'un et à le faire sortir quelques minutes du bureau pour passer un coup de fil. Il se retrouverait sous une surveillance trop légère à mon goût vu son état psychologique. Merci d'avoir lu mon pavé! Merci pour vos réponses!
blacknader Posté(e) 10 novembre 2018 Posté(e) 10 novembre 2018 J'ai l'impression que ces comportements d'élèves sont de plus en plus fréquents dans les écoles, et on se trouve souvent démuni face à ça. De notre côté, quand un enfant est en "crise", qu'il s'échappe, qui ne veut pas suivre les autres, on a mis un protocole sur l'école : - toujours 2 adultes qui restent avec lui (on réquisitionne une AVS et une enseignante - une autre AVS réquisitionnée s'occupe de la classe sans enseignant et on laisse une porte ouverte avec la classe mitoyenne) - si la "crise" dure peu de temps et que l'enfant se calme vite, est capable de reprendre la classe, il y a retourne - si la "crise" dure peu de temps et que l'enfant se calme vite, mais refuse la classe, on l'accueille dans une autre classe où il a au début un temps pour continuer de s'apaiser (livre fond de classe) puis on lui amène son travail (il le fait ou non) puis regagne sa classe - si la "crise" dure trop long, que l'enfant n'entend rien, on appelle la famille pour qu'elle vienne le chercher (si personne ne peut venir chercher l'enfant, on prévient la famille qu'on appelle les pompiers) Pour ce qui est de la "réparation", soit l'enfant va simplement faire des excuses orales à l'enseignant car la crise a été courte, soit on instaure un temps de dialogue avec l'enseignant autour de la gestion des émotions, soit un temps de réflexion écrit suivi d'un dialogue avec l'enseignant. Les parents sont informées de ce qu'il s'est passé en classe. Hélas, parfois, les crises sont tellement fréquentes avant d'installer un suivi psy qui va également prendre du temps pour démarrer et porter ses fruits ou de pouvoir installer un aménagement du temps scolaire. Ces enfants qui peuvent avoir des comportements imprévisibles ne vont pas toujours en sortie scolaire pour des questions de sécurité. On essaie le plus possible d'éviter le passage dans le bureau du directeur faute de moyen humain et aussi pour montrer qu'à l'école les élèves sont en classe et travaillent. Je ne te réponds pas directement à ta réponse mais ne connaissant pas l'élève, le degré de la "crise" c'est difficile d'avoir la réponse adéquate. Par contre, l'élève a passé une après-midi entière avec le directeur, pour moi c'est trop, l'élève peut se sentir "vainqueur". Il ne voulait pas rentrer en classe, il a complètement gagné, car il n'y a pas été, il n'a été dans aucune classe, il est resté avec le directeur, un adulte pour s'occuper de lui à plein temps, c'est une "victoire" pour un enfant en souffrance. A ta place, j'enverrais ton post directement au psy scolaire pour l'informer et avoir des éléments de réponse et de conduite à tenir avec cet élève. Bon courage !
juliette94 Posté(e) 10 novembre 2018 Auteur Posté(e) 10 novembre 2018 Merci pour ta réponse. Quand je travaillais dans le Val de Marne on avait le même protocole. On finissait très souvent par appeler les parents et on leur disait que sans réponse on appelait les pompiers. On n'a jamais eu l'occasion de les appeler, toi oui? Je suis complètement d'accord avec toi sur le côté "vainqueur".
blacknader Posté(e) 10 novembre 2018 Posté(e) 10 novembre 2018 Oui appel aux pompiers déjà fait avec déplacement, également appel à la police municipale car la violence à l'égard des adultes étaient trop importante - à un moment quand les parents ne veulent pas entendre la souffrance de leur enfant, ne veulent pas apporter des soins, que les parents ne veulent pas se déplacer pour venir chercher leur enfant, on en passe par là... et quand on en passe par là, c'est qu'on a essayé tout ce qu'on pouvait, l'équipe est généralement bien usée, c'est notre dernier recours.
juliette94 Posté(e) 10 novembre 2018 Auteur Posté(e) 10 novembre 2018 Du coup qu'avez-vous dit aux pompiers ou aux policiers?
Goëllette Posté(e) 10 novembre 2018 Posté(e) 10 novembre 2018 Il y a 2 heures, blacknader a dit : Par contre, l'élève a passé une après-midi entière avec le directeur, pour moi c'est trop, l'élève peut se sentir "vainqueur". Il ne voulait pas rentrer en classe, il a complètement gagné, car il n'y a pas été, il n'a été dans aucune classe, il est resté avec le directeur, un adulte pour s'occuper de lui à plein temps, c'est une "victoire" pour un enfant en souffrance. Tout dépend ensuite de l'attitude du directeur. S'il ne se passe rien, là, oui, l'enfant a gagné, mais si le directeur convoque immédiatement les parents, met un mot dans le cahier de liaison, les appelle ET remonte en classe avec lui à la fin de la demi-journée pour qu'il présente ses excuses devant lui, non, là, l'enfant n'a pas gagné, car on lui a montré que ce qu'il a fait n'est pas correct. As-tu discuté avec le directeur de ce qui s'est passé et lui as demandé la suite qu'il compte donner à ce comportement ? Y a-t-il un règlement d'école sur lequel s'appuyer pour trouver la bonne "punition" ? Lorsque j'étais directrice, j'avais régulièrement des élèves qui m'étaient envoyés dans mon bureau mes jours de décharge. Je discutais avec eux et, en fonction de leur réaction, soit je les raccompagnais dans leur classe pour présenter des excuses, soit je les gardais pour, en fonction du problème, rédiger une lettre, faire des lignes, des exercices, le travail prévu par le maître, ..., des TIG, pour les plus rebelles (compter des feuilles, trier des livres, ...), avec moi, pour laisser souffler le collègue ou l'élève et avoir la possibilité d'avoir une discussion dans un autre contexte, pour l'amener à prendre conscience de ses actes et réfléchir à un autre comportements. Et à la première occasion, j'en discutais avec le collègue pour faire le point et trouver une solution pérenne.
blacknader Posté(e) 10 novembre 2018 Posté(e) 10 novembre 2018 il y a 19 minutes, Goëllette a dit : Tout dépend ensuite de l'attitude du directeur. L'enfant a passé toute l'après-midi avec le directeur, donc pour moi, oui c'est une "victoire" pour l'enfant
blacknader Posté(e) 10 novembre 2018 Posté(e) 10 novembre 2018 il y a une heure, juliette94 a dit : Du coup qu'avez-vous dit aux pompiers ou aux policiers? J'ai expliqué qu'on avait un enfant en crise, qu'on devait le contenir pour l'isoler dans une pièce sécurité, qu'on devait le maitriser car qu'on le lachait il cherchait à se faire mal, coups de pied, tete, poing dans mur (on appelle quand on a "contenu" depuis plus de 20 min, qu'on arrive à rien, que l'enfant ne redescend pas, que la famille ne peut pas venir chercher l'enfant) - On dit tout ce qu'on a fait en amont, enfant isolé dans pièce "sécurité" avec plusieurs adultes, issues bloquées que plusieurs classes sont laissées sans surveillance. A chaque fois les pompiers se sont déplacés, la police également quand plusieurs enseignants se sont pris des coups, des jets de matériels et meubles, que la sécurité dans l'école est très mise à mal. 1
Goëllette Posté(e) 10 novembre 2018 Posté(e) 10 novembre 2018 Il y a 2 heures, blacknader a dit : L'enfant a passé toute l'après-midi avec le directeur, donc pour moi, oui c'est une "victoire" pour l'enfant Tout dépend de ce qu'il y a fait et de ce qui suivra ...
Frédo45 Posté(e) 10 novembre 2018 Posté(e) 10 novembre 2018 Je suis surpris par une phrase que tu as écrite. Tu déclares être contre les punitions. Mais la sanction fait partie des règles de vie en société. Quand tu dépasses la limite de vitesse autorisée, tu es puni par la loi d'une amende et d'un retrait de points. Et c'est normal (même si çà et là, on peut discuter de la dureté de la sanction). Mais si on met en place des règles, c'est pour le bien commun et quand on les transgresse, il faut prévoir des sanctions en rapport avec la gravité de la transgression. Et le fait que ce soit un "pauvre gamin" n'y change rien. On n'établit pas des sanctions en fonction de l'origine sociale des enfants. On va encore me dire que je suis brut mais quelque part, le problème, il est peut-être déjà là. Nous ne sommes pas des assistants sociaux. Vous avez effectué des signalements. Très bien. Maintenant les assistants sociaux et la justice doivent intervenir. En ce qui concerne l'école, vous avez fait ce qu'il fallait mais ni vous ni vos élèves n'ont à subir les caprices et incivilités d'un élève, aussi malheureux soit-il.
juliette94 Posté(e) 10 novembre 2018 Auteur Posté(e) 10 novembre 2018 Frédo, je fais une différence entre la punition (suite du non respect des règles instaurées en classe, montrer mon autorité) et la sanction (suite du non respect de la "loi" scolaire). Je pense que les punitions me font surtout du bien à moi donc j'essaie de les éviter et j'ai plus de résultat (ça m'arrive de sucrer 2 minutes de récré mais je trouve que ça a ses limites). C'est un pauvre gamin dans le sens où personne ne peut l'aider, la justice met un temps fou à agir et quand elle agira, l'intégration sera difficile dans un centre ou une nouvelle famille. Je suis bien d'accord avec toi et c'est parce qu'il n'y a pas eu de sanction en 2 fois qu'il a séché cette semaine que je vous écris. Il doit et il va être sanctionné lundi matin par la collègue à qui il a fait le coup mardi. et si je dis pauvre gamin, c'est pour vous donner le contexte pour avoir des conseils éclairés. Le dialogue est coupé avec la mère qui va perdre ses droits parentaux dans pas longtemps. Le tout est de trouver la bonne sanction et la bonne réaction pour la prochaine récidive.
juliette94 Posté(e) 10 novembre 2018 Auteur Posté(e) 10 novembre 2018 Göelette, je pense qu'il n'y a pas eu de discussion avec le directeur. L'élève est resté à l’extérieur du bureau. Je ne connais pas bien cette école mais j'ai bien compris que le directeur n'était pas très aidant dans ce cas là. Un conseil des maîtres est prévu mardi pour parler de ces élèves et bien sûr je suis sur une autre école ce jour. Je prépare un petit mail pour participer quand même.
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