Barbotine93 Posté(e) 24 avril 2006 Posté(e) 24 avril 2006 J'ai lu la fabrique des crétins. N'ayant pas la télé, je n'ai jamais entendu les discours de l'auteur. Je trouve le livre un peu léger notamment sur son approche de la primaire mais j'avoue qu'il m'a interpellé sur les questions de fonds et notamment sur l'enseignement du français au collège et au lycée. Je n'ai pas les bagages suffisants pour vérifier si ce qu'il dit est juste mais en tout cas le discours sur le saussissonage des connaissances m'a impressionné. Je n'aurai qu'une remarque à faire sur la discussion et j'avoue que je retrouve souvent cet amalgame. Pourquoi pédagogie classique veut-elle forcément dire dictature ou en tout cas sévérité. Je pense qu'avec le temps et avec le parcours scolaire de mon fils qui est dans une école d'application, je me dirige de plus en plus vers un enseignement dit classique. Je suis exigente avec mes élèves mais j'espère être juste. Je leur demande beaucoup mais je ne crois pas qu'ils viennent à l'école avec la peur au ventre. Nous rigolons, nous faisons des blagues. Je les écoute. Je suis attentive à leurs humeurs, leurs confidences. J'accepte leurs petits bisous, leurs mains tendues. Je sèche leurs larmes. Je règle les conflits dans la cour. Pour moi, l'enfant est évidemment au centre de ma pédagogie. Toutefois, les tables sont disposées classiquement car je ne me sens pas capable de gérer les regroupements et les éventuels bavardages. Dans notre école, qui était qualifiée de classique par l'ancienne inspectrice, l'ambiance avec les élèves est franchement sympathique. On essaie de régler les conflits le plus possible. On les écoute. Notre directeur est d'ailleurs très doué pour cela. Alors arrêtons de dire : classique = terreur et nouvelle pédagogie = épanouissement.
Anwamanë Posté(e) 24 avril 2006 Posté(e) 24 avril 2006 Personne ne fait d'amalgame me semble t'il... On parle de certaines personnes... Mais d'un autre côté n'en fais tu pas aussi en laissant croire que "nouvelle pédagogie" = pas exigeant. Quant à la disposition de la classe ce n'est qu'un détail. Lors de mon remplacement j'avais mis les tables comme quand j'étais petite...parce que cela me convenait mieux pour aller voir les élèves etc... Ce n'est pas la dictature d'un côté et le laxisme de l'autre...
maille1 Posté(e) 24 avril 2006 Posté(e) 24 avril 2006 On peut voir Jean-Paul Brighelli sur l'enregistrement de l'émission Arrêt sur Images, sur le site de France 5, consacrée à l'analyse du documentaire Ecoles en France. Je ne connaissais vaguement que son ouvrage "La fabrique du crétin", mais après l'avoir entendu parler, je ne veux pas du tout en savoir plus : sa conception de ce qu'est un enfant m'inquiète beaucoup, et j'espère qu'elle est peu partagée. Quel que soit le contenu de ses réflexions, s'il part sur cette base, ça ne m'intèresse pas .
Phanou222 Posté(e) 24 avril 2006 Posté(e) 24 avril 2006 On peut voir Jean-Paul Brighelli sur l'enregistrement de l'émission Arrêt sur Images, sur le site de France 5, consacrée à l'analyse du documentaire Ecoles en France.Je ne connaissais vaguement que son ouvrage "La fabrique du crétin", mais après l'avoir entendu parler, je ne veux pas du tout en savoir plus : sa conception de ce qu'est un enfant m'inquiète beaucoup, et j'espère qu'elle est peu partagée. Quel que soit le contenu de ses réflexions, s'il part sur cette base, ça ne m'intèresse pas . Tout à fait d'accord, ce monsieur est consternant Comment un enseignant peut-il sortir de telles énormités ?!?!
entre2m Posté(e) 24 avril 2006 Posté(e) 24 avril 2006 Sujet complexe parce que pas de réponse unique, pas de modèle qui soit satisfaisant à 100%, parce que peur de rater quelque chose, peur de ne pas donner l'image que les parents attendent, ... Je pense qu'il y a eu conjointement, et une accélération des réflexions contradictoires pour définir une politique Education Nationale, incarnée par des ministres qui ne sont pas toujours à la hauteur, et une confusion entre le rôle des uns et des autres et le poids donné à chacun. L'école s'excuse constamment de ne pas faire assez bien, les parents incriminent le manque de moyens, de formation, de quoi d'autre?, tant de choses, en oubliant fondamentalement ce sur quoi s'appuient les apprentissages aujourd'hui. Pour ma part, je crois que l'on demande toujours plus d'effort d'abstraction à des enfants pour qui les notions enseignées ne représentent aucune réalité palpable. Je m'explique: quand j'étais en primaire, (années 70), on ne nous demandait pas de comprendre la technique de la multiplication. On apprenait à travers une situation-problème, une manipulation dans le meilleur des cas, que les opérations que l'on connaissait jusque-là ne suffisaient pas et pour "aller plus vite", il y avait une nouvelle opération. Elle nécessitait le recours à des tables miracles qu'il fallait apprendre par coeur comme autant d'outils pour se faciliter la vie. Et on posait 7x5=35. Puis quand on avait compris?, on passait à 74x5, puis 74x56. On écrivait un zéro au deuxième rang parce que c'était le deuxième rang...,sic , et ensuite on pouvait passer à des opérations à trois, quatre chiffres, etc. Aujourd'hui, on passe par la situation-problème, les additions successives, puis les quadrillages pour figurer la situation, (excusez-moi, ma référence maths était Objectif Calcul , quand je bossais en élémentaire), et on "décortique" les différentes étapes de la multiplication pour ensuite finir par la poser. Mais cette procédure implique que les enfants aient une bonne connaissance de la numération, sinon, on se casse les dents. Au bout du compte, ceux qui ont compris savent faire une multiplication et pourquoi ils la font, et comment elle fonctionne, et dans quelles situations-problèmes, on y a recours, et avec quel bénéfice. Et les autres? Dans les années 70, on "savait" tous faire la multiplication 7x5, la plupart 74x5, et les plus dégourdis 759x562, et plus... Ce qui nous revient dans la figure avec De Robien et la méthode syllabique, c'est le choix entre des enfants qui apprennent sans avoir besoin de comprendre, et des enfants qui tâchent de comprendre pour un jour savoir faire. Comprenons-nous bien, nous qui sommes entre nous, je ne crois pas qu'il faille revenir aux années 70, loin de là!, mais je crois qu'il faut arrêter d'en demander tant à ces pauvres petits qui ne peuvent pas tout comprendre, quand ils ne se sont jamais posé la question de savoir "à quoi ça sert?", ni qui n'ont besoin d'acquérir tant de connaissances, si vite, si tôt, à quel prix, et pour quel bénéfice? Nos programmes scolaires sont ridiculement trop lourds, nos moyens trop disparates, nos classes trop chargées, notre formation trop déconnectée des contraintes quotidiennes du terrain, nos enthousiasmes trop assortis de frustrations, et pourtant ça roule quand même. L'Angleterre en était à numeracy et literacy, lorsque j'y étais en 99: des leçons figées sur un modèle identique pour chacun: 15 min pour ceci, 10 min pour cela, etc. soit une heure pour telle leçon. L'Autriche était d'une rigueur dramatique, le Danemark mélangeait les enfants de 5 à 15 ans dans une même structure scolaire, avec des enseignants en danois par exemple, qui suivaient ou pouvaient suivre une classe de 5 à 15 ans justement, avec cette notion de prise en compte des progrès individuels, pas d'étapes successives à franchir à un moment donné par une classe d'âge dans son ensemble, comme ici. A chacun son modèle, son idéal, mais il ne faut pas exagérer, de bonnes choses se font en maternelle et en primaire en France. Le collège et le lycée ont à se poser des questions. Les enfants savent dans leur grande majorité parler notre langue au quotidien, et assez bien, me semble-t-il; pourtant lorsqu'on leur explique? le passé composé, ou les compléments circonstanciels, ils sont incapables de rédiger une phrase correcte, les mêmes, ceux qui parlent bien, voire très bien. On formalise trop vite et de manière trop formelle. Ca, c'est beau, comme réflexion, mais la répétition prend du sens selon moi! Et puis l'école est toujours engluée dans son fonctionnement traditionnel qui veut que si on ne fait pas écrire la date à cinq carreaux de la marge, et soulignée en rouge, on a des cahiers qui ne sont pas la vitrine idéale, et si on ne remplit pas les cahiers de tas d'exercices, on est soupçonné de ne rien faire en classe, et si on n'en est pas au passé antérieur à Noël avec des CM2, on ne fait pas aussi bien que la classe du neveu de Mme Chose qui vient gentiment s'en étonner. Des tas d'idées qui ont vu le jour depuis une dizaine d'années sont intéressantes: les cycles, le parcours individualisé, la prise en compte des progrès, pas des résultats chiffrés, encore que là, avec les évaluations nationales, on entend parfois des sous-entendus fâcheux, des histoires de classement des écoles les unes par rapport aux autres, mais bon, et les projets d'école, de cycle, le travail en équipe, ... Et qu'est-ce qu'il y a sur le terrain? Du protectionnisme à tous crins, des équipes fragiles qui ne tiennent qu'à l'énergie de quelques idéalistes, des projets d'école rarement construits sur les enseignements à tirer des résultats des évaluations nationales, et des évaluations chiffrées, et bien régulières et des classements (officiels ou non, s'ils ne sont pas faits en classe, ce sont les parents qui les font!). Groomservice, pose-toi des questions, prends le temps de réfléchir, d'évaluer les options que l'on te présente, et fie-toi à ton opinion, tes envies, ton plaisir à faire et le plaisir que tu vis et partages en classe avec les enfants qui te sont confiés. L'école doit garder à l'esprit l'un de ses fondements essentiels, c'est-à-dire, offrir ou tenter d'offrir à chacun quels que soient son origine sociale, son environnement familial la plus vaste ouverture possible sur le monde, en préservant l'envie et la curiosité. Pour finir, j'ai dans mes anciens élèves un Grégory, ex peste en classe, brillantissime dans son raisonnement mathématiques, catstrophe ambulante en français, torchon inommable, issu d'une famille éclatée où on ne lui laissait que peu de place, aujourd'hui un bel électricien, en passe de se marier et qui m'appelle "sa maîtresse" quand il me présente sa future épouse; une Lydie, avec une plume extraordinaire à huit ans, et des capacités assez fantastiques, étudiante aux Beaux-Arts, peinture, parents agriculteurs; une Natacha, orientée en SEGPA à l'issue du CE2, qui attend de tomber enceinte pour avoir un avenir...; un Romain qui aurait pu tout faire, et suit actuellement sa deuxième année de BEP carosserie, enchaînera avec un Bac Pro, une spécialisation Peinture, et tant d'autres. Je n'ai rien rêvé pour eux, je sais ce que je leur ai apporté à un moment de leur vie, à l'âge où on découvre tant de choses. J'ai la larme à l'oeil chaque fois que j'en croise un et qu'il prend la peine de me dire bonjour et de me raconter où il en est. L'école, elle est là pour eux, pour les aider à se construire un avenir, une vie, quelles que soient les théories que des gens savants énoncent, parfois avec beaucoup d'intelligence. Grégory, mon électricien, je sais qu'à un moment, en CE1/CE2, j'ai beaucoup, beaucoup compté pour lui, Natacha, je lui ai appris à lire, Lydie, j'ai encore le journal fictif qu'elle avait conçu avec sa meilleure copine parce que l'on avait participé à la Semaine de la Presse à l'école, Romain, il a fait le choix d'études qui lui convenait, ... Ils sont allés au musée, ont pris le train, acquis des notions inscrites dans les programmes en maths, français, histoire/géo, sciences, travaillé sur la presse, participé à un projet Coménius, ont entendu de grands textes littéraires, ont visité des sites gallo-romains ou conçu un journal. C'est ça, l'école que je leur ai proposée, et je m'y enthousiasme encore chaque jour, pour eux. (Ne pas adopter un ton lyrico-emphatique, je ne le revendiquerai pas!)
Anwamanë Posté(e) 24 avril 2006 Posté(e) 24 avril 2006 Par contre, je cautionne les propos de Scor13 qui dit que l'attention peut se manifester de mille façons et que ce n'est pas réservé aux non-sco.Fin du déviage de post. Ce n'est pas ce qu'a dit Betba.
Anwamanë Posté(e) 24 avril 2006 Posté(e) 24 avril 2006 L'école doit garder à l'esprit l'un de ses fondements essentiels, c'est-à-dire, offrir ou tenter d'offrir à chacun quels que soient son origine sociale, son environnement familial la plus vaste ouverture possible sur le monde, en préservant l'envie et la curiosité. Justement je crois que c'est là le problème...( enfin pour moi...) Et s’il fallait retenir un seul critère pour caractériser une école qui marche?Le plaisir d’être élève. Sur ce dernier point, la France détient le record du mal-être à l’école avec seulement 45% des élèves se sentant à leur place en classe, contre 81% en moyenne dans les pays de l’OCDE.
Héloïse44 Posté(e) 24 avril 2006 Posté(e) 24 avril 2006 Par contre, je cautionne les propos de Scor13 qui dit que l'attention peut se manifester de mille façons et que ce n'est pas réservé aux non-sco. Fin du déviage de post. Ce n'est pas ce qu'a dit Betba. Bé non! C'est SCOR13...
Anwamanë Posté(e) 24 avril 2006 Posté(e) 24 avril 2006 Par contre, je cautionne les propos de Scor13 qui dit que l'attention peut se manifester de mille façons et que ce n'est pas réservé aux non-sco. Fin du déviage de post. Ce n'est pas ce qu'a dit Betba. Bé non! C'est SCOR13... :P
Betba Posté(e) 25 avril 2006 Posté(e) 25 avril 2006 Loulou : les parents qui utilisent le CNED ne sont pas considérés comme non-scolarisants puisqu'ils restent dans le giron EN :P Sinon, j'ai lu - chez une copine non-sco! - "la fabrique du crétin" et j'ai trouvé une chose avec laquelle j'ai été d'accord : le fait que même dans des milieux défavorisés aussi, on avait droit à Molière ou Victor Hugo et pas uniquement à des textes insipides Sinon, le reste et le bonhomme
marie laure Posté(e) 25 avril 2006 Posté(e) 25 avril 2006 Je n'aurai qu'une remarque à faire sur la discussion et j'avoue que je retrouve souvent cet amalgame. Pourquoi pédagogie classique veut-elle forcément dire dictature ou en tout cas sévérité.Alors arrêtons de dire : classique = terreur et nouvelle pédagogie = épanouissement. Je suis d'accord, sauf que si tu écoutes Mr Brighelli, c'est ce qui transparait de son discours On peut voir Jean-Paul Brighelli sur l'enregistrement de l'émission Arrêt sur Images, sur le site de France 5, consacrée à l'analyse du documentaire Ecoles en France. Je ne connaissais vaguement que son ouvrage "La fabrique du crétin", mais après l'avoir entendu parler, je ne veux pas du tout en savoir plus : sa conception de ce qu'est un enfant m'inquiète beaucoup, et j'espère qu'elle est peu partagée. Quel que soit le contenu de ses réflexions, s'il part sur cette base, ça ne m'intèresse pas . Tout à fait d'accord, ce monsieur est consternant Comment un enseignant peut-il sortir de telles énormités ?!?! Consternant est même un peu faible je trouve, je le trouve dangereux
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