démission

[loulou94]

c'est vrai que ce n'est pas évident comme choix à faire

[magusagi974]

J'ai bien lu tous les messages:

Avant toute chose ceux qui démissionnent parce que vous vous sentez vraiment mal, vous avez raison. Quand j'étais étudiante, j'avais un job, où je ne restais que parce qu'il faut bien vivre. Qu'en ai-je retiré? Une dépression qui a duré deux ans...

Ensuite je suis très heureuse d'avoir pu lire les commentaires et expériences de tout le monde:pe2, Lc, T1 etc... En préparant mon concours mes doutes venaient toujours à cause des fiches de prep et des progressions. Je ne sais pas en faire et c'est normal je n'ai jamais appris. Mais pour ce qui est de tenir une classe, travailler avec les enfants je sais que je suis faite pour ça. J'ai fait du soutien scolaire (parfois bénévolement et pas dans des quartiers faciles) et quand je faisais le job merdique en question, je faisais mes stages en même temps (stage la journée, serveuse le soir, puis préparation des séances que la pe me laissait faire en classe): ce sont les seuls moment de bonheur que j'ai eu. Par contre je suis consciente que c'est une chance d'en avoir fait et je n'ai pas de famille à gérer pour le moment (et heureusement d'ailleurs!). Merci donc parce que quelle que soit la difficulté de ce qui m'attend je sais que je suis préparée (j'en ai eu des job merdique, pressions morales, harcelement sexuel, disparition de la boîte dans la nature, contrat illégal, salaire pas payé, collègue délateur, horaire de dingue, pas de voiture pour aller bosser,maintenant j'en ris ), je sais qu'on a le droit de se tromper, qu'il faut se donner sa chance jusqu'au bout et insister ou arrêter. Et je sais que je veux être PE parce que j'en ai toujours envie après ces 25 pages . Mais il est bon d'avoir ce genre de témoignage pour ne pas oublier la réalité de cette formation et de ce métier. Courage à tous ceux qui démissionnent et tous ceux qui continuent.

[marieee]

Témoignage d'une T4 à la rentrée, qui chaque année, depuis la PE2, a touché le fond et envisagé la démission.

Vous pourrez trouver différents posts à ce sujet, en recherchant démission, dépression, reconversion...

On n'a pas envie de démissionner parce qu'on n'est pas fait pour ce métier.

C'est faux.

J'ai eu la grande chance de partir au Canada pendant ma formation, ce qui m'a permi d'apprendre à mainteneir le groupe dans le respect de règles communes sans les rappeler à l'ordre de manière nominative, sans humiliation, sans négativité et agressivité.

Si je n'avais pas vécu ça, j'aurai démissionné. Parce qu'il était hors de question de passer mes journées à dire, et parfois crier sous le coup de l'énervement potentiel "Nathan, arrête de jouer avec ta gomme", "Stéphanie, tourne-toi", "Jessica, arrête de discuter avec ta voisine". Et encore, là c'est la version soft des rappels à l'ordre qu'on peut entendre...

Et qu'on ne me dise pas que c'est nécessaire tout ça.

C'est faux.

Puisque je sais faire autrement maintenant, parce que j'ai APPRIS. AILLEURS QU'A L'IUFM.

Et les méthodes que j'ai ramenées n'ont pas plu, j'ai failli ne pas être validée...

J'adore être avec des enfants.

J'adore que des enfants apprennent grâce à mon travail. Et ils apprennent.

J'adore faire un enfant se sentir fier pour ce qu'il est, et pas pour ce qu'il est meilleur qu'un autre.

Je déteste les conditions, qu'elles soient matérielles ou morales d'exercice de tout ça. J'en suis écoeurée.

Démissionner, je trouve ça normal quand on a un autre idéal en tête que la réalité de ce terrain.

Gérer une classe avec des contraintes de programme et d'avancée, ça n'a rien à voir avec faire une conférence ou une pièce de théatre. On est face à un groupe. Mais la dynamique est parfaitement singulière. Et le flou dans lequel on nous demande de le faire est simplement honteux.

On n'a pas n'importe quel métier. C'est l'avenir scolaire et psychologique des enfants qu'on a entre les mains. Et eux n'ont pas demandé qu'on ne soit pas formés à leur parler proprement.

Cadre rigide, peut être. Rappels à l'ordre humiliants et stigmatisants, hors de question.

Je mets le niveau de "humiliant" à "ah bah tu vois quand tu veux!".

J'ai éprouvé les séquelles de telles pratiques en SEGPA cette année : ces enfants sont cassés et ne nous considèrent "valables" que si on arrive à un niveau d'humiliation "convenable" pour les casser "convenablement", et les "tenir". In-croy-a-ble.

Je hais ces pratiques.

Et je comprends et soutiens les PE qui n'ont pas eu ma chance d'apprendre autre chose, et qui décident de démissionner.

Il m'a fallu 2 mois et demi d'immersion totale, en étant convaincue de la nécessité de changer mes pratiques, pour y arriver profondément.

Ma démission viendra probablement pour bientôt.

Le système global m'écoeure.

Et qu'on veuille mettre ses enfants dans le privé quand on a cru au public, c'est quand même éloquent. Ca montre bien le décalage entre ce qu'on croit y trouver, la foi qu'on a encore en le système et ce qu'on y trouve réellement. Et les PE ne sont pas remis en cause personnellement dans ce que je dis. C'est vraiment un ensemble...

Désolant.

Le point positif, c'est qu'avec mes 3 petites années variées, j'ai développé tellement de compétences, que j'ai un CV bien fourni en compétences transversales à faire valoir!

[ceciloo]

Bonjour marieee,

Petite question, un peu à coté du sujet du post, mais ton expérience m'intéresse beaucoup: Ou peut-on avoir un aperçu des méthodes canadiennes dont tu parles? (bouquin, site...) Je suis très curieuse de toutes les questions de gestion de groupe "différentes".

Quand tu dis: "mainteneir le groupe dans le respect de règles communes sans les rappeler à l'ordre de manière nominative, sans humiliation, sans négativité et agressivité. " de quoi parles-tu?

Merci d'avance!

C.

[marieee]

Tu peux rechercher sur internet : renforcement positif.

En gros, et pour poser l'essence de l'idée qu'il y a derrière cette philosophie-là : quand un élève commence à dévier, toi, tu le vois. Et tu cherches ou as déjà remarqué un élève tout correct.

Au lieu de dire "Maxime, assieds-toi correctement et écoute! Regarde Caroline, elle, elle se tient toujours correctement!"

Tu dis : "Oooooh! Caroline est assise correctement, elle se tient bien et elle écoute ce que je dis. Ca va lui permettre de commencer à apprendre déjà maintenant, et c'est pour ça qu'elle est là, apprendre. Oh oui, et Stéphanie aussi... Oh et toute la classe maintenant. Parfait!" Etc.

Et tu vas remarquer de façon magique, comme Samantha et son nez, ou Marie Poppins et le claquement de doigts, que tous ceux qui n'étaient pas corrects, tout en restant "supportables", vont se mettre à faire tout ce que tu as rappelé du comportement de Caroline, et tu n'as dit que du positif, et tu n'as coupé ton cours que pour faire des compliements, dénués de "ah bah oui toi, c'est normal, tu fais toujours bien" ou "Mmh, ça m'aurait étonné, c'est toujours les mêmes de toute façon!" ou toute autre parole qui condamne un enfant à n'avoir que le comportement qu'il a déjà eu avant, et donc à ne pas évoluer.

Et quand j'ai quelque chose à dire à un élève en particulier, je me déplace et je lui parle à voix à lui seul, même si ça coupe le cours. Ou tu peux attendre qu'ils soient en travail autonomes, ou qu'ils n'aient pas besoin de suivre le tableau pour te déplacer et rappeler à l'ordre fermement (parce que ça reste parfois nécessaire.). Mais au moins, il n'y a pas l'humiliation en sus.

Après, il doit y avoir encore d'autres choses que j'ai oubliées être des spécificités canadiennes, parce qu'une fois que tu y as goûté, tu intègres à vie!

[ceciloo]

Marieee, je te remercie pour ces pistes. Je me sens instinctivement très proche de ces pratiques. Je vais pousser mes recherches en ce sens!

MERCI

[annabouba]

Bonjour marieee,

Petite question, un peu à coté du sujet du post, mais ton expérience m'intéresse beaucoup: Ou peut-on avoir un aperçu des méthodes canadiennes dont tu parles? (bouquin, site...) Je suis très curieuse de toutes les questions de gestion de groupe "différentes".

Quand tu dis: "mainteneir le groupe dans le respect de règles communes sans les rappeler à l'ordre de manière nominative, sans humiliation, sans négativité et agressivité. " de quoi parles-tu?

Merci d'avance!

C.

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