Comment organise-t-on les séances de lecture au CE1 ?

[Sapotille]

Je pense personnellement que le CE1 est le niveau le plus difficile à gérer.

Je le pense aussi...

[tartinette]

Peut-être Akwabon est-ce ta grande expérience , peut-être conjuguée à tes petits effectifs (donc moins générateurs d'hétérogénéité) qui te fait dire que le CE1 est un niveau facile. Tu fais aussi partie des rares capables de gérer un triple niveau de cycle 2 avec réussite. Tu es donc un cas à part ....

Sinon, les CE1 à 29 en zone de banlieue défavorisée (comme se profile le mien) sont souvent très hétérogènes et la différence notamment du niveau de lecture et d"'écriture (entre ceux qui ne sont pas encore lecteurs et que pour des raisons x ou y on n'a pas pu ffaire redoubler le CP) et ceux qui lisent des petits romans d'une cinquantaine de pages facilement ...... ! Et, vu que c'est la classe des petits camarades de mon fils au CP actuellement, ou unegrosse partie en tout cas, et que la maîtresse actuelle est une copine, je sais à quoi m'attendre : 2 non lecteurs (niveau décembre de CP) , 1 redoublante qui ne sait pas (ne veut pas ?) écrire au, un groupe de bons et de très bons lecteurs. Et en plus, je serai à mi-temps !

Je me souviens encore de l'inspectrice qui nous a préparés à l'oral pro du concours (un de mes meilleurs souvenirs de formation avec le prof d'hisdtoire-géo) qui nous avait dit : le niveau le plus difficie à gérer est le CE1 : il est souvent très hétérogène et on y assoit les bases de l'étude de la langue et de la numération de position. Si on considère la scolarité comme une maison à construire, il représente les fondations.

Beaucoup de responsabilité pour une p'tite débutante comme moi ! Je crois que ma raison va avoir raison de mon envie d'avoir des petits ....Si je peux, je me tournerai vers le CE2 (avec R le gros "cas" de l'école, tant pis) beaucoup plus facile car Akwabon a raison , peu de nouveaux apprentissages par rapport au CE1. Et si on ne me laisse que le CE1, eh, bien, ......je ferai avec avec vos conseils avisés et après avoir fait (bien sûr, je débute mais je sais bien que je ne peux que tracer des grandes lignes et que je devrai ajuster mes progressions au niveau des élèves. Pour ça, la maternelle, ça a été très formateur d'ailleurs. Ils m'ont roulé des gros yeux affolés cmes moyens quand je suis arrivée le premier jour, pensant qu'ils savaient tous dénombrer jusqu'à 3 et connaissaient toutes les couleurs) des évaluations diagnostiques.

Bon courage à tous les PE en charge de CE1 en cette fin d'année !

[FRED RUN]

Je pense personnellement que le CE1 est le niveau le plus difficile à gérer.

Je le pense aussi...

Ah oui ? En quoi trouvez-vous cela difficile, tous les deux ?

Fred Run a bien parlé des quelques élèves pour qui un redoublement du CP (ou un maintien en GS, préférable à mon avis) aurait été judicieux... Mais à part cela ?

Les élèves dont je parle ont pour la plupart déjà redoublé leur CP ou leur maintien au CP a été refusé par l'IEN qui doit valider ces maintiens, ou plus rarement a été refusé par les parents. Les élèves en difficulté ne sont pas 2 ou3 mais représentent cette année 50% de ma classe et je n'enseigne ni en ZEP ni en RAR.

Il me semble quant à moi qu'un début de CP (surtout si la GS a été "très cool") ou un CM dans sa totalité sont bien plus difficiles à faire réussir à tous les élèves.

Le CP, parce que, parfois, ça relève de la Grande Découverte, surtout lorsque les élèves n'ont pas été du tout initiés à l'écriture liée, à l'attention et à la réflexion (mais, ne vous fâchez pas les collègues de GS, c'est quand même rare) et le CM, parce que, malheureusement, certains enfants commencent à avoir de réelles difficultés lorsqu'ils atteignent ce niveau où on leur demande d'être capables d'abstraction (je pense aux nombres décimaux, aux fractions, à la proportionnalité, par exemple).

Le CE1, lorsque le CP a été normal, ne travaillant que les bases des bases, était pour moi, au contraire, une classe facile, moins que le CE2 toutefois où, si l'on y regarde bien, on ne travaille pas grand-chose de plus qu'au CE1.

J'ai enseigné dans tous les niveaux de la PS au CM2 dans ma carrière et cette expérience me permet d'émettre cette opinion, qui évidemment n'engage que moi.

[FRED RUN]

Bon, ben, admettons que mes 33 ans d'ancienneté (avec bien sûr un "léger aperçu" de tous les niveaux de la PS au CM2, dont de nombreuses années en classes uniques) n'engagent aussi que moi.

Il est vrai que je n'ai aussi jamais eu au CE1 que des élèves déjà au moins déchiffreurs...

Personnellement, je n'ai jamais eu aucune classe avec uniquement des élèves au-moins déchiffreurs, et cela même au CM1 ou au CM2. Finalement c'est peut-être cette différence qui ne nous permet pas d'avoir la même vision.

[Sapotille]

Ah oui ? En quoi trouvez-vous cela difficile, tous les deux ?

Fred Run a bien parlé des quelques élèves pour qui un redoublement du CP (ou un maintien en GS, préférable à mon avis) aurait été judicieux... Mais à part cela ?

Un début de CP, effectivement , ce n'est pas simple du tout, mais le CE1 non plus, même si la lecture est déjà bonne et assez fluide.

Mes CE1 savaient recopier des exercices au tableau, les disposer de façon correcte dans leurs cahiers, mais malgré cela, au début, il fallait beaucoup de temps et de patience pour qu'ils soient autonomes quand ils devaient faire par écrit un exercice dont l'énoncé était à recopier d' un livre...

Des problèmes de maturité qui entrainaient des problèmes d'organisation et donc d'autonomie...

D'un autre côté, des CE1 "coincés" entre les CP et les CE2, c'est assez idéal, car ceux qui sont encore un peu fragiles profitent, en tendant une oreille, de ce que font les CP et ceux qui sont plus mûrs profitent de ce qui se passe au CE2.

Pas facile, mais très riche, même si certains jours je sortais de classe en me sentant la plus nulle de toutes les nulles car rien ne s'était passé comme je l'aurais voulu...

[Sapotille]

C'est à dire ?

Mille excuses, je vous ai coupé la parole !!!

A vous...

[FRED RUN]

Désolée de ne pas avoir été très claire, mais chez moi, il est minuit et je commence à fatiguer!

Je voulais tout simplement dire qu'en 18 ans d'enseignement, je n'ai jamais eu de classe où tous les enfants savaient déchiffrer.

J'ai toujours eu au-moins 2 ou 3 élèves qui ne déchiffraient pas du tout ou très peu et cela même dans des classes de CM.

[cocottte]

Akwabon, dans mon école aussi, il y a des élèves de CM qui ne savent pas lire, voir pas déchiffrer...

L'an dernier en ce2 j'avais un élève totalement non lecteur dans ma classe... Et j'aimerais qu'on ne parle pas d'échec des méthodes de lecture "actuelles" (je veux dire par là qui ne soient pas à base purement syllabique): j'ai passé une année entière à essayer de lui apprendre à lire avec la méthode "A coup sûr" sans y parvenir...

Alors oui, dans certaines écoles, il existe des fratries entières de gamins qui n'apprennent pas à lire pour des raisons de dyslexie profonde et qu'on ne peut pas réorienter à cause d'un refus de parents; il existe aussi des gosses qui refusent catégoriquement d'apprendre et qui y emploient toute leur énergie, j'en ai un dans ma classe.

Il existe aussi des élèves qui ont le déclic (enfin!) en ce2 ou en cm1...

Et franchement, pour certains, je ne vois pas ce que l'on peut faireen tant qu'enseignants...

[FRED RUN]

Allez, je te réponds et je vais me coucher!

Je ne sais pas et je n'ai pas l'impression d'être une exception. En tout cas, à la Réunion, c'est le cas général.

Nous avons des enfants non francophones (qui viennent de Mayotte ou des Comores), beaucoup d'enfants créolophones dont le français n'est pas la langue parlée à la maison. Le créole et le français se ressemblent, ce qui pose des difficultés spécifiques et des confusions.

Il y a aussi des enfants venant de milieux très défavorisés qui sont très peu sollicités (parlent peu, n'ont aucune activité culturelle ou sportive extra scolaire).

Des enfants qui vivent des situations familiales extrêmement difficiles: violence, alcoolisme...

Des enfants avec des QI assez bas mais qui ne sont pas orientés en classe spécialisée (2 dans ce cas dans ma classe cette année et l'an dernier).

Attention à côté de cela, il y a aussi d'excellents élèves...

D'où une énorme hétérogénéité qui rend encore plus difficile la gestion de la classe.

Rassurez-moi, ce profil de classe existe ailleurs que chez nous???

[cocottte]

Rassurez-moi, ce profil de classe existe ailleurs que chez nous???

oui

[cocottte]

Je suis entièrement d'accord avec vous au sujet de ceux qui, il y a encore quelques années, étaient inscrits, après un ou deux CP, dans des structures qui leur étaient adaptées : les classes de perfectionnement qui représentaient souvent une chance pour eux.

Au CM, de toute façon, surtout lorsque l'apprentissage de la lecture ne s'est pas fait au CP, c'est un peu tard pour "A coup sûr". Il faut souvent plutôt l'intervention d'un orthophoniste pour remettre (ou mettre ?) en route le déchiffrage.

Excusez-moi, je suis un peu "à cran" sur ce sujet-là. J'ai reçu cet hiver deux élèves (frère et soeur), l'un au CE1 et l'autre au CP, qui ne savaient absolument pas déchiffrer et passaient leur temps à attendre que les copains repèrent des indices à leur place.

Par ailleurs, ma nièce est sortie du CP totalement non-lectrice pour cause de méthode de lecture complètement délirante, et ce n'est que cette année, en 4°, que ma soeur et mon beau-frère (tous deux ayant fait de longues études supérieures) réussissent à lui faire comprendre l'importance d'une lecture fidèle au texte (elle cherche toujours à deviner, parfois encore au petit bonheur la chance).

L'apprentissage de la lecture est donc chez moi un sujet sensible.

Je n'ai plus exercé en ZEP depuis une vingtaine d'années, mais, à l'époque, j'avais des CP et des CM2 (décharge de directeurs), il n'y avait de non-lecteurs qu'au CP jusqu'au mois de mars (sauf évidemment en classe de perf et des enfants arrivés en cours d'année d'un pays non-francophone).

Ben oui, mais comme tu le dis si bien, les perf n'existent plus, les places en clis sont chères, et il y a des parents qui refusent toute aide auprès de leur gamin donc pas d'orthophoniste ni de maître G auprès d'un élève de cycle 3 non lecteur... Seule aide possible: le maître E qui n'a pas besoin de la signature des parents. (quand il y a un rased complet, bien évidement! )

Et à nous de nous en dépatouiller....

Au bout d'un moment, il y a des montagnes trop hautes pour qu'on puisse les déplacer...

[tartinette]

Allez, je te réponds et je vais me coucher!

Je ne sais pas et je n'ai pas l'impression d'être une exception. En tout cas, à la Réunion, c'est le cas général.

Nous avons des enfants non francophones (qui viennent de Mayotte ou des Comores), beaucoup d'enfants créolophones dont le français n'est pas la langue parlée à la maison. Le créole et le français se ressemblent, ce qui pose des difficultés spécifiques et des confusions.

Il y a aussi des enfants venant de milieux très défavorisés qui sont très peu sollicités (parlent peu, n'ont aucune activité culturelle ou sportive extra scolaire).

Des enfants qui vivent des situations familiales extrêmement difficiles: violence, alcoolisme...

Des enfants avec des QI assez bas mais qui ne sont pas orientés en classe spécialisée (2 dans ce cas dans ma classe cette année et l'an dernier).

Attention à côté de cela, il y a aussi d'excellents élèves...

D'où une énorme hétérogénéité qui rend encore plus difficile la gestion de la classe.

Rassurez-moi, ce profil de classe existe ailleurs que chez nous???

Peut-être pas avec autant de difficultés cumulées dans un même classe mais ...OUI !