Il écrit mal

[enviedespoir]

Voici un lien vers un compte-rendu d'un colloque sur l'alphabet.

http://www.inrp.fr/images/musee/pdf/colloque_alphabet.pdf

Le ministère avait organisé un "concours" pour inventer un alphabet utile pour les petits français qui apprennent à écrire. Il y a eu 2 lauréates. Ils voulaient en faire des modèles, et publier des exercices, mais le projet a avorté.

Si vous ne voulez pas tout lire, voici un plan :

p 4-5: intro

p 7 : 1ère lauréate, Marion Bedoin, calligraphe. On voit son modèle.

p 9 : Lauréate ex-aequo, prof d'arts appliqués. On voit aussi son modèle. Abandon des majuscules ornementées.

p 10 : écriture droite ou penchée ? La pente favorise la régularité. Modèle des différentes écritures latines dans différents pays du monde.

p 11 : étude des réglures. Question des outils (bille ou crayon)

p 12 : sur les enseignants, sur la difficulté de rééduquer.

p 13 : analyse des alphabets des lauréates.

p 15 à 21 : historique du geste graphique (intéressant !!)

La fin est plus culturel, et concerne moins notre sujet.

Ce document m'interpelle et m'incite à relativiser les choses. Qu'est-ce qui est important en fin de compte ?

- pourquoi du Seyes, c'est difficile, et les lettres qui descendent et qui montent sont souvent gênantes, elles se chevauchent.

- dans les autres pays, on écrit pas pareil. (En allemagne par exemple, c'est pas en cursif, et ils écrivent sur des petits carreaux.)

- pourquoi apprendre les majuscules cursives ? oui, il faut bien apprendre à les reconnaître, mais ça prend beaucoup de temps de les apprendre, pour qu'en fin de compte en 6e tout le monde les abandonne. (voir la réflexion dans le document p 9).

- pourquoi ne pas adopter une écriture penchée si c'est plus naturel et moins fatigant ?

Ces écritures ont été effectivement retenues au concours lancé par l'Education nationale.

Je n'ai pas le temps de tout lire ce soir, mais j'ai cru comprendre que l'essentiel du document est un plaidoyer des auteurs pour leurs modèles.

La référence à la calligraphie y est constante (ce qui n'est pas surprenant puisque Marion Andrews est calligraphe). Or l'écriture courante et la calligraphie sont deux choses différentes et bien des choses qui concernent l'une ne concernent pas l'autre.

Ces écritures ont été proposées aux enseignants non pas à titre de modèles mais à titre indicatif.

La timidité de la distribution et de la promotion semble avouer que les initiateurs n'étaient pas très convaincus.

A l'époque, j'avais fait part à Jean Hébrard, Inspecteur général qui était en charge du concours, de mes observations sur les inconvénients de ces écritures et la régression que représentait l'écriture cursive proposée : c'était quasiment un retour à l'écriture Sacré-Coeur des institutions de jeunes filles de la fin du XIX ème siècle.

Inconvenients multiples dont je ne donne ici que quelques éléments : l'écriture inclinée prive l'enseignement en maternelle de tous les référents visuels orthogonaux que nous propose notre environnement quotidien pour travailler le contrôle visuel. Ce qui n'est pas rien. Le r a une inclinaison différente de celle des autres lettres. Le t et le d sont de deux dimensions différentes (ce qui n'a pas de sens : pourquoi l'une des hampes bâtonnées est de la dimension des hampes bouclées et pas l'autre ?) ; de quoi perdre les enfants.

Au sujet des pages du document :

p 11 : étude des réglures. Question des outils (bille ou crayon) je vois des réglures, mais il n'y a aucune étude sur les réglures

p 12 : sur les enseignants, sur la difficulté de rééduquer. je n'y lis rien sur la rééducation sinon une phrase qui dit que c'est difficile

En réponse à tes questions, Porcinet

- pourquoi du Seyes, c'est difficile, et les lettres qui descendent et qui montent sont souvent gênantes, elles se chevauchent. D'accord avec toi, les chevauchements sont gênant, mais on peut les éviter en décallant les lettres. Aucune autre réglure ne donne aux enfants une meilleure aide pour écrire notre écriture à trois dimensions au-dessus de la ligne (zone médiane, hampes boucles - l, b etc. - hampes bâtonnées -t et d))

- dans les autres pays, on écrit pas pareil. (En allemagne par exemple, c'est pas en cursif, et ils écrivent sur des petits carreaux.). Sauf si je me trompe, je ne crois pas que l'Allemangne ait adopté l'écriture script : à vérifier. Les petits carreaux offrent des proportions différentes des nôtres. Ce n'est guère plus pratique. (J'ai eu en rééducation plusieurs enfants qui venaient de Suisse allemande où on utilise des petits carreaux ). Ceci dit, lorsque l'écriture a trois dimensions (hampes bâtonnées et hampes bouclées de dimension différente) comme la nôtre, les petits carreaux ne conviennent pas car ils privent l'enfant de repères pour les hampes bâtonnées).

- pourquoi apprendre les majuscules cursives ? oui, il faut bien apprendre à les reconnaître, mais ça prend beaucoup de temps de les apprendre, pour qu'en fin de compte en 6e tout le monde les abandonne. (voir la réflexion dans le document p 9). Je suis bien d'accord : les majuscules cursives traditionnelles sont trop compliquées et on les abandonne dès qu'on peut, c'est pourquoi je propose des majuscules plus simplifiées.

- pourquoi ne pas adopter une écriture penchée si c'est plus naturel et moins fatigant ? Ce n'est ni plus naturel ni moins fatigant. Certaines personnes choisissent d'écrire vertical, d'autres d'écrire incliné (d'autres renversé), c'est très personnel. D'autre part l'inclinaison est également liée à la position de la feuille. En France, avant la dernière guerre les modèles étaient inclinés. Après guerre on a choisi des modèles verticaux. Depuis qu'on enseigne l'écriture en maternelle il vaut mieux conserver l'écriture verticale, cela présente de nombreux avantages. Une fois que les enfants ont acquis l'écriture courante et rapide, pour ma part je ne vois pas pourquoi on refuserait qu'ils inclinent leur écriture si c'est leur choix. Donc personnellement je ne pénaliserais pas un enfant qui a une écriture inclinée à partir du CE2.