Boogie44 Posté(e) 8 avril 2011 Posté(e) 8 avril 2011 Les enseignants passent alors une partie de leur carrière à tout faire pour sortir de ces territoires, quitte à stratégiquement endurer quelques années de "purgatoire" avant de pouvoir bénéficier d'un accord de mutation Ne généralise pas trop vite. Certains enseignants sont ravis (et trop fiers) de travailler où personne (ou presque) ne veut aller, parce qu'ils y rencontrent globalement des collègues sur qui ils peuvent compter (sinon, ils ne restent pas longtemps effectivement), et qui ont su adapter leur pédagogie à la diversité de leur public; et aussi des élèves qui te boostent, qui te blindent, parce qu'il n'est pas possible autrement. tout à fait d'accord, je me garde bien de généraliser (malgré mon manque de prudence notamment dans la phrase que tu cites) mais disons que j'évoque une tendance... lourde
Invité Julinette Posté(e) 9 avril 2011 Posté(e) 9 avril 2011 Les enseignants passent alors une partie de leur carrière à tout faire pour sortir de ces territoires, quitte à stratégiquement endurer quelques années de "purgatoire" avant de pouvoir bénéficier d'un accord de mutation Ne généralise pas trop vite. Certains enseignants sont ravis (et trop fiers) de travailler où personne (ou presque) ne veut aller, parce qu'ils y rencontrent globalement des collègues sur qui ils peuvent compter (sinon, ils ne restent pas longtemps effectivement), et qui ont su adapter leur pédagogie à la diversité de leur public; et aussi des élèves qui te boostent, qui te blindent, parce qu'il n'est pas possible autrement. tout à fait d'accord, je me garde bien de généraliser (malgré mon manque de prudence notamment dans la phrase que tu cites) mais disons que j'évoque une tendance... lourde Je sais, j'ai bien vu que tu avais ensuite nuancé ton propos. C'était juste un peu de provoc pour pouvoir dire ce que j'avais à dire, et notamment pour m'interroger en rêve sur les moyens possibles de pérenniser les équipes dans les quartiers difficiles hors ZEP, ce qui me semble plus qu'ailleurs d'une absolue nécessité .
Freepaille Posté(e) 10 avril 2011 Posté(e) 10 avril 2011 Je ne sais pas ce qu'il en est pour la région parisienne mais, par chez moi, les ZEP sont assez demandées. Bon, ce n'est pas forcément par envie d'avoir un public plus difficile (mais je rejoins Julinette, beaucoup d'enseignants aiment l'ambiance dans ces écoles, notamment la solidarité entre collègues et le travail d'équipe) mais surtout parce qu'être en ZEP permet de rester dans la grande ville et évite d'avoir un poste dans la campagne perdue à 60 km de chez soi avec, en prime, un triple niveau...
JBB Posté(e) 10 avril 2011 Posté(e) 10 avril 2011 et elle leur propose des enseignants qui pour la plupart ne souhaitent qu'une chose : se barrer au plus vite. Du genre à vous faire aimer l'école. La juxtaposition de ces deux phrases me parait plus qu'hasardeuse... JBB
Boogie44 Posté(e) 11 avril 2011 Posté(e) 11 avril 2011 "Du genre à vous faire aimer l'école". Antiphrase.
Boogie44 Posté(e) 11 avril 2011 Posté(e) 11 avril 2011 Je ne sais pas ce qu'il en est pour la région parisienne mais, par chez moi, les ZEP sont assez demandées. Bon, ce n'est pas forcément par envie d'avoir un public plus difficile (mais je rejoins Julinette, beaucoup d'enseignants aiment l'ambiance dans ces écoles, notamment la solidarité entre collègues et le travail d'équipe) mais surtout parce qu'être en ZEP permet de rester dans la grande ville et évite d'avoir un poste dans la campagne perdue à 60 km de chez soi avec, en prime, un triple niveau... moi vivre campagne. Perdue. Moi pas perdu. 40 kilomètres ville. Hugh. à la campagne, il y a de plus en plus aussi de populations défavorisées (l'évolution de l'immobilier n'est pas étranger à ce phénomène : les bas revenus sont de plus en plus repoussées en dehors des agglomérations). il y a proportionnellement plus d'ouvrier.es à la campagne qu'en ville également (36% en moyenne en France)... bref, je l'écris parce que je me rends bien compte, étant en formation, et avec quelques camarades, extrêmement minoritaires en tant que "rural", que beaucoup de citadins ont une image tout à fait faussée de la campagne ("écoles pépères", "agricole", etc.). Évidemment cela dépend des endroits.
Mirobolande Posté(e) 11 avril 2011 Posté(e) 11 avril 2011 Oui Boogie, voir la politique des lotissements. Mais bon, triple niveau, existe dans des classes de ville à niveau officiellement unique.
linette72 Posté(e) 11 avril 2011 Posté(e) 11 avril 2011 Et bien en tant que remplaçante, je peux dire que c'est quand meme plus calme à la campagne. Rien que le cadre le permet : des arbres au lieu du béton ça rend plus zen. C'est plus familial, les gens se connaissent mieux ( avec la dérive que cela peut avoir ). Après on n'est pas à l'abri de la misère en campagne, mais ce n'est pas vécu pareil. Meme dans les milieux ruraux défavorisés, je trouve qu'à la campagne, l'école est encore considérée par les parents. Et les écoles où j'ai été le moins bien reçues, toujours en milieu de urbain. Cette constatation se limite aux écoles ( de la sarthe ) que j'ai faites.
Boogie44 Posté(e) 11 avril 2011 Posté(e) 11 avril 2011 on dévie du sujet mais : il y a une bonne référence, très accessible, en ce qui concerne l'école rurale : "sociologie de l'école rurale", de Alpes et Fauguet, publié en 2008 je crois. J'ai bien apprécié cette lecture. ici
Invité Julinette Posté(e) 12 avril 2011 Posté(e) 12 avril 2011 "Du genre à vous faire aimer l'école". Antiphrase. Pas facile à comprendre, l'ironie. Faut de l'entraînement. (Fin de la parenthèse).
Boogie44 Posté(e) 9 juin 2011 Posté(e) 9 juin 2011 Le rêve de Laura Connaissez-vous Laura ? Vous ne pouvez pas la manquer. C’est cette jeune femme en gilet et pantalon beiges qui, depuis quelques jours, s’affiche dans la plupart de vos journaux, héroïne fictive d’une campagne de communication du ministère de l’Éducation nationale. Un recueil de nouvelles à la main, elle esquisse un sourire jocondard qui laisse entrevoir une âme en paix. La sérénité dans un monde de brutes. Laura, nous dit la publicité, rêvait de « transmettre des savoirs et des valeurs », et la voilà sur le point de « devenir enseignante ». Car figurez-vous que l’Éducation nationale recrute. Elle vient même d’investir un million trois cent mille euros dans cette campagne destinée à réveiller les jeunes vocations. La publicité précise que dix-sept mille postes d’enseignants, d’infirmiers ou de médecins sont à pourvoir en 2011. C’est ici qu’on a envie de s’exclamer comme Louis Jouvet dans Drôle de drame : « Bizarre, comme c’est bizarre ! » N’a-t-on pas entendu le ministre Luc Chatel répéter sur tous les tons qu’il fallait supprimer seize mille postes d’enseignants pour la prochaine rentrée ? En fait, derrière cette apparente absurdité, on a tôt fait d’apercevoir une certaine logique. Pas celle des enseignants, bien sûr, ni celle des enfants. Pas celle des parents non plus. Une logique budgétaire. Froidement budgétaire. Le gouvernement veut rééquilibrer « les comptes de la nation », comme l’on dit, sur le dos des fonctionnaires. Et les profs ne sont pas les derniers à payer leur tribut. Moins d’enseignants, donc. Mais la démographie étant ce qu’elle est, on en vient à recruter une partie de ce qu’on a supprimé par ailleurs. Pour quel profit ? On peut parier que Laura sera moins bien rémunérée que le ou la collègue qu’elle remplacera. Sa formation sera plus aléatoire, dispensée sous forme de stages gratuits, et parfois in situ, c’est-à-dire devant sa première classe. Combien ce tour de passe-passe rapporte-t-il à l’État ? En mars dernier, le ministre du Budget, François Baroin, parlait d’une économie de 2,7 milliards d’euros en deux ans sur l’ensemble de la Fonction publique. Cela, au prix de 7 % de réduction d’effectifs et d’une précarisation des statuts. Mais ce qui retient notre attention ici, c’est le cynisme de la méthode. Quand un calcul sordide devient, sur une page de papier glacé, l’image du bonheur paisible. Quand l’apparente élévation de l’exigence – nommée « masterisation » (bac +5) – correspond en vérité à un saccage des structures de formation. Quand tout est pensé pour tromper. Entre autres effets, cette réforme va créer une catégorie de précaires, titulaires du fameux « master » mais collés au concours. À moindre frais, ceux-là, « remplaçants », boucheront les trous. Évidemment, nous pourrions faire la même démonstration dans bien d’autres secteurs de la Fonction publique. Et ce qui se passe chez nous, tout en dissimulation, se passe avec une autre violence en Grèce, au Portugal, en Espagne, et même en Angleterre. En Grèce, où la purge est terrible, les embauches de fonctionnaires sont gelées, les treizièmes mois amputés de 30 %, l’âge légal de la retraite porté à 67 ans, pendant qu’une hausse de la TVA renchérit brutalement les prix. C’est la facture imposée par le FMI et l’Union européenne à des pays que l’on prétend aujourd’hui gérer comme des entreprises. Et, derrière ces institutions, par les fameuses agences de notation financière. On connaît la traduction politique de cette situation. Les socialistes portugais, au pouvoir depuis 2005, ont essuyé ce week-end un terrible revers. Le PSOE, en Espagne, a subi le même sort lors des récentes élections municipales. Et si le Pasok, de Georges Papandréou, a paru sauver les meubles lors des élections municipales et régionales de novembre dernier, c’est au prix d’une abstention massive. Une abstention qui a également marqué le scrutin portugais de dimanche. De plus en plus, l’alternance gauche-droite s’apparente en Europe à un mécanisme qui fonctionne dans l’indifférence des peuples. Le plus souvent sans eux. Parfois avec eux, dans un réflexe machinal de sanction des gouvernements sortants. C’est qu’à peu de chose près les discours gauche-droite sont les mêmes. MM. Zapatero, Papandréou et Socrates, socialistes revendiqués, se sont tous engagés à appliquer avec zèle les recettes du FMI. Quant à certains de nos socialistes français, ils s’apprêtaient à faire mieux : choisir pour candidat le directeur du FMI lui-même… Mais c’est aujourd’hui une autre histoire… Ce qui est grave dans cette crise européenne, c’est que l’on a réintroduit l’idée de responsabilité collective. Quel sens peut avoir pour un cheminot grec, un routier portugais, un enseignant français, un chômeur espagnol, l’apostrophe du FMI et de l’Union européenne qui leur dit : « Vous vivez au-dessus de vos moyens » ? Le discours sur l’équilibre budgétaire d’un pays aurait un sens dans le cadre d’une autre répartition des richesses. Mais de cela il n’est pas question. Accablés pour des « fautes » qu’ils n’ont pas commises, les peuples ne se sentent plus ni représentés ni défendus. D’où les signes avant-coureurs de grandes secousses. « Laura », finalement, nous dit bien des choses.
kabibi9 Posté(e) 18 octobre 2011 Auteur Posté(e) 18 octobre 2011 Comment ça se passe dans vos académies?? de nombreux masterisés sont recrutés pour effectuer des remplacements dans le primaire et dans le secondaire ( lycées généraux et professionnels), une amie m'a expliquée que certains étaient formés pour le primaire...mais à partir du moment où ils ont un master enseignement et une licence qui correspond à la matière, ils peuvent être recrutés. Le rectorat apprécie d'autant plus les masterisés "prof des écoles" car ils sont mieux formés que les autres Capes ( ils ont effectué des stages d'observation et des stages en responsabilité). Le master commence à s'installer et rassure les parents ( au lycée pro de mon amie, les parents ont apprécié que le remplaçant ait un master enseignement, le C2i et un diplôme d'anglais...) Il y a donc une uniformisation des formations et à terme la suppression du concours. Ils ne reviendront pas sur le Master et ils sont confrontés à la grogne des étudiants ( 15 000 chaque année) qui ne veulent plus se taper 5 ans d'études et un concours....ce qui à terme va bien sûr opérer un changement de statut.
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