Argon Posté(e) 25 septembre 2014 Partager Posté(e) 25 septembre 2014 je pense que, si on ne s'approprie pas des symboles usurpés par toutes formes d'extrémismes, on finit par ne plus en reconnaître l'essence. Entièrement d'accord. Le plan symbolique doit être le premier terrain de lutte contre tous les extrémismes. Ne pas vouloir donner le nom d'une école à Olympe de Gouges (dont, on est bien d'accord, la qualité d'écriture n'est pas ce qu'on a fait de mieux, toutefois le fond reste fort intéressant), c'est perdre l'essence de ce qu'elle a voulu transmettre. Je trouverai fort dommage qu'une telle femme ne soit gommée du paysage uniquement pour cette raison. Là, non. L'école doit rester neutre. Nommer une école après une figure polémique, quelle qu'elle soit, c'est faire de ce nom — donc dans une certaine mesure de cette école particulière — un instrument de propagande contre les idées de certains parents. C'est plomber d'avance la relation de confiance entre l'école et ces parents, voire justifier toutes les obstructions. Pour moi, ce principe de neutralité vaut dans tous les domaines. Politique et religieux, bien sûr, mais aussi moral, et quelle que soit l'estime que l'on puisse avoir pour la figure concernée. Quelques exemples de personnages que j'admire : Thomas d'Aquin est un philosophe majeur, une immense figure intellectuelle qui mérite assurément qu'on nomme des lycées après lui. D'ailleurs, il y en a des tas... dans le privé, et c'est bien comme ça. Sa canonisation par l'Eglise catholique suffit pour moi à empêcher qu'on nomme ainsi un lycée public, au risque de créer la polémique avec les bouffeurs de curés. Martin Heidegger est peut-être le plus grand philosophe du XXe siècle — mais d'aucuns ont décidé d'en faire le symbole de la compromission des intellectuels allemands avec le régime nazi. C'est bien dommage, mais un lycée Heidegger relèverait donc de la pure provocation. Contemporain d'Olympe, et libertin comme elle (et un peu plus, d'accord...), Donatien de Sade est un immense écrivain. Mais son œuvre choque encore, et il serait scandaleux de nommer une école après lui. Et cetera, ad libitum... Les exclure du champ symbolique scolaire, ce n'est en rien les gommer du paysage. D'une part, il me semble aussi utile que légitime d'étudier Thomas, Heidegger, Sade et Olympe de Gouges dans les lycées de la République. D'autre part, ils ont toute leur place dans tous les lieux de débat public. Même si j'étais contre, il était parfaitement légitime de militer pour la panthéonisation d'Olympe. Mais pas à l'école. Même si la notion de choix est sûrement parfois galvaudée par un contexte, qu'il soit familial, environnemental ou sociétal. Assurément. La notion de libre-arbitre est une pure fiction. Mais c'est une fiction républicaine, et une condition de la démocratie. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
Hyuga42 Posté(e) 25 septembre 2014 Partager Posté(e) 25 septembre 2014 Georges SAnd. Anne de Bretagne Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
kmilloo Posté(e) 25 septembre 2014 Partager Posté(e) 25 septembre 2014 Et pourquoi pas un sportif breton ! Un chanteur breton ? Ou encore Lancelot ou merlin Pourquoi vouloir toujours donner les mêmes noms aux écoles ! Sortons de l ordinaire ! Ou même un personnage d un roman : le petit prince ! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
mayre Posté(e) 25 septembre 2014 Partager Posté(e) 25 septembre 2014 Le problème, c'est aussi qu'on peut trouver du polémique dans tous ou presque les "grands" qui ont donné un nom aux écoles de France. Voltaire a eu des écrits qu'on qualifierait aujourd'hui de racistes et antisémites. Henri IV, comme tout roi de France, n'a pas fait que de jolies choses. Jules Ferry avait des positions colonialistes. Clémenceau a parfois brisé des grèves et était un anticléricaliste convaincu. ... Un nom d'établissement se choisit à ce qu'a apporté la personne à la société, et alors, oui, Voltaire, Henri IV, Jules Ferry, Clémenceau.... ont très certainement une légitimité. Comme Olympe de Gouges qui ouvrit la voie à la reconnaissance des droits des femmes. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
Argon Posté(e) 25 septembre 2014 Partager Posté(e) 25 septembre 2014 Un nom d'établissement se choisit à ce qu'a apporté la personne à la société Et lorsqu'il n'y a pas de consensus sur ce qu'une personne a apporté à la société ? Qui décide ? On peut toujours s'asseoir sur les réticences ou les inquiétudes de certains parents. Mais ensuite, comment venir les assurer que l'institution scolaire est idéologiquement neutre ? En l'occurrence, dans une période marquée par le débat sur les ABCD, les JRE, etc., il me semble que nommer une école après une icône féministe, c'est chercher les problèmes. Le problème, c'est aussi qu'on peut trouver du polémique dans tous ou presque les "grands" qui ont donné un nom aux écoles de France. La question n'est pas de savoir si, en se donnant un peu de mal, on pourrait trouver motif à polémique chez tel ou tel — tu as raison, on peut toujours — mais si le nom choisi présente ou non un risque sérieux de heurter une part significative des parents, voisins et élus du coin. Aujourd'hui, en France, Voltaire, Henri IV et Jules Ferry ne sont pas, ou plus, clivants. Olympe de Gouges ou Jeanne d'Arc, si. C'est probablement injuste, elles n'ont ni l'une ni l'autre choisi ceux qui s'en réclament aujourd'hui, mais c'est comme ça. Accessoirement, je ne suis pas forcément partisan du consensus dans toutes les situations. Je suis ne suis par exemple pas ennemi des noms de rues assez marqués idéologiquement. Mais pour l'école, si. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'outils de partage
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