Aller au contenu

Un devoir de CM2 sur de supposés "bienfaits" de la colonisation crée la polémique


prof désécol

Messages recommandés

https://www.francetvinfo.fr/sciences/histoire/nantes-un-devoir-de-cm2-sur-les-bienfaits-de-la-colonisation-cree-la-polemique_3213633.html

Citation

Nantes : un devoir de CM2 sur de supposés "bienfaits" de la colonisation crée la polémique

"Les colons ont apporté l'instruction et une langue commune à des peuples qui vivaient sur le même territoire (..) De plus, ils ont apporté les soins médicaux, et ont limité les morts d'enfants et d'adultes", était-il notamment écrit dans cet exercice, distribué dans une école de l'agglomération nantaise.

Il évoque "les bienfaits" de la colonisation "pour les populations colonisées". Un exercice portant sur "le colonialisme, une œuvre civilisatrice" a créé la polémique, après avoir été distribué à des élèves de CM2 dans une école de Saint-Herblain, dans l'agglomération nantaise (Loire-Atlantique). Ce devoir s'est appuyé sur un argumentaire relevant de la "propagande coloniale", a dénoncé le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), vendredi 1er mars. 

"Sans pour autant oublier les aspects négatifs de la colonisation, il ne faut pas oublier les bienfaits que cela a eu pour les populations colonisées", était-il ainsi mentionné en préambule de cet exercice à trous. 

"D'abord les colons ont apporté l'instruction et une langue commune à des peuples qui vivaient sur le même territoire (..) De plus, ils ont apporté les soins médicaux, et ont limité les morts d'enfants et d'adultes. Enfin, ils ont développé des trains et des routes, facilitant le transport des hommes et des marchandises", était-il aussi affirmé dans ce devoir. 

"Au départ on s'est dit c'est trop gros, c'est une blague… Ça pose un énorme problème et on ne peut pas traiter ça comme un incident isolé", a réagi auprès de l'AFP Ghyslain Vedeux, le président du Cran. "Cette propagande coloniale est tout à fait insupportable, a fortiori dans l'Education nationale, avec des enfants du primaire", avait-il commenté plus tôt dans un communiqué.

L'époque coloniale a été marquée par l'esclavage, reconnu comme crime contre l'humanité, mais aussi "par le travail forcé, les massacres et parfois les génocides", a rappelé le Cran, qui pointe la formation insuffisante, selon elle, des enseignants.

Cette classe de CM2 a étudié la colonisation à travers plusieurs séances, "en insistant sur les aspects négatifs autour de la domination, la privation de libertés, l'emprise territoriale", et via une sortie scolaire au mémorial de l'abolition de l'esclavage à Nantes, a répondu le rectorat de l'académie. Celle-ci a "aussitôt dépêché dans l'école l'inspecteur et le conseiller pédagogique de la circonscription, qui assureront un suivi très attentif de cette situation et lui remettront leurs conclusions", a ajouté le rectorat. La traite négrière et l'esclavage sont au programme d'histoire du cycle 3, à savoir CM1, CM2 et sixième.

 

Citation

capture-d-e-cran-2019-03-03-a-15-02-38.p

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • prof désécol a modifié le titre du sujet qui est maintenant Un devoir de CM2 sur de supposés "bienfaits" de la colonisation crée la polémique

https://blogs.mediapart.fr/edition/aggiornamento-histoire-geo/article/030319/propos-de-l-enseignement-de-l-histoire-coloniale-l-ecole-primaire

Citation

A propos de l’enseignement de l’histoire coloniale à l’école primaire

blogs.mediapart.fr
 
Laurence De Cock
 

[...] Il est donc tout à fait naturel que la lecture de cet exercice provoque indignation, colère, et interrogations légitimes sur l’orientation politique de l’enseignant. Toutefois, je vais tenter d’expliquer pourquoi l’affaire doit être analysée aussi sous un autre angle avant que d’en conclure au racisme de l’institution scolaire, comme j’ai pu le lire ci et là, ou à celui de l’enseignant.  

Certes je ne connais pas l’enseignant en question et je ne dispose pas d’autres détails que ce que la presse a rapporté de cet épisode ; néanmoins, ayant travaillé sur l’enseignement du fait colonial,  et assumant d’être naturellement peu prompte à vouer des collègues aux gémonies à partir d’une photographie rapide d’un cahier d’élèves, j’aimerais préciser le malaise que me procure cette affaire,  et insister ici sur une responsabilité lourde de l’institution qui me semble aller bien au-delà de la question de l’enseignement de la colonisation.

L’exercice donné est inepte et catastrophique. Il témoigne à la fois d’une méconnaissance de l’histoire et de sa didactique. Cela fait beaucoup, mais cela s’explique hélas. Il faut que les gens sachent à quel point la formation des enseignants du premier degré, en histoire, est indigente. L’histoire n’est même plus évaluée à l’écrit du concours, et elle est optionnelle à l’oral si les étudiants la choisissent pour leur dossier d’admission. Il est tout à fait possible d’arriver, l’année du concours en n’ayant pas fait d’histoire depuis le lycée. Cette année de préparation, très lourde comme tout concours, inclut certes des heures de cours d’histoire-géographie, mais souvent de façon marginale qui laisse à peine le temps d’un survol rapide des thèmes au programme.

A ceci s’ajoutent des textes officiels de plus en plus incohérents. Les derniers programmes de l’école primaire datent de 2015 (légèrement réaménagés en 2018). Voici l’extrait dans lequel on trouve l’unique mention de la colonisation du XIXème siècle.

capture-d-e-cran-2019-03-03-a-14-36-13.p

Il n’est absolument pas question du fait colonial dans son ensemble, mais des conquêtes, sobrement qualifiées de "processus de colonisation".   Tout cela est précisé par les documents d’accompagnement élaborés par l’inspection pour aider les enseignants qui disent ceci :

"L’observation de cartes affichées dans les classes sous la III République peut introduire le thème de la question coloniale. Cette question est liée à la problématique d’ensemble parce qu’elle s’est forgée autour de l’idéal républicain d’une grande nation civilisatrice"

Il s'agit donc de n'envisager la colonisation que du point de vue de la mission civilisatrice. Notons au passage que les manuels de la troisième république étaient beaucoup plus prolixes sur le sujet et avançaient en sus les enjeux diplomatiques et économiques ; mais peu importe, ce qu'il faut retenir ici, c'est qu' un enfant, aujourd'hui,  sort donc de l’école élémentaire en ayant étudié la colonisation sous le seul prisme de sa justification idéologique par la république colonialiste et sans avoir rien appris de la situation coloniale elle-même.

 Ce n’est pas faute d’avoir pointé les défaillances en matière d’enseignement du fait colonial. Nous sommes nombreux à l’avoir fait. En 2015, lorsque les projets de programmes de primaire et de collège sont parus, ils ont provoqué un tollé dans les milieux conservateurs qui, sans même prendre le temps d'étudier en détail les textes, les ont jugés trop « repentants », privilégiant la colonisation (traite, esclavage et colonisation-décolonisation) sur les Lumières et démontrant en cela la victoire des « péda-gauchistes » (je n’exagère pas).

Les immortels de l’Académie Française, accompagnés de quelques politiques en campagne électorale, étaient vent debout contre ces programmes qui abandonnaient, selon eux, toute ambition de faire aimer la France en préférant insister sur les pages sombres de l'histoire. Pour moi qui ai travaillé sur les controverses inhérentes à la mémoire coloniale, je dois admettre que celle-ci atteignait des sommets de mauvaise foi. Le résultat fut cependant un recul, sous la pression, du Conseil Supérieur des Programmes et l’adoption d’un compromis indigeste entre récit national mal dégrossi et introduction de questions plus novatrices. Le fait colonial a été relégué à cette pâle ligne dans un chapitre sur la Troisième République. [...]

 

Ambiguité des programmes ? Manque de formation des PE en histoire ? Maladresse ?

Qu'en pensez-vous ?

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Apparemment, cette classe a travaillé sur tous les aspects du colonialisme et a même effectué une sortie au mémorial du colonialisme et de l'esclavagisme, donc on peut difficilement taxer cet enseignant de colonialiste, malgré ce texte à trous qui fait des raccourcis qui peuvent être mal interprétés.

Plutôt que de débarquer ce sujet qui jette l'opprobre une nouvelle fois sur les enseignants, il aurait mieux valu que Médiapart attende d'avoir tous les éléments et notamment le contenu exact de tout ce qui a été distribué aux élèves.

Pour ce qui est de l'association, au lieu de généraliser cette histoire qui ne fera qu'alimenter la bataille, il serait bien qu'elle se propose pour aller dans cette classe de CM2 témoigner.

Pour ce qui est de la nana qui parle de la formation, qui est-elle ? Une syndicaliste anti-gouvernement ?

Car il y a eu pire, comme programmes scolaires il n'y a pas si longtemps et son histoire de formation est abordée par le petit bout de la lorgnette ...

  • J'aime 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Alors là ça me dépasse. Comme dit Goëllette, visiblement cette classe a travaillé sur le colonialisme dans son ensemble  et en plus est allée au mémorial du colonialisme et de l'esclavagisme. L'exercice (même s'il y a des maladresses : les constructions d’infrastructures, si elles étaient bien financées et réalisées par les populations locales, ne leur étaient pas précisément destinées) indique qu'il ne faut pas oublier les aspects négatifs. Pour le coup l'enseignant  a bien bordé son cours en prenant un maximum de précautions. Ce qui me fait rire jaune c'est que j'ai traité la colonisation en licence d'histoire et que notre prof d'amphi parlait aussi des  apects "positifs" tout en abordant l'exploitation, la violence et le racisme envers les colonisés. Alors le manque de formation comment dire? Je pourrai être aujourd'hui à la place de l'enseignant incriminé. Où est la recherche de vérité historique si on se refuse à penser  son histoire et à en voir tous les aspects.  Pour moi le Cran se trompe de combat et pire fait de la censure.

 

 

  • J'adhère 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

il y a 13 minutes, Melendil a dit :

Où est la recherche de vérité historique si on se refuse à penser  son histoire et à en voir tous les aspects.

  Il n'y a pas, ne peut pas y avoir de "vérité historique". Ce dont on dispose, c'est de définitions et de représentations plus ou moins consensuelles.

Cela dit, effectivement, un intérêt majeur de la discipline historique est d'élargir les points de vue et de dépasser les préjugés idéologiques, et cela semble paradoxalement de plus en plus difficile, alors même que l'époque ne croit plus en grand chose.

 

il y a 13 minutes, Melendil a dit :

Pour moi le Cran se trompe de combat et pire fait de la censure.

 Ca, malheureusement, ce n'est pas nouveau. Pour moi, ils flirtent constamment avec la limite du racisme pur et simple.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il y a 9 heures, BobbyWatson a dit :

La recherche de la vérité ne peut se faire en employant le mot "bienfaits".

[...]

 

Développer des infrastructures? Construites dans le sang pour permettre le transport des marchandises.

La recherche de la vérité n'est pas forcément mieux engagée, avec une formule aussi expéditive...

 

Trouvé un entretien intéressant avec un historien, Marc Ferro, ancien résistant et qui se dit de gauche :

https://histoirecoloniale.net/Marc-Ferro-pour-les-populations.html

Citation

De 1948 à 1956, j’ai été enseignant à Oran (Algérie). J’y suis retourné deux fois ensuite pour ne pas abandonner « le navire » au moment du naufrage. J’ai vu la vie dans l’Algérie coloniale sous tous ses aspects et j’ai participé au mouvement politique en ce sens que nous avions fondé à Oran un mouvement des libéraux, Fraternité algérienne. J’ai donc été très impliqué dans les événements d’Algérie. [...]

 

Citation
  • Que pensez-vous de ce débat qui s’est élevé récemment et qui a fait quelque bruit sur les « bienfaits » du colonialisme ?

 Je connais parfaitement ce débat pour la bonne et simple raison que j’ai été invité à déposer à ce sujet devant la commission de l’Assemblée nationale saisie de ce débat. La formule n’est pas exactement celle que l’on cite. Il s’agissait des « bienfaits que les Français avaient causés du temps des colonisations » .

 Les bienfaits de la colonisation, je serais le dernier à les nier. J’étais enseignant là-bas, je n’avais nullement l’impression d’être « un bourreau des peuples ». J’apprenais aux adolescents les droits de l’homme, les libertés, sans doute ensuite à revendiquer, je faisais ce travail, les médecins aussi ont fait du bien aux populations autochtones. Mais les méfaits existaient : non seulement le truquage des élections, mais surtout le mépris envers les indigènes.

  Le problème colonial, et la question algérienne en relèvent, c’est un problème de dignité. Le mépris s’insinuait partout, dans toutes les situations de la vie sociale, et cela ne pouvait aboutir qu’à une explosion. Les Français d’Algérie n’avaient pas une attitude positive vis-à-vis des Arabes, à l’exception d’une infime minorité, les Bachagas d’un côté ou bien quelques élites algériennes qui étaient bien traitées mais qui comme les autres Algériens ne vous présentaient pas leurs femmes non plus.

Il y avait donc quelque aspect positif, mais comme me le disait Ferhat Abbas (1899- 1985), « Que m’importe qu’on mette l’électricité dans ma maison, si la maison n’est pas à moi ». Les bienfaits de la colonisation n’étaient pas destinés à la population indigène, ils pouvaient la concerner, elle en profitait par accident, mais elle en profitait quand même. S’il y avait du positif dans la présence française en Algérie, le négatif l’a emporté. La meilleure preuve en est qu’il y a eu une guerre. La guerre a touché l’Indochine, l’Indonésie… Pour les populations colonisées, la présence coloniale a été négative.  [...]

 

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il n'y a qu'à juste se rendre compte des dizaines de guerres qui ont pour origine cette colonisation! Les grands démocrates qui sont à la tête de ces Etats...

Nous sommes les spécialistes, nous, occidentaux pour aller mettre la pagaille dans le monde.

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il y a 3 heures, nonau a dit :

Nous sommes les spécialistes, nous, occidentaux pour aller mettre la pagaille dans le monde.

Par opposition aux Mongols de Gengis Kahn ou aux cavaliers arabes de la grande prériode de l'expansion de l'Islam, par exemple ?

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

il y a une heure, BobbyWatson a dit :

 La colonisation est un crime contre l'humanité.

Certes. Puisque même Macron le dit, c'est forcément vrai.

il y a une heure, BobbyWatson a dit :

Il n'y a rien à ajouter ou à relativiser

Ni à discuter donc : tu as raison parce que tu as raison parce que tu as raison ?

C'est beau, la pureté idéologique...

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

il y a une heure, BobbyWatson a dit :

J'imagine que tu es capable de démontrer les bienfaits de la conquête de l'Ouest aux Etats-Unis, des camps d'extermination, de la guerre du Vietnam ou autres.

 Non, mais je sais reconnaître un point Godwin.  Pas que ça me surprenne beaucoup de ta part...

 

il y a une heure, BobbyWatson a dit :

La science historique doit exposer des faits 

 Qui proposes-tu comme arbitre suprême pour déterminer ce qui est un fait et ce qui n'en est pas ? 

 Ou c'est aussi d'une telle évidence — ce qui est conforme à tes préjugés politiques et moraux pourra être considéré comme factuel, et seulement cela — qu'il n'en est même pas besoin ?

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

il y a 14 minutes, BobbyWatson a dit :

La science historique doit exposer des faits et les expliquer, elle ne doit pas juger.

L'histoire n'est pas une collection de faits.

Et pour expliquer des événements historiques, un historien est amené à en donner une interprétation, car ils sont le produit d'actions humaines, pas le résultat d'une réaction chimique ou d'une contrainte mécanique ; et une interprétation ne peut ne se départir d'une certaine subjectivité.

L'historien doit tendre à l'impartialité, tout en sachant qu'il ne pourra jamais complètement l'atteindre...

 

il y a 50 minutes, BobbyWatson a dit :

Donc l'enseignant sort de son rôle en distribuant des exercices aussi partiaux.

Précisément, on peut se demander au contraire si il ne ferait pas preuve de partialité en occultant l'instruction, l'apport sanitaire et les infrastructures dans sa progression.

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il y a 1 heure, BobbyWatson a dit :

Un fait: Toute chose qui arrive, qui a lieu, qui a eu lieu, selon wiktionnaire. J'étais étudiant en histoire contemporaine de l'Afrique, j'étais capable distinguer les faits. Je n'écrivais pas c'est bien mais ça s'est produit.

Et avec tout ça, tu es devenu PE ?

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
  • En ligne récemment   0 membre est en ligne

    • Aucun utilisateur enregistré regarde cette page.
×
×
  • Créer...