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Un devoir de CM2 sur de supposés "bienfaits" de la colonisation crée la polémique


prof désécol

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Il y a 23 heures, BobbyWatson a dit :

Je pense que c'est un vrai sujet. Je suis dans une école dans laquelle la plupart des élèves ne sont pas blancs mais les enseignants oui. Je pense que ça conduit dès l'enfance à associer le sachant à blanc, l'autorité est blanche.

A mon sens, ça dépend fortement de ce qu'on entend par "la plupart", en particulier côté enseignants. Si la quasi-totalité des enseignants sont blancs, au point qu'un enfant noir, disons, peut faire l'intégralité de sa scolarité sans rencontrer un seul enseignant noir — et c'est en effet trop souvent le cas — ça peut de fait soulever des difficultés. Mais sans disposer de chiffres précis, mon intuition serait plutôt que le plus probable est qu'il en rencontre une minorité, faible mais non nulle. Et en ce cas, le principal problème  (si c'en est un ?) me semble être la très forte responsabilité pesant sur ces trop rares enseignants noirs, d'exemplarité en particulier, dans la mesure où leur rôle de modèle sera plus ou moins proportionnellement plus important que celui de leurs collègues blancs. J'imagine bien que ça peut être assez lourd.

Il y a 23 heures, BobbyWatson a dit :

Ce problème existe partout, surtout dans une société majoritairement blanche mais la sous représentation des non-blancs dans les postes de savoir, d'autorité, de pouvoir décisionnel, etc. est un vrai enjeu pour que chacun sente qu'une place lui est faite.

 Mouais. Je ne crois pas que l'accession aux postes "de savoir, d'autorité, de pouvoir", etc. doive se faire sur une base de représentation, mais bien plutôt de mérite personnel et d'utilité sociale. Répartir les postes en fonction de l'ethnie ou de la religion, ça se fait dans plein d'endroits — au Liban, en Afrique... — mais ce sont rarement des exemples de démocratie ou même simplement de paix civile.

Je ne crois pas non plus qu'il faille abaisser les critères de recrutement à ces postes pour y caser de force des personnes "représentatives" de ceci ou de cela mais incapables de faire le job — en fait d'exemplarité, cela me semble même tout à fait contre-productif.  Reste la possibilité de mesures incitatives, et de pression intra-communautaire pour valoriser et faire émerger ce genre de parcours. Mais en dernière analyse, c'est aux individus qu'il appartient de se bouger et de faire les sacrifices nécessaires pour arriver au niveau attendu, et d'investir leur vie et leur carrière dans professions qui tiennent parfois du sacerdoce, comme nous sommes (mal) payés pour le savoir !

 

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Il y a 2 heures, Argon a dit :

Et en ce cas, le principal problème  (si c'en est un ?) me semble être la très forte resposabilité pesant sur ces trop rares enseignants noirs, d'exemplarité en particulier, dans la mesue où leur rôle de modèle sera plus ou moins proportionnellement plus important que celui de leurs collègues blancs. J'imagine bien que ça peut être assez lourd.

Pour travailler en REP+ et avoir eu régulièrement des collègues "non blancs", je n'en ai rencontré aucun qui veuille rester davantage que leurs collègues "blancs".

Et les filles maghrébines, si tu les comptes dans les "non blancs", ne sont pas à la fête dans les écoles "représentatives" de sa "communauté" !

Je mets des guillemets partout tant je trouve ça atroce. C'est du racisme à l'envers ... qui produit en retour encore plus de racisme !

On prend le problème à l'envers à mon avis. Il serait utile de se poser la question de savoir POURQUOI les bons étudiants "non blancs" ne veulent pas devenir enseignants et se dirigent vers d'autres voies loin de la transmission "à leurs semblables" ...

 

 

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Il y a 2 heures, Goëllette a dit :

Pour travailler en REP+ et avoir eu régulièrement des collègues "non blancs", je n'en ai rencontré aucun qui veuille rester davantage que leurs collègues "blancs".

J'en connais une paire que je ne suis pas loin de tenir pour des saints laïcs, mais qui sont clairement exceptionnels.

Il y a 2 heures, Goëllette a dit :

On prend le problème à l'envers à mon avis. Il serait utile de se poser la question de savoir POURQUOI les bons étudiants "non blancs" ne veulent pas devenir enseignants et se dirigent vers d'autres voies

Nous disons la même chose...

 

Il y a 2 heures, Goëllette a dit :

Et les filles maghrébines (...) ne sont pas à la fête dans les écoles "représentatives" de sa "communauté" !

  J'en suis bien conscient et je le déplore comme toi mais,  pour moi, c'est une autre question qui appelle d'autres réponses.

  Le discours dominant est clairement antiraciste, mais il peut aussi être passablement anti-musulman. La dégradation relativement récente de la condition des filles dans la communauté maghrébine en France me semble relever en bonne partie de la réaction à une tentative de lui imposer de force des "valeurs" post-soixantehuitardes qui ne sont pas les siennes.

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  • 3 années plus tard...

Je suis instit en cycle 3 et chercheur en histoire contemporaine sur le fait colonial en Afrique. Je ne vais pas accuser ma collègue d’avoir mal fait son boulot. Elle a tenté de  reconnaître (très maladroitement) une pluralité de point de vue sur la colonisation, présent au sein même de notre espace national qui  est … multiculturel, puisqu’issu de notre histoire impériale. C’est à mon avis le point nodal de toutes nos névroses. Le problème  est que son approche implique un point de vue moral et « civilisateur », en séparant les aspects positifs et négatifs de la colonisation sans jamais les articuler. Il n’y a pas de thèse et d’antithèse en histoire, il n’y a que des faits et des processus sociaux.  Il n’y a pas de « bonne » et de « mauvaise » colonisation. Il n’y a que des systèmes de domination pluriels qui ne peuvent perdurer que dans la violence. L’objectivité en histoire doit se passer de point de vue moral surplombant et anachronique. Faisons confiance aux enfants pour le faire ! Ne le faisons pas à leur place en leur disant que les routes et les voies ferrées en colonie c’est bien, le travail forcé c’est mal,  puisque  les deux aspects sont inséparables et que, de toute façon, ils n’ont jamais eu la jouissance du fruit de leur travail.  On a beau jeu de leur dire que l’école et les dispensaires c’est bien, comme si c’était un cadeau qu’on leur apportait. Une main d’œuvre servile devait être en bonne santé  et un minimum instruite pour palier les carences de l’administration coloniale. Les aspects positifs (et certains négatifs) sont ceux que les colonisés y ont apportés eux-mêmes. L’imposition du Français à l’école et dans les administrations a contribué à détruire les cultures locales, mais a permis à ceux qui s’en sont emparés de s’affranchir à la fois des anciens systèmes de domination et des colonisateurs. En bref, il est très important de montrer aux élèves que les colonisés ont été les acteurs de leur propre histoire,  bien que dominés.  On évite ainsi un double écueil : la culpabilisation des uns et la victimisation des autres.  Le manque de formation est ici patent.

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