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Individualisme et consumérisme dans les pédagogies promues


Frédo45

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il y a 39 minutes, valdeloise a dit :

Il me semble que lorsqu'on désigne l'école comme un lieu de vie, on parle justement de ce lieu de savoir au centre de la vie des élèves, au centre de leur quartier, de leur quotidien. On en parle comme d'un lieu de vie pour souligner qu'il y existe des règles de vie en communauté, et qu'il faut les respecter pour pouvoir justement, trouver sa place au sein du groupe et mieux apprendre.

Ca me paraît un peu le contraire de l'individualisation prônée par les libéraux qui souhaite justement en faire un supermarché ou une gare, antithèses du lieu de vie, puisqu'il ne s'agit que de lieu de passage, où la dimension sociale de l'humain n'est pas prise en compte.

Pour le reste, je suis parfaitement d'accord pour regretter que  la différenciation se résume aujourd'hui à de l'individualisation. C'est en effet un gros problème. Il faut à mon avis réapprendre à instaurer la coopération entre élèves comme une condition sine qua non à l'apprentissage, réapprendre à faire construire une culture commune au groupe-classe, et de fait, faire de la différenciation une notion racinaire de l'enseignement sans rapport avec une quelconque remédiation.

Bonjour.

Je crois que vous faites de l'herméneutique pour faire dire au syntagme ce qu'il ne dit pas. C'est bien connu que la désignation de l'École comme un lieu de vie est une manière de banaliser l'institution scolaire, de la vider de sa substance, c'est-à-dire l'écrêter de ce qui en fait un lieu de diffusion du savoir. À cet égard, je vous invite à lire ce qu'en disait déjà Henri WALLON, en 1952, dans son fameux plan éponyme

« Le mouvement d’Éducation nouvelle met en présence deux conceptions de l’éducation. La conception autoritaire et la conception individualiste. Selon la première, le but est de transmettre aux jeunes générations l’héritage de traditions, croyances, connaissances qui leur permettront de s’intégrer dans la société qu’elles auront à continuer. Selon la seconde, il s’agit de développer au mieux les aptitudes de chaque individu à telle fin qu’il puisse en tirer le meilleur profit pour lui-même et éventuellement pour la société. Les partisans de l'Éducation nouvelle sont pour la seconde contre la première. »[1]

Bien à vous.

[1] Propos rapportés par l'Institut Français de l'Éducation (IFE), dans :

http://www.inrp.fr/presse-education/revue.php?ide_rev=986&LIMIT_OUVR=970,10

Modifié par desnos
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Les partisans de l'Education Nouvelle, ne parlant pas eux-mêmes d'individualisme mais de coopération, c'est-à-dire le contraire, il me semble que Wallon commet un grave contresens sur ce point.

il y a une heure, desnos a dit :

transmettre

c'est bien de transmettre. Mais pour qu'il y ait transmission, il faut un émetteur, et un récepteur. Pas de réception, pas de transmissions. C'est la base. On ne peut pas parler de transmission si on ignore ce que ça veut dire.

Le drame d'aujourd'hui, c'est bien que nous ne sommes jamais sorti du modèle faussement transmissif. On croit "transmettre" alors qu'on ne fait qu'émettre, on se rend compte que ça n'a pas fonctionné car il n'y avait pas de réception, donc il faut "différencier" et "remédier". Il est là le soucis.

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Il y a 4 heures, nonau a dit :

Tout à fait. Nous sommes face à une question de santé publique qu'il faut prendre à la source. 

 

Une fois la source identifiée, nous serons quand même bien démunis, non ? 

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Le 22/10/2022 à 12:21, borneo a dit :

Bonjour,

ici, les raseds existent toujours. Depuis quelques années, la maîtresse E prend de petits groupes dans sa salle.

Je me souviens qu'il y a une dizaine d'années, les maîtres E avaient interdiction (ou refusaient) de prendre des élèves en dehors de la classe. C'était tellement pénible d'avoir le bruit d'un autre enseignant en classe, que j'ai fini par ne plus faire appel à eux. Je me demande avec le recul si ce n'était pas le but, finalement.

Je n'ai jamais vu de maître E prenant les élèves en co-intervention.

L'IEN a bien essayé, il y a une dizaine d'années, mais ils ne voulaient à tout prix pas intervenir en classe et ils ont réussi.

Et ils prennent les élèves qu'ils veulent. Qu'ils ont choisi en concertation avec les autres membres du RASED.

Je déteste également la co-intervention !

Le 23/10/2022 à 09:25, blacknader a dit :

On parlait hier avec les collègues des classes flexibles, des besoins des élèves en tout genre car certains ne sont plus capables de rester assis, alors on leur propose un ballon pour s'assoir, un vélo pour pédaler, des coussins, des élastiques pour les pieds. Déjà ce matériel coute super cher. Ça peut être présenté  en formation comme solution miracle et révolutionnaire ou tendance du moment.

Mais si on se pose la question du pourquoi actuellement, nos jeunes ne tiennent plus assis, ont des soucis de concentration... qu'elle est la cause ? comment la résoudre plutôt que la compenser par du matériel à prix d'or ?

 

Ils ne se tiennent plus assis parce que les adultes n'exigent pas d'eux qu'ils le fassent ... et aussi parce que ces mêmes adultes ne leur montrent pas l'exemple !

Et il est certain que les ballons et autres coussins préteurs ne vont pas arranger ce problème et encore moins permettre davantage d'attention de nos élèves !

Le 23/10/2022 à 09:49, éowin a dit :

Est-ce la raréfaction des redoublements? La « bienveillance » dont la signification est bien altérée ? Autre chose encore? Mais les classes ne sont plus les mêmes. 
Quand un enfant arrive en cm2 ne sachant pas lire…. 

Il y a de ça.

Le 23/10/2022 à 09:49, éowin a dit :

Classe flexible, Montessori tout ça va dans le sens d’une individualisation.

Exactement !

Le 23/10/2022 à 09:49, éowin a dit :

Je m’interroge aussi cette année, car face à des petits avec des difficultés diverses, j’ai peur de creuser encore plus l’écart. Je vois aussi du côté des familles un besoin de singulariser plus que de faire progresser ( en général les parents veulent que les enfants raccrochent les wagons pas là enfin pas tous).

De moins en moins font le nécessaire pour ça !

Par contre, ils mettent toute leur énergie à singulariser encore un peu plus leur enfant, et sont vent debout contre la mutualisation des aesh. Non parce que ça complexifie le travail de ce dernier, mais parce que leur enfant doit un peu plus souvent faire seul, ce qui met en évidence son retard. (Je ne parle pas des enfants malvoyants ou malentendants.)

Le 23/10/2022 à 09:49, éowin a dit :

Le besoin de mouvement, l’angoisse quand il n’y a pas de bruit qu’ils verbalisent, ça aussi ça pose question. J’ai parfois l’impression que ce mouvement ce bruit comblent un vide intérieur.

Dans beaucoup de familles (et pas seulement dans les milieux défavorisés), il y a un fond sonore en permanence, les parents n'empêchent pas les enfants de crier, couper la parole, refuser, ..., et ils les emmènent au supermarché avec eux, dans le bruit, la foule, ... C'est leur quotidien.

Par contre il y a de moins en moins de conversations calmes, de repas pris ensemble, de jeux de société calmes.

Mais mes élèves me disent apprécier le calme que je fais régner dans ma classe.

 

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Il y a 12 heures, éowin a dit :

L’histoire des 30 minutes d’activité physique c’est peut-être pour ça? 

Pour en revenir au premier message de Fredo, est-ce la différenciation qui a changé ou les enfants. 
Je ne suis pas de la première jeunesse et ai vu passer des cohortes d’élèves. Est-ce la raréfaction des redoublements? La « bienveillance » dont la signification est bien altérée ? Autre chose encore? Mais les classes ne sont plus les mêmes. 
Quand un enfant arrive en cm2 ne sachant pas lire…. 

Classe flexible, Montessori tout ça va dans le sens d’une individualisation.

Je m’interroge aussi cette année, car face à des petits avec des difficultés diverses, j’ai peur de creuser encore plus l’écart. Je vois aussi du côté des familles un besoin de singulariser plus que de faire progresser ( en général les parents veulent que les enfants raccrochent les wagons pas là enfin pas tous).

Le besoin de mouvement, l’angoisse quand il n’y a pas de bruit qu’ils verbalisent, ça aussi ça pose question. J’ai parfois l’impression que ce mouvement ce bruit comblent un vide intérieur.

Le groupe pris en classe, connu aussi. Le collègue parlant à voix basse, mais les enfants ça c’est une autre affaire. Impression aussi que cela leur est impossible ( ça j’en doute).

Bref! Vais suivre la discussion!

 

Je ne crois pas que les enfants aient tant changé que ça. Les adultes par contre... 

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Le 23/10/2022 à 17:13, Goëllette a dit :

Mais mes élèves me disent apprécier le calme que je fais régner dans ma classe.

Quand la maîtresse apprécie le calme, les élèves finissent par l'apprécier aussi. 

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Pour en revenir à ce qui à été dit plus haut.

Je pense que l'individualisation (et non la différenciation car la différenciation ne détruit pas le groupe au profit de l'individu) s'inscrit dans une évolution générale de la société, plus individualiste et plus consumériste. L'école devient un marché et l'enseignant doit "vendre" ses méthodes, montré la plus-value qu'il apporte. Nous sommes de moins en moins dans une relation fonctionnaires - usagers et de plus en plus dans une démarche capitaliste d'offres et de demandes. Je ne dis pas que l'Education Nationale est responsable, je dis qu'elle accompagne ce mouvement, et certains collègues avec elle, au lieu d'y résister. 

En ce qui concerne le redoublement, je crains qu'on n'ait pas trouvé le juste milieu entre les redoublements à outrance qu'il y avait peut-être il y a 40 ans et la passivité actuelle. Je pense aussi que la notion de cycle doit être questionnée. Autant maintenir un élève en CM1 n'a pour moi aucun sens, autant faire passer en CE1 un élève qui ne sait pas lire n'en a pas davantage. Et quand j'entends certains dire qu'il faut laisser le temps aux élèves, j'ai bien envie de répondre que le maintenir, c'est lui laisser le temps et éviter de voir l'écart qui le sépare des autres se creuser. En CE2, c'est trop tard ! Alors, oui, certains maintiens ne sont pas efficaces mais cela fait partie des outils à notre disposition pour traiter de la difficulté scolaire. 

Quant au bruit, je n'ai pas le même sentiment. J'ai toujours un certain nombre d'élèves qui me disent avoir du mal quand il y a du bruit et je crois que, là aussi, on ne prête pas assez attention à cet élément. Sous prétexte de ne pas être l'instit fouettard, on autorise un vacarme qui nuit aux élèves, notamment les plus faibles. Autre remarque : il est de plus en plus difficile pour les élèves de travailler en groupe ou de jouer dans le calme. 

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Il y a 9 heures, Frédo45 a dit :

(...) les redoublements à outrance qu'il y avait peut-être il y a 40 ans et la passivité actuelle. Je pense aussi que la notion de cycle doit être questionnée.

Les "redoublements à outrance" sont un mythe. D'ailleurs, si ça avait été le cas, l'école n'aurait jamais pu fonctionner. Dans mon école des années 60, il y avait un ou deux redoublements par année, parfois pas du tout. C'était surtout le CP, si l'on ne savait pas lire, et le CM2, afin d'acquérir le niveau suffisant d'entrée au collège.

L'invention des cycles a été la porte ouverte au déclin des enseignements.  Ils ont fait baisser le niveau d'exigence, et autorisé des méthodes pédagogiques nouvelles qui se sont révélées désastreuses.

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Il y a 17 heures, LouisBarthas a dit :

Les "redoublements à outrance" sont un mythe. D'ailleurs, si ça avait été le cas, l'école n'aurait jamais pu fonctionner. Dans mon école des années 60, il y avait un ou deux redoublements par année, parfois pas du tout. C'était surtout le CP, si l'on ne savait pas lire, et le CM2, afin d'acquérir le niveau suffisant d'entrée au collège.

L'invention des cycles a été la porte ouverte au déclin des enseignements.  Ils ont fait baisser le niveau d'exigence, et autorisé des méthodes pédagogiques nouvelles qui se sont révélées désastreuses.

Non, ce n'est pas un mythe. Un certain nombres d'élèves redoublaient même 2 fois avant la 3e. Il faut arrêter de nier une réalité sous prétexte que personnellement on ne l'a pas connue. 

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Cela concernait quelques enfants , trop, mais pas tant que ça.

Cela dit, aujourd’hui encore ce n’est pas la solution pour tous.

 

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il y a 50 minutes, Frédo45 a dit :

Non, ce n'est pas un mythe. Un certain nombres d'élèves redoublaient même 2 fois avant la 3e. Il faut arrêter de nier une réalité sous prétexte que personnellement on ne l'a pas connue. 

C'est bien un mythe, démontable par les chiffres : même le SNUIpp, cheval de bataille des réformes derrière Philippe Meirieu depuis les années 80, le reconnaît implicitement ici : SNUIpp - Maintiens, ça redouble (janvier 2019)

« 15% des CM2 avaient une année de retard en 1970 », c'est-à-dire à la veille des grandes réformes.

15 % d'une classe de CM2, disons entre 25 et 30 élèves dans les classes du baby-boom de cette époque, c'est moins de 5 redoublants.  5 élèves maximum à avoir redoublé une classe entre le CP, le CE1, le CE2 le CM1 et le CM2, ce ne sont pas des "redoublements à outrance".

Quand j'ai terminé ma carrière, c'est plus de la moitié des élèves de CM2 que je visitais qui n'étaient pas au niveau. Si l'on faisait redoubler aujourd'hui les élèves selon les critères des années 60-70, ce ne serait plus 15 % de redoublants mais près de 75 % qu'on aurait.

Pour lutter contre l'échec scolaire ? supprimez les redoublements et créez des cycles !

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Il y a 8 heures, éowin a dit :

Cela concernait quelques enfants , trop, mais pas tant que ça.

Cela dit, aujourd’hui encore ce n’est pas la solution pour tous.

Je suis d'accord, ce n'est pas toujours la solution.

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