Invité Posté(e) 11 novembre 2015 Posté(e) 11 novembre 2015 Ces deux paragraphes décrivent déjà ce qui se fait dans le premier degré, par exemple avec les PPRE. On en rédige puisque c'est obligatoire, en sachant que ça ne fera pas de miracle mais c'est ce que demande la hiérarchie, alors on les lui retourne si elle les demande, elle est contente d'avoir ses papiers, on est (relativement) contents, elle ne nous ennuie pas trop, elle ne croit pas à ses mensonges sur l'utilité de ce genre de procédés pour les élèves, par expérience nous on en connait les limites (vite atteintes), mais à la fin, ces petits PPRE se retrouvent pris en compte pour une statistique quelconque qui arrive sur le bureau du DASEN, est transmise au bureau du recteur, puis arrive au ministère qui en fait ce qu'il veut. A chaque échelon, on ment un petit peu (arrivé au ministère ça donne parfois des gros mensonges aussi), on sait qu'on ment, que les supérieurs mentent et eux savent (faut espérer) qu'on ment aussi, mais la machine tourne et avec nos petites mains, pendant ce temps, on se fabrique nos techniques de survie propre et aussi de survie des élèves. Oui, on peut ajouter à cela : - le remplissage du LPC qui n'est lu par personne, - de même que les diverses attestations du type B2I, A1 et autre brevet de sécurité routière qui n'attestent de rien du tout ou presque, - les "fiches d'actions" du projet d'école -sans parler du "projet" lui-même... - les statistiques sur le pourcentage de temps d'APC consacrés à l'aide des élèves en difficultés / au projet d'école - les statistiques sur le nombre d'élèves pris en APC, - le projet pédagogique à détailler en trois pages pour partir en classe découverte - la fiche de demande d'un maintien qui sera invariablement refusé et j'en oublie... (A propos du PPRE : on parlait même sur ce forum d'un "pré-PPRE" dans certaines circos...) C'est tellement vrai et désolant...
sylvielise Posté(e) 11 novembre 2015 Posté(e) 11 novembre 2015 Ces deux paragraphes décrivent déjà ce qui se fait dans le premier degré, par exemple avec les PPRE. On en rédige puisque c'est obligatoire, en sachant que ça ne fera pas de miracle mais c'est ce que demande la hiérarchie, alors on les lui retourne si elle les demande, elle est contente d'avoir ses papiers, on est (relativement) contents, elle ne nous ennuie pas trop, elle ne croit pas à ses mensonges sur l'utilité de ce genre de procédés pour les élèves, par expérience nous on en connait les limites (vite atteintes), mais à la fin, ces petits PPRE se retrouvent pris en compte pour une statistique quelconque qui arrive sur le bureau du DASEN, est transmise au bureau du recteur, puis arrive au ministère qui en fait ce qu'il veut. A chaque échelon, on ment un petit peu (arrivé au ministère ça donne parfois des gros mensonges aussi), on sait qu'on ment, que les supérieurs mentent et eux savent (faut espérer) qu'on ment aussi, mais la machine tourne et avec nos petites mains, pendant ce temps, on se fabrique nos techniques de survie propre et aussi de survie des élèves. Et c'est très bien comme çà ! on les em...brasse ! Loin de toute jouissance, la majorité des acteurs du système risque d'entrer à présent dans ce que Lacan appelle le Semblant. Tout le monde fera semblant, pour éviter la chute dans le vide du réel. Semblant de “faire cours”, semblant de se plier aux EPI, semblant de “noter”. Pendant ce temps le ministre, collé à son sourire carnassier, entraîné par une armée de communicants spécialisés dans les faux semblants, fera semblant d'avoir réussi à démocratiser l'école. Beaucoup d'élèves prendront le parti raisonnable de faire semblant de travailler. Et le niveau, cela va de soi, fera semblant de monter. Pris dans des contraintes ubuesques et des protocoles souvent délirants (le “socle commun” et les “compétences” en sont un bel exemple!), les stratégies de survies individuelles des enseignants se multiplieront (pourquoi survivre ?) Toute forme d'enthousiasme se perdra. Le nihilisme gagnera du terrain. Les dépressifs feront cours au ralenti, les crypto-dépressifs partiront parfois dans une fuite en avant dans les «activités péri-éducatives» diverses pour s'étourdir. les cyniques dociles mettront en circulation les signes, et uniquement les signes, d'un affairisme pédagogique consciencieux et d'un zèle à toute épreuve. Ces deux paragraphes décrivent déjà ce qui se fait dans le premier degré, par exemple avec les PPRE. On en rédige puisque c'est obligatoire, en sachant que ça ne fera pas de miracle mais c'est ce que demande la hiérarchie, alors on les lui retourne si elle les demande, elle est contente d'avoir ses papiers, on est (relativement) contents, elle ne nous ennuie pas trop, elle ne croit pas à ses mensonges sur l'utilité de ce genre de procédés pour les élèves, par expérience nous on en connait les limites (vite atteintes), mais à la fin, ces petits PPRE se retrouvent pris en compte pour une statistique quelconque qui arrive sur le bureau du DASEN, est transmise au bureau du recteur, puis arrive au ministère qui en fait ce qu'il veut. A chaque échelon, on ment un petit peu (arrivé au ministère ça donne parfois des gros mensonges aussi), on sait qu'on ment, que les supérieurs mentent et eux savent (faut espérer) qu'on ment aussi, mais la machine tourne et avec nos petites mains, pendant ce temps, on se fabrique nos techniques de survie propre et aussi de survie des élèves. Tu as raison.C'est très bien de trouver un mode survie en fait.Le tout est de ne pas se faire broyer par la grosse machine. NB : j'ai un peu merdouillé dans mes "quotes" désolée, le retour en arrière ne marche pas.
sylvielise Posté(e) 11 novembre 2015 Posté(e) 11 novembre 2015 (pourquoi survivre ?) Merci pour le lien, j'aime beaucoup.
ColdTurkey Posté(e) 11 novembre 2015 Posté(e) 11 novembre 2015 Le souci principal du MEN est de piloter. Mais à aucun moment, que pilote-t-il à part une machine en pleine décrépitude ? Comme écrit plus haut, la plupart des bilans sont faussés, la plupart des évaluations sont arrangées. Dans les écoles, on fait du B2i même si on n'a pas d'ordinateur, on fait de l'anglais même si on le parle à peine et tout cela passe dans les stats comme une lettre à la poste. A force de demander à ce que les maillons de la chaine administrative fasse remonter ce qui est attendu (et d'ailleurs de les récompenser pour cela), quasiment plus aucune information n'a de sens. Mais qui veut entendre cela au ministère ?
Lena Posté(e) 11 novembre 2015 Posté(e) 11 novembre 2015 . merci d'avoir parlé PPRE, j'en avais un à pondre pour un rdv demain soir... (pour moi, c'est un support mémoire de ce que je tente, et ma collègue de mi-temps aussi, avec un môme, et une façon que le parent ne puisse pas "tomber des nues" + tard; je date au fur et à mesure, bref, un document vivant - quitte à en pondre, autant qu'ils me servent! ); Le coco concerné aurait tellement besoin d'une PenC par un maître G, pour oser être élève - à 10 ans sonnés, il est temps qu'il le devienne! - . Mais nous n'avons plus de maître G depuis plus de 6 ans sur ce secteur (il n'y en avait déjà plus lorsque je suis arrivée sur l'école). Autant les PPRE me sont utiles (surtout dans le cadre du mi-temps), autant les fiches actions (j'ai des collègues qui adooooooorent, passez devant, je vous suis!) , les stats, le projet péda de 15 pages en 5 exemplaires et un autre en secours au cas où il n'y aurait pas de neige en février à Mouthe (on part toujours au même endroit désormais: copier-coller-changer les dates, hop), le A1 (-> hop, 5h d'APC parce que l'oral individuel de 10 minutes lorsque y en a 29 autres, moyen), le B2i (déclaratif, c'est tellement + simple... de toute façon, avec 14 ordi pour 30 élèves, hum), apffffff Quant au dossier segpa qui prend des heures pour être refusé par les parents quand on finit par leur dire où elle se situe, je n'en ferai plus. Les demandes de redoublement, en CM2, je n'en ai jamais fait. Trop tard. J'envoie chaque année 3-4 élèves au carnage. Ô joie!
ColdTurkey Posté(e) 11 novembre 2015 Posté(e) 11 novembre 2015 Donc : - le remplissage du LPC qui n'est lu par personne, Ne pas se prendre la tête pour le remplir - de même que les diverses attestations du type B2I, A1 et autre brevet de sécurité routière qui n'attestent de rien du tout ou presque, Là non plus quelques croix photocopiées font l'affaire - les "fiches d'actions" du projet d'école (Limiter au maximum les écrits) - sans parler du "projet" lui-même... (On a fait une évaluation d'école, personne ne se souvenait du titre du projet ! L'école fonctionne...) - les statistiques sur le pourcentage de temps d'APC consacrés à l'aide des élèves en difficultés / au projet d'école (Limiter au maximum les écrits) - les statistiques sur le nombre d'élèves pris en APC, (Limiter au maximum les écrits) - le projet pédagogique à détailler en trois pages pour partir en classe découverte (Limiter ce qui se fait. Je sais c'est triste, mais à un moment donné, il faut arrêter.) - la fiche de demande d'un maintien qui sera invariablement refusé (Donc à ne pas faire, c'est une perte de temps et expliquer aux parents.) En conclusion, l'important est d'avoir une cohésion d'équipe et de ne faire que le strict nécessaire, pas plus. L'important reste au niveau des élèves et il faut limiter au maximum les pertes d'énergie inutiles.
Sarri Posté(e) 12 novembre 2015 Posté(e) 12 novembre 2015 Quant au dossier segpa qui prend des heures pour être refusé par les parents quand on finit par leur dire où elle se situe, je n'en ferai plus. La nouvelle circulaire Segpa est arrivée et l'orientation en Segpa ne se fera plus fin CM2 mais fin 6ème. Bon alors, en fait c'est quand même le PE de CM2 qui va se taper le boulot puisqu'il va faire un dossier de "pré-orientation" qui est quasiment le même que ce qu'il faisait jusqu'ici pour une orientation définitive. L'élève sera envoyé un peu en classe ordinaire, un peu en classe Segpa histoire de finir de lui mettre la tête sous l'eau car comme on le sait tous un petit élève de 6ème Segpa a une capacité d'adaptation au dessus de la moyenne et va forcément profiter de cette dispersion de lieux, de profs, de matériel, etc... A la fin de la 6ème, le collège va faire un énorme travail en joignant les 3 bulletins de l'année au dossier fait par le PE de CM2 afin d'obtenir (ou pas...) une orientation définitive. Evidemment, à chaque étape, les parents peuvent demander le maintien en classe ordinaire. Desjardins craint que, dans l'avenir, l'Education Nationale se contente de faire semblant. C'est malheureusement déjà le cas depuis un bon moment. Il suffit de constater comment certains diplômes sont offerts.
Goëllette Posté(e) 12 novembre 2015 Posté(e) 12 novembre 2015 Ils vont être contents les profs de collège de devoir accueillir dans les classes banales des élèves qui jusqu'ici ne les fréquentaient pas ! Mais question idiote : quid de la 6è SEGPA ? Elle disparaît ou bien les élèves qui ont ce profil passent en 6è classique sans avoir redoublé précédemment et redoublent forcément leur 6è ? Flemme de lire les textes !
Sarri Posté(e) 12 novembre 2015 Posté(e) 12 novembre 2015 La 6ème Segpa ne disparaît pas. Les élèves préorientés bénéficieront de temps de regroupement dans une 6ème Segpa mais seront aussi inclus en classe ordinaire. ou dans des groupes de niveau... Je n'ose imaginer les dégâts d'une telle dispertion sur des élèves aussi fragiles pour lesquels tout doit être ritualisé. A la fin de la 6ème, ils seront soit orientés en 5ème SEGPA soit en 5ème ordinaire. Les PE spécialisés option F pourront soit assurer le cours de la classe de 6ème SEGPA, soit co-intervenir en classe ordinaire afin d'aider non seulement les élèves de Segpa qui y sont intégrés mais aussi les autres, soit animer des groupes de niveau. Les missions des PE sont donc totalement modifiées. Nous allons devenir les bonnes à tout faire du collège, sans modification de nos obligations de service puisque nous serons les seuls enseignants du collège à assurer 21 h devant élèves, nos heures sup seront toujours payées 50% de moins que celles des PLC ou PLP avec qui nous bossons et cerise sur le gâteau nous allons perdre 600 € de revenu annuel car le paiement des heures de synthèses et coordination en HSE est remplacée par l'ISOE. Cette nouvelle circulaire promise et attendue depuis 2 ans est formidablement floue et peu précise de façon à laisser toutes latitudes à nos pilotes (une page entière de la circulaire est consacrée aux pilotages). En effet, sa volontaire imprécision, permet différentes lectures et ainsi nos "pilotes" pourront manoeuvrer selon leur bon vouloir et nous n'aurons plus l'appui d'un texte clair et précis pour dénoncer les dérives. Du grand art!!!
sylvielise Posté(e) 12 novembre 2015 Posté(e) 12 novembre 2015 Si elle ne disparaît pas tout de suite, elle est vouée à l'être, petit à petit. La politique scolaire actuelle ressemble à l'image de la grenouille plongée dans de l'eau froide qui se réchauffe peu à peu, tout le monde connait ça ,et qui ne bondira pas hors de l'eau tout de suite mais va crever lentement sans s'en rendre compte. Rien à dire, c'est bien fait, mieux qu'avant. On voit que la com' a fait beaucoup de progrès. Dans l'intérêt de tous bien sûr.
ColdTurkey Posté(e) 12 novembre 2015 Posté(e) 12 novembre 2015 Si elle ne disparaît pas tout de suite, elle est vouée à l'être, petit à petit. La politique scolaire actuelle ressemble à l'image de la grenouille plongée dans de l'eau froide qui se réchauffe peu à peu, tout le monde connait ça ,et qui ne bondira pas hors de l'eau tout de suite mais va crever lentement sans s'en rendre compte. Rien à dire, c'est bien fait, mieux qu'avant. On voit que la com' a fait beaucoup de progrès. Dans l'intérêt de tous bien sûr. Que la com' ait fait des progrès certes ! Mais tout de même, que plusieurs de nos syndicats non seulement n'agissent pas, mais la plupart du temps cautionnent ces dégradations tant pour les enseignants que pour les élèves est scandaleux.
prof désécol Posté(e) 12 novembre 2015 Posté(e) 12 novembre 2015 Cette nouvelle circulaire promise et attendue depuis 2 ans est formidablement floue et peu précise de façon à laisser toutes latitudes à nos pilotes (une page entière de la circulaire est consacrée aux pilotages). En effet, sa volontaire imprécision, permet différentes lectures et ainsi nos "pilotes" pourront manoeuvrer selon leur bon vouloir et nous n'aurons plus l'appui d'un texte clair et précis pour dénoncer les dérives. Du grand art!!! Pfff ! Fais-donc un peu confiance aux professionnels au lieu d'être aussi méfiant !
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