Programmes maternelle 2015

[Polythene Pam]

Quand je vois mes collègues de maternelle en permanence avec leurs grilles d'évaluation, les dizaines d'items à cocher, les compétences à valider, je me demande à quel moment elles font classe. Leurs livrets sont un patchwork de couleurs, de phrases alambiquée que la plupart des parents de comprennent pas (ou ne lisent pas).

J'ose espérer que ceci n'est qu'une dérive, mais je suppose que cette évaluationite aigüe a contaminé d'autres endroits.

Je m'égare, mais je rebondis sur le message de Nonau concernant la Corée et le Japon, parce que c'est exactement ça qu'il se passe : un formatage par l'évaluation en permanence.

Il aurait été intéressant de définir plus précisément ce que signifie "devenir élève". En équipes éducatives, j'ai travaillé avec plein de parents qui n'avaient pas du tout intégré cette notion, des parents pour qui leur enfant devait s'occuper en permanence en jouant (de plus en plus avec des tablettes ou des consoles de jeu, mais passons...), sinon "vous comprenez, il me rend la vie impossible".Ben oui, madame, monsieur, un enfant a besoin d'attention si on veut ... qu'il soit attentif.....(bon, je ne le disais pas comme ça, je sais mettre les formes...).

Devenir élève, c'est développer des capacités d'écoute, d'attention, de participation active lors d'une tâche demandée, de questionnement aussi "pourquoi tu nous fais faire ça, maîtresse ?"

Devenir élève, c'est comprendre petit à petit pourquoi on est à l'école.

Devenir élève, ça devrait être prendre plaisir à venir à l'école pour apprendre, pour développer de nouvelles compétences, pour acquérir de nouveaux savoirs et surtout, comprendre pourquoi.

Devenir élève, c'est partager avec ses pairs, donner, recevoir, aider, questionner, oser.

Moralité : un enfant ne devient pas élève par magie, mais parce qu'il est soutenu, porté par son entourage. C'est certain, des enfants qui ne sont pas soutenus à la maison partent déjà avec davantage de difficultés, et ça ne va pas aller en s'arrangeant, les parents étant de plus en plus défiants vis-à-vis de l'école, d'autant plus s'ils ont eux aussi été en échec scolaire.....

Ce qui est très inquiétant, c'est que l'Ecole n'est plus un sanctuaire, les enseignants sont systématiquement cloués au pilori par des familles de plus en plus virulentes qui ne supportent plus aucune injonction scolaire, par une hiérarchie culpabilisante et jamais là quand il y a un problème.

Comment alors s'étonner de l'augmentation du nombre de ces enfants pour qui l'école est juste un lieu comme un autre, un lieu de contraintes alors qu'à l'extérieur, des contraintes, il y en a peu pour ces mêmes enfants, ces enfants qui ne comprennent pas pourquoi ils sont là, ces enfants donc, qui ne peuvent pas devenir élèves ?

[abel27]

C'est intéressant comme débat.

Je vais juste lancer un petit caillou dans le mare.

Qu'est-ce que devenir élève ? Se fondre dans le moule ou développer ses capacités ?

Depuis longtemps, je suis inquiet lorsque je lis les mots programmation, progression, uniformisation, évaluation, ...

J'ai de plus en plus la sensation que nous ne parlons pas d'humains mais de machines à formater.

Le résultat est qu'avec ce mode de fonctionnement la hiérarchisation des enfants est de plus en plus précoce.

Ce qui induit (pour leur bien ! ?), la mise en route d'une machine infernale de plus en plus tôt, RASED, psychologue, orthophoniste,....

Pour autant, les enfants d'aujourd'hui sont-ils à la fois meilleurs tant au niveau scolaire qu'au niveau de leur bien-être.

Je ne le crois pas.

Pourtant nous avons la sensation de tout faire pour cela et, comme cela ne marche pas, nous risquons d'en faire encore plus !

Quand y'en a (rased et psy)... Quand c'est accepté par les parents... Quand les parents entendent nos interrogations...

La machine infernale tourne surtout du côté des instits à remplir des paperasses qui n'aideront jamais l'enfant.

Quand on lance la machine infernale en maternelle, elle est bien lente pour soigner les maux de certains enfants.

[ColdTurkey]

Ce que je veux dire Abel, c'est que je ne sais pas dans quelle mesure nous ne créons pas les conditions de ces maux.

Je vais prendre l'exemple concret d'une petite arrivant au CP. La maîtresse du RASED vient et prévient que cette petite est en grande difficulté, qu'en plus la mère est très hostile et cela depuis la PS.

L'écoute de la mère montre effectivement son ressentiment et son immense inquiétude vis à vis de l'Ecole. Son propre vécu est transmis à sa fille.

En écoutant au fil de l'année la mère et la fille, les progrès vont être importants : elle apprend à lire tranquillement. Certes, elle ne devient pas une tête de classe et a besoin d'aides. Mais ce dont avait surtout besoin cette petite, c'était d'un peu de temps et de confiance.

Je me suis aperçu au fil des ans que nous sommes pris dans l'étau des programmations et des évaluations. A force de définir les apprentissages par des objectifs à atteindre, nous en oublions l'essentiel : l'humain !

Il ne devient pour certains qu'une succession d'acquis ou non acquis, une espèce de code binaire. Alors nous entrons dans le grande délire paperassier qui donne l'illusion que nous faisons quelque chose pour l'enfant.

Ce système est totalement fou et pervers !

[abel27]

Ce que je veux dire Abel, c'est que je ne sais pas dans quelle mesure nous ne créons pas les conditions de ces maux.

Je vais prendre l'exemple concret d'une petite arrivant au CP. La maîtresse du RASED vient et prévient que cette petite est en grande difficulté, qu'en plus la mère est très hostile et cela depuis la PS.

L'écoute de la mère montre effectivement son ressentiment et son immense inquiétude vis à vis de l'Ecole. Son propre vécu est transmis à sa fille.

En écoutant au fil de l'année la mère et la fille, les progrès vont être importants : elle apprend à lire tranquillement. Certes, elle ne devient pas une tête de classe et a besoin d'aides. Mais ce dont avait surtout besoin cette petite, c'était d'un peu de temps et de confiance.

Je me suis aperçu au fil des ans que nous sommes pris dans l'étau des programmations et des évaluations. A force de définir les apprentissages par des objectifs à atteindre, nous en oublions l'essentiel : l'humain !

Il ne devient pour certains qu'une succession d'acquis ou non acquis, une espèce de code binaire. Alors nous entrons dans le grande délire paperassier qui donne l'illusion que nous faisons quelque chose pour l'enfant.

Ce système est totalement fou et pervers !

Pour que la psy daigne se déplacer ici pour un enfant, il faut déjà remplir des paperasses. Pour avoir un suivi rased, il faut remplir des paperasses.

Et je n'ai pas dit que la paperasse aidait l'enfant, bien au contraire !

Ensuite, pour ton élève, nous avons toutes les années des familles semblables, très suspicieuses vis à vis de l'école. Si en cp, ça se débloque, c'est peut-etre qu'en mater, les instits viennent de ramer pendant 3 ans pour essayer d'installer une toute petite relation avec les parents...

Et puis, les élèves pour qui la machine infernale est lancée ne sont pas ceux pour lesquels il y a des grandes difficultés, mêmes s'ils sont signalés, mais plutôt ceux pour lesquels il faut une orientation qui se fera ou non.

Finalement, si on rapporte le temps passé en paperasse et réunions diverses et le temps effectif d'aide apporté à l'enfant, on brasse du vent.

[nola]

Ce que je veux dire Abel, c'est que je ne sais pas dans quelle mesure nous ne créons pas les conditions de ces maux.

Je vais prendre l'exemple concret d'une petite arrivant au CP. La maîtresse du RASED vient et prévient que cette petite est en grande difficulté, qu'en plus la mère est très hostile et cela depuis la PS.

L'écoute de la mère montre effectivement son ressentiment et son immense inquiétude vis à vis de l'Ecole. Son propre vécu est transmis à sa fille.

En écoutant au fil de l'année la mère et la fille, les progrès vont être importants : elle apprend à lire tranquillement. Certes, elle ne devient pas une tête de classe et a besoin d'aides. Mais ce dont avait surtout besoin cette petite, c'était d'un peu de temps et de confiance.

Je me suis aperçu au fil des ans que nous sommes pris dans l'étau des programmations et des évaluations. A force de définir les apprentissages par des objectifs à atteindre, nous en oublions l'essentiel : l'humain !

Il ne devient pour certains qu'une succession d'acquis ou non acquis, une espèce de code binaire. Alors nous entrons dans le grande délire paperassier qui donne l'illusion que nous faisons quelque chose pour l'enfant.

Ce système est totalement fou et pervers !

Pour que la psy daigne se déplacer ici pour un enfant, il faut déjà remplir des paperasses. Pour avoir un suivi rased, il faut remplir des paperasses.

Et je n'ai pas dit que la paperasse aidait l'enfant, bien au contraire !

Ensuite, pour ton élève, nous avons toutes les années des familles semblables, très suspicieuses vis à vis de l'école. Si en cp, ça se débloque, c'est peut-etre qu'en mater, les instits viennent de ramer pendant 3 ans pour essayer d'installer une toute petite relation avec les parents...

Et puis, les élèves pour qui la machine infernale est lancée ne sont pas ceux pour lesquels il y a des grandes difficultés, mêmes s'ils sont signalés, mais plutôt ceux pour lesquels il faut une orientation qui se fera ou non.

Finalement, si on rapporte le temps passé en paperasse et réunions diverses et le temps effectif d'aide apporté à l'enfant, on brasse du vent.

Pour ce que j'ai mis en gras, c'est vrai à tous les niveaux donc si on a l'impression de passer une année à parler à un mur avec certaine famille, il faut bien se dire que ce n'est jamais du temps perdu. C'est aussi une bonne raison de continuer vaille que vaille à maintenir le dialogue avec les familles et les collègues en étant le plus honnête (et diplomate possible).

[pepite100]

Pour ce que j'ai mis en gras, c'est vrai à tous les niveaux donc si on a l'impression de passer une année à parler à un mur avec certaine famille, il faut bien se dire que ce n'est jamais du temps perdu. C'est aussi une bonne raison de continuer vaille que vaille à maintenir le dialogue avec les familles et les collègues en étant le plus honnête (et diplomate possible).

Oui mais c'est une sacrée dépense d'énergie. Et parfois on a plus la force...

[lilimai]

Je reviens du Québec où j'ai eu la chance de suivre un séminaire sur la pédagogie....

Je me suis pris une belle gifle... La maternelle ne date pourtant pas de hier.... Je pense que Pauline Kergomard en lisant les programmes se retourneraient dans sa tombe!!

Ce qui est mis en avant dans les nouveaux programmes devraient faire partie du B.A B.A de l'approche pédagogique en maternelle comme en élémentaire . Il y a des concepts à côté desquels on ne devrait pas passer, le jeu chez l'enfant en fait parti mais il y a aussi les concepts développés par Piaget ou Vygotski il faudrait presque repenser nos approches en cycle 2 pour répondre aux besoins des élèves. L'articulation entre la grande section et le CP par exemple dont le passage de l'un à l'autre me parait trop brutal. Les élèves immatures trinquent souvent (ceux nés en fin d'année)...

Après 10 ans de carrière, je me suis rendue compte que mes connaissances théoriques sur les enfants de maternelle que j'avais en charge était plutôt faiblarde, je pense à la psycho pédagogie qui aide à comprendre entre autres, les différents rythmes d'acquisition chez l'élève..... Et puis enseigner, c'est aussi se comprendre: les casseroles qu'on se traine, nos représentations, nos transferts qui viennent parasiter la relation pédagogique...Bref! En une semaine de séminaire, je récolte une belle culpabilité et une belle colère contre notre institution qui au final, malgré ces nouveaux programmes ne répond pas au cœur du problème et nous laisse sur notre faim.

Quelle formation? Quels moyens dans des classes surchargées?

Pour rappel dans les Espe, le volume horaire dédié à la maternelle reste anecdotique. Mais heureusement que les éditeurs sont là pour nous proposer des fichiers complets! Pas de prise de tête, tout est organisé par domaine, par thème, par couleur d'ateliers..... Pas besoin de réfléchir..... (Je suis volontairement polémique!)

Un parallèle qui fera bondir certains: la formation d'éducateur de jeunes enfants, l'autre spécialiste de l'enfant de 0 à 7 ans, c'est 3 ans et environ 1500 heures de formation.... Pas encore vu de fichiers spécial crèche ou jardin d'enfants.....

[éléphant rose]

Lilimai, tout à fait d'accord avec toi.

Je t'invite à lire "Pour une enfance heureuse" de Catherine Gueguen : c'est une pédiatre qui explique les découvertes récentes des neurosciences.

Elle met des mots sur ce que beaucoup sentaient intuitivement : la bienveillance permet de se construire. Le cerveau en a BESOIN (imageries médicales à l'appui). Le stress, la compétition, les "coups de pieds dans le c**", tout cela cause des dégâts visibles à long terme.

Je suis donc en phase avec les nouveaux programmes, qui remettent au centre la relation humaine, la manipulation et le mot "enfant".

Le fait qu'il n'y ait pas de progression imposée laisse la part libre à notre imagination, cela nous laisse maître de nos choix, je pense.

Evidemment, ça, ce sont les textes. Dans les faits, on a souvent des classes surchargées, peu de moyens et une misère sociale à prendre à bras le corps... Mais des programmes positifs, c'est une bonne base de travail, déjà.

[Nao]

Lilimai, tout à fait d'accord avec toi.

Je t'invite à lire "Pour une enfance heureuse" de Catherine Gueguen : c'est une pédiatre qui explique les découvertes récentes des neurosciences.

Elle met des mots sur ce que beaucoup sentaient intuitivement : la bienveillance permet de se construire. Le cerveau en a BESOIN (imageries médicales à l'appui). Le stress, la compétition, les "coups de pieds dans le c**", tout cela cause des dégâts visibles à long terme.

Je suis donc en phase avec les nouveaux programmes, qui remettent au centre la relation humaine, la manipulation et le mot "enfant".

Le fait qu'il n'y ait pas de progression imposée laisse la part libre à notre imagination, cela nous laisse maître de nos choix, je pense.

Evidemment, ça, ce sont les textes. Dans les faits, on a souvent des classes surchargées, peu de moyens et une misère sociale à prendre à bras le corps... Mais des programmes positifs, c'est une bonne base de travail, déjà.

Et autre souci possible : ce que les IEN feront de ces programmes..... j'en connais un qui va encore (comme à chaque nouveau texte), sortir un fichier d'évaluation hyper compliqué, procédurier, bref....

[amandinegoudemand]

Bonjour à tous !

Je suis en train de finaliser mes progressions, mes préps... pour la rentrée, et je sais que le sujet de l'ancien devenir élève à déjà été évoqué, mais j'ai besoin d'une petite précision... Concrètement, plus de compétences donc plus de fiches de prép pour la socialisation, la vie de classe et la participation aux activités?Doit-on faire apparaître que l'on travaille tout de même tout ça... Comment ça marche?... Mon cerveau a du mal à suivre !

Merci à tous pour vos réponses !

[chris83]

Bonjour à tous !

Je suis en train de finaliser mes progressions, mes préps... pour la rentrée, et je sais que le sujet de l'ancien devenir élève à déjà été évoqué, mais j'ai besoin d'une petite précision... Concrètement, plus de compétences donc plus de fiches de prép pour la socialisation, la vie de classe et la participation aux activités?Doit-on faire apparaître que l'on travaille tout de même tout ça... Comment ça marche?... Mon cerveau a du mal à suivre !

Merci à tous pour vos réponses !

J'ai fait un domaine en plus, car je me voyais pas ne pas mettre ces compétences de socialisation et de vivre ensemble. Je trouve que noyées dans toutes les autres compétences des autres nouveaux domaines, c'est moins clair.Et je suis contente car on passe au livret numérique avec Edumoov et je viens de voir qu'ils ont créé un domaine complémentaire pour le vivre ensemble/devenir élève (après , à nous de rentrer les compétences qui vont avec je pense)

Bravo aux concepteurs d'ailleurs

[prof désécol]

http://www.lemonde.fr/societe/twitter/2015/08/25/rythmes-scolaires-400-millions-d-euros-verses-par-l-etat_4736352_3224.html

Najat Vallaud-Belkacem a également annoncé, lundi lors de la conférence de presse de la rentrée 2015, qu'un « carnet de suivi » des acquis des élèves serait proposé aux parents dès la maternelle.