André Jorge Posté(e) 26 juillet 2021 Posté(e) 26 juillet 2021 Bonjour, Je suis tombé sur cet article et j'avoue être totalement favorable à une telle mesure : Citation La candidate à droite à l'élection présidentielle Valérie Pécresse a déclaré lundi vouloir placer les élèves "les plus perturbateurs dans des établissements d'encadrement renforcé". "Les élèves les plus perturbateurs qui sont exclus (des établissements scolaires), on les met dans des établissements, d'encadrement renforcé. On ne les réinscrit pas dans d'autres écoles dont ils vont pourrir la vie", a lancé la présidente du mouvement Libres! sur RMC/BFMTV. https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Pecresse-veut-placer-les-eleves-les-plus-perturbateurs-dans-des-etablissements-d-encadrement-renforce-1750249 https://www.sudouest.fr/france/presidentielle-2022-valerie-pecresse-veut-placer-les-eleves-les-plus-perturbateurs-dans-des-etablissements-d-encadrement-renforce-4292598.php Je viens de passer une année scolaire à protéger certains élèves d'eux-mêmes et à protéger les autres élèves d'un "élément perturbateur"... Meubles retournés, objets projetés dans la classe, livres déchirés, jeux cassés, hurlements, etc. J'avoue que cette année, je n'ai pas réussi à travailler sérieusement, car j'ai passé énormément de temps à gérer un de ces enfants qui à mon sens n'ont rien à faire dans une école normale et doivent être scolarisés ailleurs. Mais je ne crois pas que mes élèves de maternelle soient concernés par ce à quoi Valérie Pécresse fait allusion.
HYPO Posté(e) 26 juillet 2021 Posté(e) 26 juillet 2021 Je comprends. Je ne peux cependant envisager d'être en accord avec une telle proposition. L'aspect systématique m'effraie au plus au point. 1- À quel moment décide-t-on qu'un élève est perturbateur au point qu'il est nécessaire de le mettre dans un tel établissement (qui n'existe pas encore d'ailleurs)? 2- Qui décide qu'il est possible de le/la réintégrer dans un établissement scolaire "classique" et pourquoi? Une telle mesure est un aveu de TOTAL échec. C'est aussi l'aveu qu'aucune perspective pour l'enfant en question n'est envisagée. Il n'y a pas de génération spontanée de l'élève perturbateur à l'école élémentaire. S'il l'est, perturbateur, c'est qu'il est mal, en détresse, pour des raisons diverses que nous connaissons bien #toxicité du milieu familial. Nous avons, dans notre école, cette année, en février, accueilli un.e élève de CM1 déscolarisé sur demande d'un DASEN (violence++, comportements déplacés++, etc). On a étudié le dossier en équipe, prévu toutes les situations en équipe, personne n'était rassuré. Emploi du temps adapté (vu avec l'IEN), suivi psy exigé, etc. Sorti.e de son milieu familial, accueilli.e dans une autre région, avec d'autres membres de sa famille: ça se passe bien. C'est ce dont iel avait besoin. Cet.te élève n'a pas le niveau (a perdu 2 ans de sa scolarité) mais, iel progresse et ne posait, sur ces 3 mois, pas de pb de comportement, était volontaire dans les apprentissages. Tout sera à recommencer en septembre. Peut-être que toute cette positivité aura disparu mais quoi? Éloigner d'un milieu toxique ce n'est pas mettre dans un établissement à encadrement renforcé! C'est grave de ne pouvoir proposer que l'isolement avec garde chiourme (= encadrement renforcé) à des élèves dont les pb viennent d'une détresse psy intense. Enfin, c'est bassement électoraliste de la part de Valérie Pécresse de proposer cela tant qu'elle n'aura pas répondu aux questions 1 et 2. 4 1 1 3
Invité Posté(e) 26 juillet 2021 Posté(e) 26 juillet 2021 Et si on remettait avant tout les moyens dans l ´accompagnement social des familles et des jeunes . Je regrette le temps des éducateurs de rue qui travaillaient le lien avec des jeunes à la dérive . A force d’avoir démenteler les services sociaux , les services de protections judiciaires de la jeunesse on en arrive à des situations qui sont certes compliquées et ingérables mais j ai toujours été pour l’accompagnement plus que l’enfermement et la mise à la marge de la société . 4 4
Goëllette Posté(e) 26 juillet 2021 Posté(e) 26 juillet 2021 En même temps, le social, on a un peu tout essayé, et mes élèves perturbateurs sont bien souvent les enfants d'anciens élèves à problèmes ... qui connaissent toutes les ficelles pour ne pas assumer. Sur le fond, je donne raison à VP. Ca ne sert à rien d'exclure un élève pour le mettre ailleurs sans véritable sanction ni surveillance de sa famille et de lui-même. Il faut trouver autre chose. Mais quid de ces établissements spécialisés qui les accueilleront ? Qui encadrera ces élèves ? Pour combien de temps ? Ce sont plutôt ces questions qui sont importantes et qu'il faudrait lui poser. Et je pense hélas qu'elle ne parlait pas non plus de l'élémentaire. Comme d'habitude, ça concernera du secondaire, alors que c'est dès les petites classes qu'il faut agir.
Pimouss Posté(e) 26 juillet 2021 Posté(e) 26 juillet 2021 Un.eleve hautement perturbateur c est soit: - un élève handicapé qui faute de places est abandonné à son sort dans une classe lambda. - un élève qui vit dans une famille de tarés ( et je pèse mes mots). Seule solution : augmentation des offres en services de soins et sociaux. Bon après je ne vais pas cracher sur l'idée de Mme Pecresse : elle a au moins le mérite de soulever le point sur les limites de l inclusion à tout prix. 5
Amelie375 Posté(e) 27 juillet 2021 Posté(e) 27 juillet 2021 Discours électoraliste ou pas, on vit des situations tellement extrêmes dans les établissements qu'il faudra bien - tôt ou tard - agir. Tant qu'on n'a pas vécu des situations de violence ingérables durant des années, on peut difficilement comprendre : on ne veut qu'une seule chose : que ça cesse et très vite. Quels qu'en soient les moyens, vivement qu'on revienne à des situations plus vivables. Le bronx dans les établissements secondaires, c'est tout ce qui me freine de passer le Capes. Alors, si on peut y faire le ménage, tant mieux. Je ne pense pas non plus qu'en élémentaire, on sera concernés malheureusement et pourtant quand on y voit le chaos ... Je suis dans le 93, facteur légèrement aggravant, mais on est loin d'être des exceptions, n'est ce pas ?
Invité Posté(e) 27 juillet 2021 Posté(e) 27 juillet 2021 Il y a 8 heures, Goëllette a dit : En même temps, le social, on a un peu tout essayé, et mes élèves perturbateurs sont bien souvent les enfants d'anciens élèves à problèmes ... qui connaissent toutes les ficelles pour ne pas assumer. On a un peu tout essayé avec les moyens mis à l'heure actuelle ... Autant dire qu'on a encore plein de perspectives et de solutions mais pour cela il faudrait se donner les moyens financiers et humains. Et puis les familles qui connaissent les ficelles comme tu dis, elles existent c'est un fait mais elles ne représentent pas la majorité des familles. Les services sociaux manquent de moyens , les accompagnements ne peuvent pas se faire dans de bonnes conditions. Idem pour les services de Sauvegarde à l'enfance... Il y a une différence entre voir un gamin et sa famille une fois par semaine ou une fois par mois. Tout est question de choix de société et se dire que certains "services" ne sont pas financièrement rentables. Le problème est le même pour la scolarisation d'élèves handicapés en milieu ordinaire. L'école inclusive j'y crois ...mais je sais que les moyens ne sont pas là. Il faut agir en amont ...et ne pas attendre que la situation soit ingérable dans le secondaire. VP va nous ressortir l'idée de Sarko de signaler en mairie les élèves de maternelles qui étaient "perturbateurs".... ?????? 2
chableu Posté(e) 27 juillet 2021 Posté(e) 27 juillet 2021 Sujet brulant ! Il me met dans des situations de grandes contradictions intérieures. Vos regards croisés sont riches à lire. Mais soyons en certains, cela ne concernera pas le premier degré. 1 3
IsaG Posté(e) 27 juillet 2021 Posté(e) 27 juillet 2021 Il y a 12 heures, André Jorge a dit : Je viens de passer une année scolaire à protéger certains élèves d'eux-mêmes et à protéger les autres élèves d'un "élément perturbateur"... Meubles retournés, objets projetés dans la classe, livres déchirés, jeux cassés, hurlements, etc. J'avoue que cette année, je n'ai pas réussi à travailler sérieusement, car j'ai passé énormément de temps à gérer un de ces enfants qui à mon sens n'ont rien à faire dans une école normale et doivent être scolarisés ailleurs. Idem, 2 ans de suite.... Horrible. J'ai craqué, mes remplaçants ont craqué, mon ATSEM a craqué... Et ce malgré l'aménagement du temps de scolarisation. 1 2 1
juliette94 Posté(e) 27 juillet 2021 Posté(e) 27 juillet 2021 Faisons de la place en IME, ça fera de la place en Itep qui fera de la place en Ulis et on y verra déjà plus clair. Cela coutera beaucoup moins cher de faire fonctionner des choses déjà mises en place. Les perturbateurs ont besoin d'un vrai suivi, la plupart du temps psy et social, puis scolaire. Faut arrêter de vouloir créer de nouveaux trucs. Victor Hugo disait "ouvrez des écoles vous fermerez des prisons", VP ferait mieux de s'en inspirer. Moi aussi j'en ai marre des élèves difficiles, et croyez-moi, j'ai eu mon lot. Mais son idée est mauvaise, vouée à l'échec et dangereuse pour notre société. 6
BrunoXXX Posté(e) 27 juillet 2021 Posté(e) 27 juillet 2021 Il y a 11 heures, Goëllette a dit : Ca ne sert à rien d'exclure un élève pour le mettre ailleurs sans véritable sanction ni surveillance de sa famille et de lui-même. Il faut trouver autre chose. Mais quid de ces établissements spécialisés qui les accueilleront ? Qui encadrera ces élèves ? Pour combien de temps ? Ce sont plutôt ces questions qui sont importantes et qu'il faudrait lui poser. Et je pense hélas qu'elle ne parlait pas non plus de l'élémentaire. Comme d'habitude, ça concernera du secondaire, alors que c'est dès les petites classes qu'il faut agir. + 1 Et à mon avis, si on l'interrogeait longuement sur ces questions-là, on verrait que comme d'habitude, ce qu'elle propose, ce n'est que du vent ... Elle songe à faire construire des sortes de centrales disciplinaires à l'américaine, dirigés par des adjudant-chefs ?? OK, on a le temps, ça ne verra pas le jour avant 2030 ... Parce qu'il n'y a pas 36 solutions ... Si elle parle du primaire, alors il faut mettre le paquet sur ce qui existe déjà : ITEP, IME, au lieu d'inclure les mômes qui relèvent de ces établissements n'importe comment ... Et songer à proposer qqch aux enfants qui ne sont pas assez faibles pour la SEGPA et loin d'être assez forts pour une 6ème générale ... Et si elle parle seulement du secondaire ( les ados en crise, les jeunes délinquants etc ), alors OK, on peut en causer, mais comme tu dis, pourquoi ne pas agir plus tôt ?? Et pourquoi nous oublier nous les PE ?? Bref ...
cat99 Posté(e) 27 juillet 2021 Posté(e) 27 juillet 2021 Il y a 3 heures, IsaG a dit : Idem, 2 ans de suite.... Horrible. J'ai craqué, mes remplaçants ont craqué, mon ATSEM a craqué... Et ce malgré l'aménagement du temps de scolarisation. Voilà les limites. Ton témoignage est très dur, je comprends vraiment ce que tu ressens pour l'avoir vécu. J'ai tenu jusqu'au bout. Tout prend un temps fou, pour obtenir un rendez vous , un aesh, un allègement du temps scolaire avec une solution pour les familles. J'ai aussi vécu cela, on est souvent démunis ou avec des solutions qui sont tenables quand on est en petits groupes mais pas dans une classe. Ce qu'il faut c'est vraiment régler les problèmes d'attente pour les prises en charge extérieures et leur remboursement. On a souvent une situation explosive à l'école où tout le monde souffre mais la solution c'est tout ce temps qu'on perd et les familles qui sont baladées à droite à gauche pour un diagnostic. Et cela devient ingérable avec le temps parce qu'on s'épuise. Les dossiers passent en commission tous les 3 mois si ce n'est pas 6 et pendant ce temps c'est difficile pour tout le monde et cela empire car cet enfant est encore plus en souffrance. 1 2
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