lireli Posté(e) 12 décembre 2023 Posté(e) 12 décembre 2023 il y a une heure, BrunoXXX a dit : Ce qui me pose question, c'est surtout de n'avoir eu personne pour m'aider à m'orienter après le bac. Mes parents n'avaient pas fait d'études supérieures et n'étaient pas au courant des possibilités qui s'offraient à moi. Mon père me conseillait d'apprendre un métier manuel (j'aurais dû l'écouter !!!), ma mère d'aller en socio, parce que socio=social=assistante sociale=beau métier qui t'irait bien mon fils. Résultat je suis allé en socio, j'ai eu péniblement un DEUG, j'ai arrêté... Quand j'ai voulu en finir avec les boulots de chien, 7-8 ans plus tard, j'ai repassé une licence et préparé le concours en candidat libre, en bossant en même temps. Je l'ai eu, j'ai commencé, mais j'ai tout de suite eu envie de démissionner, mais pour faire quoi ? J'étais chargé de famille, et je n'avais aucune envie de recommencer l'intérim... Si on avait pu m'aider avant le bac, quand la question de l'orientation se posait, j'aurais, au pire, choisi psycho ou anglais, pour pouvoir me reconvertir et ne pas avoir une seule corde à mon arc et être piégé aujourd'hui dans un boulot qui ne me convient plus depuis longtemps.. mais pour cela, il m'aurait fallu provenir d'une famille plus au fait des filières... J'aurais été fils de psychiatre ou de pro de la culture ou de journaliste ou je ne sais quoi ma vie serait sans doute différente aujourd'hui... Pour moi c'est "l'injustice" principale (en plus des ressources financières bien sûr, mais bien qu'originaire d'un milieu modeste, je n'ai jamais, enfant, connu la misère). Je suis entièrement d’accord . J’ai redoublé ma terminale et ce sont mes profs qui m’ont inscrit en prépa HEC , je ne savais même pas que ça existait. Sur 40 élèves , on était 2 boursiers. J’y ai rencontré des gens que je n’aurais jamais fréquenté et grâce à eux , j’ai eu accès à des perspectives que mes parents n’imaginaient même pas. Je Suis ma première à avoir eu mon bac et la seule à avoir fait des études supérieures . Mon conjoint vient d’un milieu aisé , nous sommes un couple mixte socialement 😂. Quand j’ai repris la fac après la prépa ( rien à voir avec le milieu social je n’avais juste pas le niveau ), au début des années 90, les enfants issus de milieux modestes étaient une minorité, j’avoue ne pas savoir ce qu’il en est maintenant. Quand je vois le forum avenir organisé par le lycée privé de mon 15 ans , où les parents viennent présenter leurs professions, tout le travail d’orientation qui est proposé et la vie de ses copains qui sont allés au collège rep+ de secteur , je ne pense pas que les choses aient bcp changé.
nonau Posté(e) 13 décembre 2023 Posté(e) 13 décembre 2023 Un cadre A de la fonction (comme nous ...) gagne en moyenne bien plus! Pour comparer un inspecteur des fraudes, c'est 2000euros/mois pendant son année de formation (sur Montpellier...) et 2600 euros /mois en début de carrière... Voilà à qui je me compare, pas à la caissière ou à l'ambulancier, mais à un agent d'État, même niveau d'étude, même statut, même catégorie. Et là, on s'aperçoit de l'ampleur du mépris. 1 2
fararden Posté(e) 13 décembre 2023 Posté(e) 13 décembre 2023 il y a 47 minutes, Roserouge100 a dit : Qui t'as dit que je n'ai pas de problèmes de santé ? Qui t'a dit que je te visais ? Je visais la condescendance de certains profs sur l'argent, les conditions matérielles, notre salaire et la consommation. 2
fararden Posté(e) 13 décembre 2023 Posté(e) 13 décembre 2023 il y a 42 minutes, Roserouge100 a dit : Votre cas est un cas particulier, (désolée pour le handicap de votre mari) et qui dit qu'il n'y a pas de cas de handicap chez moi, il y a des handicaps qui ne se voient pas. Et même si on ne l'est pas, personne n'est à l'abri de quoique que ce soit dans ce monde... Entièrement d'accord sur la dernière phrase et c'est bien pour ça que je ne supporte pas la condescendance de certains.
ReeseOdell Posté(e) 14 décembre 2023 Posté(e) 14 décembre 2023 Le 13/12/2023 à 08:42, nonau a dit : Un cadre A de la fonction (comme nous ...) gagne en moyenne bien plus! Pour comparer un inspecteur des fraudes, c'est 2000euros/mois pendant son année de formation (sur Montpellier...) et 2600 euros /mois en début de carrière... Voilà à qui je me compare, pas à la caissière ou à l'ambulancier, mais à un agent d'État, même niveau d'étude, même statut, même catégorie. Et là, on s'aperçoit de l'ampleur du mépris. Même des B dans certains ministères. 1
FemmeDeRochas Posté(e) 14 décembre 2023 Posté(e) 14 décembre 2023 Il y a 4 heures, ReeseOdell a dit : Même des B dans certains ministères. J'ai été PES, la 2ème année j'étais au 2ème échelon. Là j'ai passé un concours B, je gagne quelques centaines d'€ de plus que pendant ma 2ème année de PES. Mais je bosse au min. du Travail (bonne IFSE, l'indemnité de la fonction publique), et ils m'ont repris en partie mes années du secteur privé. Je trouve d'ailleurs hallucinant de gagner + maintenant, car le stress, la fatigue, la responsabilité (à mon niveau hein) ne sont pas du tout les mêmes 🙄 1
BrunoXXX Posté(e) 14 décembre 2023 Posté(e) 14 décembre 2023 Le 13/12/2023 à 16:32, Roserouge100 a dit : Et bien justement, si on travaillait pour l'argent on aurait pas du faire ce métier, ce que je voulais dire par là, c'est parfois ceux qui ne travaillent pas s'en sortent beaucoup mieux que nous, car nous, il faut tout payer 🙂 la cantine de nos enfants deux fois plus chère, leurs études faut tout payer, les vacances plus chères, tout, tout plus cher. Je me demande qu'elle aurait été ma vie en restant femme au foyer, comme beaucoup de mes connaissances, elles ont eu le temps de s'ocupper de leurs enfants, de stresser dix fois moins, finalement elles s'en sortent pas plus mal si ce n'est mieux... Je ne parle pas de ceux qui se sont fait construire des maisons en ne déboursant qu'un euro symbolique, ceux qui connaissent les bons filons s'en sortent bien sans vraiment trimer ! Et bien sûr que c'est un choix de vie, car mes voisins aucun ne travaille ils vivent des minimas sociaux, sont-ils plus malheureux que nous, non je ne pense pas. Venant d'une autre île ils ont sans doute appris à vivre avec moins que nous. Je me demande si ce qu'ils gagnent ils ne le partagent pas avec leurs familles qui sont restés là bas dans l'autre île, ils ont appris à se contenter de peu... Et beaucoup de personnes qui ont fait un paquet d'études préfèrent travailler pour beaucoup moins, pour avoir moins de responsablilités et avoir une vie plus tranquille et du temps pour leurs enfants. Avoir un métier d'étudiant pourri, ne forge t-il par le caractère, ceux qui ont bavé apprécieront beaucoup mieux ce qu'ils ont... Je n'ai pas beaucoup voyagé non plus (trois je suis partie sur l'ile à côté en faisant des prêts deux fois, et la première fois payé par une grande tante à 13 ans), et uen fois en Métropole. Mes deux premiers on fait des boulots d'étudiants pourris eux aussiu, le 2ème est même en alternance et paie lui même sa voiture d'occasion et ils sont fiers d'eux quand ils travaillent. J'ai toujours dit à mes enfants que tant que je pourrais je les nourrirais et logerais, mais, que si ils veulent le luxe, ben ils n'ont quà travailler. Ils ne portent pas des ti shirts à 100 euros et des chaussures à 700 euros comme s'en vantent certains de leurs camarades de classe. Ma maison n'est pas encore payé, et j'ai encore deux jeunes enfants en plus de celui qui est en alternance. Alors non, on ne travaille pas que pour l'argent, et si ce n'était pas aimer être avec nos élèves (sauf quand on est exceptionnellement lessivés) on aurait pas fait ce métier ! Un couple au RSA vit aussi bien qu'un couple de profs ou même de salariés ?? Là franchement les bras m'en tombent ... Même avec la CMU, les transports urbains gratuits et l'aide au logement, on est loin du compte, très loin... Quant aux gens des pays pauvres et chauds, ils gardent le sourire (mais pas tant que ça...) et s'efforcent de rester optimistes pour ne pas devenir dingue, mais quand survient un coup du sort (accident, maladie...) la détresse est immense... Les gens tombent en dépression, deviennent fous de haine et de colère, se suicident parfois, exactement comme nous, mais dans des conditions matérielles encore plus dures. Leur décontraction et leur joie de vivre apparente n'y changent rien et masquent parfois des souffrances terribles, il ne faut pas se leurrer... 1
nonau Posté(e) 20 décembre 2023 Posté(e) 20 décembre 2023 C'est mondial... Dans nos pays occidentaux nos dirigeants s'attaquent tous à l'éducation Publique ! Des enseignants du Québec se mettent en grève pour leurs conditions de travail donc celles des élèves mais aussi pour le salaire de 63 000 euros après 16 ans de carrière... https://www.cafepedagogique.net/2023/12/20/quebec-100-denseignants-en-greve/ Comme quoi on est bien gentil en France ..
C’est un message populaire. tatiana27 Posté(e) 21 décembre 2023 C’est un message populaire. Posté(e) 21 décembre 2023 Bonjour, Je suis désolée d'avance pour le pavé qui suit, mais il est difficile de résumer la situation que vous allez lire pour la comprendre pleinement. D'ailleurs, il manquera certainement des éléments. N'hésitez pas à me poser des questions. Sachez seulement que je peux encore être considérée comme novice et que je n'aurais peut-être pas de réponses immédiates à apporter. Le 20/12/2023 à 08:53, nonau a dit : Des enseignants du Québec se mettent en grève pour leurs conditions de travail donc celles des élèves mais aussi pour le salaire de 63 000 euros après 16 ans de carrière... À ce sujet, j'aimerais apporter des précisions, même si je suis novice dans ce système... Merci de citer ce combat éducatif et social qui se joue actuellement au Québec. - Au Québec, se syndiquer (dans l'éducation) est obligatoire. Nous n'avons pas le choix du syndicat : sur un territoire donné, tout le monde a le même syndicat. Et chaque syndicat territorial est affilié à un des deux syndicats nationaux : la FAE (Fédération autonome de l'enseignement, environ 66 500 enseignants soit environ 40 % des enseignants au Québec), groupe qui s'est détaché de la FSE (Fédération des syndicats de l'enseignement, soit environ 60 %). Il y a donc des conventions collectives qui sont révisées tous les 3 à 5 ans en fonction de ce qui est négocié. C'est comme des clauses de contrat de travail qui sont régulièrement négociées. - "Tout le monde" signifie : enseignants du préscolaire (maternelles 4 et 5 ans, non obligatoires au passage), du primaire, du secondaire, de la formation professionnelle et de la formation des adultes. En somme, il y a moins de division au sein de notre corps professionnel, contrairement à la France. - Avant d'arriver à une grève ponctuelle ou générale illimitée, les syndiqués ont recours à des moyens de pression pour se faire entendre. Il y a des assemblées générales au niveau local pour décider des différentes actions à mettre en œuvre (au niveau local ou national), les syndiqués votent de manière démocratique. - S'il y a une grève, nous faisons du piquetage devant nos écoles empêchant le personnel de l'école (concierges, secrétaires, techniciens d'éducation spécialisée, etc.) d'entrer, à l'exception des directions (qui ne sont pas des collègues de classe ...), nous manifestons bien sûr de différentes manières, et ce, chaque jour de la semaine. Pour revenir à la grève actuelle, je vais encore préciser certains points : - Cela fait plus d'un an qu'au niveau national, nous négocions pour notre nouvelle convention collective. La situation de l'école publique se dégrade, les conditions d'enseignement et d'apprentissage ne sont plus tolérables. (Je sais qu'en France aussi, j'ai une carrière de dix ans chez vous (qui est aussi chez moi à l'origine...) et je suis partie juste avant la pandémie. Je ne suis pas partie parce que l'herbe était plus verte au Québec ...) - Des moyens de pression sans effet ont amené les membres affiliés à la FAE à voter pour une grève illimitée générale. Celle-ci a commencé le 23 novembre 2023. Dès qu'il y aura une entente de principe entre le gouvernement et le syndicat, nous retournerons travailler. Nous sommes donc depuis quatre semaines sans salaire, sans fonds de grève (décidé par les membres, mais fonds de grève qui serait déjà épuisé de toute façon !), dehors dans le froid, matin comme après-midi, de jour comme de nuit (oui, on est en hiver...), qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il neige ... Cela signifie que de nombreuses écoles sont fermées depuis le 23 novembre au Québec, et même un peu plus. Il y a un autre groupe de syndiqués, le Front commun, qui comprend la FSE et d'autres syndicats, notamment pour la santé. Le Front commun a déclenché une "demi-matinée" de grève en novembre, cela concernait l'ensemble des écoles au Québec : pas d'école le matin donc, et pas de groupes d'élèves au complet l'après-midi. Le Front commun a ensuite poursuivi une grève de 72h, dont le dernier jour était le 23 novembre, date de la première journée de grève générale illimitée (GGI) de la FAE. Toutes les écoles étaient fermées. À partir du 24 novembre, une grande partie des écoles du Québec étaient donc fermées. Pour rappel, la FAE compte environ 66 500 membres. Je ne connais pas le nombre d'écoles que cela impacte, ou le nombre d'élèves. Les collègues du Front commun ont repris une séquence de grève du 8 au 14 décembre, donc toutes les écoles étaient fermées. Vous pouvez donc voir à quel point le gouvernement de la province du Québec considère ses employés. Il y a une guerre politique et médiatique à mener face au gouvernement. C'est une guerre d'usure. C'est une grève historique au Québec, et même au Canada. Par chance, la population est majoritairement avec nous. Les enseignants sont très mobilisés et font de nombreuses actions de visibilité. Malheureusement, aux tables de négociation, peu de choses bougent. Les demandes concernent le salaire, mais ce n'est pas l'essentiel. C'est surtout le sujet de la composition des classes qui coince. Nous demandons également plus de services aux élèves en difficultés. D'autres points sont sur les tables. Vous entendrez peut-être parler de flexibilité demandé par Legault et son gouvernement, on ne peut pas être plus flexibles que nous le sommes déjà. Actuellement, les médias français ne parlent absolument pas de la situation et la GGI de la FAE. Comme une impression de rétention d'informations volontaire, car il est impossible que les médias ou les politiciens ne soient pas au courant de la situation... Il y a beaucoup d'échanges entre la France et le Québec aux niveaux universitaire et politique. Aujourd'hui, le mouvement s'est attaqué à l'économie temporairement en bloquant les ports de Québec et de Montréal quelques heures. J'espère que cette information se rendra enfin de l'autre côté de l'Atlantique. Depuis le début, le rouge symbolise notre mouvement, notamment avec nos tuques (bonnets). Je vais poursuivre aussi avec un autre sujet. Je sais qu'il y a récemment eu le salon de l'emploi France-Québec ou quelque chose comme ça, désolée, le titre m'échappe. En tout cas, la Fédération des centres de services scolaires du Québec était venue recruter du personnel enseignant français qualifié. Je dois vous mettre en garde par rapport à leur recrutement (d'ailleurs, leur publication sur leur page Facebook a été supprimée avec les commentaires des collègues québécois qui prévenaient les collègues français notamment). Si vous souhaitez immigrer au Canada, et plus précisément au Québec, sachez cela : vous ne serez absolument pas reconnus qualifiés au Québec, car, après avoir fait une demande d'autorisation pour enseigner, vous devrez réussir 5 à 10 cours universitaires selon votre profil universitaire, réussir le TECFÉE (test de français écrit : code linguistique + compte-rendu critique) et un stage probatoire. Vous pourrez certes travailler sous tolérance d'engagement en attendant, mais si vous êtes recruté par un Centre de services scolaire, vous ne pourrez pas prétendre tout de suite à la liste de priorité (pour obtenir une permanence) et devrez accepter les postes qu'on vous propose, même si cela ne vous convient pas. Pour celles et ceux qui ont tout lu, je vous remercie de votre temps et de votre patience. Il était important pour moi de vous partager ces informations. Bonne soirée (et journée) très chers collègues français ! 1 11 3
nonau Posté(e) 22 décembre 2023 Posté(e) 22 décembre 2023 Je retiens 2 choses. L'attaque généralisée contre nos systèmes scolaires publics. L'importance de l'obligation syndicale. Et bien sûr je vous souhaite de parvenir à gagner ce combat qui s'apparente à un combat contre des malades. 1
Messages recommandés
Créer un compte ou se connecter pour commenter
Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire
Créer un compte
Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !
Créer un nouveau compteSe connecter
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.
Connectez-vous maintenant