JMT80 Posté(e) 13 février 2010 Posté(e) 13 février 2010 Bonjour à tous ! Je suis un ancien PE2 et j'ai connu le licenciement à l'issue de la PE2. C'était en 2008 et aujourd'hui je me sens suffisamment mieux pour revenir sur ce sujet. Sans vouloir vous effrayer, sachez que ça arrive bel et bien et peut être avez-vous des questions. Sachez aussi que j'avais quasiment obtenu 16 de moyenne au concours et que j'étais classé3ème au "troisième concours". Je veux dire par là que ça ne concerne pas obligatoirement les moins bons. Je pense aussi que ça ne vous tombe pas dessus en mai-juin mais qu'il y a des signes précurseurs qu'on est pas toujours disposé à voir à temps. Mais quand vous êtes convaincu d'être fait pour le métier et que vous avez des convictions personnelles sur la valeur de l'apprentissage dans l'accès à l'autonomie, croyez-moi, vous prenez une sacré claque. Si donc vous avez des questions je me propose d'y répondre clairement et avec franchise. Cordialement Jean-Marc THOMAS
chibitotoro Posté(e) 13 février 2010 Posté(e) 13 février 2010 Bonjour à tous ! Je suis un ancien PE2 et j'ai connu le licenciement à l'issue de la PE2. C'était en 2008 et aujourd'hui je me sens suffisamment mieux pour revenir sur ce sujet. Sans vouloir vous effrayer, sachez que ça arrive bel et bien et peut être avez-vous des questions. Sachez aussi que j'avais quasiment obtenu 16 de moyenne au concours et que j'étais classé3ème au "troisième concours". Je veux dire par là que ça ne concerne pas obligatoirement les moins bons. Je pense aussi que ça ne vous tombe pas dessus en mai-juin mais qu'il y a des signes précurseurs qu'on est pas toujours disposé à voir à temps. Mais quand vous êtes convaincu d'être fait pour le métier et que vous avez des convictions personnelles sur la valeur de l'apprentissage dans l'accès à l'autonomie, croyez-moi, vous prenez une sacré claque. Si donc vous avez des questions je me propose d'y répondre clairement et avec franchise. Cordialement Jean-Marc THOMAS salut, une fois licencier, je crois qu'on a pas droit au chômage (en tout cas pas via l'anpe ou pôle emploi) mais on a droit à quoi et quelles sont les démarches? je demande car on m'a dit que j'avais plus de chance d'être licencier que d'obtenir le redoublement et que la titularisation, c'est même pas en rêve. merci pour ton aide
nane95 Posté(e) 14 février 2010 Posté(e) 14 février 2010 à lire ce post, il me semble que pour "fonctionner" il ne faut pas avoir les oreilles qui dépassent, et il faut entrer dans le moule... sinon, accepter de prendre une autre voie professionnelle et en tout cas ne pas se laisser démoraliser ! Après, pour avoir vu le licenciement d'un jeune collègue dans une de mes écoles, je pense qu'il y a une grosse part à "pas de chance"... Courage à tous ceux qui se sentent "sur la sellette" !
JMT80 Posté(e) 14 février 2010 Auteur Posté(e) 14 février 2010 Bonsoir, 1) Les signes précurseurs sont dans mon cas : dans les tous premiers mois, l'impression floue mais réelle de ne pas arriver à aboutir à ce que je veux après chaque journée en classe. je sentais bien que mes lundis ne donnaient pas le résultat escompté. j'ai commencé à demandé de l'aide vu que fin décembre seule une conseillère pédago m'avait visité. En janvier, ma référente m'a répondu en me visitant que ce n'est pas parce qu'elle ne venait pas me voir qu'elle ne savait pas ce que je faisais. Donc elle avait déjà une idée avant même de m'avoir observé au travail. A partir de janvier rien n'allait : demande-toi ce que les élèves apprennent. Les visites se sont succédées à un rythme de plus en plus fort et chaque fois la même remarque. J'ai eu au total 17 visites (au dire, en mai, de ma référente, toutes ces visites avaient pour but de me montrer que tout le monde pensait de moi la même chose). A ma question qu'est-ce que je dois faire pour réussir à progresser j'ai eu : tu dois faire ton chemin par toi-même, nous ne pouvons pas t'aider, c'est à toi de trouver, lis des ouvrages... Et là vous vous défoncez de plus en plus pour préparer vos séances mais rien n'y fait. Vous sentez bien que vous êtes de plus en plus seul et que la moindre erreur est exploitée pour vous nuire. Des formateurs vous évitent, d'autres vous plaignent mais disent leur impuissance face à un groupe "meneur"... Vos collègues vous disent de faire comme les formateurs disent, sans réfléchir, qu'après cette année, ils ne pourront plus rien mais moi je ne m'opposais même pas, seulement je ne comprenais pas ce qu'ils voulaient que je fasse. 2) En cas de licenciement, l'Education Nationale a bien prévu les choses pour vous aider à rebondir : vous êtes pris en charge pendant 700 jours à raison d'environ 1000 euros par mois. Vous êtes pris en charge par Pôle Emploi pour vous réinsérer mais c'est en effet le Rectorat qui vous verse votre indemnité. 700 jours c'est bien, parce que, croyez-moi, il faut faire un sacré travail pour remonter la pente,faire votre deuil et trouver un nouvel objectif. la MGEN vous garde en S.S. pendant toute la durée de votre indemnisation. Petite parenthèse à propos de la MGEN : elle vous propose une écoute neutre et faite par un professionnel si vous avez des soucis dans votre travail. C'est gratuit, alors n'hésitez pas d'autant que le pro qui vous reçoit n'est pas de l'EN. Voilà ce que je voulais vous dire ce soir A bientôt JMT
JMT80 Posté(e) 17 février 2010 Auteur Posté(e) 17 février 2010 Si vous sentez que le vent tourne à votre désavantage, essayez de réagir vite : dans mon cas je n'ai pas réussi à m'affirmer face à ma tutrice très sèche et incapable d'écoute. J'ai eu beau interpeller les formateurs sur la question du sens des apprentissages, personne n'a voulu entrer sur le sujet. Je devais faire comme les formateurs disaient et mon questionnement leur semblait hors de propos. Aujourd'hui je suis capable de défendre mon point de vue sur ma façon d'enseigner mais à l'époque j'étais tétanisé par l'autoritarisme et l'incompréhension très fermée de mes formateurs. Pourtant j'avais était capable de me défendre aux entretiens du concours et j'avais eu le sentiment d'être entendu et d'être dans le bon axe. Demandez à changer de tuteur si vous pensez que ça ne passe pas. N'attendez pas le mois de mai, il sera trop tard. Sachez que dans mon cas, j'avais demandé un entretien avec la directrice de l'IUFM (juste après l'entretien en mai avec le jury au cours duquel ma tutrice m'avait laminé) et que je me suis entendu dire que j'aurais dû m'apercevoir plus tôt que je n'étais pas fait pour le métier, alors que cette directrice ne m'avait jamais vu enseigner. En fait en mai j'étais déjà grillé et ce n'est pas les 2 visites (pourtant favorables) de 2 inspecteurs académiques différents qui ont changé quelque chose.
luckypat Posté(e) 17 février 2010 Posté(e) 17 février 2010 bravo pour ta démarche... et merci pour tes informations ! Même si on ne se sent pas particulièrement en danger, on n'est jamais sûr de rien et le licenciement peut toucher tout le monde... alors il est important de le garder à l'esprit pour essayer de limite les dégats psychologiques (même si celà doit être une période atroce). Tu fais preuve de beaucoup de courage en ouvrant ce post... j'espère que maintenant tu as réussi à rebondir et à trouver un job qui te plait...
JMT80 Posté(e) 26 février 2010 Auteur Posté(e) 26 février 2010 Bonsoir à tous ! Je confirme qe c'est un moment psychologique très très difficile à vivre. Mais ne dit-on pas que ce qui ne te détruit pas te construit ? Il parait même que l'on peut tirer du positif des situations les plus terribles. Aujourd'hui, je peux entendre mais il y a 1 an j'étais détruit ("cassé" était le mot que j'utilisais à l'époque). J'ai été aidé par des personnes compétentes. Il est clair que la souffrance des enfants en difficulté réveillait ma propre souffrance refoulée et que j'avais développé des mécanismes de défense énergivores et monopolisant mes capacités intellectuelles. Cette aventure m'a permis d'en prendre conscience et de travailler ces choses. Mais cela justifiait-il le licenciement ? Je dis NON ! Maintenant je suis toujours dans le domaine de la pédagogie, de l'enseignement et de l'autonomisation. Mais je ne suis pas encore en emploi. J'apprends à appliquer ce principe dans l'enseignement : "médecin, guéris-toi d'abord !" Je veux dire par là qu'il faut déjà savoir comment je fonctionne pour être capable d'observer et d'analyser le fonctionnement de l'autre. Je suis certain aussi maintenant qu'enseigner des savoirs ne suffit pas, mais il faut en même temps leur apprendre comment apprendre. Je savais cela autrefois intuitivement, je le sais maintenant scientifiquement. A la prochaine ! Jean-Marc THOMAS
luckypat Posté(e) 27 février 2010 Posté(e) 27 février 2010 bonne continuation et encore merci pour ton témoignage
JMT80 Posté(e) 4 mars 2010 Auteur Posté(e) 4 mars 2010 Bonjour Voici comment ça se passe au niveau administratif à partir du moment où l'IUFM vous a jugé et massacré(jury interne IUFM en mai): A mon époque l'iufm avait dit que suite à son rapport "assassin", je bénéficierai de la visite d'un inspecteur académique dépêcher par l'IA (totalement ignorant de la situation et donc neutre)et que je pourrai me défendre devant un jury. Pour cela, j'aurai pû être visité le lundi car c'était le jour où j'enseignais chaque semaine. Mais en fait cette semaine, la dernière de l'année scolaire, en plus de faire mon lundi, j'ai été convoqué dans ma classe le jeudi à 15H30, avant dernier jour d'école! Heureusement, les enfants ont été formidables et ont accepté de travailler jusqu'au bout. L'inspecteur est arrivé, m'a salué brièvement et s'est installé alors que j'avais déjà repris la classe après la récréation. j'ai fait ma séance sur la compréhension d'un texte puis l'inspecteur est parti avant la fin des cours en me disant au revoir. Je me souviens de la réaction des élèves : il y a eu un grand silence après le départ de l'inspecteur et l'un d'eux m'a demandé : alors, vous allez devenir maître ? Après le cours, seule la directrice a pu me dire que l'inspecteur lui avait dit que pour lui, il n'y avait pas de soucis. (les enfants m'avaient fait des dessins et je suis reparti avec 2 cadeaux. je leur avais promis de revenir les voir à la rentrée pour leur dire si j'étais devenu prof mais je n'ai jamais réussi à tenir ma promesse). Pour ce qui est de la rencontre avec le jury, en prenant mes propres renseignements, j'ai appris qu'il n'y avait pas de rencontre avec le jury et que l'IA allait statuer sur mon cas sans m'entendre. J'ai demandé à ce moment l'autorisation de faire une lettre pour me défendre et contester certains points ce qui m'a été accorder. Dans les jours qui ont suivi, l'IUFM a obtenu la liste des personnes validées et prolongées et la Directrice m'a appris que si mon nom n'y figurait pas, c'est que c'etait négatif mais que j'allais être convoquer par l'académie. Ensuite, j'ai été convoqué par le recteur de l'inspection académique. Le recteur m'a demandé si je savais pourquoi j'étais convoqué. Je lui ai répondu que oui et non en précisant que la directrice de l'IUFM m'avait informé que je ne figurais pas sur la liste des admis/prolongés. Il a confirmé en m'annonçant que j'étais effectivement licencié pour le motif "insuffisance professionnel" (terme qui figure sur le document officiel et vu le travail que j'ai déployé cette année-là, je peux vous dire que ces mots me font très très mal). Il m'a demandé si j'étais d'accord avec cette décision. Je lui ai répondu que si c'était un jury externe à l'IUFM et qu'il avait pris connaissance de mon courrier alors je n'avais plus qu'à m'incliner. Il m'a alors confirmé que le jury avait lu attentivement mon courrier, que la visite complémentaire proposait un prolongement (je précise aussi qu'un autre inspecteur lors du dernier stage suggérait aussi le prolongement dans un courrier joint à mon dossier) mais que tout cela n'avait pas suffit à faire pencher la balance. Je suis sorti de là tres triste mais aussi soulagé que ce soit fini. J'étais épuisé physiquement, moralement et psychologiquement. La suite un peu plus tard.
Enoraf Posté(e) 15 mars 2010 Posté(e) 15 mars 2010 Très bonne idée de post! Car, en effet, le licenciement est bien réel en fin de PE2, ça a été mon cas! j'ai déjà raconté mon histoire sur un autre post, donc je ne recommencerai pas ici. J'ai seulement envie de dire aux PE2 actuels qui se sentent menacés de licenciement de se battre, ces licenciement sont souvent injustes, et puis licencier quelqu'un censé être en formation sans lui donner une 2nde chance est profondément blessant. J'ai été licenciée en étant enceinte, ce n'était pas le motif du licenciement, j'ai donc décidé de me concentrer sur mon bébé en refusant complètement de penser à ce qui était en train de m'arriver. Epuisée et complètement cassée par l'année de PE2, je ne me suis pas battue. Je me suis dit que j'étais capable de l'accepter, que c'était mieux ainsi. Sauf qu'aujourd'hui, je suis encore incapable de parler de ce licenciement calmement, j'ai honte de ce qui m'est arrivé. Je suis absolument dégoûtée des metiers qui ont trait à l'enseignement, donc je me retrouve avec une licence qui ne me sert pratiquement à rien, et deux années à l'iufm que je regrette profondément d'avoir vécu. Quant à l'attitude de l'éducation nationale face aux licenciés, j'ai lu qu'elle était très bonne! Et bien pas pour moi! Je n'ai toujours pas reçu la moindre indemnisation (licenciée depuis septembre quand même!), pourtant ce n'est pas faute de faire les démarches nécessaires! De plus,mon interlocutrice de l'inspection académique me traite avec mépris, me parle comme à une *****, fait traîner les choses (je viens seulement de recevoir les papiers devant être obligatoirement délivrés par l'employeur lors d'un licenciement!) Bref, si je pouvais effacer les 2 années passées à l'iufm, je le ferais sans hésiter.
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