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Fusillade à Charlie Hebdo


André Jorge

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Article de Alex Belliard, lu sur sa page fb

Nous avons tous tué Charlie

Je ne suis pas Charlie. Je ne suis ni Charb, ni Wolinski, ni les dix autres. Pourtant, 24 heures après l’attentat, j’étais aux deux rassemblements organisés à Perpignan en leur mémoire. Hier devant le Conseil général (mais que diable avait-il à voir avec le crime ?). Ce matin dans la petite rue où s’abrite le club de la presse local, trop exigüe pour accueillir la foule nombreuse venue à renforts de photocopies « Je suis Charlie ». Eux comme moi pourrons dire « j’étais là ». Et là me reviennent les paroles de la chanson de Zazie :

« J'étais là en octobre 80, après la bombe de Copernic,

Oui j'étais à la manif', avec tous mes copains.

J'étais là, c’est vrai qu'on n’y comprenait rien

Mais on trouvait ça bien, ça bien.

Oui j'étais là pour aider pour le sida, les sans-papiers,

J'ai chanté, j'ai chanté.

Sûr que j'étais là pour faire la fête,

Et j'ai levé mon verre à ceux qui n'ont plus rien,

Encore un verre, on n'y peut rien.

J'étais là, devant ma télé à 20h, j'ai vu le monde s'agiter, s'agiter.

J'étais là, je savais tout de la Somalie, du Bangladesh et du Rwanda,

J'étais là.

J'ai bien vu le sort que le nord réserve au sud, bien compris le mépris,

J'étais là pour compter les morts.

J'étais là, et je n'ai rien fait,

Et je n'ai rien fait.

J'étais là pourtant, j'étais là,

Et je n'ai rien fait, je n'ai rien fait. »

Voilà, j’étais là. Et puis les manifestants de tous bords ont entonné la Marseillaise. Répondre au sang par l’appel au sang : « Aux armes citoyens… Qu’un sang impur abreuve nos sillons ». Alors j’ai eu envie de pleurer et je suis parti. Parce que cet attentat n’est pas un crime contre la France, mais un crime contre la Liberté. Parce que Charlie n’aimait pas les accents guerriers de la Marseillaise dont il s’est au moins autant moqué que des dérives religieuses en général, et pas uniquement de l’islamisme. Parce que depuis hier, je vois sur les réseaux sociaux et j’entends à la radio des tas de gens se réclamer de Charlie et exiger le retour de la peine de mort, stigmatiser l’Islam à tel point que ses représentants se sentent obligés de s’excuser. Tous ces gens qui pour la plupart n’ont jamais lu ni un Hara-Kiri, ni un Charlie Hebdo. Tous ces gens qui, finalement, ne connaissaient au mieux que Cabu quand il dessinait au Club Dorothée… Parmi eux, combien se sont insurgés lorsque les locaux de Charlie Hebdo ont été incendiés en 2011 ? Combien ne s’informent que devant BFM TV ou TF1 ? Combien font partie des 25% qui ont voté FN aux dernières élections européennes ?

Depuis des années, les médias font la part belle à des Zemmour et des Le Pen. Ah le danger de l’Islamisation de notre douce France… On les écoute, persuadés que finalement « ils disent pas que des conneries », on achète leurs livres, on vote pour eux… Après tout, les autres sont « tous pourris », incompétents, carriéristes… Comme si les résistants, les idéalistes, les humanistes et les libertaires étaient des races à jamais disparues.

Comme pour l’affaire Mehra, la Police a fait un travail incroyable. A peine l’attentat commis, on connaissait le nom des coupables. Il parait même que l’un d’eux avait « oublié » sa carte d’identité dans la voiture des bourreaux… Qu’est-ce que c’est con un terroriste ! Bientôt (peut-être même pendant que j’écris ces lignes), on les trouvera. Il y aura une fusillade et ils y resteront. Chacun pourra alors retourner devant sa télé en se disant que Justice est faite et s’inquiètera des nouvelles aventures de Nabila ou de Valérie Trierweiler…

Personne ne se posera la question du « pourquoi ». Oui, pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Personne ne se posera la question parce qu’on nous a déjà donné la réponse : l’islamisme.

Et si nous étions les véritables coupables ? Dans « L’Insoutenable légèreté de l’être », Kundera (qui a vécu l’invasion des chars soviétiques dans son pays, la Tchécoslovaquie) écrivait « le pire crime est l’ignorance ». Nous sommes tous coupables parce que nous ignorons la réalité, nous ignorons l’Histoire ou, pire, nous préférons l’ignorer.

Je suis devenu journaliste en 1994. J’avais 25 ans et je rêvais un jour d’écrire l’équivalent du « J’accuse » de Zola. Je croyais en la liberté de la presse, ce fameux « quatrième pouvoir ». J’ai vite déchanté, comprenant que dans les grands médias, les journalistes ne sont que des salariés au service des véritables patrons de leur journal, de leur radio, de leur chaine de télévision : grands industriels, marchands d’armes, financiers, politiciens bien assis… Et que ces salariés perdent leur boulot s’ils ne sont pas aux ordres. Non, la presse en général n’est plus libre depuis longtemps, à part quelques bastions de résistance dont la visibilité est réduite au maximum. Charlie est l’un de ces rares bastions. Charb et les autres étaient de ceux qui refusaient qu’on leur dicte les mots à écrire, les sujets à traiter et à défendre, bref qu’on les oblige à passer la brosse à reluire.

J’aurais pu monter au créneau, dénoncer ce système infâme qui ne conduit qu’à la désinformation, à la lobotomisation des esprits, les dictant malgré eux à acheter tel ou tel produit, qu’il s’agisse d’un I-phone ou d’une idée malsaine. Je l’ai juste fait dans mon coin, j’ai lutté pour ma propre liberté d’expression, parfois pour celle d’un collègue, et puis j’ai jeté l’éponge, comme un boxeur au bord du KO, et j’ai quitté la profession alors que j’aurais dû repartir sur le ring et défendre cette fameuse liberté d’expression que l’on nous sert désormais à toutes les sauces. Au nom de la liberté d’expression, on peut appeler à la haine mais on a de plus en plus de mal à la dénoncer. Quelle honte.

« Nous sommes Charlie… Qu’un sang impur abreuve nos sillons »… Non, désolé, je ne m’en remets pas. C’est en confondant tout et n’importe quoi que nous sommes tous responsables de l’attentat d’hier. Parce que nous avons laissé le FN se dédiaboliser alors qu’il défend les mêmes idées et applique les mêmes stratégies que les partis fascistes des années 1930. Parce que nous confondons le conflit israélo-palestinien avec une guerre de religion alors qu’il s’agit d’une guerre coloniale. Parce que depuis le 11 septembre 2001, nous ne regardons plus les arabes de la même manière. Parce que nous avons substitué le mot « solidarité » par le mot « assistanat ». Parce que nous sommes incapables de regarder plus loin que notre petit confort. Parce qu’on a peur pour nos retraites vu que nos impôts seraient dilapidés dans les aides sociales distribuées à des faignasses bronzées. Parce que quand Sarkozy, Balkany et tant d’autres détournent des millions d’euros, on les réélit quand même. Parce que quand Depardieu s’exile en Russie en affirmant que Poutine est un grand démocrate, on dit qu’il a bien raison de ne plus payer ses impôts en France. Parce que ceux qui veulent la tête des « bougnoules » oublient que leurs ancêtres furent traités de « ritals », « d’espingouins », de « polaks », de « portos », etc.

Oui, les véritables terroristes, c’est bien nous. Nous nous sommes laissés entrainer dans un individualisme forcené qui nous conduit à chercher des boucs-émissaires partout. SDF, Roms, musulmans… Ce matin, sur Facebook, un homme (que je ne connais pas) arborait le fameux « Je suis Charlie » tout en écrivant « Si les terroristes sont capturés, la mère « Teub ira » les fera libérer et on leur paiera le billet d’avion pour repartir au djihad avec le RSA et la carte vitale ». Non, ce n’était pas une blague…

Bref, j’étais là hier et ce matin. Et tout ce que j’arrive à faire, c’est prendre ma plume. Une plume désenchantée. Quel paradoxe pourtant ! Je devrais me réjouir qu’à Perpignan (seule ville française à commémorer chaque année les morts de l’OAS qui, rappelons-le, étaient des terroristes…), un monde fou soit venu manifester son indignation. Si nous avions été une poignée, comme lors de la mort de Clément Méric, j’aurais hurlé ma colère. Mais la question que je me pose, c’est pourquoi étaient-ils là ? Et la réponse me terrifie.

J’ai peur que ce drame soit à nouveau détourné pour cracher sur l’Islam, ou plutôt sur les arabes en général puisque personne ne fait plus la différence, comme si tous les blancs étaient des cathos intégristes… Charlie Hebdo se moquait avec férocité de l’Islamisme, parfois même de l’Islam, comme il se moquait de toutes les religions, en bon anarchiste anticlérical qu’était (et sera toujours) ce journal.

J’ai peur que la violence succède à la violence, du moins pendant quelques jours (une actu chassant l’autre, les gens oublieront vite). Que des innocents soit agressés ou tués parce qu’ils sortent d’une mosquée ou qu’ils boivent un thé à la menthe au lieu d’un Ricard. Peur que ceux qui profitent de ces crimes soient ceux qui se réjouissent à la fois des morts de Charlie Hebdo et de la stigmatisation de l’Islam, je veux parler de l’extrême-droite et de ses proches. Nul doute que du côté de Saint-Cloud ou de Millas, hier on a sabré le champagne…

Alors que faire ? Lire, réfléchir, s’informer, ouvrir les yeux, réapprendre à se servir de son sens critique, échanger, essayer de comprendre l’autre au lieu de le juger. Ce n’est pas de l’angélisme, juste le seul moyen d’assurer le véritable fonctionnement d’une démocratie et, par conséquent, de sauvegarder nos libertés.

+1

Cabu avait raison: c'est dur d'être aimé pleuré par des cons.

Des cons qui pensent avoir gagné le gros lot à la loterie...Je pense aux politiciens! Grâce à cette tragédie ils vont pouvoir nous asservir encore plus avec des Lois dans la droite ligne du Patriot Act amériacain (LOI n° 2013-1168 du 18 décembre 2013 relative à la programmation militaire pour les années 2014 à 2019 et portant diverses dispositions concernant la défense et la sécurité nationale).

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Article de Alex Belliard, lu sur sa page fb

Nous avons tous tué Charlie

Je ne suis pas Charlie. Je ne suis ni Charb, ni Wolinski, ni les dix autres. Pourtant, 24 heures après l’attentat, j’étais aux deux rassemblements organisés à Perpignan en leur mémoire. Hier devant le Conseil général (mais que diable avait-il à voir avec le crime ?). Ce matin dans la petite rue où s’abrite le club de la presse local, trop exigüe pour accueillir la foule nombreuse venue à renforts de photocopies « Je suis Charlie ». Eux comme moi pourrons dire « j’étais là ». Et là me reviennent les paroles de la chanson de Zazie :

« J'étais là en octobre 80, après la bombe de Copernic,

Oui j'étais à la manif', avec tous mes copains.

J'étais là, c’est vrai qu'on n’y comprenait rien

Mais on trouvait ça bien, ça bien.

Oui j'étais là pour aider pour le sida, les sans-papiers,

J'ai chanté, j'ai chanté.

Sûr que j'étais là pour faire la fête,

Et j'ai levé mon verre à ceux qui n'ont plus rien,

Encore un verre, on n'y peut rien.

J'étais là, devant ma télé à 20h, j'ai vu le monde s'agiter, s'agiter.

J'étais là, je savais tout de la Somalie, du Bangladesh et du Rwanda,

J'étais là.

J'ai bien vu le sort que le nord réserve au sud, bien compris le mépris,

J'étais là pour compter les morts.

J'étais là, et je n'ai rien fait,

Et je n'ai rien fait.

J'étais là pourtant, j'étais là,

Et je n'ai rien fait, je n'ai rien fait. »

Voilà, j’étais là. Et puis les manifestants de tous bords ont entonné la Marseillaise. Répondre au sang par l’appel au sang : « Aux armes citoyens… Qu’un sang impur abreuve nos sillons ». Alors j’ai eu envie de pleurer et je suis parti. Parce que cet attentat n’est pas un crime contre la France, mais un crime contre la Liberté. Parce que Charlie n’aimait pas les accents guerriers de la Marseillaise dont il s’est au moins autant moqué que des dérives religieuses en général, et pas uniquement de l’islamisme. Parce que depuis hier, je vois sur les réseaux sociaux et j’entends à la radio des tas de gens se réclamer de Charlie et exiger le retour de la peine de mort, stigmatiser l’Islam à tel point que ses représentants se sentent obligés de s’excuser. Tous ces gens qui pour la plupart n’ont jamais lu ni un Hara-Kiri, ni un Charlie Hebdo. Tous ces gens qui, finalement, ne connaissaient au mieux que Cabu quand il dessinait au Club Dorothée… Parmi eux, combien se sont insurgés lorsque les locaux de Charlie Hebdo ont été incendiés en 2011 ? Combien ne s’informent que devant BFM TV ou TF1 ? Combien font partie des 25% qui ont voté FN aux dernières élections européennes ?

Depuis des années, les médias font la part belle à des Zemmour et des Le Pen. Ah le danger de l’Islamisation de notre douce France… On les écoute, persuadés que finalement « ils disent pas que des conneries », on achète leurs livres, on vote pour eux… Après tout, les autres sont « tous pourris », incompétents, carriéristes… Comme si les résistants, les idéalistes, les humanistes et les libertaires étaient des races à jamais disparues.

Comme pour l’affaire Mehra, la Police a fait un travail incroyable. A peine l’attentat commis, on connaissait le nom des coupables. Il parait même que l’un d’eux avait « oublié » sa carte d’identité dans la voiture des bourreaux… Qu’est-ce que c’est con un terroriste ! Bientôt (peut-être même pendant que j’écris ces lignes), on les trouvera. Il y aura une fusillade et ils y resteront. Chacun pourra alors retourner devant sa télé en se disant que Justice est faite et s’inquiètera des nouvelles aventures de Nabila ou de Valérie Trierweiler…

Personne ne se posera la question du « pourquoi ». Oui, pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Personne ne se posera la question parce qu’on nous a déjà donné la réponse : l’islamisme.

Et si nous étions les véritables coupables ? Dans « L’Insoutenable légèreté de l’être », Kundera (qui a vécu l’invasion des chars soviétiques dans son pays, la Tchécoslovaquie) écrivait « le pire crime est l’ignorance ». Nous sommes tous coupables parce que nous ignorons la réalité, nous ignorons l’Histoire ou, pire, nous préférons l’ignorer.

Je suis devenu journaliste en 1994. J’avais 25 ans et je rêvais un jour d’écrire l’équivalent du « J’accuse » de Zola. Je croyais en la liberté de la presse, ce fameux « quatrième pouvoir ». J’ai vite déchanté, comprenant que dans les grands médias, les journalistes ne sont que des salariés au service des véritables patrons de leur journal, de leur radio, de leur chaine de télévision : grands industriels, marchands d’armes, financiers, politiciens bien assis… Et que ces salariés perdent leur boulot s’ils ne sont pas aux ordres. Non, la presse en général n’est plus libre depuis longtemps, à part quelques bastions de résistance dont la visibilité est réduite au maximum. Charlie est l’un de ces rares bastions. Charb et les autres étaient de ceux qui refusaient qu’on leur dicte les mots à écrire, les sujets à traiter et à défendre, bref qu’on les oblige à passer la brosse à reluire.

J’aurais pu monter au créneau, dénoncer ce système infâme qui ne conduit qu’à la désinformation, à la lobotomisation des esprits, les dictant malgré eux à acheter tel ou tel produit, qu’il s’agisse d’un I-phone ou d’une idée malsaine. Je l’ai juste fait dans mon coin, j’ai lutté pour ma propre liberté d’expression, parfois pour celle d’un collègue, et puis j’ai jeté l’éponge, comme un boxeur au bord du KO, et j’ai quitté la profession alors que j’aurais dû repartir sur le ring et défendre cette fameuse liberté d’expression que l’on nous sert désormais à toutes les sauces. Au nom de la liberté d’expression, on peut appeler à la haine mais on a de plus en plus de mal à la dénoncer. Quelle honte.

« Nous sommes Charlie… Qu’un sang impur abreuve nos sillons »… Non, désolé, je ne m’en remets pas. C’est en confondant tout et n’importe quoi que nous sommes tous responsables de l’attentat d’hier. Parce que nous avons laissé le FN se dédiaboliser alors qu’il défend les mêmes idées et applique les mêmes stratégies que les partis fascistes des années 1930. Parce que nous confondons le conflit israélo-palestinien avec une guerre de religion alors qu’il s’agit d’une guerre coloniale. Parce que depuis le 11 septembre 2001, nous ne regardons plus les arabes de la même manière. Parce que nous avons substitué le mot « solidarité » par le mot « assistanat ». Parce que nous sommes incapables de regarder plus loin que notre petit confort. Parce qu’on a peur pour nos retraites vu que nos impôts seraient dilapidés dans les aides sociales distribuées à des faignasses bronzées. Parce que quand Sarkozy, Balkany et tant d’autres détournent des millions d’euros, on les réélit quand même. Parce que quand Depardieu s’exile en Russie en affirmant que Poutine est un grand démocrate, on dit qu’il a bien raison de ne plus payer ses impôts en France. Parce que ceux qui veulent la tête des « bougnoules » oublient que leurs ancêtres furent traités de « ritals », « d’espingouins », de « polaks », de « portos », etc.

Oui, les véritables terroristes, c’est bien nous. Nous nous sommes laissés entrainer dans un individualisme forcené qui nous conduit à chercher des boucs-émissaires partout. SDF, Roms, musulmans… Ce matin, sur Facebook, un homme (que je ne connais pas) arborait le fameux « Je suis Charlie » tout en écrivant « Si les terroristes sont capturés, la mère « Teub ira » les fera libérer et on leur paiera le billet d’avion pour repartir au djihad avec le RSA et la carte vitale ». Non, ce n’était pas une blague…

Bref, j’étais là hier et ce matin. Et tout ce que j’arrive à faire, c’est prendre ma plume. Une plume désenchantée. Quel paradoxe pourtant ! Je devrais me réjouir qu’à Perpignan (seule ville française à commémorer chaque année les morts de l’OAS qui, rappelons-le, étaient des terroristes…), un monde fou soit venu manifester son indignation. Si nous avions été une poignée, comme lors de la mort de Clément Méric, j’aurais hurlé ma colère. Mais la question que je me pose, c’est pourquoi étaient-ils là ? Et la réponse me terrifie.

J’ai peur que ce drame soit à nouveau détourné pour cracher sur l’Islam, ou plutôt sur les arabes en général puisque personne ne fait plus la différence, comme si tous les blancs étaient des cathos intégristes… Charlie Hebdo se moquait avec férocité de l’Islamisme, parfois même de l’Islam, comme il se moquait de toutes les religions, en bon anarchiste anticlérical qu’était (et sera toujours) ce journal.

J’ai peur que la violence succède à la violence, du moins pendant quelques jours (une actu chassant l’autre, les gens oublieront vite). Que des innocents soit agressés ou tués parce qu’ils sortent d’une mosquée ou qu’ils boivent un thé à la menthe au lieu d’un Ricard. Peur que ceux qui profitent de ces crimes soient ceux qui se réjouissent à la fois des morts de Charlie Hebdo et de la stigmatisation de l’Islam, je veux parler de l’extrême-droite et de ses proches. Nul doute que du côté de Saint-Cloud ou de Millas, hier on a sabré le champagne…

Alors que faire ? Lire, réfléchir, s’informer, ouvrir les yeux, réapprendre à se servir de son sens critique, échanger, essayer de comprendre l’autre au lieu de le juger. Ce n’est pas de l’angélisme, juste le seul moyen d’assurer le véritable fonctionnement d’une démocratie et, par conséquent, de sauvegarder nos libertés.

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Cabu avait raison: c'est dur d'être aimé pleuré par des cons.

Le texte est en effet très juste. Néanmoins, que voulez-vous faire? Des cons y en a partout.... Je n'ai jamais voulu adhérer un aucun parti, j'ai toujours eu du mal lors des manifs car forcément plus on est nombreux plus il y a des chances qu'on ne soit pas tous d'accord, qu'on n'ait pas tous les mêmes points de vue.

Je n'aime pas trop cette phrases ainsi détournées de Cabu. Lorsqu'il l'a écrite c'était clairement en référence aux islamistes fanatiques, et je ne pense pas qu'un seul musulman normal ait pu se sentir offensé par cela.

Dans le cas présent, dire "être aimé ou pleuré par des cons" fait référence à quels cons? Tous mais pas moi?... Les autres sont des cons... Et bien si ces cons peuvent être émus parce qu'on a touché à une valeur fondamentale de la république, à la liberté de la presse, parce qu'on a assassiné cruellement des personnes sur notre territoire (et oui c'est toujours plus impressionnant quand c'est chez nous, hein....) si ça les touche eux aussi...qu'est-ce qu'on doit faire? On n'a qu'à tous se disputer: vous n'avez pas le droit d'être tristes, nous n'aimiez pas Charlie Hebdo, moi oui.... Allez qu'on se foute tous sur la gueule...

Allez et il y aura bien un VGE bis pour dire "vous n'avez pas le monopole du coeur"....

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Tariq Ramadan : "Je condamne les attentats mais je ne suis pas Charlie"

http://www.rts.ch/info/monde/6441664-tariq-ramadan-je-condamne-les-attentats-mais-je-ne-suis-pas-charlie.html

"Ils n'ont pas arrêté pendant trois ans de faire de l'humour sur les musulmans et j'ai dit que cet humour-là est un humour de lâches."

"Je ne vais pas cautionner des attitudes pas très bienveillantes, pas très courageuses et parfois assez vulgaires."

Contrairement à "l'humour de lâches", le ridicule ne tue pas, lui...

Tariq Ramadam ne semble pas savoir que ces caricaturistes testaient justement la liberté d'expression un des piliers de notre démocratie...

Maintenant là où je le rejoins c'est qu'un mouvement "moutonnier" s 'est mis en place avec des gens peu fréquentables qui sont directement à l'origine de ce drame. Pourquoi Dieudonné n'a pas droit lui aussi à la liberté d'expression?, pourquoi Bedos a été black listé pendant des années? Et j'en passe... . On ne demande a personne d'adhérer aux idées, seulement d'utiliser son libre arbitre. Aucune loi ne peut et ne pourra interdire notre liberté de pensée.

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Et bien moi, le texte d'Axel Belliard, je n'y adhère pas...je sais, c'est un peu dissonant mais c'est ce que je ressens bien que je partage beaucoup de ses peurs.

Comment vous expliquer...je n'adhère à aucun discours du NOUS (et du VOUS non plus, je le précise).

Et non, je ne me sens pas responsable de ce qui c'est passé.

Je suis athée, j'ouvre mes bras et ma maison à tous ceux qu'il me plaît d'aimer, pour une raison ou pour une autre en me foutant ÉPERDUMENT de leur couleur de peau et de leur confession religieuse. Je revendique le droit de pouvoir rire de tout (dans les limites de la loi). Je revendique le droit d'aimer qui je veux, je revendique le droit d'être en désaccord.

Non, je n'ignore pas l'histoire: de l'abolition du délit de blasphème en 1789, des massacres perpétrés en tous temps au nom d'un dieu ou d'une idéologie.

Je trouve le texte un peu injuste lorsqu'il dit que tout le monde se fout du pourquoi des choses, faisant lui-même ce qu'il reproche à ce nous: de grands sacs avec tout plein de monde dedans, bien rangés par catégories.

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Je ne suis pas Charlie. Je souhaiterais simplement maintenant que ces morts effroyables si bouleversantes me donnent à chaque instant le courage de devenir Charlie.

Beaucoup de ceux qui se tournent vers certains partis politiques extrêmistes le font parce que justement ils nont pas de moyens d'expression ou ne sont ni écoutés ni entendus.. Que savent-ils réellement, ces électeurs, des idées de leurs leaders politiques ?

Il me semble aussi que les journaux télévisés sont nommés "les grands-messes du 20h". Messieurs les journalistes, ne l'oubliez pas.

Je pense aux victimes, aux blessés et aux familles endeuillées. Mais je ne veux pas être récupérée. Culture, culture, culture toi seule remplacera les armes.

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Tariq Ramadan : "Je condamne les attentats mais je ne suis pas Charlie"

http://www.rts.ch/info/monde/6441664-tariq-ramadan-je-condamne-les-attentats-mais-je-ne-suis-pas-charlie.html

"Ils n'ont pas arrêté pendant trois ans de faire de l'humour sur les musulmans et j'ai dit que cet humour-là est un humour de lâches."

"Je ne vais pas cautionner des attitudes pas très bienveillantes, pas très courageuses et parfois assez vulgaires."

Contrairement à "l'humour de lâches", le ridicule ne tue pas, lui...

Tariq Ramadam ne semble pas savoir que ces caricaturistes testaient justement la liberté d'expression un des piliers de notre démocratie...

Maintenant là où je le rejoins c'est qu'un mouvement "moutonnier" s 'est mis en place avec des gens peu fréquentables qui sont directement à l'origine de ce drame. Pourquoi Dieudonné n'a pas droit lui aussi à la liberté d'expression?, pourquoi Bedos a été black listé pendant des années? Et j'en passe... . On ne demande a personne d'adhérer aux idées, seulement d'utiliser son libre arbitre. Aucune loi ne peut et ne pourra interdire notre liberté de pensée.

Il ne dit pas cela dans cette interview.

Tariq Ramadam ne semble pas savoir que ces caricaturistes testaient justement la liberté d'expression un des piliers de notre démocratie...

C'est en effet la posture habituelle des pratiquants du double discours.

Tariq Ramadam ne semble pas savoir que ces caricaturistes testaient justement la liberté d'expression un des piliers de notre démocratie...

... c'est probablement parce qu'il ne le sait que trop bien qu'il avait déclaré "estimer être un acte citoyen la poursuite en justice de Charlie Hebdo" lors du procès des caricatures.

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Un de ces mecs arrive dans votre école, l'espace d'un moment vous avez l'occasion de lui défoncer la tête avec la batte de thèque qu'il n'a pas remarquée, franchement, intellectuellement (avoir l'audace sur le fait c'est autre chose), vous le faites ou pas?... Intellectuellement moi oui.

Il faut prendre conscience que c'est un sentiment de vengeance, quelque chose d'humain. On peut parfaitement ressentir de la haine contre une personne qui nous a fait terriblement mal.

Ce n'est par contre pas à nous, en tant que victimes, de nous rendre justice. La justice doit dépasser nos sentiments, elle doit comprendre et rendre un jugement juste.

Tu dois connaître le proverbe sur la loi du talion : le monde finirait aveugle.

Vengeance? Non!

Ce serait les élèves et toi ou lui, mon choix est vite fait.

Y a une différence entre l'assomer et lui défoncer la tête ....

C'est vrai, en l'assommant tu n'es pas sûr de la durée du résultat et du temps qu'il te reste pour mettre tout le monde à l'abri...tu vas tenter de maitriser la force de ton coup/hésiter et prendre le risque de le rater avec des conséquences peut-être dramatiques pour la suite.

En y allant de toute tes forces, tu prends moins de risques.

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Pensée dérisoire et futile, mais ça va faire drôle ce soir chez

on-n-est-pas-couche.jpg

le choix du dessin de la semaine ne sera plus le même.

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Je travaille en collège en zep en région parisienne et je peux vous assurer que dans toutes les classes où il y a eu des discussions, on a entendu "d'accord il ne fallait pas les tuer, mais quand même, ils n'avaient pas le droit de faire ces dessins". Il y a même des classes où des élèves ont refusé de faire la minute de silence. Je ne peux pas dire à quel point cette réalité s'étend, mais elle existe.

Je travaille en collège en zep en région parisienne et je peux vous assurer que dans toutes les classes où il y a eu des discussions, on a entendu "d'accord il ne fallait pas les tuer, mais quand même, ils n'avaient pas le droit de faire ces dessins". Il y a même des classes où des élèves ont refusé de faire la minute de silence. Je ne peux pas dire à quel point cette réalité s'étend, mais elle existe.

cf. le témoignage de la prof ce matin sur France Inter, dont les élèves face à une caricature ont été choqués et n'ont rien compris malgré le débat, les explicitations de la prof. Donc je te crois, et je m'inquiète de la charge qui va peser sur les profs, un rôle accru dans l'éducation à l'image, l'ouverture sur les religions, l'éducation à la citoyenneté, toutes choses qui sont déjà enseignées. Mais est-ce que ça dispense de l'éducation à la maison, est-ce qu'il ne faudrait pas commencer par ça? Comment faire quand le discours entendu (ou l'absence de discours) à la maison étouffe celui véhiculé par l'Ecole? :idontno:

un collègue a écrit un truc assez bien sent, en disant que l'éducation à l'expression, à la communiction, à l'arguementation, et à lanalyse de la caricature/du dessin de presse ne peut pas se faire miraculeusement un beau matin...

". Il y a même des classes où des élèves ont refusé de faire la minute de silence. Je ne peux pas dire à quel point cette réalité s'étend, mais elle existe.

Je me demande combien de plus ou moins jeunes musulmans en France(déviants, mais se revendiquant comme musulmans quand même) sont prêts à tuer pour leurs convictions à la c...

Mais j'ai peur.

moi ça ne me choque pas qu'on refuse de faire une minute de silence quelle qu'elle soit

le 11 septembre, ça m'a gonflé, pour les victimes de Merah ça m'avait gonflée; je fais des minutes de silence où je veux et quand je veux, et répondre à une injonction d'unité nationale me lourde; j'étais intimement triste pour les morts de mercredi, comme pour des copains;

" Celui qui lutte contre les monstres, doit veiller à ne pas le devenir lui -même". F. Nietzsche

Donc celui qui aurait l'occasion de tuer un Hitler ou un djihadiste en armes et qui le ferait serait un monstre?...

Ce n'est pas mon avis. Pour moi ce serait un héros.

Godwin point!

ça fait déjà une dizaine de pages .. . :D

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Continuons à porter nos petites pierres à l'édifice de la construction du savoir, du livre arbitre et de l'esprit de citoyenneté des enfants qui nous sont confiés ...

Seule l'éducation peut être un garde-fou ! Fragile certes mais tellement plus fort que le terreau de l'inculture qui ne permet pas à certains esprits faibles d'avoir le discernement nécessaire d'un citoyen libre et eclairé !

C'était ma seule et unique motivation quand j'ai passé le concours sur le tard et elle prend tout son sens aujourd'hui ...

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Je ne suis pas responsable de ces atrocités. Je suis Charlie plus que jamais, et cela fait des années que je regarde, impuissante, la montée des intégrismes, des intolérances, avec comme seule riposte, la pensée unique dictée par la finance. Du fric, à tous prix, au mépris de tout.

C'est ça que dénoncent Charlie, le Canard, Siné, Médiapart, bref, les rares médias indépendants d'aujourd'hui.

Tous les pouvoirs ont laissé faire. Le point de non-retour, c'était la guerre en Afghanistan, l'URSS contre les Moudjahidins, financés par les Etats-Unis. Du grand art. Et puis après, la chute, une par une, des dictatures du bloc communiste, puis ce fut l'Irak, l'Egypte, la Libye, la Tunisie.... alors oui, la disparition des dictateurs est toujours une bonne nouvelle, mais pas dans des pays où on connait si peu la démocratie et où on laisse régner des barons locaux, des chefs de tribus (qui n'ont eu qu'à se servir dans les entrepots militaires....). Et puis Israël, la Palestine....

Et puis, parallèlement à ça, les difficultés d'intégration dans nos pays occidentaux, le rejet, le chômage, le racisme..... et la montée des communautarismes, être avec des gens qui nous ressemblent, qui pensent comme nous, c'est rassurant. Du pain béni pour tous les ayatollahs instruits qui connaissent bien les Occidentaux, leur mode de vie, les difficultés des populations d'origine étrangère....

Et pourtant, il y avait des signes inquiétants depuis longtemps, les attentats dans les capitales européennes, et le 11 septembre....

Bref : nous sommes assis sur une énorme poudrière qui n'a pas fini de nous péter à la gueule, et je ne me sens pas du tout responsable, parce que le bulletin de vote que je mets dans l'urne ne devrait pas donner quitus à tout et n'importe quoi. Le formidable espoir issu de la Chute du Mur de Berlin est retombé aux mains des nébuleuses du fric, conseillères numéro un de tous les gouvernements de la planète. Le Proche et le Moyen-Orient, c'est le pétrole, l'eau, les gazoducs, des voies de communication nombreuses, une terre convoitée depuis si longtemps, alors, allons-y franco, à tous prix, par tous les moyens.

Il n'y a jamais eu autant de richesses si peu partagées.

Pas d'avenir, pas d'espoir, alors on tombe dans les filets des intégrismes de tout bord, qui promettent monts et merveilles et surtout, qui désignent des boucs émissaires tellement faciles à fustiger.

Et la cerise sur le gâteau, c'est le désastre de l'Ecole : car c'est l'Education et la Culture qui sont les vraies armes contre tout ça, donner aux gens les moyens de penser, réfléchir, leur parler de valeurs à propos desquelles ont pourrait réfléchir.

Sarko a supprimé 60 000 postes à l'Education Nationale, plus de 10 000 postes de flics.

Les médias ont cultivé la peur de l'autre, l'intox, les informations déformées.

Les libéraux ont labouré le terrain pour mettre en avant l'Avoir, au détriment de l'Être (une console de jeu au détriment des livres)

Le lavage de cerveaux est en bonne place.

La réflexion, les vrais débats, disparaissent au profit de l'émotionnel pur, surtout dans les médias télévisés....

Alors, finalement, la religion, c'est un prétexte. Comme toujours.

Alors, quand Zazie chante "j'étais là, et je n'ai rien fait", c'est parce qu'elle n'a pas pu. Comme moi, comme vous. Parce qu'on nous confisque nos vrais pouvoirs, parce que nos voix sont inaudibles, c'est particulièrement vrai pour nous autres, enseignants, qui voyons la France profonde au quotidien.....

Je ne suis pas responsable du drame d'aujourd'hui.

Je suis Charlie.

https://www.youtube.com/watch?v=Da5iA0_MriQ

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Pensée dérisoire et futile, mais ça va faire drôle ce soir chez

on-n-est-pas-couche.jpg

le choix du dessin de la semaine ne sera plus le même.

D'autant plus que les deux vigiles experts en ju jitsu à l'entrée du plateau ne suffiront désormais plus pour permettre aux intervenants de choisir en toute tranquillité d'esprit le dessin le moins consensuel...

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