atéloum Posté(e) 18 mai 2017 Posté(e) 18 mai 2017 @Mahata40: La différenciation n'est liée pas qu'aux troubles dys- et handicap, certains élèves auront besoin de passer par d'autres cheminements, plus lentement, pour telle matière alors même que pour telle autres ils peuvent être très performants. Mais je pense que tu le sais... Quand je parle de déterminisme social, je ne parle pas que des zones spécifiques (REP...), c'est juste une notion empruntée à Bourdieu qui parle du capital culturel des familles: dans ton école du fin fond de la campagne (donc pas en ZUP qui concentre toutes les difficultés pour l'exemple), tu auras un fille de médecin au cadre familial structuré et un fils de chômeur de parent isolé dans la même classe (je prends 2 extrêmes pour le symbole). L'une sera suivie de près, aura des ressources à la maison (parents, bibliothèque, voire même des cours privés) où les "codes scolaires" sont acquis et reconnus, l'autre n'aura ni ressources, ni espace aménagé au calme, un parent préoccupé par sa situation ne pouvant lui consacrer du temps, ou tout simplement ne parlant pas la langue... La théorie de la reproduction sociale de Bourdieu, c'est cet exemple: les élites possèdent toutes les clés pour se reproduire, les plus démunis (socialement et financièrement) ne possèdent pas tous ces avantages, tous ces codes implicites. L'école participe à cette reproduction, d'où la pédagogie différenciée. Tout le monde a le même enseignement (égalité), mais certains élèves ont besoin d'un étayage renforcé pour réduire ces inégalités (équité). L'esprit des nouveaux programmes, c'est la lutte des inégalités scolaires liées à leurs origines sociales, qui se creusent de plus en plus, et où la France est parmi les plus mauvais élèves de l'OCDE. @Gutenberg92: j'ai vraiment du mal à comprendre en quoi on n'est pas sur une "individualisation" des parcours, dès lors que tu proposes un support ou une méthode adaptée pour tel élève, et pas pour un tel... J'imagine que la nuance est subtile même si l'esprit reste fondamentalement le même. Peut être qu'il s'agit plus d'un "groupe de besoin", où une partie des élèves est regroupée selon des besoins spécifiques...
Mahata40 Posté(e) 18 mai 2017 Posté(e) 18 mai 2017 @atéloum: je te remercie d'avoir passé du temps à répondre ! je comprends mieux ton cheminement avec ces précisions ! Merci ! Peut-être que le terme "individualisation" va un peu trop à l'encontre de la notion de groupe, la différenciation devant être une aide à la progression de chacun sans "gêner" la progression de tous. (???)
Mahata40 Posté(e) 18 mai 2017 Posté(e) 18 mai 2017 @hideout Petite réflexion complémentaire : Je pense aussi qu'il faut à tout prix éviter l'écueil de relier laïcité uniquement à religion ou tout du moins de tempérer et d'ouvrir la notion. Dans "pédagogie de la laïcité", l'auteur est très clair sur le fait que la laïcité assure la neutralité de l'établissement et de son personnel face à toute tentative de prosélytisme idéologique (religieux mais pas uniquement : sexisme, homopobie etc...). L'école est une enceinte au sein de laquelle l'élève doit pouvoir se sentir en terrain neutre pour développer sa réflexion et être en mesure de faire ses propres choix lorsqu'il en aura la maturité. c'est aussi un espace de modération de l'expression d'un appartenance à un groupe, afin de préserver un vivre ensemble de qualité et permettre aux élèves de se rencontrer en passant outre l'idée d'une appartenance à un groupe donné. Il ne faut pas non plus oublier que la laïcité se joue également hors les murs lorsque les élèves quittent l'enceinte de l'école et que tout intervenant extérieur et accompagnant doit respecter le cadre laïque fixé par la loi. Je rajouterai à la liste la communication entre l'école et les familles sur ce sujet lorsque cela est nécessaire. L'école doit pouvoir argumenter en faveur de la laïcité (neutralité, protection, impartialité, mais aussi égalité des chances) lorsque cette laîcité pose problème, notamment dans le cas des sorties scolaires ou de l'étude de certaines oeuvres traitant de thèmes en inadéquation avec les croyances des familles (créationnisme/évolutionnisme - visite de monuments religieux - évènement historiques remis en cause par certaines personnes) Pour les signes, je dirai "signes ostentatoires d'appartenance à un groupe ou à un courant de pensée dont les valeurs entrent en contradiction avec celles de la république" Je dirai aussi que la laïcité est une valeur que l'on doit mettre en oeuvre dans tous les enseignements, de l'EMC à l'EPS en passant par l'histoire des arts, qui se prête formidablement à la réflexion sur les thèmes liés à la laïcité. Que les enseignants sont encouragés à mettre en place des ateliers permettant aux élèves de réfléchir et d'argumenter dans l'optique du développement de leur sens critique. Autre chose les amis ?
atéloum Posté(e) 18 mai 2017 Posté(e) 18 mai 2017 il y a 40 minutes, KM! a dit : Personnellement, je fais la distinction entre les démarches pédagogiques (= modèles d'enseignement) citées ci-dessus, qui relèvent du rôle de l'enseignant et les modèles d'apprentissage, qui concernent la façon d'apprendre des élèves (behaviorisme, constructivisme, cognitivisme, socio-constructivisme). Evidemment, les modèles d'enseignement et d'apprentissage doivent avoir des points d'ancrage communs ! Mais est-ce qu'une démarche pédagogique ce n'est justement pas par définition une manière d'apprendre?! Les méthodes dites "actives" (démarche d'investigation) relèvent du courant constructiviste (Piaget), voire socio-constructiviste: l'élève construit son savoir en le manipulant, en le testant, en l'intériorisant par le biais des essais-erreurs et des débats avec les autres (conceptualisation et métacognition). Tout l'inverse de la méthode "frontale" du transmissif: voilà tel concept, on fait des exercices bêtement sans donner du sens au savoir, on réussit à répondre aux questions demandées mais on n'a finalement rien appris (d'où la remise en question du niveau des élèves qui auraient régressé en 50 ans... Quel sens donnaient-ils aux réponses? N'était-on pas sur de l'automatisme pur et dur?). Là aussi les programmes sont très clairs: faire du sens et du lien au savoir!
atéloum Posté(e) 18 mai 2017 Posté(e) 18 mai 2017 il y a 5 minutes, Mahata40 a dit : en passant par l'histoire des arts, qui se prête formidablement à la réflexion sur les thèmes liés à la laïcité Tu pourrais m'en dire plus stp? J'ai lu ça aussi, mais je ne comprends pas le lien entre l'art et la laïcité (hé ouai, j'ai choisi sciences, je suis une bille en Art ). Je rajouterai quelques commentaires ce soir à ce sujet, je suis en plein dedans depuis hier...
Mahata40 Posté(e) 18 mai 2017 Posté(e) 18 mai 2017 il y a 2 minutes, atéloum a dit : Tu pourrais m'en dire plus stp? J'ai lu ça aussi, mais je ne comprends pas le lien entre l'art et la laïcité (hé ouai, j'ai choisi sciences, je suis une bille en Art ). Je rajouterai quelques commentaires ce soir à ce sujet, je suis en plein dedans depuis hier... Bien sûr ! (j'ai choisi histoire des arts en option, je suis une bille en sciences ! ) Attention, il s'agit d'une réflexion personnelle ! L'art a l'avantage d'être transversal de deux manières à mon sens : - de manière horizontale : on peut lui donner du sens avec toutes les matières enseignées (quelques exemples : maths : composition géométrique, nombre d'or / sciences : diffraction de la lumière et impressionnisme / Histoire : bon, je te fais pas un dessin ^^ / EPS : danse et étude de ballets par exemple / EMC : notion phares comme la liberté à lier à des oeuvres de référence comme la statue de la liberté, la liberét guidant le peuple ect..). - de manière verticale : différents niveaux de lecture. l'art est porteur d'un sens en lien avec le contexte de sa création : il est donc lié à un mode de pensée qui a été retranscrit par une oeuvre. on ne peut se contenter d'une analyse esthétique et subjective d'une oeuvre. Certaines oeuvres contemporaines dénoncent le racisme, l'exclusion ect... et sont donc d'un abord très clair. Quand on remonte le temps, il est nécessaire de se replacer dans le mode de pensée de l'époque. Par exemple, il existe des sculptures dont le thème et le traitement du sujet montre clairement une vision qui ne correspond plus aux valeurs actuelles de la république et dont les titres sont aussi très évocateurs : Emmanuel Frémiet "gorille enlevant une négresse" 1859 : quand tu pars de ça, tu peux amener les enfants à parler du traitement du sujet (pourquoi un gorille enlèverait une femme noire si ce n'est parce qu'il la considère comme un des siens ? le peuple = sous peuple, non civilisé, proche des animaux.... passivité de la femme dans l'oeuvre = accepte son statut (double : statut d'animal et statut de femme qui se doit d'obéir au mâle) tu embrayes sur la notion d'égalité actuelle entre les peuples, en parlant historique des hypothèses abjectes des siècles précédents sur la supériorité blanche et accessoire tu mets en garde sur le racisme en parlant du KKKn néonazisme ou autre joyeusetés de notre monde actuel. et ensuite si tu as encore la force, tu parles de l'égalité homme/femme. paf ! un petit coup d'EMC, parité, droit de vote etc... Ces valeurs étant celles de la laïcité, tu as réussi à relier art et laïcité !
LouiseCha Posté(e) 18 mai 2017 Posté(e) 18 mai 2017 il y a 29 minutes, atéloum a dit : Tu pourrais m'en dire plus stp? J'ai lu ça aussi, mais je ne comprends pas le lien entre l'art et la laïcité (hé ouai, j'ai choisi sciences, je suis une bille en Art ). Je rajouterai quelques commentaires ce soir à ce sujet, je suis en plein dedans depuis hier... je veux bien savoir aussi... par contre, y a aussi le lien entre sciences et laïcité ;-)
LouiseCha Posté(e) 18 mai 2017 Posté(e) 18 mai 2017 pardon, je n'avais pas encore vu apparaître ta réponse @Mahata40
Mahata40 Posté(e) 18 mai 2017 Posté(e) 18 mai 2017 à l’instant, LouiseCha a dit : pardon, je n'avais pas encore vu apparaître ta réponse @Mahata40 ah, la magie d'internet ! je veux bien que tu m'explique le lien entre science et laïcité parce qu'à part l'évolution humaine... je buggue
Gutenberg92 Posté(e) 18 mai 2017 Posté(e) 18 mai 2017 il y a 37 minutes, atéloum a dit : @Gutenberg92: j'ai vraiment du mal à comprendre en quoi on n'est pas sur une "individualisation" des parcours, dès lors que tu proposes un support ou une méthode adaptée pour tel élève, et pas pour un tel... J'imagine que la nuance est subtile même si l'esprit reste fondamentalement le même. Peut être qu'il s'agit plus d'un "groupe de besoin", où une partie des élèves est regroupée selon des besoins spécifiques... Alors, pour une fois, je vais prendre Wikipédia (même si je n'aime pas du tout cette référence), pour montrer la "subtilité" qui n'en est pas une, pense. "La différenciation pédagogique résulte donc de l'action du pédagogue, à l'aide d'une connaissance avancée des élèves, des méthodes pédagogiques, de l'environnement et du programme, à améliorer l'harmonisation entre trois composantes (sujet, objet et agent), de progresser sur les relations entre elles en ayant pour but d'améliorer l'apprentissage. En d'autres termes, différencier (du point de vue pédagogique) signifie analyser et adapter ses méthodes, l'environnement d'apprentissage de manière à prendre en considération les besoins et caractéristiques d'un ou de plusieurs élèves face à un objet d'apprentissage donné." Voilà, les mots clés que j'ai mis en gras et qui explique bien, non seulement un ORDRE de priorité, mais plus encore une délimitation bien définie de ce qu'EST la différenciation pédagogique. 1) La pédagogie différenciée concerne L'ACTION du pédagogue. 2) Il agit sur l'Environnement et le Programme. 3) Dans le but d'Harmoniser le "triangle" sujet-objet-agent" Tiens rien à voir, mais en tapant sur google une partie de ta phrase plus haut on arrive sur un texte de l'ULB sur la pédagogie différencié (et pour le couphttps://www.google.fr/search?q=le+premier+moyen+pour+l'enseignant+d'adapter+son+enseignement+à+chaque+élève%2C+dont+les+besoins%2C+les+rythmes%2C+les+représentations+intiales&ie=utf-8&oe=utf-8&client=firefox-b&gfe_rd=cr&ei=MGgdWfimB9DDaOXTqZAG Donc le prisme est bien sur les METHODES pédagogique et non pas sur l'enfant (qui est un des paramètres). Je pense que vraiment plus que de la subtilité ... faudrait (Je pense par ailleurs que c'est un sujet bateau sur lequel beaucoup ont travaillé mais bon, y a plus de gens qui lisent que de gens qui écrivent sur ce forum ...) il y a 35 minutes, atéloum a dit : Tu pourrais m'en dire plus stp? J'ai lu ça aussi, mais je ne comprends pas le lien entre l'art et la laïcité (hé ouai, j'ai choisi sciences, je suis une bille en Art ). Je rajouterai quelques commentaires ce soir à ce sujet, je suis en plein dedans depuis hier... Visite d'une église, par exemple, tout simplement en tant que lieu culturel. Par exemple sur internet on peut trouver ceci aussi sur l'enseignement du fait religieux. Si le fait religieux peut être enseigner, il est donc un objet que l'on peut ranger dans une (des) sciences, que ce soit l'art, les mathématiques, l'histoire (qu'importe le prisme).
atéloum Posté(e) 18 mai 2017 Posté(e) 18 mai 2017 Je pense par contre qu'il ne faut vouloir tout imputer à la laïcité afin de ne pas pervertir sa (ses) définition(s) initiale(s), ce qui participe à cette incompréhension générale, ou mauvaise interprétation (voir les discours politiques de certains représentants de la République). Je pense qu'à l'école primaire, il faut savoir poser des bases simples et compréhensibles, aussi bien pour les élèves que pour leurs parents. Savoir distinguer valeurs de la République (idéal de pensée) et principes de la République (fonctionnement sociétal), même si ils sont plus ou moins liés entre eux (laïcité = pierre angulaire de la liberté, de l'égalité et de la fraternité). A ce sujet, j'avais trouvé cette vidéo il y a quelques mois (suite aux tweets insultants d'une certaine élue de la République) et je la trouve particulièrement bien faite:
Mahata40 Posté(e) 18 mai 2017 Posté(e) 18 mai 2017 il y a 2 minutes, Gutenberg92 a dit : Visite d'une église, par exemple, tout simplement en tant que lieu culturel. Par exemple sur internet on peut trouver ceci aussi sur l'enseignement du fait religieux. Si le fait religieux peut être enseigner, il est donc un objet que l'on peut ranger dans une (des) sciences, que ce soit l'art, les mathématiques, l'histoire (qu'importe le prisme). Tiens, j'avais oublié le plus évident ! -_-
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