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"En 2017, la grammaire est simplifiée, voire négociable" - Télérama


atéloum

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Le 7 février 2017 à 19:57, Nyméria a dit :

Je pense que tu pourras me citer les textes de 1972 encore longtemps ainsi que les grands auteurs sans que je ne change d'avis.

En cours de route, on a perdu des heures de classe, gagné d'autres matières et vu la société évoluer.

En 1972, combien d'élèves d'une génération atteignaient le bac ? 20 %. Combien d'enfants "à profil particulier" dans les classes ? Combien d'enfants allophones ?Alors oui sans doute qu'on peut continuer à marteler de la grammaire au sens large et faire des élites (20 %, les 80 autres, qu'importe, et il faudra qu'ils soient compétentes pour intégrer en moins de temps que leurs aïeuls, et avec des matières en plus, les mêmes notions) qui accorderont sans peine le participe passé, même si, tu le dis toi même, certains instits se trompent parfois.

Changer d'avis ne dépend effectivement que de toi, sauf que "les faits sont têtus" comme disait Lénine, et qu'un raisonnement s'appuyant sur des arguments faux devraient logiquement amener à douter - mais il est vrai que la pensée logique a déserté le monde du libéralisme culturel où l'individu atomisé est encouragé à tenir pour vrai tout ce qui sort de son esprit, fût-ce un pur fantasme.

Donc l'accord du participe passé a bien été enseigné durant plus d'un siècle d''école, depuis les lois sur l'instruction publique des débuts de la IIIe République. Et que cela soit vrai devrait arriver à démontrer que cette règle d'accord du participe passé, ainsi que l'essentiel de la grammaire qui était enseignée durant cette période séculaire, étaient compris par la plupart. Car il aurait été impossible que durant un laps de temps aussi long les maîtres s'encombrassent de notions inassimilables par l'essentiel de leurs élèves.

Pour justifier l'appauvrissement des programmes, les tenants d'un allègement invoquent l'argument d'une école "ancienne" où les instituteurs ne se seraient occupés que d'une petite partie des élèves. La preuve en serait le faible pourcentage de bacheliers de l'époque. Effectivement, quand j'ai passé le bac seule encore une minorité y accédait.

En réalité, si l'on devait comparer les époques, ce n'est pas au baccalauréat d'hier qu'on devrait comparer celui d'aujourd'hui, mais au Certificat d'études d'antan, celui qui ouvrait à la vie professionnelle. À son apogée dans les années 60, le Certificat d'études, qui incarnait l'idéal égalitaire et méritocratie de la République "primaire" selon le mot de Péguy, couronnait plus de la moitié d'une classe d'âge (54 % exactement en 1964-1965). L'enquête la plus sûre, celle de 1995 de la Direction de l'Évaluation et de la Prospective (DEP) menée par son chef, Claude Thélot, au ministère de l'Éducation nationale a montré, à âge égal, le meilleur niveau des élèves des années 1923, 1924 et 1925. En ce qui concerne l'exercice de la dictée, qui nous concerne directement dans ce fil, les élèves d'aujourd'hui font 2,5 fois plus de fautes que leurs prédécesseurs des années 1920.

(Patrick Cabanel, La république du Certificat d'études - Histoire et anthropologie d'un examen - XIXe - XXe siècle, Belin, 2002, page 271)

Quiconque s'intéressant à l'histoire et connaissant un tant soit peu la société française des années 20 mesurera l'étonnante réussite de l'enseignement des Hussards noirs, issus pour l'essentiel de la classe ouvrière et de la paysannerieces derniers appelés les Hussard Verts par Gaston-Louis Marchal entré à l'École Normale d'instituteurs du Tarn en 1944, tant l'empreinte rurale y était forte.

(Gaston-Louis Marchal, Les Hussards Verts - La condition d'instituteur dans les Monts de Lacaune à mi-XXème siècle, Société culturelle du Pays castrais, 1994).

L'école de cette époque ressemblait davantage à l'image qu'en offre Marcel Pagnol, dont le père était instituteur, qu'à celle dégradée et méprisante qu'on peut en donner aujourd'hui dans les milieux de la réforme. Jamais ces filles et fils de paysans et d'ouvriers, profondément insérés dans leur milieu, n'auraient pu se permettre ni même envisagé, dans leur ensemble, de laisser soi-disant 80 % de leurs élèves dans l'ignorance. Car que plus de la moitié d'une classe d'âge obtînt son Certificat d'études ne peut signifier que les autres n'avaient rien appris. Bien au contraire. La consultation de l'ensemble des manuels de français de l'époque montre quel était le niveau réel des élèves, plus élevé qu'aujourd'hui (je renvoie au remarquable travail d'archive de notre collègue Spinoza sur son site Manuels Anciens :

https://manuelsanciens.blogspot.fr/p/francais-redaction-cm-cs.html)

Après, comme tu le dis à juste titre, le redressement de l'école ne dépend pas que des programmes. Mais on s'éloigne du sujet portant sur l'enseignement de la grammaire.

« Pour moi aussi… Hé ! le premier du canton, c'est quelque chose !

-  Premier avec une forte avance et les félicitations de M. l'inspecteur », précisa Sermet.

Le maître d'école secoua la tête et regarda le fond de son gros verre à facettes.

« Ce qu'il faut dire, c'est que c'est un grand jour pour nous tous. Et je ne parle pas seulement de Fontvieille. Trois certificats de plus, c'est quelque chose, mais Fontvieille, ça n'est pas tout. Ce qui compte, c'est l'ensemble, c'est l'instruction qui se répand. Et l'instruction c'est la grandeur du peuple. »

(Pierre Gamarra, Le Maître d'école, 1955)

Pierre Gamarra, dont on fait toujours apprendre les poésies, a dédié son livre à "Georges Lapierre, directeur d'école à Paris, directeur de l'École libératrice, mort à Dachau en février 1945, à André Pican, instituteur, organisateur de la Résistance dans la Seine-Inférieure, fusillé au Mont Valérien le 23 mai 1942, et à tous les maîtres de l'école laïque qui mettent leur courage et leur peine au service de la nation."

 

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Chacun voit midi à sa porte. Selon ses affinités avec les différentes matières, on va forcément penser qu'on n'en fait pas assez. Pour ma part, je suis plutôt matheuse, et je préférerais qu'on privilégie les maths plutôt que le français.

Première constatation : on ne peut pas tout approfondir. Depuis les années 60 (mes années d'école primaire), on a introduit énormément de choses. Informatique, langues vivantes, sport, et aussi toutes les matières d'éveil, qui étaient au programme, mais qu'on ne faisait pas vraiment. Maintenir le même créneau horaire de grammaire ne me semble pas raisonnable. Le même niveau de maîtrise non plus, de fait.

On peut comparer le bac d'aujourd'hui au certif d'autrefois. Il est vraisemblable que les élèves qui le passaient dans les années 50 maîtrisaient mieux la grammaire que les bacheliers d'aujourd'hui. Et quid des autres matières ?

On peut aussi comparer le bac d'autrefois et celui d'aujourd'hui. Si on se base sur la grammaire, alors oui, le niveau a baissé. Mais heureusement, la grammaire n'est pas le cœur des savoirs d'aujourd'hui. Ceux qui ont des enfants qui passent le bac réalisent qu'il n'est pas plus facile que celui que nous avons passé. A mon époque, il suffisait d'apprendre. Aujourd'hui, il faut aussi comprendre et réfléchir. Si vous ne me croyez pas, inscrivez-vous pour le repasser, c'est gratuit. :angel_not:

 

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Il y a 16 heures, borneo a dit :

Chacun voit midi à sa porte. Selon ses affinités avec les différentes matières, on va forcément penser qu'on n'en fait pas assez. Pour ma part, je suis plutôt matheuse, et je préférerais qu'on privilégie les maths plutôt que le français.

Première constatation : on ne peut pas tout approfondir. Depuis les années 60 (mes années d'école primaire), on a introduit énormément de choses. Informatique, langues vivantes, sport, et aussi toutes les matières d'éveil, qui étaient au programme, mais qu'on ne faisait pas vraiment. Maintenir le même créneau horaire de grammaire ne me semble pas raisonnable. Le même niveau de maîtrise non plus, de fait.

La question de l'importance à donner à l'enseignement de la grammaire n'est pas subjective mais ressortit à sa place dans l'architecture des savoirs. Comme je l'ai indiqué dans un billet précédent, le mot grammaire provient d'un terme grec qui signifiait : peinture, trait, ligne, lettre. Littéralement, la grammaire est l'art de tracer des signes qui fixent la pensée. Elle était, dans l'Antiquité, le premier des Arts du Trivium, avec la dialectique et la rhétorique, qui précédaient ceux du Quadrivium se rapportant  à une première maîtrise des sciences ou disciplines mathématisantes. C'est dire combien les Anciens avaient saisi l'importance première de la grammaire, avant les mathématiques.

Sans revenir à la place qu'elle occupait avant, on peut lui redonner toute l'importance qui lui est nécessaire. On ne peut pas revenir aux 30 h d'école hebdomadaires qui étaient mon lot quand j'étais enfant, mais 27 h sont indispensables pour tous, en supprimant les concertations et les "activités pédagogiques complémentaires"(APC), et en généralisant les études surveillées payées en heures supplémentaires.

On peut encore enseigner la grammaire correctement, Il existe toujours d'excellents manuels de français, j'en connais quatre :

- Étude de la langue CE1 de Michelle Sommer et Jean Flaven (Belin), que j'utilise actuellement dans mon CE1 ;

-  Grammaire - Écrire Analyser CE1 de Muriel Strupiechonski et Didier Glad (GRIP Éditions) ;

-  Manuel de grammaire CE1-CE2 de Annie Münzer, Françoise Candelier, Jean-Noël Rochut, Philippe Gady (Librairie des Écoles) ;

Manuel de grammaire CM1-CM2 de Annie Münzer, Fawzia Barrage, Jean-Noël Rochut (Librairie des Écoles).

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Il y a 15 heures, LouisBarthas a dit :

Changer d'avis ne dépend effectivement que de toi, sauf que "les faits sont têtus" comme disait Lénine, et qu'un raisonnement s'appuyant sur des arguments faux devraient logiquement amener à douter - mais il est vrai que la pensée logique a déserté le monde du libéralisme culturel où l'individu atomisé est encouragé à tenir pour vrai tout ce qui sort de son esprit, fût-ce un pur fantasme.

Je ne te le fais pas dire !

Et les faits sont têtus tu as raison.  : http://www.education.gouv.fr/bo/2008/hs3/approndissements.htm

J'ai compté pour grammaire, orthographe, vocabulaire : 31 tirets, dont certains contenant  "Conjuguer aux temps et modes déjà étudiés, ainsi qu’à l’indicatif futur antérieur, plus-que-parfait, conditionnel présent, au participe présent et passé, les verbes déjà étudiés ; conjuguer des verbes non étudiés en appliquant les règles apprises. " Donc un peu plus d'une notion (ici 9, une paille...), mais admettons qu'il n'y en qu'une.

31 notions, en 36 semaines ?

Tu dis : Sans revenir à la place qu'elle occupait avant, on peut lui redonner toute l'importance qui lui est nécessaire. On ne peut pas revenir aux 30 h d'école hebdomadaires qui étaient mon lot quand j'étais enfant, mais 27 h sont indispensables pour tous, en supprimant les concertations et les "activités pédagogiques complémentaires"(APC), et en généralisant les études surveillées payées en heures supplémentaires.

Sauf qu'on ne les a pas ces 24 heures. Alors oui, les faits sont têtus, et prétendre pouvoir faire intégrer toutes les notions de 2008 à des élèves qui n'ont que 24 heures de classe est bien un fantasme.

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31 notions par an ou sur l'ensemble du cycle ? Car c'est différent ...

Et si on cessait de prendre les élèves pour des crétins qui ont besoin qu'on refasse intégralement chaque année les mêmes leçons, ça laisserait du temps pour introduire de nouvelles leçons !

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Je n'ai mis ici que ce qui se trouvait dans la colonne des CM2. Dans le "tiret" que j'ai cité, on ne voit d'ailleurs pas présent, imparfait, futur, passé composé etc.

C'est sûr, on pourrait ne plus refaire ces temps, puisqu'ils ont déjà été vus avant et qu'ils sont maitrisés au CM2 sans aucun problème ; ça nous laissera le temps de faire le plus que parfait, ô combien utile.

Mais justement, sans refaire ce qui a été vu, puisqu'il n'y a que ça ici, 31 "notions". Alors pour les pessimistes comme moi qui estiment nécessaire de revoir le passé composé et le passé simple, on imagine bien la galère.

Et je le redis encore, dans un tiret, on trouve aussi : Reconnaître des propositions indépendantes coordonnées, juxtaposées. Allez, on fera ça en deux semaines, histoire de prendre son temps... Bref, je t'avoue que ça me fait un peu rire parce que vraiment, à la lecture de cette liste que je n'invente pas, je ne comprends pas qu'on puisse dire que c'est faisable dans le temps imparti. Mais je serais ravie qu'on me propose des programmations sur l'année, pour voir comment ça loge.

 

 

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Citation

La phrase
- Construire correctement des phrases exclamatives.
- Comprendre la distinction entre phrase simple et phrase complexe.
- Reconnaître des propositions indépendantes coordonnées, juxtaposées.
- Reconnaître la proposition relative (seulement la relative complément de nom).

Les classes de mots
- Distinguer selon leur nature les mots des classes déjà connues, ainsi que les pronoms possessifs, démonstratifs, interrogatifs et relatifs, les mots de liaison (conjonctions de coordination, adverbes ou locutions adverbiales exprimant le temps, le lieu, la cause et la conséquence), les prépositions (lieu, temps).
- Connaître la distinction entre article défini et article indéfini et en comprendre le sens ; reconnaître la forme élidée et les formes contractées de l’article défini.
- Reconnaître et utiliser les degrés de l’adjectif et de l’adverbe (comparatif, superlatif).

Les fonctions
- Comprendre la distinction entre
compléments essentiels (complément d’objet), et compléments circonstanciels (manipulations).

- Comprendre la notion de groupe
nominal : l’adjectif qualificatif épithète, le complément de nom et la proposition relative comme enrichissements du nom.

Le verbe
- Comprendre la notion d’antériorité relative d’un fait passé par rapport à un autre, d’un fait futur par rapport à un autre.
- Conjuguer aux temps et modes déjà étudiés, ainsi qu’à l’indicatif futur antérieur, plus-que-parfait, conditionnel présent, au participe présent et passé, les verbes déjà étudiés ; conjuguer des verbes non étudiés en appliquant les règles apprises.

Les accords
- Connaître la règle de l’accord du
participe passé dans les verbes construits avec être et avoir (cas du complément d’objet direct posé après le verbe).

Je n'en compte pas 31 mais seulement 13, et ce que je mets en rouge (au minimum) a déjà été vu avant le CM2 ...

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Le 08/02/2017 à 12:09, LouisBarthas a dit :

 

Au sujet de l'enseignement controversé du COD, on peut lire ici "bipbip" une contribution récente de Cécile Revéret, professeur de lettres classiques, auteur d'un Précis d'analyse grammaticale et logique.

Euh, plus que limite ce site. :cry:

Es-tu allé(e) voir qui en est à l'origine et ses revendications ? 

Citation

 

Elle a fait parler d'elle au moment de l'histoire sur la théorie du genre non ?

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Oui c'est la barge qui a monté une cabale contre la collègue de Joué les tours, elle vient d'ailleurs d'être condamnée. Mais je suis sûr à 200% que Cécile Revert n'a aucun rapport avec elle.

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il y a une heure, Goëllette a dit :

Euh, plus que limite ce site. :cry:

Es-tu allé(e) voir qui en est à l'origine et ses revendications ? 

Elle a fait parler d'elle au moment de l'histoire sur la théorie du genre non ?

Désolé, tu as raison, je n'avais pas fait attention. Je pense, comme Ronin, que Cécile Revéret n'a rien à voir avec ce site. À mon avis, c'est un texte de récupération. C'est une stratégie des médias d'extrême-droite de récupérer un peu partout des articles qu'ils instrumentalisent. Je vais retirer ce lien de mon billet, je pense que tu pourrais faire de même.

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Peine alourdie en appel :

http://www.lepoint.fr/societe/theorie-du-genre-peine-alourdie-en-appel-pour-farida-belghoul-30-01-2017-2101258_23.php

Citation

"Théorie du genre" : peine alourdie en appel pour Farida Belghoul

La cour d'appel d'Orléans a alourdi lundi la peine infligée à Farida Belghoul, fondatrice du mouvement Journée de retrait de l'école (JRE) en lui imposant notamment une amende de 8.000 euros pour complicité de diffamation à l'encontre d'une institutrice de maternelle.

Lors de l'audience en appel le 5 décembre dernier, le parquet s'était borné à réclamer la confirmation de la peine prononcée en première instance, à 5.000 euros d'amende.

La fondatrice de JRE, opposé à la "théorie du genre", avait diffusé en mars 2014 sur YouTube un document mettant en cause une institutrice de classe maternelle à Joué-les-Tours, une commune populaire de la banlieue de Tours. [...]

Celle-ci avait porté plainte avec constitution de partie civile pour diffamation envers un fonctionnaire public. [...]

 

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