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Posté(e)

Celui-là je le fais en lien avec ma séance sur: pourquoi existe-t-il différentes couleurs de peau ?

(cf Vivre avec le soleil de la Main à la pâte.guide péda gratuit là: http://forums-enseignants-du-primaire.com/...howtopic=196982 ).

Cher frère blanc,

Quand je suis né, j'étais noir,

Quand j'ai grandi, j'étais noir,

Quand je suis au soleil, je suis noir,

Quand je suis malade, je suis noir,

Quand je mourrai, je serai noir.

Tandis que toi, homme blanc,

Quand tu es né, tu étais rose,

Quand tu as grandi, tu étais blanc,

Quand tu vas au soleil, tu es rouge,

Quand tu as froid, tu es bleu,

Quand tu as peur, tu es vert,

Quand tu es malade, tu es jaune,

Quand tu mourras, tu seras gris.

Alors, de nous deux,

Qui est l'homme de couleur ?

Léopold SEDAR SENGHOR

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Posté(e)

J'adore les tiennes Gandalf (j'ai des gouts assez classique, et je tiens beaucoup à ce que les textes que jje fais apprendre en poésie soient de la "belle langue". Pour cela, je ne suis pas trop fan de "La pomme et l'escargot" ("T'as défoncé ma toiture", bof, ça va pour une chanson, mais ce n'est pas de la "poésie", dans ma tête un peu vieux-jeu, je le reconnais :lol: )

Ceci dit, j'adore ton utilisation en BD !

Dans mes bonheurs, il y a (déjà cité, mais tout le monde ne va pas relire tout le post :

A ma mère

Lorsque ma sœur et moi, dans les forêts profondes,

Nous avions déchiré nos pieds sur les cailloux,

En nous baisant au front, tu nous appelais fous,

Après avoir maudit nos courses vagabondes.

Puis, comme un vent d'été confond les fraîches ondes

De deux petits ruisseaux sur un lit calme et doux,

Lorsque tu nous tenais tous deux sur tes genoux,

Tu mêlais en riant nos chevelures blondes.

Et pendant bien longtemps, nous restions là blottis,

Heureux, et tu disais parfois : ô chers petits !

Un jour vous serez grands, et moi je serai vieille !

Les jours se sont enfuis, d'un vol mystérieux,

Mais toujours la jeunesse éclatante et vermeille

Fleurit dans ton sourire et brille dans tes yeux.

Théodore de Banville

---------

Après la bataille

Mon père, ce héros au sourire si doux,

Suivi d'un seul housard qu'il aimait entre tous

Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille,

Parcourait à cheval, le soir d'une bataille,

Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.

Il lui sembla dans l'ombre entendre un faible bruit.

C'était un Espagnol de l'armée en déroute

Qui se traînait sanglant sur le bord de la route,

Râlant, brisé, livide, et mort plus qu'à moitié.

Et qui disait: " A boire! à boire par pitié ! "

Mon père, ému, tendit à son housard fidèle

Une gourde de rhum qui pendait à sa selle,

Et dit: "Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. "

Tout à coup, au moment où le housard baissé

Se penchait vers lui, l'homme, une espèce de maure,

Saisit un pistolet qu'il étreignait encore,

Et vise au front mon père en criant: "Caramba! "

Le coup passa si près que le chapeau tomba

Et que le cheval fit un écart en arrière.

" Donne-lui tout de même à boire ", dit mon père.

Victor Hugo

----

Les roses de Saadi

J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;

Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes

Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir.

Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées

Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.

Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;

La vague en a paru rouge et comme enflammée.

Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...

Respires-en sur moi l'odorant souvenir.

Marceline Desbordes Valmore

---------

L'enfant de lune

La lune en maraude au coeur des vergers

Grimpait aux pommiers en jupon d'argent ;

Surgirent des chiens rauques, déchaînés :

La lune s'enfuit, laissant un enfant.

Il vint avec nous en classe au village,

Tout à fait semblable aux autres garçons

Sauf cette clarté nimbant son visage

Sous le feu de joie de ses cheveux blonds.

Il aimait la pluie, les sources, les marbres,

Tout ce qui ruisselle et ce qui reluit ;

Le soir il veillait très tard sous les arbres

Regardant tomber lentement la nuit.

La lune en maraude au coeur des vergers

Vint chercher l'enfant un soir gris d'automne :

Vite, il s'envola. J'entends à jamais

Le bruit de son aile amie qui frissonne.

Marc Alyn

-

Naissances

Le ciel retient son souffle à chaque vie qui prend.

Pour lui, toute naissance est un événement:

Une étoile, un enfant, un faon, un éléphant,

Baleine, écureuil, fleur,girafe ou froment.

Tout retentit, sans fin dans l'univers immense,

Et l'agneau étonné qui sur la paille danse,

S'essayant à marcher pour la première fois,

Compte autant que l'ainé dans le berceau des bois.

Les anges, ce matin, comme des chats ronronnent,

Se racontant,joyeux, la belle information:

Sur la Terre, là-bas, pareille à une pomme,

Près d'un ruisseau sans nom est né un hanneton.

Marc Alyn, L'arche enchantée (1979)

Et sur "Tu seras un homme, mon fils", j'avais fait une chouette séquence qui a très bien marché au CM2 : http://charivari.eklablog.com/article-4297...ls-kipling.html

Posté(e)

extrait de "dans ma maison" de Prévert:

Et puis je jouais avec mes pieds

C'est très intelligent les pieds

Ils vous emmènent très loin

Quand vous voulez aller très loin

Et puis quand vous ne voulez pas sortir

Ils restent là ils vous tiennent compagnie

Et quand il y a de la musique ils dansent

On ne peut pas danser sans eux

Il faut être bête comme l'homme l'est souvent

Pour dire des choses aussi bêtes

Que bête comme ses pieds

Posté(e)

Ulysse

- Ulysse, Ulysse, arrête-toi,

Écoute la voix des sirènes

Plonge, va trouver notre reine,

Dans son palais, deviens le roi

Mais Ulysse préfère au toit

Des vagues celui des nuages,

Dans la direction d'Ithaque

Son regard reste fixé droit

Et les filles aux longs cheveux

Ont beau nager dans son sillage,

Il demeure sourd, il ne veut

Que la chanson, que le visage

Conservé au fond de ses yeux,

De Pénélope toujours sage.

Louis Guillaume

Posté(e)

Voici que la saison

Voici que la saison décline,

L’ombre grandit, l’azur décroit,

Le vent fraichit sur la colline,

L’oiseau frissonne, l’herbe a froid.

Aout contre septembre lutte;

L’océan n’a plus d’alcyon;

Chaque jour perd un minute,

Chaque aurore pleure un rayon.

La mouche, comme prise au piège,

Est immobile à mon plafond;

Et comme un blanc flocon de neige,

Petit à petit, l’été fond.

Victor Hugo

Posté(e)

Il s’en passe des choses dans ma cité

Il s’en passe des choses dans ma cité.

Il n’y a qu’à regarder.

Moi, un jour, j’ai dit: “J’arrête, je regarde.”

J’ai posé par terre mes deux sacs.

Je me suis assis. J’ai regardé.

Les gens venaient

Les gens marchaient

Les gens passaient

Les gens tournaient

Les gens filaient

Les gens glissaient

Les gens dansaient

Les gens parlaient

Gesticulaient

Les gens criaient

Les gens riaient

Les gens pleuraient

Disparaissaient.

Il s’en passe des choses dans ma cité.

Il n’y a qu’à regarder.

On voit de tout, on peut tout voir.

Mais ce qu’on ne voit jamais dans ma cité, c’est un regard.

Un regard qui vous regarde et qui s’attarde.

Les gens naissaient

Les gens vivaient

Les gens mourraient.

Et moi, je restais sur mon banc de pierre, encadré par mes deux sacs.

Je regardais.

C’est merveilleux: partout où il y a des femmes, partout où il y a des hommes,

Partout il y a la vie.

J’aurai dû me lever. Leur tendre la main.

Leur dire: “Salut. Bonjour! J’existe.

Et vous? Vous existez?”

Je suis resté assis.

Le plus souvent, c’est ainsi que les choses se passent.

Guy Foissy

Posté(e)

L'école

L'école était au bord du monde,

L'école était au bord du temps.

Au dedans, c'était plein de rondes ;

Au dehors, plein de pigeons blancs.

On y racontait des histoires

Si merveilleuses qu'aujourd'hui,

Dès que je commence à y croire,

Je ne sais plus bien où j'en suis.

Des fleurs y grimpaient aux fenêtres

Comme on n'en trouve nulle part,

Et, dans la cour gonflée de hêtres,

Il pleuvait de l'or en miroirs.

Sur les tableaux d'un noir profond,

Voguaient de grandes majuscules

Où, de l'aube au soir, nous glissions

Vers de nouvelles péninsules.

L'école était au bord du monde,

L'école était au bord du temps.

Ah ! que n'y suis-je encor dedans

Pour voir, au dehors, les colombes.

Maurice Carême ("La flûte au verger")

Posté(e)

J'aime bien aussi celle-là:

L'enfant qui battait la campagne

Vous me copierez deux cents fois le verbe :

Je n'écoute pas. Je bats la campagne.

Je bats la campagne, tu bats la campagne,

Il bat la campagne à coups de bâton.

La campagne ? Pourquoi la battre ?

Elle ne m'a jamais rien fait.

C'est ma seule amie, la campagne.

Je baye aux corneilles, je cours la campagne.

Il ne faut jamais battre la campagne :

On pourrait casser un nid et ses oeufs.

On pourrait briser un iris, une herbe,

On pourrait fêler le cristal de l'eau.

Je n'écouterai pas la leçon.

Je ne battrai pas la campagne.

Claude Roy

Posté(e)

En voici une moins courante,que j'aime beaucoup et qui a eu du succès l'an passé:

Anibeaux animoches

Le concours de beauté approche.

On s'agite chez les petites bêtes,

anibeaux, animoches s'apprêtent.

Si le millépatant est encore en chaussettes,

L'escarbeau astique sa coquille,

la fourmignonne se maquille, se pomponne,

le ver-séduisant met ses Ray-Bans

et la coccibelle repeint ses ailes …

Qu'est-ce qu'on apprend ?

Le millépatant est maintenant

dans le cirage ?

Dommage,

le défilé commencera sans lui. ...

Très vite sont éliminés

La moche tsé-tsé et ses yeux cernés,

l'affrelon, qui a piqué un fard,

le poubeau, à cause de sa poubelle,

et bien sûr la punase (on l'a sentie venir !) ...

Le millépatant, épuisé,

fait son entrée en grandes pompes.

Trop tard,

la Coccibelle a raflé tous les points !

Antoine Bial

Posté(e)

Le cosmonaute et son hôte

Sur une planète inconnue,

un cosmonaute rencontra

un étrange animal ;

il avait le poil ras,

une tête trois fois cornue,

trois yeux, trois pattes et trois bras !

"Est-il vilain ! pensa le cosmonaute

en s'approchant prudemment de son hôte.

Son teint a la couleur d'une vieille échalote,

son nez a l'air d'une carotte.

Est-ce un ruminant ? Un rongeur ?"

Soudain une vive rougeur

colora plus encor le visage tricorne.

Une surprise sans bornes

fit chavirer ses trois yeux.

"Quoi ! Rêvé-je ? dit-il. D'où nous vient, justes cieux,

ce personnage si bizarre sans crier gare !

Il n'a que deux mains et deux pieds,

il n'est pas tout à fait entier.

Regardez comme il a l'air bête, il n'a que deux yeux dans la tête !

Sans cornes, comme il a l'air sot !"

C'était du voyageur arrivé de la terre

que parlait l'être planétaire.

Se croyant seul parfait et digne du pinceau,

il trouvait au Terrien un bien vilain museau.

Nous croyons trop souvent que, seule, notre tête

est de toutes la plus parfaite !

Pierre Gamarra

j aime beaucoup celle-ci, pensez vous que ce soit exploitable avec mes Cm1/cm2 ? (J ai peur qu elle soit "trop simple" peut être...)

PE2 2009 2010

Posté(e)
En voici une moins courante,que j'aime beaucoup et qui a eu du succès l'an passé:

Anibeaux animoches

Le concours de beauté approche.

On s'agite chez les petites bêtes,

anibeaux, animoches s'apprêtent.

Si le millépatant est encore en chaussettes,

L'escarbeau astique sa coquille,

la fourmignonne se maquille, se pomponne,

le ver-séduisant met ses Ray-Bans

et la coccibelle repeint ses ailes …

Qu'est-ce qu'on apprend ?

Le millépatant est maintenant

dans le cirage ?

Dommage,

le défilé commencera sans lui. ...

Très vite sont éliminés

La moche tsé-tsé et ses yeux cernés,

l'affrelon, qui a piqué un fard,

le poubeau, à cause de sa poubelle,

et bien sûr la punase (on l'a sentie venir !) ...

Le millépatant, épuisé,

fait son entrée en grandes pompes.

Trop tard,

la Coccibelle a raflé tous les points !

Antoine Bial

Celle-ci est géniale ! Merci, je l'adopte tout de suite...

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