Zarko Posté(e) 25 octobre 2014 Posté(e) 25 octobre 2014 Najat Vallaud-Belkacem autorise le voile aux accompagnatrices scolaires : un bon début Publié le 24-10-2014 à 18h16 - Modifié le 25-10-2014 à 11h13 56 réactions | 13206 lu Temps de lecture : 4 minutes Par Béatrice Mabilon-BonfilsSociologue LE PLUS. Najat Vallaud-Belkacem a exprimé son désaccord avec ses prédécesseurs concernant le port de signes religieux par les accompagnatrices ou accompagnateurs scolaires. La ministre de l'Éducation nationale souhaite leur laisser la possibilité de se revêtir d'un hijab, turban sikh, kippa, etc. Qu'est-ce que cela change ? Réponse de la sociologue Béatrice Mabilon-Bonfils.Édité par Rémy Demichelis PARTAGER Des mères voilées avaient manifesté près du ministère de l'Éducation, le 18 juin 2014 (WITT/SIPA). La ministre de l’éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem s’adressant à l’Observatoire de la laïcité le 21 octobre a présenté sa conception de la laïcité. Concernant le port du voile par les mères accompagnatrices de sortie scolaire, elle a proposé de s’éloigner de la circulaire Chatel que son prédécesseur Vincent Peillon avait confirmée. "Le Conseil d’État a rappelé que les usagers du service public et les tiers à ce service ne sont pas soumis en tant que tels à l’exigence de neutralité" indiquait un communiqué ministériel en décembre 2013. En accord avec le Conseil d'État "Le milieu scolaire est un cadre qui doit être particulièrement préservé. Ainsi s’agissant des parents d’élèves qui participent à des déplacements ou des activités scolaires, ils doivent faire preuve de neutralité dans l’expression de leurs convictions, notamment religieuses. C’est ce qu’indique la circulaire du 27 mars 2012 dont l’application est mise en œuvre sur le terrain avec intelligence, en privilégiant toujours d’abord la voie du dialogue. Cette circulaire reste donc valable." Najat Vallaud-Belkacem indique que sa position est conforme à celle du Conseil d’État : "'Les parents accompagnant des sorties scolaires ne sont pas soumis à la neutralité religieuse.' Ils ne peuvent être considérés comme des agents auxiliaires du service public et soumis aux règles du service public. (...) Le principe c’est que dès lors que les mamans (les parents) ne sont pas soumises à la neutralité religieuse, comme l’indique le Conseil d’Etat, l’acceptation de leur présence aux sorties scolaires doit être la règle et le refus, l’exception." La question est loin d’être anecdotique. Une bonne réponse à une mauvaise question Il s’agit bien d’une bonne réponse à une mauvaise question. Après l’affaire de Creil en 1989, après la loi de 2004 concernant l’interdiction du port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics, après le feuilleton non encore clos de la crèche Baby Loup, et avant qu’à la rentrée 2015, écoliers et collégiens français suivent un enseignement hebdomadaire de morale laïque, la fausse question réapparaît de manière récurrente dans l’actualité, comme l’arbre qui masque l’essentiel. L’école française très inégalitaire peine à porter les valeurs démocratiques qui la justifient, dans un climat où les idéaux démocratiques semblent moins établis dans leurs classiques dimensions citoyennes et de socialisation au politique. La "fiction nécessaire", selon l’expression de François Dubet, laïcité, méritocratie et accomplissement subjectif, qui tenait l’institution scolaire a vécu. La construction d'un "problème musulman" Concrètement, pour nombre de jeunes et leurs familles immigrées, l’affichage laïc à l’école s’éprouve moins comme une proposition neutre et émancipatrice que comme l’arme du déni, voire du mépris d’expériences quotidiennes et concrètes de relégations et d’humiliations. La référence fréquente à la laïcité et à "notre modèle républicain" contraste fortement par exemple avec les fonctionnements concrets de nombre d’établissement. Posée depuis les origines républicaines comme une forme supérieure de lien social, au service de l’émancipation, de la formation d’un esprit critique et de la promotion de valeurs universelles et neutres, la laïcité, accrochée aux grands textes fondateurs, procède aujourd’hui d’une nostalgie collective de réaction manifestant une forme identitaire majoritaire. Ce phénomène entretient un climat de suspicion et alimente la construction d’un "problème musulman", dit islamophobie. Il y a peu de temps à Sciences po Aix, puis à la Sorbonne et de manière euphémisée dans d’autres universités moins médiatisées, des étudiantes ont été apostrophées dans les amphis pour le port de leur voile alors même qu’il est en France tout-à-fait fait légal. La laïcité comme instrument d'agression Aujourd’hui la laïcité ne raconte plus aujourd’hui que l’histoire d’une peur, la peur de l’Autre. c’est la thèse que nous soutenus dans l’ouvrage "La Laïcité au risque de l’autre" co-écrit avec Geneviève Zoia. Initialement au service d’un projet de société – dominateur mais à vocation universelle –, elle sert désormais un discours refuge d’une identité orpheline de sa mission civilisatrice, et inquiète du pluralisme. S’il y a crise de la transmission du sentiment d’appartenance à la collectivité, et notamment à travers la crise de l’institution école, c’est lié à l’absence d’un récit commun dans lequel chacun pourrait trouver sa place. Il faut bien admettre que la laïcité se transforme aujourd’hui en instrument d’agression des minorités, principalement aujourd’hui vis-à-vis de la minorité musulmane qui concentre à elle seule l’idée d’une crise du modèle d’intégration français. Demande de reconnaissance n'est pas repli communautariste Une série de faits en atteste, : le projet reporté sine die du vote des étrangers non communautaires aux élections locales et européennes en constitue un marqueur fort, la chasse aux voiles aussi, la réflexion initiée sur la possibilité de porter un foulard à l’université en atteste tout dernièrement… même les manuels scolaires sont partie prenante. Le thème du repli identitaire est ainsi mis en avant. Mais pourquoi, alors qu’il est simple aujourd’hui de ménager une offre diversifiée à la cantine, ce qui permettrait encore d’attirer les jeunes à l’école, faut-il automatiquement traduire cette demande de reconnaissance identitaire par un repli communautariste ? La laïcité n'est pas un principe universel En ce sens, cette tendance des jeunes descendants de migrants à rechercher des balises à travers la religion n’est pas très différente de la tendance plus générale des jeunes générations à s’assembler en "tribus" à une époque où la société globale, que l’on appartienne ou non à une minorité, ne fournit plus de valeurs centrales de cohésion. Il est plus que préoccupant que les attachements identitaires puissent en France être combattus par le principe de laïcité, grâce à la fiction de sa propre universalité ; principe alors utilisé comme moyen d’hégémonie sur des minorités. La vraie question devrait être : en quoi la morale laïque est-elle aujourd’hui un obstacle à penser la cohabitation des cultures ? http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1258421-najat-vallaud-belkacem-autorise-le-voile-aux-accompagnatrices-scolaires-un-bon-debut.html
abel27 Posté(e) 26 octobre 2014 Posté(e) 26 octobre 2014 Laïcité comme instrument d'agression... Qu'est-ce qui faut pas entendre ?! Je me sens agressée en tant que femme quand je vois des mamans voilées de la tête au pied avec juste les yeux visibles... Je me sens agressée car à travers la religion (et c'est valable pour toutes car elles sont toutes d'accord pour promouvoir l'infériorité des femmes, bizarrement), c'est tous les droits et les combats des femmes que l'on nie. 1
Mirobolande Posté(e) 26 octobre 2014 Posté(e) 26 octobre 2014 Je me sens agressée parce que ce voile représente un projet de société dont je ne veux pas. Je reste neutre face à beaucoup de choses dans mon métier qui ne me regardent pas, mais là j'auras vraiment, vraiment du mal.
laurence93 Posté(e) 26 octobre 2014 Posté(e) 26 octobre 2014 Je me sens agressée parce que ce voile représente un projet de société dont je ne veux pas. Je reste neutre face à beaucoup de choses dans mon métier qui ne me regardent pas, mais là j'auras vraiment, vraiment du mal. Tu veux dire : si tu dois accepter des mamans voilées comme accompagnatrice lors d'une sortie ?
Mirobolande Posté(e) 26 octobre 2014 Posté(e) 26 octobre 2014 Oui. Il devrait y avoir un truc du genre "objecteur de conscience". Là c'est trop me demander.
abel27 Posté(e) 26 octobre 2014 Posté(e) 26 octobre 2014 Nous, on en arrive aux stagiaires voilées... Vous commencez à voir le problème ?
jeanounette Posté(e) 26 octobre 2014 Posté(e) 26 octobre 2014 Nous, on en arrive aux stagiaires voilées... Vous commencez à voir le problème ? Noooon !!!
laurence93 Posté(e) 26 octobre 2014 Posté(e) 26 octobre 2014 Nous, on en arrive aux stagiaires voilées... Vous commencez à voir le problème ? Stagiaires ? Pas les Enseignants Stagiaires, j'imagine ? Les stagiaires Atsem ?
elpissou Posté(e) 26 octobre 2014 Posté(e) 26 octobre 2014 Nous, on en arrive aux stagiaires voilées... Vous commencez à voir le problème ? Autant le foulard en tant que professionnelle me choque, autant celui en tant que parent accompagnateur ne m'a jamais empêchée d'accepter telle ou telle mère en sortie... Pour moi les choses sont claires, ce sont des mamans, que les enfants croiseront de toute façon à la sortie de l'école. Ce ne sont pas des modèles à suivre ou pas...pour mes élèves. Je trouve plus choquant de savoir et de devoir faire des listes pour savoir qui peut ou non manger du porc à la cantine.
prof désécol Posté(e) 26 octobre 2014 Posté(e) 26 octobre 2014 Avec NVB, cassons les préjugés sexistes à l'école... Un parent voilé accompagne la classe de Petit Ours en sortie : O Madame Ourse O Monsieur Ours O Les deux
Zarko Posté(e) 26 octobre 2014 Auteur Posté(e) 26 octobre 2014 Là où ça pose problème, c'est que c'est au directeur ou à l'enseignant de décider sans texte précis....Puis , imaginons qu'au collège (ou au cm2) une gamine demande si elle peut mettre le voile comme l'accompagnatrice...? Puis le pb se pose aussi pour les sorties piscine
abel27 Posté(e) 26 octobre 2014 Posté(e) 26 octobre 2014 Nous, on en arrive aux stagiaires voilées... Vous commencez à voir le problème ? Stagiaires ? Pas les Enseignants Stagiaires, j'imagine ? Les stagiaires Atsem ? Si, si, les futurs enseignants... Ca vend du rêve, non ?
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